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3 août 2011 3 03 /08 /août /2011 09:57

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Rob Zombie s’est lancé dans le cinéma avec une franchise extrême : celle des agissements de la famille Firefly, une bande de psychopathes dégénérés sur plusieurs générations qui s’en prennent à tous les visiteurs qui passent dans le coin pour retrouver la tombe de Docteur Satan. Ultra trash, dans un univers visuel qui n’est pas sans rappeler les clips de Sieur Zombie, ce film est un pur électrochoc, parvenant à évoquer le goût du Massacre à la Tronçonneuse de la grande époque, avec un humour tout aussi présent. Hyper attachant dans ses débuts, le film perd hélas de son charisme au cours d’un développement un peu laborieux, mais agréablement conclu sur un univers punk gore qui retrouve le glauque initial. Inégal, mais unique.

L’histoire : une bande de quatre jeunes étudiants fait une halte d’essence dans la station service de Spaulding, et en profitent pour visiter son musée des horreurs. Après cela, ils insistent auprès du capitaine Spaulding, tenancier de l’établissement, pour connaître l’emplacement de l’arbre où a été pendu le docteur Satan. Ce dernier les envoie sur une route de campagne des environs.

 


Ce film de Rob Zombie montre patte blanche dès le départ en faisant tout pour se faire aimer du fan. D’abord s’introduisant sur une façade horreur années 50 (comprendre : grosse nostalgie), le film s’avance déjà comme un étalage de violence, de sang et de freaks. Et nos premiers personnages, tenanciers de la station essence, ont tout pour se faire aimer. Blagues pas fines, sang froid, pure gueule de freak… On n’est pas loin de l’humour des frères Cohen, dans une ambiance graphique à la Tobe Hooper. Puis l’histoire du film commence, et il a vraiment tout du train fantôme sympathique. On commence déjà par la visite du fameux musée du capitaine Spaulding, que nous découvrons en compagnie de nos jeunes gens. Direct, la plongée dans le trash est rude, le film étant définitivement plus tordu que Massacre à la tronçonneuse. Cadavres dans un cimetière se frappant la tête contre une grille, mise en scène gorrissime et ultra raccoleuse de Ed Gain, la plongée dans la folie est brutale, et s’achève avec l’évocation du docteur Satan, dont la tombe est particulièrement proche du coin. Dans ces conditions, comment résister à l’idée d’aller la découvrir ? Malheureusement pour nos jeunes gens, ils vont traîner sur les terres de la famille Firefly. Là, Rob Zombie innove graphiquement, puisqu’il prend le parti risqué de caractériser ses personnages par des films en caméra amateurs qu’ils réalisent eux même en se mettant en scène. Shéry Moon récite quelques phrases des fanatiques de Charles Manson, Otis nous fait part de ses créations artistiques ultra-déviantes… La galerie des personnages trashs ne cesse de s’agrandir, et chose étrange, mais le charme du freak opère toujours dans ces conditions, et malgré nous, on s’attache à cette famille totalement chtarbée et immorale, qui sous couvert de clichés inflige les pires souffrances à des individus de toute sorte. Les dialogues sont d’ailleurs savoureux (« Je te gâche ta journée ? »), les interprétations des personnages étant tout simplement au poil. A vrai dire, c’est un film d’horreur parfait jusqu’au spectacle de théâtre. On a là les dernières minutes de film qui ont un charme fou, et qui nous manquerons cruellement par la suite. Le spectacle de Sheri Moon en danseuse type des années 50 retrouve la grâce de ces glorieuses époques. Mais passé la capture de nos jeunes, le freak show finit par un peu lasser. Si les sévices infligés sont toujours assez gratuits et révoltants (la question piège), Rob Zombie tente de donner une dimension psychédélique à son film d’horreur. Il lui donne des airs de bad trip, et pour se démarquer du style de Hooper, il expérimente en tournant des plans complètement en négatif. Une technique qui surprend, mais qui sature vite les rétines, les montages énervés de Zombie donnant au final un look trop clippesque à cette grande partie. Si certaines séquences dominent dans le lot (l’interminable exécution de l’adjoint du shérif), on se détache un peu de l’histoire, nos freaks paraissant un poil moins attachants (même si ils restent toujours trash) alors que nos victimes ont perdues elle aussi un poil de l’intérêt qu’on leur portait. Après les décors aux teintes ultra chaudes de la maison, on passe dans un univers de cimetière et de cavernes lors de la troisième partie, où on va enfin aller faire un tour du côté du docteur Satan. Si les débuts de cette partie avaient du mal à convaincre (les intrusions de caméra amateur ayant finit peu à peu par m’user), on retrouve des souterrains qui font vraiment écho à Tobe Hooper, et à une parodie de chirurgien torturée et ultra punk en la personne du Docteur Satan, aux bras insectoïdes continuant ses recherches sur des attardés mentaux. Le soldats cybernétique qui sort alors devant nous yeux fait vraiment progresser l’univers vers encore quelque chose de nouveau, et si la conclusion revient voir du côté de Massacre à la Tronçonneuse, le film concerne immanquablement un cachet d’originalité, créant un univers à part totalement surréaliste et particulièrement réjouissant. Si le visuel est ce qui fait la force et la faiblesse du film, Rob Zombie a réussit à imposer son imaginaire en un film, de façon plutôt cohérente et en développant son travail sans oublier de payer son tribut aux génies qui l’ont précédés. Naissance d’un maître ? Assurément.

