Comme chiens et chats était un film d’espionnage, disons-le, révolutionnaire pour son concept, à savoir transposer le monde de l’espionnage technologique dans le règne animal, et plus particulièrement pour alimenter la guerre entre chiens et chats et l’amener sur un nouveau terrain. Les scénaristes ayant des idées pareilles devraient passer en cours martiale. Vu la débilité du produit final, on se disait qu’ils en auraient fini. Mais pensez vous ! Si il y a eu un Inspecteur Gadget 2 (nous en reparlerons), il y allait forcément y avoir un Comme Chiens et chats 2. Gagné, c’est la revanche de Kitty Galore, et on l’enterre une bonne fois pour toute aujourd’hui.
L’histoire : Les chiens sont de mauvais poil après que Kitty Galore, féline à la dent dure, se soit emparée des codes de piratage d’un satellite de communication. Pour mener leur lutte toutes griffes dehors, ils recrutent Max, un chien policier tombé en disgrâce auprès des humains. Mais les chats sont eux aussi de la partie…
la méchante du film...
Bon sang, rien que le résumé, ça donne déjà envie de se pomper le cerveau par les orbites. Et ce n’est bien sûr qu’un début. Car comme tout bon film pour enfant décérébré, il faut diminuer les enjeux au plus bas de l’échelle. Déjà, il est maintenant impossible de s’identifier à qui que ce soit dans ce film, vu que nous sommes redescendus au stade animal et qu’on se fout des sentiments de nos protagonistes (d'autres ont réussis dans ce registre, c’est ce qui faisait l’intérêt de Babe…). On commence direct avec un russe qui parle avec un très mauvais accent qui commence au téléphone : « Allo ? Monsieur l’ingénieur ? Les codes d’accès du Satellite ? Mais bien sûr que je les ai avec moi ! Non, je ne les ai pas oubliés dans ma voiture ! » Et pendant qu’il dit cela, il rouvre sa voiture et prend la mallette qu’il avait oublié. Ceci était un extrait de l’humour que le film véhicule tout le temps. Et ça continue. Un chiot se met à photographier les codes du satellite, puis ouvrant une fermeture, nous découvrons enfin Kitty Galore, une chatte pelée qui cabotine à qui mieux mieux pour tenter d’avoir l’air un peu méchante. S’ensuit alors le générique, une magnifique faute de goût, puisqu’il s’agit d’une parodie de tous ces génériques de James Bond ridicules, sauf qu’au lieu des ombres de femmes qui dansent sur des images plus ou moins bien faites, ce sont des chiens, des chats, des nonos, des baballes… Ils annoncent si bien la nullité qu’on éclate de rire devant cette tentative de plagiat foireuse. Passons sur la débilité du scénario, et concentrons-nous sur les personnages. Max, le héros du film, est un berger allemand insupportable qui fait des blagues tout le temps. Il sera épaulé par un labrador expérimenté, mais surtout par un pigeon, qui vu son accent, a été doublé par un black. C’est génial de constater que même au niveau des films animaliers, on cherche à bien insister sur la représentation des minorités. Si encore ils n’insistaient pas, mais avec un accent pareil, c’est juste un gag d’une lourdeur incroyable. Et concernant la méchante, on atteint des sommets. Son complice « Rouquin » est un clin d’œil assez lourd vers le fameux méchant ayant hanté la saga Bond, Kitty Galore en elle-même est une victime insipide. Serait-ce parce qu’elle a été abandonnée plus jeune, ou qu’elle est régulièrement martyrisée et tournée en ridicule par son maître, magicien raté aux goûts douteux ? On s’en fout, elle est vénère et veut réduire le monde en esclavage (pathétique). C’est donc avec un désintérêt complet que le spectateur suit le spectacle qui dure… qui s’éternise pendant l’indécente durée d’une heure vingt. C’est le point délicat des navets modernes, ils demandent un gros effort pour être regardés jusqu’au bout tant ils parviennent à lasser rapidement leur public. Enfin, pour enfoncer le clou, impossible de passer à côté de l’insulte à Hannibal Lecter, sous la forme de Catnibal Lecter, qui donne quelques infos à nos enquêteurs. Non seulement les gamins sont incapables de comprendre l’hommage, mais en plus, cela n’apporte rien à l’histoire, en plus de n’être absolument pas drôle. Mais quel est l’intérêt d’enchaîner des gags qui tombent tous à plat ? Véritable objet de mauvais goût dans le sens naveteux du terme, le carnage est intégral, et pour le coup, on souffre pendant le visionnage. Sublimant son prédécesseur par des fautes de goût cinéphiles encore plus graves, le résultat est à la hauteur des ambitions : abyssal…
-555/6
2010
de Brad Peyton
avec James Marsden, Nick Nolte