En 2001, il ne se passe pas grand chose me concernant, cinématographiquement parlant. En 2002, il ne s'en passe pas plus. Et en 2003, je commence à avoir quelques échos, mon oncle étant allé à une séance de 3 heures, et nous l'avions attendu pendant une heure dans le bar d'à côté. Il a fallu attendre 2005 et la sortie en VHS pour que je découvre le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson, en Angleterre au cours d'un voyage de pratique du language. Quel spectacle ! Quelle ampleur ! Pour ainsi dire, une fois vu, il a fallut me les procurer de retour au pays. Mais depuis, quelques langues ont persiflés, modérant leur avis sur la trilogie de Jackson, dénonçant une esthétique un peu clippesque pour les elfes, une petite désincarnation des personnages. Tels des Grimma Langue de serpent, ma conscience commençait à s'endormir... jusqu'à ce que je me procure les versions longues. Et là, c'est le même effet que Gandalf envoyant un coup de bâton dans la gueule. Tout prend du relief, et si l'aventure s'allonge de près d'une heure pour chaque épisode, le spectacle y gagne énormément. Retour sur LA saga des années 2000.
Le Seigneur des Anneaux : Incontestablement, mon préféré de la saga (contrairement aux avis du grand public, qui voient dans le troisième épisode le point culminant de l'aventure (mais nous y reviendrons). Tout simplement, Le Seigneur des Anneaux pose les bases d'une aventure fantastique, et avant tout d'un voyage, aussi bien initiatique qu'enrichissant. C'est simple : en un film, on traverse plus de la moitié de la Terre du Milieu, on passe par monts et par vaux, passant de panorama en panorama tous plus splendides les uns que les autres (les repérages sont tout simplement impeccables). Plus encore, l'univers est une merveille de cohérence, parvenant à créer des races, des histoires, des peuplades, bref à restituer une idée des écrits de Tolkien avec la grandeur qu'ils méritaient. Après, Jackson insuffle beaucoup plus de rythme à ses scènes de combats par rapport à Tolkien (le combat contre le Troll des cavernes, épique dans le film, est réglé en un coup d'épée par Frodon dans le livre, ce dernier amputant le troll de quelques orteils, provoquant sa fuite). Clairement, le Seigneur des Anneaux ne cherche pas encore à donner dans l'épique, mais à planter les bases d'un univers tout entier (sur lequel s'appuieront ses suites, qui s'aventureront plus sur le terrain de la tactique militaire). Le spectateur voyage avec les Hobbits (l'identification se fait essentiellement par eux, étant désignés d'office comme une race calme, et ignorée des autres royaumes), et suit cette aventure en dépaysement total, et cela jusqu'au générique. En termes de richesse, c'est incontestablement cet opus qui est le plus fourni, illustrant à lui seul 4 cultures (les hobbits, les elfes, les elfes sylvestres, et dans une certaine mesure les nains), et cernant parfaitement son sujet : un artefact magique au centre d'un gigantesque échiquier dont on commence à percevoir le mouvement des pièces. Le mécanisme de corruption des caractères par l'anneau magique se met en place, et est tout simplement parfaitement illustré dans ce film (le personnage de Boromir nous a clairement montré à quelles extrémités l'attirance pour le Précieux pouvait pousser). Techniquement, le film est une merveille (malgré quelques faux raccords), et le rythme est tout simplement prenant. En version longue, ce sont les sentiments des protagonistes qui prennent du relief, mais aussi la poésie de Tolkien. Des poèmes sont récités, des chants retentissent, des vers sont déclamés... L'ambiance magique du livre renaît par endroit, et fait monter délicieusement le spectacle vers le cimes du chef d'oeuvre. Le seigneur des anneaux est tout simplement le début flamboyant de la plus grande épopée d'aventure depuis la saga Indiana Jones.
