Ô joie, ô merveille, ô délice suprême ! Je n’avais pas été aussi émoustillé depuis mon dernier séjour dans l’antichambre de Lucifer. Boule et Bill, sainte merde qu’on savait déjà pourrie jusqu’à l’os dès son annonce en top 5 des attentes sur allociné (j’aimerais savoir à combien se négocie le rang dans ce top, car certains pronostics sont tellement hallucinants qu’il est impossible qu’il n’y ait pas vente dans ce genre de connerie prévisionnelle), passe enfin sous la tronçonneuse de Voracinéphile, et autant dire que j’en ai mis partout pendant le visionnage. Innommable, inepte, sans fin, redoublant de médiocrité… On est souvent plus sévère avec les production de son propre pays qu’avec celles de l’étranger… Ici, non seulement c’est vrai, mais c’est après des visionnages comme cela qu’on aimerait recevoir un passeport de la Russie.
L’histoire : Boule, un petit garçonnet roux vivant en province, décide d’adopter un cocker qu’il nomme Bill. Si les débuts de cette amitié ne sont pas brillants, la situation change quand la famille doit déménager à Paris dans une banlieue.
Oh, my god. On touche une fois encore à une pulsion totalement masochiste de ma part, puisqu’il était prévisible d’assister à une débâcle sans nom. Alexandre Charlot a-t-il participé à un seul bon film depuis Une affaire d'Etat ? Franck Dubosc a-t-il joué dans un seul bon film ? Y a-t-il une seule adaptation de bande dessinée qui ait été réussie en France ces dernières années ? Mais bon, faisons comme si les réponses à ces questions étaient oui. On commence donc avec toute la famille qui chante gaiment « Tout tout tout j’vous dirai tout sur le zizi ! », avant de bifurquer vers la fourrière pour adopter Bill. Ce qui frappe dans Boule & Bill, c’est la totale insipidité de l’ensemble. L’incapacité du film à se révéler notable dans un seul registre (sentiments insipides, gags éculés, aucun scénario…) le coule assez prévisiblement, et c’est sans surprises que le spectateur sombre dans une bouillie de gags qui s’enchaînent à la manière d’un Ducobu (nous sommes dans la même catégorie de divertissement). Bill, la principale attraction, est toutefois un cocker en chair et en os qui a été dressé pour l’occasion (on évite donc le numérique), et pour savoir ce qu’il pense, nous avons droit à la vieille voix off qui enchaîne les boutades nullardes sans jamais se fatiguer, malgré la nullité de l’ensemble (de quoi ressusciter Mauvais Esprit comme comédie de bon goût). Un peu de décence serait de mise pour juger de ce film qui n’est objectivement pas plus nul qu’un Les Schtroumpfs, mais son inutilité et son incapacité crasse à divertir en font un objet purement commercial qui n’existe que pour soutirer des biftons aux honnêtes familles qui ne savent pas reconnaître le navet quand il pointe à leur porte. Je préfère passer sous ellipse l’histoire d’amour entre Bill et la tortue sur fond de musique romantique, à se faire péter les méninges dans un étau. En face d’une telle médiocrité, pas surprenant de voir que notre jeunesse perd ses repères et se met à dévaliser des restaurants pour partir en spring break. Malgré l’envie, je ne reviendrai pas sur le cas incurable de Franck Dubosc, qu’aucun réalisateur ne semble prendre suffisamment au sérieux pour lui donner un vrai rôle (je finis même par être triste pour lui, quelle image laissera-t-il quand il raccrochera ?). Toujours est-il qu’on peut couper les subventions de tous les prochains projets de ce genre, on économisera un pognon fou qu’on pourra réinvestir dans les vrais valeurs du cinéma français (Du Welz, Laugier, parrainer le prochain effort d’Aja, financer OSS 117 3, permettre à Jean Louis Costes de se lancer au cinéma…).
0/6
2013
de Alexandre Charlot, Franck Magnier
avec Franck Dubosc, Marina Foïs