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21 septembre 2014 7 21 /09 /septembre /2014 14:13
Sin City : j'ai tué pour elle

Pour rappel, le petit débat cinéphile sur Robert Rodriguez consistait à savoir si ce dernir avait un talent qu'il exploitait mal ou si il était carrément grillé, et que ses rares bons films étaient des accidents plus ou moins sauvés par les circonstances (Une nuit en enfer avec Kurtzman et Tarantino, Sin City avec Frank Miller...). Le résultat est hélas plutôt dans la seconde option, marquant la déliquescence de l'homme qui voulait lui aussi faire des hommages au bis, sans en avoir compris le charme.

L'histoire : Marv est de retour, Nancy ivre de vengeance, Dwight sous l'emprise d'Ava et Johnny qui se prépare à plumer Roark. Retour dans les bas fond de Sin city...

Sin City : j'ai tué pour elle

Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on retrouve l'univers du premier sous l'angle de l'exploitation sommaire. Pas forcément une mauvaise chose en soi, la commande était passée, attendue et délivrée sans surprise. C'est bien le "sans surprise" le problème. Aucun secret, aucune innovation, le choc est passé. Point barre. Partant de là, on peut remarquer quelques bons moments, une ou deux scènes d'action bien brossée (les uppercuts, souvent filmés avec un punch icônique qui décoiffe), un nouveau protagoniste masculin qui douille sévère (Johnny, dont la véritable descente aux enfers est un segment de noirceur assez remarquable, pour ne pas dire le meilleur du film, en nous montrant enfin de façon réaliste un parcours allant droit dans le mur sans jamais lâcher l'accélérateur). Sin city, c'était aussi et surtout ses femmes. La vision de Rodriguez se nuance gentiment ici, puisque l'histoire de Dwight tourne exclusivement autour de cette thématique, à savoir l'emprise (vénéneuse) des femmes sur tous les hommes de Sin City (et toutes les autres se débrouillent pour y faire écho). La simple séquence avec Ray Liotta est à encadrer, elle illustre parfaitement son concept avec un portrait d'homme tout à fait compréhensible, et cette flatterie lubrique de bas étage qui fonctionne à merveille (avant de se tirer sans la moindre reconnaissance de dette, car le physique le permet). Pour incarner la grande Vampire, le film mise sans surprise sur Eva Green (la pauvre, elle ne sortira jamais de ce genre de rôle). C'est la nouvelle Sharon Stone depuis 300 2, et ici, elle s'en donne à coeur joie, dévoilant sa plastique avec une impudeur tout à fait de rigueur, dans son trip affolant sur la manipulation masculine. L'incartade avec le commissaire en devenait une digression virtuose, une quasi-démonstration. Qui s'achève sur rien. C'est l'un des plus gros problèmes de Sin City 2 : tout semble bâclé. Montage bien peu efficace (pitoyable introduction qui fait un copié collé du personnage de Marv d'une fadeur insupportable (ce personnage est totalement inutile, d'ailleurs, Dwight se retrouve avec exactement le même caractère), montage des histoires bordélique, de tous les bars de la ville, on ne sortira jamais du Kelly's (comme si un bouiboui aussi merdique pouvait accueillir Roark pour ses parties de Poker)... C'est un divertissement expédié, qui iconise certains détails (les yeux d'Ava), en foirant complètement d'autres séquences (l'arrachage d'oeil du majordome d'Ava, filmée platement). Tous ces aspects sont des détails, mais le rythme dont ils bénéficie suggère davantage un cahier des charges qu'un authentique divertissement. Tout comme le personnage de Miho, qui nous offre la même chose que le premier, sans changer d'une virgule. Pourquoi nous remettre les mêmes choses sans le moindre développement, sinon pour tenter de retrouver un succès sans prendre de risques ? Sin City 2 a beau être sombre (il malmène vraiment ses personnages), il n'offre plus de surprise, il se contente de prolonger l'univers sans le développer outre mesure. Même dans ses prises de position les plus couillues, il avorte, revenant bien vite à son Marv chéri qui vient terminer le boulot. En découle une sensation de redondance et de léthargie générale, à peine éclipsée par quelques scènes de bon augure (le cabotinage réjouissant de Christopher Lloyd, qui fera trépigner de joie les fans de Retour vers le futur). Seul les fans hard core lui trouveront de l'efficacité (sommairement, il retrouve le ton de son prédécesseur ainsi que son esthétique, le choc est juste passé, sans surprise), le reste du public tendra surement vers la moyenne. Sin city 2 est finalement assez comparable dans sa conception à 300 naissance d'un empire, mais que ses quelques bons points rendent nettement plus respectable.

2014
de Frank Miller, Robert Rodriguez
avec Eva Green, Josh Brolin

2,5/6

Sin City : j'ai tué pour elle
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commentaires

J
J’ai vraiment apprécié ce film policier américain. De plus, mon actrice préférée (Eva Green) y joue. D’ailleurs, je fais en sorte de visionner tous les longs-métrages dans lesquels elle incarne un rôle.
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P
Même longueur d'onde de mon côté. Rien à ajouter. Cette nouvelle escapade à "Sin City" s'avère aussi divertissante qu'un passage à Las Vegas : beaucoup de clinquant, mais que du toc.
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V
Je viendrai lire la prose que tu as rédigé pour l'occasion (si toutefois il méritait cette peine). Un coup de poker qui tient plus du bluff que de la main fournie.
A
toujours pas vu mais pas spécialement intéressé même si j'avais bien aimé le premier: cela fait des années que Rodriguez réalise des films sans saveur
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A
toujours pas vu mais pas spécialement intéressé même si j'avais bien aimé le premier: cela fait des années que Rodriguez réalise des films sans saveur
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V
Autant revoir le premier, qui avait le souffle du numéro sans filet. Comme on sait que ça marche, on ressort les mêmes ingrédients. Mais voilà, on s'y attendait...
T
L'article de Mad était assez sec et cassant sur ce second opus, parlant d'un film vulgaire signé par un véritable jean foutre. Je vais le voir demain, je me ferais mon avis à ce moment la.
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V
Je désapprouve la sécheresse de Mad (mais ils n'aiment plus Rodriguez depuis Machete kills). Il y a quelques restes dans ce film (notamment visuels, certains plans sont magnifiques). Mais c'est clair que ça pue le film d'exploitation qui mise sur les fans. Son échec commercial prouve que la formule s'est épuisée, et qu'à moins de faire un effort, la méthode Rodriguez va moins marcher...

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  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.
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