Ceux qui connaissent la Troma ne connaissent peut-être pas Mother’s day, un petit film de Charles Kaufman (le frère de Lloyd, qui a fait preuve de beaucoup de talents sur des projets comme L’invasion des profanateurs de sépulture et Quills) ou une famille de psychopathe trucidait n’importe qui pour faire plaisir à maman. Darren Lynn Bousman, qui s’est mis à dos toute une communauté de cinéphiles amateurs d’horreur (responsable des séquels Saw 2 à 4), avait jeté le doute avec Repo, the genetic opera (film condamné par son manque de budget, mais qui parvenait à faire un film de SF chanté, ce qui est assez ambitieux et inhabituel pour être souligné. Et avec le remake de Mother’s day, il parvient enfin à trouver le bon rythme, les bons cadrages… C’est tout simplement le Home Invasion le plus réussi depuis le remake de La dernière maison sur la gauche.
L’histoire : Alors qu’un couple organise une fête dans leur nouvelle maison, une famille débarque dans la place en croyant être chez eux.
Le pitch n’est pas vraiment top, mais il est dur de résumer ce qui doit être l’un des meilleurs thrillers horrorifiques de ce début d’année. C’est bien simple : tous les interprètes de ce film sont brillants, et le rythme est impeccablement géré du début à la fin, nous immergeant au cœur de cette soirée qui vire en prise d’otages et en racket plus ou moins organisé. Première constatation, on s’intéresse autant aux bourreaux qu’aux victimes, ces dernières étant constamment partagées entre le doute et l’envie d’agir (ou de fuir). Quant à notre famille, les gosses sont des braqueurs dont le dernier coup a mal tourné, et qui pensaient retrouver leur mère en revenant à la maison familiale. Le hic, c’est que cette dernière a été saisie pendant la crise de l’immobilier, et qu’elle appartient maintenant à d’autres. Un contexte social qui humanise un peu nos malfaiteurs, car à côté de cela, on a fréquemment affaire à de vrais barjes qui n’hésitent pas à mettre leurs victimes en face de dilemmes cruels et sobres possédant ici un réel impact émotionnel (contrairement aux Saw qui misaient sur un renouvelement constant des tortures et sur du gore tape à l’œil). Méchant, Mother’s day l’est, pratiquement sans pitié avec tout son casting (si les victimes sont plus nombreuses et par conséquent prennent plus cher, les bourreaux sont loin d’être épargnés), ce qui permet d’entretenir continuellement la tension qui porte le récit (même si, on vous le dit tout de suite, la situation évolue surtout avec la mort du premier bourreau). Quant aux mères en question, nous aurons affaire à la mère de famille type institutrice autoritaire (elle a élevée ses enfants seule et les a toujours tenus à l’écart du monde extérieur) qui maitrisera la situation pendant une bonne partie du film (mais qui cède quand même devant les souhaits de son cadet), et la nouvelle maîtresse de maison, mariée mais dont l’unique enfant est mort dans un accident de voiture. Il s’agit donc de confronter deux figures maternelles assez opposées, mais finalement loin d’être vierges de tout défaut. Complètement amoral dans son récit, Mother’s day s’assume comme un thriller plutôt méchant et à la conclusion finalement logique vu le traitement réservé aux personnages (on évitera de spoiler le dénouement). Enervé, particulièrement efficace et nous offrant une palette de personnages aux réactions diverses (pour le coup, chacun est crédible), Mother’s day est un excellent remake, qui redore vite fait le nom de son réalisateur et qui pourrait bien se retrouver quelque part sur un Top 2012.
5/6
2010
de Darren Lynn Bousman
avec Deborah Ann Woll, Jaime King
Brutal !