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28 mai 2012 1 28 /05 /mai /2012 18:20

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Cosmopolis ! Le dernier Cronenberg en date s’annonçait pour le moins sulfureux, au vu de sa tête d’affiche (Pattinson dans un Cronenberg, voilà qui a de quoi faire fantasmer) et de son script pour le moins déroutant. Une sorte de trader qui traverse une ville qui peu à peu cède à l’anarchie. On sent venir une critique virulante du système boursier, avec la touche Cronenberg en plus (l’aspect sexuel du film par exemple). Avec une esthétique hype dévoilée dans les bandes annonces, le tout avait le potentiel pour devenir une œuvre chiante ou une démonstration de savoir faire revenant sur les traces des premiers amours du réalisateur. Le constat : c’est une œuvre chiante.

L’histoire : un trader veut traverser une ville (le monde) pour aller se faire faire une coupe de cheveux. Pendant ce temps se succèdent dans la voiture ses employés qui lui apportent peu à peu de mauvaises nouvelles sur le Yen, une monnaie en train de s’effondrer en ébranlant les fondations de l’entreprise gérée par le trader.

 

http://i.ytimg.com/vi/DMQ3JPJmFpo/0.jpg

 

Vraiment, on savait que Cronenberg s’éloignait de ses fondamentaux. Ses trois derniers films ont suscités des débats sur leur nouvelle forme, sur la psychologie qu’ils abordaient… Mais ici, si on voit les symboles que Cronenberg utilise et les messages qu’il veut faire passer, le tout est d’une lourdeur qui fait soupirer bien des fois quand on découvre le film. C’est simple : l’argent perd de plus en plus de sa signification, il représentait quelque chose, mais à force d’être calculé, de spéculer, de taxer des taux d’intérêts… il en a perdu toute valeur (le dialogue absurde faisant du rat une monnaie d’échange, puis on retrouvera bien des fois le symbole du rat). Les agences bancaires perdent peu à peu la notion du temps. Elles veulent détruire le passé et bouffer le présent (cette insistance sur les échelles de temps qui ne cessent de rétrécir, passant à la micro-seconde, à la nanoseconde…) pour étudier l’argent scientifiquement, en faire quelque chose d’ultra prévisible afin de savoir comment gagner plus. La perception du temps (et de l’argent) a changée, et le film insiste lourdement sur cette mutation au cours d’un dialogue passionnant d’une dizaine de minutes. Et au fur et à mesure que la crise financière se fait plus nette, la cité qui entoure la voiture se dégrade, les bâtiments tombent en ruine, les anarchistes envahissent les rues… Les agences bancaires qu’on voyait par les vitres deviennent des banlieues crasseuses… La voiture, monde etriqué et déconnecté du réel, avançant dans un monde en plein effondrement. Et le film tape aussi sur la notion d’originalité, montrant que ce n’est pas le premier individu découvrant quelque chose qui est original, mais quand un individu découvre une chose par lui-même. Et le film de faire intervenir différents personnages  qui jouent chacun leur rôle (la femme du trader qui pourrait être une métaphore des gouvernements mettant leurs caisses au service des banques, le garde du corps à la montre bling-bling comme un organisme dépendant de la survie des banques..), jusqu’au salon de coiffure où d’anciens chauffeur de voiture parleront du passé sous un angle nostalgique. Mais le final, c’est le Trader en face d’un homme insignifiant qui veut le tuer. Une occasion pour Cronenberg de confronter un citoyen lambda (ici, un employé qui avait été révulsé par l’omniprésence des chiffres, qui tenaient à prédire toutes les anomalies, à modéliser chaque mouvement monétaire). C’est ainsi que nous sera enfin délivré le message du film : la modélisation, la symétrie, n’est pas la bonne manière d’appréhender l’argent, c’est dans son imperfection, dans ses brutales sautes d’humeur qu’il faudrait se plonger. Cronenberg n’est pas à court d’idées, ça saute aux yeux. D’autant plus que les acteurs ont l’air d’y croire et jouent leur rôle à fond. Mais rarement sa réalisation aura été aussi pompeuse, aussi lourde et pesante à suivre. Les dialogues sont un véritable casse tête, un truc qui oblige à réfléchir énormément pour en tirer la substantifique moelle. Mais ils jouent beaucoup sur l’absurde (à l’image du système bancaire qui s’éloigne de plus en plus de la raison), et par conséquent, dans la même conversation, les protagonistes changent toutes les minutes de sujet de discussion, ce qui ne favorise vraiment pas la compréhension des messages du film. Et cela s’étale sur toute la durée. Jusqu’à la fin, où en guise de final, on aura droit à un dialogue qui part dans tout les sens sans faire exploser le contenu du film (on penserait au final de Videodrome, mais sans le côté anarchiste ; un pétard mouillé), dont on retiendra simplement que le gars a posé ses chiottes au dessus d’un trou et que sa merde part à l’étage du dessous sans qu’il s’en soucie… Cronenberg veut remettre à leur place les « victimes » de la crise, mais le tout se retrouve noyer dans des discours verbeux complexifiés à l’absurde, qui alourdissent constamment le film plus qu’ils ne le servent. Clairement, ce nouveau cru de Cronenberg sent le pétard mouillé, le faux brûlot, étouffé par son intelligence qui intellectualise trop le propos (la chair consiste ici simplement en un toucher rectal révélant l’imperfection de la prostate du Pattinson : un moment comique assez étrange qui déssert le propos, le comique nous éloignant de la valeur de l’exemple). Bien dommage d’avoir dépensé un billet pour le découvrir…

