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11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 11:16

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Requiem pour un massacre est un film russe sur la seconde guerre mondiale, ou plutôt sur les premières incursions allemandes en Russie, le tout vécu par un enfant ayant à peine la douzaine, recruté de force par l’armée russe et qui part à la guerre le cœur vaillant, sans vraiment s’attendre à ce qu’on sait inévitable. La qualité du film tient surtout en sa mise en scène incroyable, parvenant à créer une atmosphère hallucinante (portée par une musique particulièrement réussie), qui parvient à être une illustration particulièrement forte de la « déshumanisation » provoquée par la guerre.

L’histoire : Un jeune russe est enrôlé d’office dans l’armée rouge, avant d’être affecté à l’entretien du camp de repli des troupes, malgré son désir de partir au combat. Sa position est alors pilonnée par l’artillerie allemande, notre jeune paysan décide de retourner voir sa famille, non loin de leur position.

 

http://la-pellicule-brule.com/wp-content/uploads/2011/06/requiem2-e1307771397935.jpg

 

Requiem pour un massacre impressionne beaucoup pour son approche frontale de la guerre, approche rendue particulièrement immersive par l’utilisation d’une musique complétant parfaitement l’ambiance des faits relatés, et par l’approche très réaliste des faits qui nous sont exposés. Requiem pour un massacre est un film qui se ressent, osant parfois donner dans l’expérimental (la séquence où notre protagoniste tire sur une photo d’Hitler, pendant que quantité de films d’époques passent à l’envers, reconstruisant les ruines provoquées par l’extension du IIIème Reich). Du début du film (commençant sur une tranchée héritée de la première guerre mondiale) jusqu’à la fin, on partage le quotidien de notre enfant-protagoniste, approche qui nous propulse directement à ses côtés. Du bain dans une bassine posée sur le feu à la photo de troupe, tout transpire le vécu. Et le film n’en fait jamais trop, il se contente d’illustrer des faits, banals pendant la seconde guerre mondiale (Oradour sur glane, mémorial national où le temps s’est arrêté), mais éprouvants quand leur souvenir est évoqué, et davantage quand ils sont mis en scène. Si le film n’insiste jamais sur le sanglant de la guerre, les simples plans où il montre la violence des évènements (un simple regard jeté par-dessus une épaule pour entrevoir un village entier fusillé derrière une ferme) suffisent à choquer le spectateur, qui se retrouve en plein enfer, sans toutefois la folie furieuse qui imprégnait Apocalyspe now. Il ne reste que la population, tétanisée, témoin malgré elle de la folie du conflit et de la barbarie nazie, victime déboussolée par la tournure que prend ce conflit. En témoigne la scène au milieu des tourbières, où la population survit en mangeant des racines, en état de choc, pendant que les mourants agonisent. Si le film souffre parfois d’un petit temps mort ou deux (je pense à la mission de recherche de nourriture, qui s’éternise un peu avant que nos soldats trouvent enfin une vache), le film va sans arrêt de l’avant, menant son protagoniste (et la fille qui finit par l’accompagner) dans diverses situations, depuis ce mitraillage de la plaine (où nos soldats rampent littéralement sous les feux de l’ennemi) jusqu’à cette scène traumatisante d’un nouveau village massacré, nos personnages faisant ici partie de la population rassemblée dans les granges. Scène d’autant plus traumatisante que nos protagonistes s’en sortent non pas en survivant à l’horreur, mais parce que les nazis les épargnent, l’une pour satisfaire les soldats d’un camion (aucune scène ne l’illustre, il suffit de voir l’état dans lequel elle revient au camp), et l’autre pour être humilié et servir de témoin du massacre des races inférieures. La dessus arrivera la conclusion, magnifiquement mise en scène, où des renforts de l’armées rouge parviennent à faire prisonnier plusieurs des membres des forces nazies organisant les bûchers publiques, et où nous assistons à un résumé du tribunal de Nuremberg, où les officiers ne cessent de se renvoyer la responsabilité des massacres et que les hauts gradés demandent la clémence pour leur âge et parce qu’ils n’ont jamais tué personne. Une scène sidérante, qui devient horriblement pathétique quand les russes proposent aux nazis de s’entretuer en promettant de laisser les survivants partir, et que ces derniers n’hésitent alors pas un instant à asperger d’essence leurs frères d’armes. Arrive alors la scène expérimentale du film, vrai point d’orgue qui parvient à évacuer la violence accumulée pendant le film en mettant en scène la recul du nazisme et la reconstructions des pays européens si Hitler avait été supprimée. Un film puissant, qui doit énormément à son acteur principal, un jeune ado dont la transformation physique est particulièrement frappante pendant le film. Probablement le meilleur jamais réalisé sur la seconde guerre mondiale, jamais tenté par l’action et toujours focalisé sur le parcours de ses personnages. Traumatisant.

