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8 octobre 2012 1 08 /10 /octobre /2012 17:45

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Obsession est indéniablement un cru majeur de la filmographie de Brian DePalma. Pas vraiment pour son suspense (quasi inexistant ici, il faut bien le dire) mais pour la puissance émotionnelle de son histoire, aussi cruelle que bien pensée. Même si on pouvait avoir déjà quelques doutes sur les révélations finales, le film se révèle être d’une qualité rare.

L’histoire : Michael Courtland, un investisseur immobilier, voit sa femme et sa fille kidnappés contre rançon. Conseillé par la police, il ne verse pas l’argent aux bandits, ce qui entraîne la mort de sa famille. Quelques années plus tard, lors d’un voyage à Rome, il fait la connaissance de Sandra, une jeune femme qui ressemble beaucoup à son épouse.

 

obsession4

 

Première constatation, en délocalisant son intrigue dans les années 50, le film n’a pas pris une ride. Son cadre demeure inchangée, son intrigue est toujours aussi forte, bref, il est parti pour affronter les âges. Autant le dire tout de suite, Obsession n’est pas un thriller (dans le type de Sisters ou de Pulsions). C’est un drame qui emprunte de temps en temps au style des films de gangsters (notamment pour les séquences d’enlèvement), mais qui soigne énormément ses personnages. Le contexte de chaque séquence est claire, soigné, et surtout propice à laisser surgir les émotions (la musique du film est d’ailleurs assez subtile à ce sujet, trouvant parfois des résonnances religieuses dans l’utilisation régulière des chœurs féminins). Après le traumatisme de la mort de ses proches, les ambiances de Rome sont plus accueillantes, mais c’est surtout la chapelle où Michael rencontre Sandra qui marque l’esprit. Lumières, sonorité, c’est un havre accueillant et très propice à la création de la romance empoisonnée qui va être au cœur du film. On aura d’ailleurs l’occasion d’y voir une métaphore avec la peinture que Sandra est en train de restaurer, signe précurseur des révélations identitaires de la suite du film. Ainsi, le film continue dans cette optique d’histoire d’amour vécue en coup de foudre. Peu à peu, Michael se détache de son travail, laissant l’ascendant à son associé, pour se concentrer sur les préparatifs de son mariage. Et peu à peu, le film fait les signes de l’obsession du titre, Michael se révélant obnubilé par son amour pour Sandra (qui elle s’intéresse de près à l’histoire de la première femme de Michael). Et quand Sandra est à nouveau enlevée, le sang de Michael ne fait qu’un tour. C’est à partir de ce moment là que les révélations pleuvent, et que la plus grosse d’entre elle nous fait ré-envisager l’angle sous lequel nous avons vu toute l’histoire. Si on pouvait se douter en partie du retournement de situation, l’impact psychologique est inchangé, le déchirement des personnages est palpable et on bascule dans de violentes crises qui transcendent nettement l’intégralité de l’œuvre. Sans spoiler quoi que ce soit, on tient ici une œuvre définitive, témoignage du génie de DePalma et drame profond.

 

5/6


1976
de Brian De Palma
avec Cliff Robertson, Geneviève Bujold

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commentaires

Z
C'était fabuleux. A cause de ce film je me repent de tout ce que j'ai pu dire sur les autres de De Palma. Inacceptable sens critique !
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V
<br /> <br /> Ton émerveillement me comble. J'ai moi aussi été saisi par la puissance du spectacle, un excellent film qui s'appuie énormément sur ses personnages, et dont l'intrigue, pourtant bien grosse,<br /> parvient à rester assez mystérieuse sur la longueur (on ne se doute pas de la prochaine étape...). Une belle découverte cette année, donc ^^<br /> <br /> <br /> <br />
B
Quand même! Les lampes dans le casque oh mon Dieu!
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V
<br /> <br /> Je rechercherai ce détail pour être sûr, mais ça ne m'a pas choqué quand j'ai vu le film...<br /> <br /> <br /> <br />
B
En même temps il aime aussi Phil Collins!lol Pour Mission to Mars je n'ai pas trouvé les sfx intéressants de ce que j'ai vu. Surtout le plus énorme c'est les lampes dans les costumes d'astronautes!<br /> Encore mieux que Mr Freeze!
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V
<br /> <br /> Là, je ne suis pas d'accord sur les SFX. Comme le disait Prince, c'est dommage que tu l'ai découvert uniquement sur internet, car les effets spéciaux sont très beaux, très "naturels". C'est<br /> d'ailleurs le seul vrai bon point du film. On peut au moins reconnaître que le pognon a été plutôt bien utilisé sur ce film.<br /> <br /> <br /> <br />
P
En effet, Body Double, qui pourtant bien moins apprécié de la critique que "pulsions" est un de mes DePalma préféré.
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V
<br /> <br /> Je n'ai jamais bien compris pourquoi on boudait Body Double moi aussi, c'est un bon thriller et une réflexion pertinente sur le voyeurisme (beaucoup plus sexuel que chez Hitchcock). Avec une<br /> bonne mise en scène et une très bonne intrigue (et la scène de meurtre est l'une des plus marquantes des années 80). Dans American Psycho, Patrick Bateman est obnubilé par ce film. Preuve que<br /> même un psychopathe notoire peut faire preuve de goût.<br /> <br /> <br /> <br />
P
Je suis d'accord avec vous deux : "Mission impossible" est assez débridé et fonctionne très bien. Surtout au début, comme la pluapart des films récents de DePalma puis se dégrade nettement vers la<br /> fin. Même syndrome pour Mission to Mars qui s'avère plus médiocre encore médiocre. Décollage réussi, un joli coup à mi-parcours avec le personnage de Tim Robins (je n'en dis pas plus), puis le film<br /> s'écrase sur la planète rouge jusqu'à ne laisser que quelques décombres d'un script fumeux à la fin. Cependant Borat, te priver d'une image de qualité et d'un grand écran risque de te priver<br /> définitivement des rares bons côtés du film.<br /> J'ai vu "pulsions" il y a longtemps (c'est bien celui avec Michael Caine ?). J'ai le vague souvenir d'un pur giallo à l'italienne fait par un américain. Moi qui suis plutôt fan de ce style certes<br /> limité mais très jouissif, j'avais vraiment aimé la démarche de De Palma. Impossible ceci dit de rentrer dans le détail.
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V
<br /> <br /> Heureux de te voir de notre avis. Brian DePalma exécute toujours ses commandes avec professionnalisme, mais on sent que son implication diminue. J'en parlerai plus précisément avec mes chroniques<br /> de ce soir. Mais dans tous les cas, techniquement, Mission to Mars est un régal (je le mettrai vraiment dans la même case que Prometheus pour ces qualités.<br /> <br /> <br /> Pulsions sera analysé ce soir. Michael Caine est un des bons atouts du film en effet. Toutefois, même si l'hommage aux giallos est là, ce n'est que de l'épate luxueuse. C'est sympathique, mais<br /> décevant de la part de DePalma (il réussira mieux avec Body Double en ayant enfin quelque chose à dire avec une mise en scène provoc).<br /> <br /> <br /> <br />

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  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.
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