 

4/6

 

de Rob Zombie
avec Sid Haig, Bill Moseley

 

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3 août 2011 3 03 /08 /août /2011 09:53

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Si les Pink Floyd ont The Wall, les Beatles ont Yellow Submarine. Un dessin animé psychédélique qui reprend quelques grands titres de leur discographie, en les mettant sur des images étranges qui mettront d’autant plus en valeur leurs paroles en les matérialisant sous forme de délire coloré, ce qui en fait tout simplement un OFNI dans le paysage des années 70. S’adaptant totalement aux paroles du groupe, le film épouse une symbolique ultra colorée, pour se présenter comme un message de paix mondiale pertinent et des plus fédérateurs qui soient. Plongeons aux côtés du sous marin jaune.

L’histoire : au pays de la pimentière, les Meskins bleus veulent rendre bleu tous les habitants et leur pays. Echappant de peu à la pétrification, l’amiral du sous marin jaune remonte dans notre monde gris pour récupérer Paul, John, George et Ringo et les libérer de cette terrible menace.

 


Pas forcément facile de ne s’atteler à rien de moins que l’un des sommets du mouvement psychédélique au cinéma. The yellow submarine, c’est bien simple : c’est le film coloré qu’on a toujours eu envie de voir. Avec des images vraiment fortes, des couleurs chatoyantes et un bestiaire sous marin totalement surréaliste, étrange éco-système qui se complète parfaitement (je n’ai pas vu de designs aussi libres depuis la curiosité La Vie aquatique). Le film ne cherche jamais à rester rationnel. Il pose un univers sans limites et nous balade au milieu, en s’affranchissant complètement des contraintes techniques (le sous marin marche en appuyant sur des boutons et c’est tout), mais aussi du temps et des lois physiques (l’incroyable séquence des beatles gravitant tels des électrons autour d’une boite colorée). D’un côté, le film décrit un monde ravagé par la guerre, et de l’autre, il y a celui des hommes, qui dans leur grisaille ne remarquent même pas la présence du sous marin dans leur ciel. Développant un quotidien triste, l’intrusion progressive du psychédélique dans cet univers, doublé d’un humour omniprésent et particulièrement porteur, parvient largement à créer la bonne humeur. Si le film ne suit pas particulièrement de rythme (à partir du moment où on peut tout se permettre, difficile de créer une gradation), les fréquentes chansons des Beatles et leur mise en image dynamise vraiment l’ensemble, et culmine dans une contre-attaque musicale qui tire les habitants de la Pimentière de leur pétrification, avant de partir sur un hymne à l’amour porté par de magnifiques symboles, et une invitation à la paix qui laisse véritablement rêveur. Derrière ces délires de drogués, le message est simple, clair, précis et assurément constructif. Le film va d’ailleurs jusqu’au bout de ses possibilités, en faisant carrément intervenir les Beatles lors d’une séquence finale où des hommes en bleu entoureraient la salle de ciné, et concluant sur un « All together now ! » traduit dans une quinzaine de langues de par le monde. Universel, compréhensible par tous et assurément psychédélique, The Yellow Submarine est un plaisir de tous les instants, qui malgré une animation un peu simple tire toutes les épingles de son jeu et nous offre un spectacle inoubliable. Planant !

