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1 décembre 2013 7 01 /12 /décembre /2013 10:22

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Effets secondaires est un petit thriller réalisé par Steven Soderberg, sorti dans la discrétion cette année. Pourtant, les ingrédients qu’il se propose de mettre en scène justifiaient largement un détour dans les salles obscurs, après les cafouillages très médiatisés du médiator (et le très politiquement incorrect épisode des vaccins français pour le H1N1 mais shhh, on a déjà oublié, nous les consommateurs patriotes), et comme dans Contagion, c’était l’occasion de soulever tout un tas de lièvres concernant les firmes pharmaceutiques et la mise sur le marchés des médocs (qui sont toujours en phase de test, même quand ils sont vendus en pharmacie). Hélas, avec Soderberg, il est souvent question de rester en surface.

L’histoire : une patiente sous un traitement antidépressif moderne, fait une tentative de suicide ratée dans sa voiture. Examinée par un psychiatre, ce dernier lui prescrit un nouveau traitement expérimental. La jeune femme, dans un état second, poignarde son compagnon. Commence alors le procès chargé de déterminer la responsabilité du drame…

 

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Oui, un tel sujet est passionnant. Tellement de facteurs entrent en jeu, tellement de nuances deviennent lourdes de sens et capitales (surtout dans un procès public), que la matière abordée par Effets secondaires a tout du thriller moderne, politiquement incorrect et capable de nous immerger dans un univers passionnant. Le médicament expérimental est-il dangereux directement ? Est-ce qu’il se combine avec les médicaments déjà pris par la patiente pour avoir des effets secondaires ? Le médecin est-il responsable ? Les tests sanitaires ont-ils été concluants ? Comment les compagnies pharmaceutiques font face à ce genre de situation ? Tous ces sujets sont passionnants, et auraient permis d’ouvrir une fenêtre sur la synthèse médica(menteuse) de notre époque, fonctionnant de paire avec la chimie du pétrole, et au processus de test très strict pas toujours scrupuleusement respecté. Mais si cela est cité, hélas, Effets secondaires n’en traite pas. Il reste en surface, se contentant de montrer le quotidien de la victime (jeune femme d’une vingtaine d’année en légère dépression depuis l’emprisonnement de son compagnon) et sur celui du psychiatre la prenant en charge après sa première tentative ratée. C’est principalement à la cause de ce dernier que le film se rattache, car une fois le meurtre commis, la responsabilité du médecin traitant est toujours remise en cause. Jusqu’au début de procès, le film est plutôt bien construit (longuet, mais ce n’est pas nouveau de la part de Soderberg), et on attend le décollage avec l’acharnement médiatique et l’absence douteuse de la compagnie produisant le médicament dans les conférences de presses. Mais rapidement, le procès prend la sortie de secours avec la fameuse disculpation pour aliénation mentale, et là, tout fout le camp. Le film devient alors un petit thriller psychologique aux enjeux bien plus minimes (la carrière du psychiatre), et vire à la guéguerre d’ordonnance avec l’ancien médecin de la patiente. Bien fade de revenir à ce niveau après autant d’attentes. En l’état, Effets secondaires est un gentil thriller, bien mené et réalisé, qui passe à côté de beaucoup d’enjeux dans mettre les pieds dans le plat, ce qui se révèle sacrément moins attirant.

 

3,5/6


2013
de Steven Soderbergh
avec Rooney Mara, Channing Tatum

 

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commentaires

2
J'ai bien aimé ce film. L'intrigue du médicament n'est effectivement pas assez creusé, mais le réalisateur nous brosse quand même un très sombre portrait de la profession de psychiatre.
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V
<br /> <br /> Ah, content d'avoir l'avis de quelqu'un qui ne l'a pas oublié. L'affiche m'était resté en tête, et quand il est réapparu dans les rayons nouveautés, j'en ai profité pour redécouvrir la bête.<br /> Sujet stimulant, hélas, un peu déçu par une oriantation de milieu de film plus conventionnelle.<br /> <br /> <br /> Le portrait de psychiatre change avec le clichés habituels, je suis bien d'accord. Après, le petit côté thriller où il faut prouver la culpabilité de la personne en question, c'est davantage<br /> conventionnel. Mais le matériau riche a matière à intéresser. Un petit cru sympathique, même si Liberace emporte clairement le morceau.<br /> <br /> <br /> <br />
P
Une petite faim de Soderbergh en ce moment ? Pas vu celui-ci mais tu peux tenter son "Kafka" justement, histoire de faire le lien avec le film précédent.
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V
<br /> <br /> ^^ Je l'ai chroniqué dans les débuts de ce blog (très vieille chronique d'ailleurs). Je m'enthousiasmais d'avoir trouvé un film qui m'avait encore plus passionné que Le festin nu... J'ai apprécié<br /> beaucoup de choses dans ce film, notamment le fait de voir Kafka traité comme l'un de ses personnages de fiction, tourmenté par un quotidien qui bascule dans l'absurde.<br /> <br /> <br /> <br />

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