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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 19:32

http://cine-pizza.fr/img/visuels-films/idiocracy.jpg

 

Retournons sur les rivages de la comédie bien grasse avec Idiocracy, graine de petit film culte plutôt passé inaperçu dans nos contrées alors qu’il affiche un pitch des plus passionnants. En effet, en posant le postulat que la connerie humaine va aller en empirant, le film se permet un tas d’excès régressifs qui font rudement plaisir, car ils permettent d’offrir un portrait de l’Amérique dans tout son excès et sa démesure. Carrément de mauvais goût mais nous faisant toujours de l’œil à l’aide de vannes grossières et de blagues de potaches, Idiocracy pourrait en soi faire office de matériau culte si son contenu avait été traité avec plus de soin.

L’histoire : un militaire moyen ainsi qu’une prostituée participent à une expérience de cryogénisation qui ne les réveille que 500 ans plus tard, alors que le QI moyen a été divisé par 5.

 

http://media.sbs.com.au/films/upload_media/site_28_rand_1066480751_idiocracy_maxed.jpg

 

Disons le clairement, le film fait tout pour brosser l’amateur de mauvais goût dans le sens du poil. Avec une introduction posant les bases d’une théorie plutôt intéressante (en l’absence de prédateurs dans l’humanité, certaines classes sociales plus fertiles sont amené à prendre l’ascendant sur les élites), permettant de faire un portrait hilarant des classes intellectuelles qui hésitent à avoir des gosses alors que les basses classes sociales ne pensent qu’à baiser et se multiplient à une vitesse alarmante. Les bases sont posées, et elles sont en effet excellentes pour se livrer à un excercice de parodie de l’Amérique. Et pendant une bonne partie du film, la formule va fonctionner. Certes, on n’évitera pas des gags un peu lourdingues (upgrayed nous fait clairement pas rire), mais la bêtise ambiante de tous les personnages nous assure de fréquents éclats de rires ainsi que quelques parodies mordantes des institutions américaines. La justice en prend plein sa gueule, et le président est une espèce de catcheur black qui tire à la mitrailleuse pendant ses discours et qui balance du fuck à toutes les phrases. Sincèrement, certaines idées sont de pures merveilles comiques et le film préfère jouer la carte de la caricature, en nous faisant carrément voyager dans une Amérique dévastée par la bêtise humaine. Avec un étalage de mauvais goût, de couleurs criardes et d’américains vraiment moyens (pour le coup, ils se sont lâchés sur le casting). Thématiquement, le film commençait plutôt bien. En posant comme base la vulgarisation de la débilité humaine, la première partie faisait en quelque sorte office de mise en garde contre l’abrutissement des masses qui s’embourbent dans un quotidien pensé pour être de plus en plus facile d’accès, alors qu’il ne fait que rabaisser l’exercice intellectuel. Et dans une seconde moitié, en posant un individu lambda comme conseiller à la présidence, il y avait en effet le moyen de faire une réflexion intéressante sur la politique quand elle est dénuée de stratagème. Ici parasitée par la connerie ambiante de ses représentants, il y avait moyen de spéculer intelligemment sur l’attitude d’un citoyen quelconque à un poste clef du gouvernement. Et avec l’importance du « bon sens » que prône notre héros pour résoudre la crise alimentaire, on tenait là une bonne piste, qui aurait pu être explorée plus en profondeur. Hélas, ce n’est pas vraiment le cas, le film se focalisant davantage sur des gags régressifs (certes amusants, mais moins significatifs qu’auparavant). Et finalement, il vire carrément sur un sujet beaucoup moins intéressant : l’éloge de la médiocrité. Finalement, le film se prend au piège de croire en son histoire (alors qu’elle était clairement une parodie depuis le début) et veut conclure sur une note sérieuse, alors qu’elle est ici complètement vaine et malapropos. Si vous êtes médiocre, ça n’est pas grave, il y aura toujours pire que vous, semble nous dire le film. Tiens, mais avec cette attitude, aucun progrès intellectuel ne serait alors possible. Ne frôlerait-on pas le contre-sens ? Bref, la conclusion laisse perplexe, mais l’avalanche de gags régressifs et de mauvais goût suffit à justifier le visionnage du film, qui reste tout de même une agréable surprise.

 

3.75/6

 

2006
de Mike Judge
avec Luke Wilson, Dax Shepard

 

http://passingnightmare.co.uk/wp-content/uploads/2011/07/fox_news_idiocracy.jpg

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commentaires

A
Hmmm... je n'ai pas du tout aimé.<br /> La première fois que je l'ai vu, je me suis arrêté au bout de 5min. Plus tard, je l'ai remis et je me suis arrêtée plus loin, mais franchement, c'est pas du tout mon genre d'humour. J'ai pourtant<br /> trouvé l'idée de base intéressante, mais c'est tout.
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V
<br /> <br /> Ah, c'est un excercice de mauvais goût, donc ça ne plaira pas à tout le monde, c'est sûr. Les bases sont un peu lourdes (avec notamment ce gag redondant avec le mac Upgrayed dont on se fout<br /> royalement), mais à partir du moment où ils se mettent à parodier les grandes institutions américaines, ça devient bien plus réjouissant. Après, faut apprécier un humour aussi régressif, mais le<br /> côté parodique finit par le rendre sympathique. Après, je ne te conseillerai pas de le retester, car il est bancal dans son genre, mais son côté outrancièrement beauf m'évoque un peu de<br /> sympathie.<br /> <br /> <br /> <br />

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