 

6/6

 

1984
de Elem Klimov
avec Alexei Kravtchenko, Olga Mironova

 

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commentaires

V
Ah? Je suis pas au courant pour les commentaires de la réal.
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V
<br /> <br /> Cherche un peu sur internet, quelques articles en parlent. En tout cas, La Rafle ayant fait 9 millions d'entrées, la grande presse s'est bien gardée de relayée ce débat politiquement incorrect.<br /> <br /> <br /> <br />
V
Vrai pour Inglorious, même si son air de louve vengeresse lui confère du charme, elle en fait trop, joue pas très bien, et finit par devenir agaçante. Mais d'ailleurs Inglorious est l'un des<br /> Tarantino que j'aime le moins (je l'apprécie pas mal, mais vraiment sans plus). Sinon pour le Pianiste la violence est bien dosée mais y a quelque passage peut être qui ne sont pas forcément utile.<br /> Mais bon il est clairement au dessus de La Rafle. Ce dernier n'étant à mes yeux pas un mauvais film mais plutôt un film moyen.
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V
<br /> <br /> J'aborderai prochainement le cas d'Inglorious, mais déjà, j'ai perçu dans l'interprétation de Mélanie une pointe de mépris qui ressort souvent dans ses dialogues. Un truc très agaçant, notamment<br /> à l'encontre du soldat nazi glorifié, le seul nazi qui m'ait semblé encore un peu humain, car ne tirant aucune gloire de son acte (il a survécu en faisant une boucherie, on en fait un héros, mais<br /> il est plutôt dérangé par la tournure des évènements, et son attachement au personnage de Mélanie est touchant). Un personnage qui m'a beaucoup rappelé le général nazi dans le chef d'oeuvre Black<br /> Book. Pour la Rafle, je ne suis pas non plus contre le film (la reconstitution historique est crédible, certains personnages attachants...), mais dans l'ensemble, certains de ses partis pris<br /> m'agacent (et j'y met aussi un peu de mauvaise foi quand on sait de quoi Rose Bosh traite ses détracteurs).<br /> <br /> <br /> <br />
V
Je sui sd'accord avec tes arguments. C'est vrai, je ne serais peut être pas aussi extrême que toi, mais oui Bosh en fait trop au final. Déjà je trouvais que par moment dans le Pianiste Polanski<br /> poussait un peu, mais au moins c'était que sur quelques passages et la violence était bien mise en scène. Oui la rafle a trop de prétention et s'inscrit trop dans les conventions, comme tu le<br /> précise déjà au niveau du casting, pour Mélanie, c'est vrai qu'elle est loin d'être exceptionnelle (vraiment loin) mais je ne la déteste pas pour autant (faut dire je trouve que, sans être un top<br /> modèle non plus, elle est vraiment jolie et elle a son charme quand même ;) ). Après oui ce film est trop politiquement correct, tout le contraire d'un Requiem pour un massacre un film totalment<br /> OFNI
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V
<br /> <br /> Je vais revoir Le Pianiste, je verrai si Polenski a eu la main un peu lourde (toutefois, je me rappelle d'une violence bien gérée, de la scène des coups de cravache jusqu'à l'exécution dans le<br /> caniveau. Ca et la transformation du Ghetto, ça tenait de la reconstitution plus bien mise en scène. Après, la reconstitution historique de Rose Bosh est cohérent (on y croit), mais pour le<br /> reste, je suis très dubitatif. Un devoir de mémoire, certes, mais sans le moindre génie. J'ai beau faire des efforts, je ne parviens pas à me défaire de mon agacement pour Mélanie Laurent (elle<br /> me fait beaucoup grincer des dents dans Inglorious Basterds), alors je préfère Alice Taglioni, une actrice physiquement assez proche de Mélanie, mais que je trouve un peu plus châleureuse...<br /> <br /> <br /> <br />
