Il est amusant de constater qu’un cinéaste comme Terry Gilliam, au parcours très varié (enchaînant films cultes sur échecs commerciaux avec la plus grande ardeur), nous sort régulièrement un film atypique dans le paysage cinématographique, ce qui nous permet de prendre une bouffée d’air frais en analysant la nouvelle œuvre qui nous est proposée. Avec un casting satisfaisant (Damon, Ledger, Bellucci…) et un budget conséquent (les effets spéciaux transpirent le numérique), Terry nous donne une nouvelle œuvre constrastée, qui foire d’un côté ce qu’elle réussit de l’autre. C’est même un peu décevant de constater que Terry a du mal à s’approprier l’univers des contes de Grimm (les reprises de contes que nous connaissons), alors que son vrai conte (notre trame principale) est bien plus excitante que les clichés que nous connaissons.
L’histoire : Les frères grimm, des escrocs rançonnant la population locale à l’aide d’effets spéciaux crédibles et de superstitions, sont envoyé par les troupes françaises à Marbaden pour y élucider les récentes disparitions d’enfants.
On commence par être un peu déboussolé par le film, tant l’univers qui nous est proposé tranche avec l’habituelle esthétique chargée de Gilliam, qui remplissait ses locaux avec quantité d’objets. La mise en scène se veut ici plus réaliste, , mais on sera bien vite soulagé de voir que Gilliam est toujours là, dans ses personnages (des escrocs qui prétendent s’y connaître, on sent venir leur rédemption). On retrouvera aussi Gilliam derrière le magnifique Jonathan Price, campant ici un général français impérial caricaturant le pouvoir avec une fougue dévastatrice, comme Terry nous y a habitués avec d’autres méchants. On débarque donc au village de Marbaden qui crève de trouille, et nos héros se mettent à chercher des pistes. Comme tous les enlèvements ont lieu en forêt, on se trouve bien vite face à du fantastique pur, de la vraie magie. Bien, mais pas assez pour nous faire avaler la relecture des contes de Grimm. Chaque enlèvement d’enfant est prétexte à nous ressortir un conte, ce qui est en soit assez pauvre. Aucune nouvelle analyse, aucune grosse recherche pour illustrer un détail logique à l’histoire. Purement et simplement des reprises qui arrivent au milieu du récit. La seule dont on se souviendra vraiment est celle du bonhomme d’épice (traumatisante, avec le coup du cheval mangeur d’enfant).Une première grosse moitié se déroule donc en demi teinte, l’enquête et les balades en forêt compensant avec peine les fréquents enlèvements. Il faudra attendre la seconde venue des frères grimm pour espérer un peu d’action, nos héros préparant une contre-attaque pour un sacrifice qui aura lieu le soir même. Là-dessus arrive la garde napoléonienne pour brûler la forêt, pendant que dans la tour du film, les sortilèges commencent à faire effet, avec une magie nécromancienne délicieusement gothique (une version très sobre de la comtesse Bathory). Techniquement irréprochable, avec un final gentillet et moral, peu original, mais satisfaisant. On ne s’attendait pas à retrouver de l’originalité en fin de film, on terminera sur une bonne impression, sans toutefois oublier que le film peinait un peu dans sa première heure. Œuvre moyenne dans la filmo de Gilliam, mais on a connu bien pire. Regardable !
3.5/6
2005
de Terry Gilliam
avec Matt Damon, Heath Ledger
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