Autre grosse attente de l’année, the Raid 2 était prévu pour être un bon poids lourd de l’été 2014. Polar, action, violence interdite aux moins de 16 ans, les mamelles du cinéma d’action moderne qui se lance corps et âme dans le combat. N’en déplaise aux détracteurs, question rythme, The Raid était un sacré modèle du genre, se donnant 5 minutes pour planter l’introduction, puis embrayant direct sur un rythme ininterrompu (on ferme les yeux sur les 5 à 10 minutes de temps mort au milieu) qui ne nous lâchait qu’à la toute fin. Ici, the raid 2 a en plus un scénario. C’est tout gagné, il va enfin pouvoir passer auprès de tous les publics ! Et bien non.
L’histoire : Le frère de Rama est exécuté par Bejo, un escroc bouffi d’ambition qui cherche à s’implanter par la force en Corée. Afin de s’en rapprocher, Rama s’infiltre dans le milieu criminel via le fils d’un des grands parrains, détenu en prison.
C’est vraiment marrant, car le seul reproche que je faisais à The Raid, c’était le manque de scénario, sa trame rachitique et ses gros clichés pour ne pas avoir à développer. Ici le scénario, même si il fonctionne lui aussi avec quelques clichés (ah, cette bonne vieille rivalité père-fils dans les milieux du crime), est suffisamment développer pour avoir une petite consistance. Le problème, c’est qu’il fait passer la durée du film à 2h30. Résultat : il n’y a plus de rythme. Les chorégraphies qui nous semblaient si efficaces dans le premier semblent ici beaucoup plus artificielles et plates, les grands espaces dans lesquels les combats ont lieu diminuant l’immersion et la proximité. Ce n’est même pas une question de lisibilité, l’action se suit parfaitement. Mais le climat étant clairement moins axé sur la peur et l’urgence, la formule se révèle tout simplement moins efficace. Comme en plus, le film fait 2h30, l’action est diluée dans le lot, sous la forme d’une scène costaude toutes les 10-15 minutes histoire de se rappeler qu’on est dans The raid 2. Mais le résultat est clairement moins impressionnant. Curieusement, même si ce n’est pas faute d’avoir voulu élever un peu le quota de violence (marteau, batte, machette, sourire de l’ange au cours de la baston boueuse), le résultat est moins percutant que son prédécesseur, qui s’attardait à peine sur ses effets gores, privilégiant clairement le rythme. Du coup, chaque combat n’a pas vocation a marquer durablement le spectateur, on zappe même facilement ceux du milieu. Seul le combat dans la boue (bordélique, mais doté d’une certaine esthétique) et l’assaut final (qui donne enfin le quota de violence et d’intensité à la hauteur de son prédécesseur) remplissent le cahier des charges. Soit en tout et pour tout 20 à 25 minutes sur 2h30. Le reste tient de l’accessoire et du gadget, naviguant entre le cahier des charges et le superficiel, la personnalité des protagonistes étant toujours gentiment éludée, et les enjeux ne sortant jamais du cadre du polar classique. Une ou deux révélations ça et là, un brin de suspense pour quelques séquences… C’est finalement le manque de surprise qui mine les fondations de The raid 2. Le premier bénéficiait clairement de l’absence d’attentes, et avait fait monter les enjeux si haut en termes d’intensité combative qu’on s’attendait à une explosion pour le 2, qui n’est somme toute qu’un film potable. Une gentille direction artistique, et quelques idées sympathiquement efficaces qui hélas ne rachètent pas la débâcle. Une belle déception.
2014
de Gareth Evans
avec Iko Uwais, Julie Estelle