6/6
2001
de Peter Jackson
avec Elijah Wood, Sean Astin
Les deux tours : Les ambitions croissent avec l'appétit, dit-on... Suite au succès du premier Seigneur des Anneaux, et le public en redemandant encore (les ventes du livre ont carrément redécollées avec l'envoi du premier film), Peter adapte presque à la lettre le tome 2 des aventures, en amputant tout de même un bon passage du voyage de Frodon et Sam, qui sera reporté dans le troisième opus. Les trois films ayant été tournés en même temps (un vrai cauchemar que Peter Jackson nous résumera dans les bonus par un "Je l'ai fait une fois, maintenant, plus jamais !"). Les deux tours est nettement plus porté sur la castagne, puisque là où le premier se contentait d'une introduction dantesque et de quelques escarmouches, celui-ci nous offre de grandes scènes de batailles, avec notamment le siège du gouffre de Helm, tout simplement impressionnante (des milliers de monstres attaquant un château avec des machines de sièges ? Du jamais vu !). L'histoire se tourne nettement plus vers la stratégie militaire, et aussi sur la politique de la monarchie, en suivant la logique d'un roi en face d'une situation de crise (le royaume du Rohan attaqué en profondeur par les Urukaï de Saroumane). Game of Thrones se focalisera sur ce registre, alors que le Seigneur des Anneaux résume bien son sujet, en soulignant suffisamment les enjeux en place avant de poser les décisions, et surtout de filmer leurs conséquences (l'exode dans le gouffre, puis la grande bataille). Encore une fois, point n'est besoin de souligner l'écrasante supériorité de la version longue par rapport à la version cinéma, développant la poésie de Tolkien avec infiniment plus de subtilité, et développant réellement nos personnages (on y apprendra qu'Aragorn descend d'une lignée dotée de longue vie, et qu'il a 87 ans). L'amourette entre ce dernier et Eowyn gagne beaucoup en intensité, le désespoir lors de la préparation du siège se fait cruellement sentir. C'est surtout Faramir qui gagne au change dans cette histoire. Si dans la version cinéma son rôle se révélait être celui d'un chieur qui faisait surtout perdre du temps, sa psychologie est considérablement développée. Avec un flash back d'une dizaine de minutes, tout est exposé : sa jalousie envers le statut privilégié de Boromir, sa frustration de voir son père ne jamais reconnaître ses efforts... La phrase "L'occasion pour Boromir, capitaine du Gondor, de prouver sa valeur..." prend ici un relief énorme, car permettant enfin à Faramir de montrer à son père sa vraie valeur (et rendant encore plus courageuse sa décision finale, magnifiquement résumée par Frodon lors de leurs adieux). La trahison de Gollum est quelque peu atténuée par des violences physiques plus longues, la fatigue de Frodon se fait plus incarnée... Tout prend des proportions insoupçonnées avec le montage cinéma, ce qui rend le spectacle d'autant plus réussi. Au final, si le Seigneur des Anneaux 2 a toujours fière allure (l'épique commence à souffler fort), il sert aussi de film de liaison (le parcours de Frodon et Sam est moins palpitant). Gérant parfaitement ses effets, avec des batailles bien senties et des effets spéciaux qui s'offrent parfois de luxe de quelques maquettes (la destruction de la Tour de Saroumane). Plus d'action, mais un peu moins de poésie (malgré une charmante tentative des poèmes Enthiques). L'épisode mineur de la saga, mais peu de minorants peuvent se vanter d'avoir obtenus 4 nominations.
5/6
2002
de Peter Jackson
avec Elijah Wood, Sean Astin
Le retour du roi : La conclusion ! Le chapitre final de l'aventure ! Film le plus long de la trilogie (version ciné comme version longue), Le retour du roi est aussi le plus ambitieux techniquement, car il se propose d'offrir la bataille la plus grandiose jamais réalisée au cinéma. Rien que ça... Et techniquement, il y parvient, le bougre ! Boostant le logiciel Massive (permettant la création de personnages numériques multiples), Peter nous offre les combats les plus magnifiquement cadrés qu'on ait jamais pu voir. Avec un bestiaire parfaitement maîtrisé (alternant harmonieusement le numérique et les maquillages) et des décors somptueux (Minas Tirith est la plus belle cité médiévale factice vue dans le septième art), le film réussit son pari technique, transcendant tous les mouvements de troupes qui avaient eu lieu jusqu'à présent sous la forme d'un affrontement mémorable. Et ça, c'est seulement d'un point de vue technique. Le récit continue d'être toujours aussi prenant (Jackson à le don pour dynamiser une histoire de 4 heures !), les personnages sont toujours aussi charismatiques (encore une fois, les charges émotionnelles des personnages sont décuplées par la version longue, il faut se la procurer), et on sera amusé de voir quelques leçons prises avec Fantômes contre fantômes appliquées dans le film, lors d'une séquence sur la route des morts (considérablement développée dans la version longue, et beaucoup plus impressionnante). Le personnage de l'intendant voit son caractère plus étoffé, teinté d'un défaitisme qui expliquera bien mieux ses réactions que dans la version cinéma. Le quotas de violence est légèrement plus poussé (mais tout reste toujours regardable par les 10 ans et plus), et cet éloge final de la monarchie comme situation d'équilibre font du Seigneur des anneaux 3 le dénouement le plus jouissif d'une trilogie, les climax à la fois sentimentaux et guerriers se rejoignant dans un véritable feu d'artifice qui impressionne tout au long de ses quatre heures. La version longue collant toujours plus au livre (la séquence où Frodon et Sam déguisés en orcs se font enrôlés contre leur gré dans l'armée de Sauron), et nous offrant une créature complètement exclue du montage ciné, au design pourtant magnifique : l'émissaire de Sauron. Et pendant que Legolas abat un Oliphan, Aragorn et Gimli sont loin de se tourner les pouces, ayant fort à faire avec le général de l'armée orc. Sans m'étendre plus sur l'intrigue, on notera quelques détails qui élèvent toujours le récit (le meurtre de Gollum est bien plus choquant, la chaîne de l'anneau a carrément entaillé le cou de Frodon...) et qui contribue à nous montrer que Le Seigneur des Anneaux est la trilogie d'héroïc fantasy la plus ambitieuse jamais réalisée, et aussi l'une des plus populaires (seul concurrent en vue : Star Wars). Tout simplement culte, indispensable. Voilà qui promet pour Bilbo le Hobbit, qu'on nous fait saliver depuis maintenant quelques années...
5.5/6
2003
de Peter Jackson
avec Elijah Wood, Sean Astin