 

6/6

 

de George Dunning
avec George Harrison, John Lennon

 

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3 août 2011 3 03 /08 /août /2011 09:48

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Lucky McKee revient au cinéma, et cela après quelques années d’interruption (qui ne l’ont pas empêché de produire les petites truculences Red (un chien abattu par des jeunes que son propriétaire va venger, The Lost et The Girl Next door, qui n’a rien à voir avec la comédie éponyme). Il revient aujourd’hui avec une belle idée en tête : offrir une suite à Offsprings, bouquin qui traitait d’une famille de cannibales vivant en banlieue. Avec Ketchtum et McKee derrière le script, on se doutait qu’il y allait avoir de la provoque (Jack Kechtum est un des auteurs horrorifiques les plus controversés du marché, car décrivant souvent trop bien la cruauté humaine et sa suffisance (avec toute la guimauve qu’on produit à côté, il faut bien créer un équilibre !). Pour les effets spéciaux, il s’offre en plus les services de mon chouchou Robert Kurtzman (mr From Dusk Till Dawn, svp), et compte bien nous retourner les tripes avec une histoire causant de femmes : the woman.

L’histoire : un avocat ayant une vie de famille tranquille part faire une partie de chasse un week end et découvre une femme étant retournée à l’état sauvage. Il décide alors de la capturer et de la séquestrer chez lui pour faire son éducation.

 

http://zombiatarian.com/wp-content/uploads/2011/07/the-woman-sean-bridgers-et-angela-bettis1.jpg


En festivals, certaines critiques ont carrément qualifié le film de misogyne (décidément, si vous êtes un homme qui tente de parler des femmes, vous ne pourrez jamais éviter l’étiquette). Autant le dire tout de suite : le film n’a rien de misogyne, il s’assume dès le départ comme un pur produit féministe dans la lignée de Day of the Woman et persistera dans cette voie comme telle. Quant à la soi disant grande violence du script : qu’on se rassure tout de suite. Si le film n’usurpe pas sa violence interdite aux moins de 16 ans, c’est loin d’être un choc aussi sévère que Martyrs, et loin d’être comparable à A serbian Film (qui commence enfin à faire parler de lui en dehors du cercle des geeks trashs et des fans de genre). Néanmoins, le film porte bien son statut de politique à bras le corps, et s’en va défendre la cause féminine avec une mise en scène barbare qui émaille la façade rassurante des bonnes familles banlieusardes. Le film choisit de commencer directement par son « héroïne », la femme qui sera au centre de l’histoire, et qui est montrée comme un modèle de pure survie (son combat contre un loup au plus profond de sa tanière). Mais son quotidien change bientôt radicalement, puisqu’elle est capturée et séquestrée dans la cave d’un avocat qui compte lui apprendre les bonnes manières. L’avocat en question, c’est Chris Cleek. Un sympathique banlieusard qui ne dépasse pas dans les angles, qu’on sent un brin rapace dans son travail et qui inculque le culte de la perfection chez ses enfants. Mais quand il s’agit de dresser la Femme, il choisit de faire participer toute sa famille. Il ressentira immédiatement de l’agressivité envers la femelle capturée, celle-ci lui bouffant carrément un doigt lors de son arrivée dans la maison. Commence alors des tentatives de dressage du père et les différents parcours psychologiques des membres de la famille. Si l’aînée Peggy part carrément en crise de nerf devant les traitements infligés, le fils Brian regarde sans broncher et commence à reproduire les enseignements paternels, notamment à l’école où il se sert de différents prétextes pour martyriser gentiment les filles. La situation prend peu à peu de l’ampleur (Papa aime rendre visite à la femme vers minuit), jusqu’à ce que les personnages se dévoilent enfin : l’homme opprimant la femme avec un mépris assez indécent. Il est d’ailleurs assez intéressant de voir Lucky s’attaquer aux concepts de solidarité des sexes, qui comme je le crois, ne fonctionnent que quand la communauté n’est formée que de gens du même sexe. Ici se rajoute le contexte du mépris de la femme, ce qui fait encore évoluer la solidarité masculine, lui donnant bien plus de poids qu’à l’ordinaire. Comme toujours dans le cinéma de Kechtum, le film s’achève dans une apothéose sanglante, qui acquiert enfin sous la caméra de McKee la violence graphique et viscérale qu’on attendait (rappelons de la pauvre exécution à la béquille de The Girl next door, loin de suffire à nous défouler). Le message n’a rien de nouveau, mais les jeux d’acteurs corrects et un retour à la sauvagerie prôné par le film en font un petit brûlot sympathique, dévoué à sa cause et qui en a dans le pantalon (il fait vraiment passer les familles classiques pour des tarés capables du pire). Fréquentable, mais on ne criera pas au géni comme pour May.

