Film d’action de John Woo aujourd’hui, parce qu’il n’y a pas de raisons de ne pas varier les plaisirs. On le sait, le bonhomme a réalisé des monstres du cinéma d’action comme A toute épreuve ou le bon Volte Face. Mais hélas, il s’est avéré que notre réal avait, du côté américain, une certaine propension au navet, révélée de façon indécente dans Mission impossible 2, et à nouveau soulignée dans le film du jour : Paycheck.
L’histoire : un vrai génie de la race humaine se vend comme mercenaire innovant aux compagnies les plus offrantes afin de booster leurs projets. On lui propose alors un contrat de plusieurs années à la suite duquel il aurait un salaire exorbitant. Titillé par la curiosité, l’homme accepte. Puis, après une ellipse temporelle de 3 ans, il découvre pleins de trucs bizarres, notamment que le FBI et des tueurs sans pitiés sont à ses trousses.
Pour un divertissement d’action, Paycheck regorge d’ambitions toutes plus démesurées les unes que les autres. Il faut dire que dans le contexte, on ne s’attendait pas à voir de la science fiction débarquer dans le jeu, et encore moins dans un domaine aussi subtil que la prédication. En effet, même si il s’agit d’une révélation à la mi parcours du film, il s’agit bien d’un film de SF derrière les bonnes grosses cascades et les courses poursuites à base de tueurs nerveux. Cependant, le film se prend salement les pieds dans le tapis, et cela à plusieurs niveaux. Si l’introduction plante gentiment le sujet sans échapper à la bonne grosse logique des divertissements (la rencontre d’Uma Thurman, immédiatement identifiée comme la partenaire de notre génie), le personnage joué par Ben Affleck fait sourire. Beau gosse, d’une intelligence qui le rend efficace dans absolument tous les domaines scientifiques, d’un charisme animal qui étend les femmes à ses pieds, c’est peu dire que notre coco est un play boy d’une autre planète que la notre. Mais pour affronter ce qui va suivre, il lui fallait au moins ça. Arrive alors notre fameuse affaire, puis les problèmes une fois que Ben est revenu à sa vraie vie. Avant de se retrouver poursuivi par les tueurs et le FBI, Ben se fait remettre une lettre envoyée par lui-même 4 semaines plus tôt, contenant plusieurs objets ordinaires dont il ne parvient pas à comprendre la signification. Quel est le lien entre tous ces objets ? Et bien c’est simple, mais dès qu’on y réfléchit, on grille la logique du film. En effet, ce petit tour de passe passe scénaristique est là pour montrer que dans chaque situation, un objet va servir. Et comment est-ce qu’il savait qu’il allait avoir besoin d’une bombonne de laque à cheveux ? Parce qu’il a bossé sur une machine à voir dans le futur ! Mazette ! A partir de là, il vaut mieux suspendre la lecture, sous peine de gros spoilers. Mais une fois que cette révélation clef est ébruitée, le film devient grandiloquent au possible. Et vas y que je te sors l’ahurissante théorie du « on fait tout pour que les prédictions se réalisent » (du genre il y a une épidémie de prévu, on réunit tous ceux qui en mourront et on se débrouille pour qu’ils choppent le virus), et vas y qu’on a la prédiction où le héros meurt, et vas y qu’on te sort tous les rebondissements classiques du genre action avec le grand méchant qui était en fait un proche d’Affleck… Bref, ça en devient rapidement assez barbant, quand on n’est pas brutalement réveillé par une insert naveteuse de colombe qui jaillit d’une porte (MI 2 is back !) ou un héros tellement fort qu’il bouge plus vite que les balles. Bref, ça se termine en grand portnawak avec des explosions, et un épilogue gentil au milieu d’une serre florale comme on aime. Moralité : le futur, faut pas chercher à savoir, faut juste profiter du temps qu’on a devant nous. Cool ! Alors, pour sauver du temps, vous savez maintenant quel film ne pas voir.
1/6
2003
de John Woo
avec Ben Affleck, Uma Thurman