V
J'ai moi même été à Ouradour c'est vrai que c'est glaçant et véritablement choquant quand tu vois qu'il reste des impacts de balles dans l'Eglise. Sinon pour la rafle un film dur mais beaucoup<br /> moins à mon sens que Requiem. Tout comme toi je suis resté mitigé.
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V
<br /> <br /> Un des endroits les plus silencieux que j'ai jamais visité. Un silence de mort, aucun visiteur n'ouvrait la bouche. J'étais un peu jeune à l'époque, mais le lieu reste toujours en mémoire...<br /> <br /> <br /> J'ai chroniqué La Rafle, et pour le coup, si le film veut être dur, je trouve qu'il est assez mal mis en scène. Après, c'est très mal vu de critiquer le film (le scandale étouffé de la<br /> comparaison des détracteurs avec les nazis), mais Rose Bosh filme la violence sans savoir la mettre en scène. Elle tente de filmer la douleur sur tous les visages des juifs (déjà, elle en fait un<br /> peu trop), et la violence est shooté comme dans un téléfilm avec un violon un peu sanglotant en arrière plan. C'est tout sauf dramatique, c'est de la guimauve misérabiliste qui aseptise<br /> totalement la crudité des faits, mais qui insiste lourdement sur des gens qui crient, qui pleurent, sans vraiment parvenir à provoquer un "malaise"... Je me rappelle de cette espèce de scène de<br /> viol/tabassage au milieu des juives... quel est l'intérêt de la scène ? Montrer un méchant collabo qui prend son pied ? Bref, je suis dubitatif sur les capacités de Mme Bosh à faire un drame<br /> profond, mais elle a au moins saisi ce qu'il faut pour faire un film politiquement correct (jusqu'au casting où toutes les stars incarnent de "belles" figures de "résistance", y compris Mélanie<br /> Laurent que j'ai beaucoup de mal à apprécier...).<br /> <br /> <br /> <br />
V
Ah oui c'est sur c'est pas un divertissement, mais je pense pas qu'une projection de famille soit idéal, vaut mieux le voir seul. Mon cousin me dit parfois "tu regardes des trucs trop poussés" mais<br /> celui la je l'ai convaincu de le voir tout seul et en VOST (exploit). EH bien aujourd'hui lui qui est loin d'être adepte du ciné expérimental russe, il le conseille à beaucoup et il me dit "c'est<br /> vraiment bizarre mais j'avais pas pris une aussi grosse claque depuis la visite de Oradour"
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V
<br /> <br /> Je confirme, la projection familiale n'a rien d'idéal. Après, il faut aussi que la personne soit prête à recevoir une sorte de témoignage sur un visage traumatisant de la guerre. Requiem pour un<br /> massacre est pour moi un des meilleurs films de guerre, mais c'est un ressenti très intense, bien plus que la plupart des films sur cette période. J'ai pu aussi aller à Oradour, donc pendant la<br /> scène du village c'était effectivement glaçant. Je connais peu de films français qui soient allés aussi loin dans l'illustration de l'occupation. Le seul dont je me souvienne est La Rafle de Rose<br /> Bosh, et je suis resté un peu... mitigé. L'as-tu vu ?<br /> <br /> <br /> <br />

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  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.
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