 

3,5/6

 

de Lucky McKee
avec Carlee Baker, Shana Barry

 

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3 août 2011 3 03 /08 /août /2011 09:44

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Depuis que Jodorowsky m’a été révélée par l’un des meilleurs tâcherons sur le net  (il se reconnaîtra), son œuvre ne cesse de passionner, interpellant toujours son spectateur dans ses symboliques ultra recherchées, parfois à la limite de la compréhension. Pour ainsi dire, il doit bien y avoir la moitié des symboles qui ne nous parlent pas, mais le spectacle n’en reste pas moins grandiose, subjugué par de vrais moments de cinéma et de la métaphysique au premier degré. Nouveau film, nouveau chef d’œuvre, Jodorowsky ne déçoit pas.

L’histoire : un mendiant au cœur d’une cité troublée commence peu à peu une quête spirituelle qui va l’amener à rechercher le secret de l’immortalité.

 

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Etonnant que Jodorowsky réussisse toujours à nous surprendre avec ses films, en modifiant toujours l’approche de ses thèmes dans des contextes très différents. Ici, c’est un mendiant, accompagné d’un cul de jatte (qui disparaîtra par la suite, mais nous reviendrons sur son cas), qui entame une quête spirituelle. Le film traite donc en bonne partie du Culte, en tout cas dans sa première partie. Si il choisit d’illustrer la religion catholique, le discours pourrait être transposé dans n’importe quelle religion. Ici, notre héros endosse l’apparence du christ, revit sa Passion au cours d’une représentation, avant de s’endormir sous l’effet des boissons avancées par les gardes romains (une scène assez comique d’ailleurs, car aux antipodes du sort de Jésus dans le nouveau testament). On moule son corps pendant son sommeil, et à son réveil, il se découvre au centre d’une pièce remplie de statues de lui. S’entame alors un discours sur l’idolâtrie assez forte, notre héros christique frappant carrément Marie et les gardes avec un fouet (la revanche de Jésus !) avant de détruire toutes les représentations de son apparence, excepté une qu’il tentera de placer dans une Eglise, d’où il sera expulsé (idée assez frappante, la notion de blasphème risquant en effet de créer ce genre d’incident diplomatique). La quête spirituelle n’est pas encore engagée, mais la notion de prophète est en train de faire son chemin, surtout au milieu de cette cité pourrie (les filles s’exhibent devant l’église, les militaires exécutent à tout va avec un gore magnifiquement suggéré (des oiseaux s’échappant des plaies) pendant que les touristes mitraillent de photos les scènes). Puis, après deux scènes merveilleuses (la reconstitution des batailles incas et des conquistadors avec des grenouilles et des lézards, et la pêche d’une âme au cœur de la foule), la partie véritablement métaphysique commence. Le mendiant se retrouve dans des lieux colorés et ultra réflexifs, et y rencontre une entité divine, qui lui offre plusieurs leçons d’alchimie. Changeant d’abord ses excréments en or, ils passent peu à peu à une recherche supérieure : le désir d’immortalité. Et là le film devient particulièrement impressionnant en termes de critique de société, en montrant les humains qui vont aider le mendiant dans sa quête : des voleurs