Une certaine fascination pour les écrits de Lovecraft m’ont amené à rechercher beaucoup d’adaptations de ses écrits. Les réalisateurs les plus généreux dans ce domaine ont été Stuart Gordon et Brian Yuzna, qui sont fan du bonhomme. Mais d’autre se sont aussi prêtés à l’essai. Si John Carpenter a convaincu tout le monde avec l’Antre de la Folie, le moyen métrage muet The Call of Cthulhu est passé complètement inaperçu, et La Malédiction d’Arkham également (aka The haunted mansion aka Opetany Zamek). Ce film fantastique n’est toutefois pas inintéressant, bien qu’assez longuet à se mettre en place, tout en adaptant le matériau d’origine.
L’histoire : Josef Curwen se livre à de mystérieuses expériences dans son château, ce qui n’est pas du goût des habitants de la ville d’Arkham. Un soir, après la disparition d’une jeune femme, les villageois se rendent sur place et brûlent Josef, qui les maudit. 150 ans plus tard, Charles dexter Ward, descendant de Josef Curwen, revient à Arkham prendre possession de son domaine familial.
Ceux qui auront lu des nouvelles du bonhomme sauront tout de suite que la nouvelle adaptée ici est celle de l’Affaire Charles Dexter Ward. Une nouvelle qui traitait de l’addiction aux sciences occultes et sur la fascination pour le surnaturel. D’une banale recherche généalogique naissait toute une attirance pour l’occulte, qui nous faisait peu à peu dériver vers de troubles échanges de lettres avec des cercles occultes et des personnes aux intentions troubles… Une nouvelle passionnante, ici très librement adaptée du matériau d’origine. Toutefois, les fans apprécieront la reprise de nombreux éléments de la mythologie de Lovecraft, comme ces villageois en pleine mutation dont le physique repoussant trahit les résultats d’expériences malades. Mais si ces maquillages là sont réussis, les monstres en costume intégral font peine à voir, malgré toutes les peines que prend Roger Corman pour les dissimuler (caméra qui bouge, bagarre cadrée en gros plan, feu qui cache le déguisement approximatif…). Un vrai gâchi à ce niveau là, qui ne provoquera jamais vraiment l’effroi.Toutefois, les bases de l’univers sont respectées, et à ce titre, les 30 premières minutes posent l’ambiance qu’on attendait d’une adaptation de Lovecraft, avec en plus le charme des décors des productions Corman. Mais après cette demi-heure prometteuse, ça se complique. En effet, les villageois se montrent de plus en plus hostile, mais ils bavardent plus qu’ils n’agissent. Et de son côté, Charles parle beaucoup avec sa femme, voit des détails, constate des faits qui restent insignifiants, minimalistes… L’attrait pour le surnaturel est ici contenu, loin en tout cas d’être une passion dévorante. Et cela s’explique par une chose : le matériau d’origine est en train d’être modifié pour être mixé avec du fantastique à la Poe. En effet, par l’intermédiaire du tableau de famille, l’esprit de Josef Curwen va peu à peu investir le corps de son descendant, afin de reprendre ses recherches et se venger de ses anciens bourreaux. Un choix qui s’éloigne beaucoup du sujet en question, puisque nous aurons alors un intermède durant lequel Josef Curwen va se venger en brûlant les descendants de ceux qui jadis causèrent sa crémation. Bon, c’est quand même un peu vénère, mais on s’éloigne de Cthulhu et de ses rites, et donc on s’ennuie un peu. Et les longs dialogues sensés créer l’angoisse restent plutôt plats. Si l’interprétation de Vincent Price reste très respectable (on sent les deux personnalités sur son visage), le film est finalement lent, peine à se montrer impressionnant (les incursions fantastiques sont timides), et a du mal à donner une conclusion vraiment convaincante en termes de spectacle. Le projet avait du potentiel, mais finalement, l’amateur de Lovecraft sera déçu. Dommage.
3/6
1963
de Roger Corman
avec Vincent Price, Debra Paget