Les Immortels de Tarsem, c'est un chapitre apparemment clos dans les débats cinéphiles, ce dernier étant catalogué comme un sous-300 incapable d'éviter le ridicule. Question mythologie, c'est clair que depuis le Choc des Titans, on n'a plus beaucoup d'espoir pour Hollywood, qui semble croire qu'une relecture novatrice était nécessaire pour mettre de l'ordre dans un foutoir littéraire rédigé par des homosexuels décadents. Thésée se bat d'un coup comme Léonidas, les Dieux bisexuels nous regardent de haut... La catastrophe promise est bien là...*
L'histoire : Le roi Hypérion saccage la Grèce antique pour retrouver un artefact lui permettant de libérer les Titans, les seuls monstres capables de tuer les Dieux. Ces derniers regardent, impuissant. Mais Thésée, un apprenti pêcheur qui se bat comme un vétéran, va se sortir les doigts pour prendre en main le destin de l'humanité.
On le sait, Tarsem aime la symétrie, la belle image et les ambiances ultra léchée qui se focalisent essentiellement sur la beauté plastique. The Fall en est le plus bel exemple : un film magnifiquement beau et creux comme le vide. Mais avec Les Immortels, notre plasticien de l'image s'est complètement planté. Utilisant un jaune omniprésent et étouffant (c'est encore pire chez chez Pitof ou Jean Pierre Jeunet), Tarsem travaille son image à l'outrance en se reposant clairement sur le numérique, ce qui crée des paysages tellement artificiels qu'on y croit pas une seule seconde. C'était aussi un peu le cas pour 300 qui avait parfois des airs de cinématiques de jeux vidéos, mais ici, pratiquement aucun moment de bravoure pendant le film. De longues successions de dialogues plus imbéciles les uns que les autres, entre un jeune Persée qui comprend magnifiquement la situation et un roi Hypérion qui joue une sorte de cruauté virile (son discours sur les traitres et le châtiment qu'il leur réserve, bizarre qu'il n'ait pas une voix de castra après cela...) tellement surjouée qu'elle finit presque par nous faire rire. Enfin, le film peine tellement à avancer, empêtré dans une espèce de pseudo lenteur contemplative qui anesthésie l'intégralité du film, au point de m'avoir endormi pendant une dizaine de minutes. Sincèrement, si quelques plans se révèlent jolis, l'ensemble ayant recours au tout numérique est copieusement indigeste, et l'histoire manquant sérieusement de bourrinage, on s'ennuie grave en attendant la suite des évènements. Et les Dieux, dans tout cela, sont la cerise sur le gâteau. Complètement ahuris depuis leur plate forme d'observation, en string or massif et brandissant des sex toys du même métal (un kitch qui aurait dû me plaire, mais ici particulièrement clinquant et outrancier), on frise le ridicule à tous les plans, le numérique achevant de rendre l'image indigeste, et les dialogues charmant nos oreilles de truelles d'incohérences (les dieux refusent d'apparaître aux mortels sous forme divines, puis se lancent l'instant d'après dans toute une série de miracles pour aider Thésée)... Dans ce désastre, personne ne parvient à en sortir indemne, pas même John Hurt qui joue les sages papis gâteux. Trop artificiel, aux ambitions artistiques incomprises (Tarsem et film épique, mais qu'est ce qui a pris aux producteurs de signer ?) et clairement pas assez abouti (le numérique pue sur presque tous les plans), Les Immortels est un naufrage artistique regrettable, qu'on espère ne plus jamais revoir. Dommage, certaines belles séquences ne sauvant pas l'ensemble...
0.5/6
2011
de Tarsem Singh
avec Henry Cavill, Mickey Rourke