qui ont du pouvoir et de l’argent. Chacun, représenté par une planète, est le visage d’un vice qui torture le monde. Dans le lot, on aura droit à des portraits particulièrement engagés, comme une fabricante d’arme qui popularise sa marchandise en lui donnant un côté religieux ou psychédélique, et une fabricante de jouet qui endoctrine à jeunesse à haïr les ennemis du gouvernement et qui les prépare au métier de soldat. Et là où le film est particulièrement intéressant, c’est que quelque soient les vices des personnages, ils ont tous un intérêt commun pour l’immortalité, et renonceront tous à leur ancienne vie en brûlant leur argent puis la statue qui les représente, avant de se mettre en route pour la montagne sacrée, lieu de résidence des immortels. Une route qui sera semée d’embûches et qui verra plusieurs protagonistes mourir où traumatisés à vie. Cependant, si on comprend la portée philosophique de certains, d’autres laissent vraiment perplexe (un être mi homme mi femme fait face à un personnage, et l’instant d’après, c’est un vieillard avec des têtes de jaguar à la place des tétons qui asperge de lait son interlocuteur…). Néanmoins, la conclusion du film est assez énorme. Sans vouloir la spoiler, disons que c’est une mise en abîme incroyablement culottée, qui détruit la frontière de la pellicule en poursuivant là où le film s’arrête, ce qui ajoute encore une portée métaphysique au dialogue déjà riche du film. Et en plus de tous ces symboles, Jodorowsky continue à faire de la psychologie en représentant les traumas de son héros par un être difforme, estropié qui suivait notre mendiant depuis le début de son aventure. Un symbole assez énorme, les handicapés ayant rarement l’occasion d’apparaître au cinéma, qui plus est quand leur laideur sert de symboles à des traits psychologiques néfastes. Magnifique film sur la quête spirituelle et le désir humain (pouvoir, réponse aux questions essentielles, harmonie avec la nature…) qui parvient à hypnotiser pendant de longues minutes son public, et dont une seule minute apportera bien plus à une existence qu’un Transformers 3. Tout simplement indispensable.

 

6/6

 

de Alejandro Jodorowsky
avec Alejandro Jodorowsky, Horacio Salinas

 

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3 août 2011 3 03 /08 /août /2011 09:39

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George Pan Cosmatos, c’était en quelque sorte le Besson qu’on a aujourd’hui, mais dans les années 90. En effet, il n’a tourné que 5 films dans sa carrière. Lancée grâce à l’énorme succès de Rambo 2, sa carrière a battu de l’aile avec l’échec critique retentissant de Cobra, encore considéré aujourd’hui comme un nanar culte ultra sécuritaire. Cependant, George a tourné aussi un film plus modeste : Leviathan. Une série B potable dans l’ensemble, qui recycle pas mal de clichés mais se révèle curieusement agréable. Plongeons dans les abîmes de la culture cinéphage.

L’histoire : dans une station sous marine procédant à de l’extraction de minerai, l’équipe sur place découvre par hasard l’épave d’un vaisseau russe : le Leviathan, indiqué comme toujours fonctionnel dans les guides de marine. L’équipe procède à la fouille de l’épave et découvre de curieux enregistrements ainsi que d’autres babioles.

