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25 mai 2013 6 25 /05 /mai /2013 12:48

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Avec Boogie Nights, on est en plein dans le cinéma de Paul T. Anderson, qui reprendra d’ailleurs l’essentiel du casting de ce film pour réaliser son chef d’œuvre Magnolia. Ici, notre bonhomme s’attaque au délicat visage de la pornographie, sous genre cinématographique méprisé et pourtant, qui a très tôt vu le jour (tout comme, d’une certaine façon, les nus avec la photographie et la peinture). Et comme toute histoire traitant du cinéma, il se situe dans une période de changement, prenant pour charnière le basculement des années 80 et l’appauvrissement dégradant de ce secteur. Un petit coup de poing dans son genre.

L’histoire : Eddie Addams rêve de célébrité, mais il ne s’est jamais découvert d’autres talents que de savoir se servir de son anatomie. Désireux de percer dans le métier, il s’associe avec Jack Horner et commence à acquérir une flatteuse réputation dans le domaine de la pornographie.

 

boogie-nights-1997-02-g.jpg

 

J’ai découvert ce film suite aux articles parus sur Naveton et Cinéborat, et nos cinéphiles avaient eu du flair, puisqu’il s’agit d’un nouveau petit cyclone cinématographique, qui s’attaque à tout un pan de « sous – culture » qui a depuis évolué vers une grande déchetterie dans laquelle certains tentent encore de s’en sortir, sans succès. Boogie Nights est un drame qui revient donc sur la gloire fastueuse du porno, ici à la fin des années 70 (pour rappel historique, notre bien-nommée Emmanuelle a sévie pendant cette période). Le porno bénéficie alors de sorties en salles de cinéma, et les réalisateurs ont des scénarios quand ils tournent. En prenant l’angle d’un jeune étalon débutant, le film nous fait donc découvrir l’univers des tournages porno, avec une petite dose de trash pour la façon crue dont nos acteurs abordent le sexe, mais qui affiche un certain respect. Si un certain mépris se sentait déjà dans l’esprit « public », le genre était encore respecté, et les ambitions étaient à la hausse. Il est en effet assez gratifiant que derrière la fesse et le nichon, Jack Horner essaye de faire du cinéma, qu’il essaye de retenir son public un peu plus longtemps qu’après le premier orgasme. Et sur la phase ascendante du film, il y a en effet cette amélioration, cette envie de faire un film, qui prend le dessus. Mais la success story est évidemment de courte durée, car arrive avec l’avènement des années 80 la généralisation de la VHS, et la disparition progressive des salles réservées au genre. Comme le dit Jack Horner « Si tous les gens disent que c’est de la merde, et que ça ressemble à de la merde, c’est parce que c’en est. ». Avec diminution vertigineuse des budgets, amateurisme (n’importe quel glandu peut en réaliser), mépris total de la qualité et des spectateurs. Le constat est d’autant plus accablant que l’industrie porno n’a pas changée depuis, remuant la fange de la médiocrité et nous la resservant sans cesse. La morale sentencieuse se fait d’autant plus dure qu’effectivement, la qualité disparaît complètement au fur et à mesure que les années passent et que les productions interchangeables s’enchaînent. La performance prime sur le plaisir, et l’approche même du sexe en société change, comme le prouve l’odieuse séquence en limousine. Plus aucune notion de respect, car l’industrie n’a plus rien de respectable. Tout le monde est là pour bouffer un truc réchauffé, des acteurs aux spectateurs. Les descentes aux enfers sont vertigineuses, les chocs sont rudes, la vérité est là. Et les excellentes performances d’acteurs (quoique moins éclatantes que dans Magnolia) magnifient le spectacle, nous offrant un drame d’une belle intensité. Toutefois, le final se révèle plus léger que prévu, en offrant une seconde chance à plusieurs personnes notamment, ce qui permet quand même de respirer un peu après un aussi dur constat. Plan final qui dévoile enfin l’objet du film, et qui par la seule force d’une image, parvient à marquer durablement le spectateur. Un vrai grand film !

 

5,3/6


1997
de Paul Thomas Anderson
avec Mark Wahlberg, Burt Reynolds

 

600full-boogie-nights-screenshot.jpg

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commentaires

B
Il ne s'agit en effet pas de réduire le porno à du cul, du cul, du cul. Il y a un vrai regard sur cet univers à part, notamment dans le fait de ne pas le ridiculiser ou le caricaturer. Et pour<br /> cela, ce film est vraiment un chef d'oeuvre. Il montre l'envers du décor tout en ayant un regard particuliers sur ses personnages. Pour la parabole sur le cinéma, cela se voit notamment par<br /> l'évolution du porno montrée dans le film. Avant c'était vraiment des films pour le cinéma, puis c'est devenu trop crade pour mettre dans des cinémas, alors on a diffusé les films sur VHS au point<br /> que cela est devenu un genre très underground et limité. Je n'ose imaginer si PTA aurait continuer le film en explorant les années 2000. Parce que là cela aurait été encore plus croustillant!
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V
oui je l'ai vu sur Arte et je trouve qu'il n'est pas non plus à jeter (cela dit certains le considère comme un classique). Pour l'autre il s'agit plus exactement du Dernier Tango à Paris de<br /> Bertolucci
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V
<br /> <br /> Merci pour cet avis et ce renseignement... J'espère pouvoir les découvrir bientôt<br /> <br /> <br /> <br />
V
oui Oliver n'a pas aimé l'empire des sens et le dernier tango, deux films que j'ai pas forcément détesté pour ma part.
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V
<br /> <br /> Intéressant... Tu as donc vu l'empire des sens. Je vais regarder pour ce dernier tango.<br /> <br /> <br /> <br />
A
content qu'il t'ait plus celui là: un film choc sur un univers rarement abordé au cinéma
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V
<br /> <br /> Du très lourd dans son genre, merci encore pour la découverte !<br /> <br /> <br /> <br />
V
Paul Thomas Anderson ? pourquoi pas mais je ne suis pas tenté plus que ça.<br /> "comme le dit jack Horner" le paléontologue ?!!!!!<br /> <br /> Par contre James je remarque que cette chronique parle beaucoup de pornographie et je trouve cela particulièrement scandaleux, tu aura de mes nouvelles petit garnement !
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V
<br /> <br /> Damned, je suis pris ^^ Enfin bon, si j'assume pleinement d'avoir trouvé sympathiques des films comme La femme objet ou Derrière la porte verte, ça ne veut pas dire que je suis client régulier de<br /> ce genre de cinéma, surtout quand tu vois la plupart des dvds actuellement en vente... D'ailleurs, mes connaissances dans le genre sont très limitées, je n'ai toujours pas vu un seul film de<br /> notre star nationale (Emmanuelle), et en dehors de quelques artistes underground (Bruce Labruce par exemple, et Gaspar Noé n'est pas si loin que ça...), je ne cherche pas dans ce domaine ^^. Mais<br /> je considère la pornographie comme un genre à part du cinéma.<br /> <br /> <br /> A titre indicatif, je recherche L'empire des sens pour me faire une idée (je sais qu'Alice le déteste, mais il semble être une petite référence dans son genre...)<br /> <br /> <br /> <br />

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