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17 septembre 2013 2 17 /09 /septembre /2013 18:20

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Avec Praxis, nous avons droit à une formule inédite du film underground expérimental LGBT, qui tente de se livrer à un portrait psychologique contemplatif des tribulations sentimentales d’un bi-curieux en quête d’affection. Un pari plutôt audacieux, car s’éloignant radicalement des codes classiques de l’homosexualité pour donner dans une sorte de poésie à la Malick… Fauché et cheap, mais parfaitement sincère dans l’intention.

L’histoire : Brian est un être solitaire, qui trompe par occasion son récent célibat dans la défonce. Après une tentative de suicide, il s’attache à ausculter les sentiments qu’il éprouve pour deux personnes de son quotidien : son ancienne compagne et collègue de bureau, et Joe, son meilleur et seul ami, intriguant et musculeux.

 

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Si Praxis jouit d’une petite réputation d’essai audacieux dans le milieu LGBT, c’est surtout parce qu’il tente d’expérimenter d’une façon réaliste sur les bi, soit la communauté du milieu la moins représentée au cinéma (en dehors d’Alexandre d’Oliver Stone, les exemples sont rares (la relève chez Greg Araki peut être ?)). Et le personnage de Brian a été particulièrement soigné, puisqu’il s’écarte des clichés habituels des gays au cinéma (le film est connoté gay, pourtant il ne tape justement pas spécialement dans cette catégorie). Voir un personnage complètement normal d’apparence extérieure (sans petits « tics » trahissant déjà une préférence) s’interroger sur la clef de son bonheur, en explorant les diverses perspectives qui s’offrent à lui, relève d’une situation commune tout à fait à même d’immerger le public au cœur des dilemmes du protagoniste. L’issue de ce parcours étant incertaine, le film se laisse donc aller au gré des pensées de son héros, qui pendant qu’il tente de se rapprocher des deux élus de son cœur, cherche à se découvrir davantage. On n’est donc pas en contact d’un échangiste qui ne néglige aucune source de plaisir, mais plutôt dans la description d’un état « transitoire », le personnage ne voulant négliger aucune piste capable de lui apporter l’affection qui lui manque désespérément au quotidien. Une perception pour le coup assez originale, et complètement sincère dans la recherche sentimentale du bonheur (si ce qui compte, c’est d’être bien avec la personne, pourquoi réduire son choix à un simple critère sexuel ?). Si les troubles sentimentaux de Brian sont parfaitement cohérents, c’est sur la narration et sur les expérimentations que le projet se révèle plus discutable. En effet, des photos de galaxies, de planètes et autres objets stellaires envahissent parfois l’écran, ainsi que des cartes de constellations… Concernant les éléments cosmiques, je rapprocherai la tentative de l’image des atomes d’un minéral, ou les liaisons entre les éléments, dans l’infiniment grand et l’infiniment petit, semblent être soulignées. C’est un peu en cela que le film fait repenser à Malick, ainsi que pour le grand nombre de séquences muettes où le personnage évolue dans son quotidien, exprimant la plupart du temps l’interrogation dans son attitude, le doute… Seulement, Malick, pour faire ses séquences stellaires de l’Arbre de vie, il avait du pognon. Ici, la définition très moyenne des photos ruine un peu l’esthétique, et la redondance de certaines finit un peu par lasser. Quant aux séquences muettes, certes, faire du cinéma muet est plus intense et immersif (le public est aux aguets, à l’affût du moindre élément, une attitude nécessaire devant le cinéma de Nicolas Winding Refn), mais les bizarreries de montage font que parfois, des séquences s’étirent sans raison, quand elles ne sont pas réutilisées dans une tentative d’évocation un peu hasardeuse (on ne comprend pas la présence de certains plans à des moments précis). Finalement, c’est en essayant de s’offrir une facture art et essai haut de gamme (jusqu’au titre, « Praxis », soulignant des connotations SF pas vraiment honnête) que Praxis se casse un peu la gueule, sa poésie romantique ne prenant jamais totalement, restant plus dans l’artifice branché (mais attention, pas clippesque, comme le témoigne l’utilisation presque abusive de la transition fondue refusant de trancher entre les séquences) que dans la contemplation métaphysique du génie Malick. Dommage, car en développant davantage l’intrigue avec le personnage qui finalement ne sera pas choisi, le film aurait vraiment pu s’interroger sur les dilemmes de ce bi en quête de la perle rare, avec toutes les questions qui vont autour. Et pour une fois qu’un film LGBT reste très digne dans les traitements de la nudité de ses personnages, on peut lui accorder l’honnêteté de ses intentions.

 

3,5/6

 

2008

de Alex Pacheco

avec Tom Macy, Andrew Roth, Regina Aquino

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  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.
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