 

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Alors là, on a droit à un carrefour jouissif, car ce film est un patchwork de trois références ultimes du film de SF. En gros, ce film, c’est l’ambiance d’Alien tournée dans les locaux d’Abyss avec les costumes de The Thing. Autant dire que pour des amoureux du bis, le film a tout pour être agréable. Après, c’est loin d’être du Shakespeare. Pan Cosmatos est un réalisateur jouissif, pas appliqué. Ses acteurs sont de sympathiques têtes qu’on a déjà vu quelque part (tiens, le même que Marvin dans Home alone !), dominés par un Peter Weller que j’adore et qui reste toujours aussi cool (on ne va pas non plus appeler sa prestation une performance). Les décors sont plutôt riches (on croit à cette station sous marine), et l’ambiance finit bizarrement par fonctionner, la créature finissant par grandir et devenir assez imposante. Notons qu’elle se nourrit de sang, ce qui l’oblige à se trouver régulièrement un bout de viande à sucer (et à maintenir en vie, particularité un peu ridicule, mais bon…). Toutefois, le monstre met longtemps à apparaître. Il faut bien une demi-heure avant de trouver l’épave, et les premiers signes d’infection arrivent vers 45 minutes (soit la moitié du film). Mais dire qu’on s’embête serait démesuré. Disons que le temps passe, et qu’une fois que la bête est là, on stresse un peu et on a des effets spéciaux animatroniques à la hauteur (mais si on voit un faux raccord lors de l’impressionnante séquence de la sangsue géante). L’équipe n’a hélas pas vraiment les réflexes attendus, puisque pas mal fuient devant la créature au lieu d’aider leurs potes en difficulté. Pour rajouter au jouissif de la situation, la Compagnie qui les emploie  prétexte une tempête pour les laisser au fond, et publie leur avis de décès avant l’heure, souhaitant probablement récupérer la créature suivant l’ordre spécial 937. Bref, on cherche à enterrer nos héros mais ils ne l’entendent pas de cette oreille et auront un arsenal conséquent pour se défendre (lance flamme, tronçonneuses à roche, scies…). Une fin totalement irréaliste (la décompression, ils connaissent ?) et jubilatoire (what a twist !), qui achève le spectacle avec bonne humeur, où un poing dans ta gueule est mieux qu’un long discours. On rigole quand même en voyant nos héros remonter, et tomber sur plusieurs requins en plein océan (quasi impossible, vu la politique de territorialité qu’ils appliquent), et que le black se suicidera lors de l’ultime assaut qu’il tente pour sauver ses amis (encore un qui meurt à la fin d’un film pour la bonne cause). Malgré ces traits de scénario un peu grossiers, l’ambiance du film et son plusieurs follement sympathique feront largement passer la pilule et prendre le film pour ce qu’il est : un divertissement honnête et sans prétentions.

 

4/6

 

de George Pan Cosmatos
avec Peter Weller, Richard Crenna

 

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3 août 2011 3 03 /08 /août /2011 09:25

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Dimension, c’est ce qui s’appelle une boite de production, vu le nombre conséquent d’excellents projets qu’ils approuvent (Piranha 3D était le dernier d’entre eux). Et depuis, ils ont créé une sous catégorie : Dimension Extreme. Autant dire que ça promettait. Sauf qu’ils ont parrainés le projet teeth, et que je l’ai vu. Et autant dire que c’est l’un des plus mauvais qui soit sorti pendant son année. Non content de ne pas faire peur (mais ça on s’en doutais un peu), ce film crache tout simplement sur les jeunes qui font d’habitude le public de ce type de projet.

L’histoire : une adolescente en faveur de l’abstinence découvre qu’elle est dotée d’un vagin à dents.

 