 

1.7/6

 

2012
de David Cronenberg
avec Robert Pattinson, Juliette Binoche

 

http://static1.purepeople.com/articles/5/98/93/5/@/830982-image-du-film-cosmopolis-637x0-1.jpg

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commentaires

B
Perso je ne les trouve pas mieux. C'est vraiment une direction d'acteurs de merde. Binoche se trémousse le cul, Morton papotte à mort, Giamatti cachetonne, Durand cabotinne...
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B
Même les acteurs. Franchement la Binoche à part se faire prendre en levrette (séquence au combien ridicule), c'est du néant (comme d'hab avec cette actrice). Le Pattinson croit encore une fois<br /> qu'en étant blanc comme un cachet il va nous emballer (j'aime pas l'aspirine je préfère le Dafalgan ;)); Giamatti part dans des élans de n'importe quoi et Morton insupportable de bavardage.
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V
<br /> <br /> Critique facile pour la pâleur de Pattinson (le pauvre, il ne pouvait pas encore bronzer : il va tourner la fin de Twilight). Mais personnellement, si les dialogues étaient indigestes au<br /> possible, à part quelques acteurs secondaires minables (le hacker du début de film par exemple), j'ai trouvé que les seconds rôles étaient les plus intéressants, apportant sans arrêt de nouveaux<br /> éléments sur l'argent.<br /> <br /> <br /> <br />
B
Une vraie daube et peut être ma plus grosse déception de ce début 2012. Il n'y a rien, il ne s'y passe rien, les acteurs sont tous plus mauvais comme cochon autant qu'ils sont, ça ne cesse de<br /> causer dans un brouhara insupportable. Seul l'animosité entre Pattinson et sa femme est intéressante le reste...
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V
<br /> <br /> Oui, je trouvais moi aussi la relation entre Pattinson et sa femme plutôt intéressante, même si je ne sais pas si mon interprétation est valable... Les acteurs tentent de s'impliquer, mais les<br /> dialogues sont à dormir debout... Une belle déception pour moi aussi<br /> <br /> <br /> <br />
P
C'est même plus fidèle à ce niveau là : il a tout bêtement recopié les dialogues du livre pour faire le script du film. Lorsqu'on demandait à Cronenberg à la sortie de "A dangerous method" pourquoi<br /> il réalisait des scénarii dont il n'était pas l'auteur (même s'il les remanie toujours en dernière main), il avait répondu qu'il n'avait plus le temps d'écrire des scripts originaux (son dernier<br /> étant en effet l'excellent "Exystenz"). Si c'est pour pomper laborieusement un bouquin, j'ai envie de conseiller à Cronenberg de se remettre à filmer les scénars des autres.
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V
<br /> <br /> En effet, plus fidèle, tu meurs... Mais voilà, on ne va pas dire qu'on respire dans son Cosmopolis (en plus il faisait chaud dans la salle de ciné, c'est dire si on se sentait mal à l'aise<br /> toujours cloîtrés dans cette limousine)...<br /> <br /> <br /> Tiens, tu as aimé eXistenZ ? Il y aurait un débat sympathique à tenir sur son cas, vu que j'avais moyennement adhéré (les designs sont rigolos, mais le final sur les réalités virtuelles était<br /> tellement prévisible...). Je tenterai de le voir prochainement. Pourvu que Cronenberg trouve le temps d'écrire un petit truc quand même, sa vraie patte nous manque (même si ses nouvelles<br /> réalisations, jusqu'à Cosmo, étaient de qualité).<br /> <br /> <br /> <br />
P
Je n'ai pas souvenir que "American Psycho" ait été un grand film. Un grand livre, incontestablement, mais le film, bof bof. Evidemment Eric Packer a des points communs avec Bateman, mais<br /> Cronenberg, suivant la voie de DeLillo, ne tombe pas dans le piège du grand-guignol. Mais c'est peut-être parce qu'il se contente de suivre "à la lettre" la voie de DeLillo qu'il perd son film, et<br /> nous avec.
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V
<br /> <br /> American Psycho n'a clairement pas marqué l'horreur, mais je continue à le considérer comme un sommet du cynisme. Une ironie omniprésente, qui choisit de jouer la carte de l'humour pour faire<br /> passer la pilule. Le bouquin est un chef d'oeuvre, mais inadaptable pour ses excès de violence graphique. Je trouve que l'adaptation ciné est en tout cas excellente niveau casting et niveau<br /> ironie, c'est un délice (et pour le coup, ceux qui ont du mal avec l'horreur pourraient même en apprécier les qualités). Je ne connais pas le style de DeLillo, donc je ne sa&is pas vraiment<br /> quelle est la qualité de l'adaptation de Cronenberg. Si j'en crois les interviews, il lui est resté très fidèle. Alors, probablement que c'est cette fidélité appliquée, verbeuse et pompante, qui<br /> mine Cosmopolis...<br /> <br /> <br /> <br />

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  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.
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