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Une telle idée était tout simplement géniale. Il y avait de quoi faire un nouveau baby blood, mais avec un vagin. Quand on lit le script, c’est immédiatement ce à quoi on pense : sex and blood, avec un humour corrosif. Mais ce petit prétentieux de réalisateur Mitchell Lichenstein ne l’entend pas de cette oreille, et non content de nous frustrer dans nos attentes, cherche à nous embrouiller avec un script passe partout qui bouffe à tous les râteliers, y compris ceux qu’on rejette. En effet, jamais le film ne tente d’utiliser son parti pour faire du fantastique honnête (ce côté est totalement annihilé par la comédie), et il s’en sert même pour servir la morale conservatrice de la manière la plus conne qui soit (dans un premier lieu en tout cas). On commence avec la présentation de notre héroïne : Dawn, une gamine qui croque le doigt de son demi-frère dans une piscine, et qui une fois adolescente devient une défenseuse de la cause féminine en prônant l’abstinence. On croit carrément rêver en la voyant promouvoir les bagues de pureté, qu’on avait plus vu depuis South Park. On pense, en voyant un truc aussi gros, que le réalisateur essaye de faire du second degré, mais là le film tente de nous faire avaler des leçons de morales grosses comme des voitures, en montrant notamment le demi-frère comme un gothique délinquant juvénile qui insulte ses parents et qui pratique une sexualité débridée. A tous les points de vue, dès qu’on commence à parler de sexualité, l’huître referme sa coquille (habile métaphore) dès qu’on sort du cadre de la morale des années 50. Avec un seul mec, et le bon. Les femmes avec en gros le pouvoir d’émasculer les hommes, si elles ne sont pas contentes. Sans m’avancer comme misogyne, un tel féminisme primaire qui tente de prendre l’air jeune me fait doucement rigoler. Clairement, le film donne envie de gerber, montrant les hommes comme des pervers patentés ou des gros cons qui ne pensent qu’à leur plaisir. Une chose m’étonne quand même : pourquoi sectionner les doigts du gynéco ? Ce gars fait juste son métier, et on lui coupe son instrument de travail pour tenter d’ausculter Dawn, qui une fois le fait accompli, fuira en le laissant à son hémorragie. Clairement, tenter d’être un peu audacieux avec Dawn risque de se retourner contre vous. De face avec des petits bisous, c’est le strict nécessaire. Le plaisir masculin est totalement nié au profit de celui de la femme, qui si elle n’est pas satisfaite a immédiatement pouvoir de castration. Et madame qui est avancée comme un maillon de l’évolution de l’espèce humaine, un aboutissement ultime. Madame tourne avec pleins d’ados tous plus cons les uns que les autres, et les castre tous parce qu’elle est frustrée à un moment ou l’autre, et la plupart du temps, c’est parce qu’elle entend un truc qui ne lui plaît pas, ou qu’elle se met en quête de châtrer des types qu’elle connaît. Que toutes les femmes se mettent à avoir un vagin castrateur, et je donne une semaine avant qu’il n’y ait plus un homme viable sur terre. Après avoir vu ce film, on n’a qu’une envie. Se regarder Dying god (un monstre au pénis surdimensionné qui perfore le bide des gonzesses qu’il saute). Une critique qui semble misogyne en apparence, mais qui n’est que le fruit d’une contre-réaction à l’égal de ce que le film se révèle pour le public masculin : un calvaire, l’humour se révélant peu efficace et fonctionnant essentiellement sur de la bite coupée par une fille absolument pas attachante. Un navet pur et simple.

 

0.5/6

 

de Mitchell Lichtenstein
avec Jess Weixler, Hale Appleman

 


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29 juillet 2011 5 29 /07 /juillet /2011 06:40

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Après un May (2002) qui en aura traumatisé plus d’un, Lucky McKee s’est essayé au film de sorcière, avec une imagerie aussi belle que bancale. J’ai nommé The Woods, un film fantastique sorti en 2006 assez intéressant, puisqu’il mélange des éléments du fantastique espagnol et du cinéma américain. Avec une histoire au départ complexe, McKee parvient à nous faire un film assez audacieux visuellement, mais qui peine parfois à bien être clair avec son public. Retour au pensionnat des sorcières.

L’histoire : Heather, une adolescente fascinée par le feu, est envoyée dans un pensionnat de jeunes filles après avoir déclencher un incendie chez ses parents. Rapidement bizutée, elle commence alors à avoir d’étranges visions pendant son sommeil.

 

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On parvient assez vite à identifier les choix artistiques pris par Lucky, dont les aspirations sont assez évidentes. Que dire de cet orphelinat en pleine nature, si ce n’est qu’il semble tout droit sorti d’un film de fantôme espagnol ? Et ces visions qui parasitent le quotidien de l’héroïne ? De l'Argento tout craché ! Des inspirations tout à fait honnêtes qui sont plutôt bien mélangées avec le reste des éléments traités avec une mise en scène plus américaine (l’héroïne, sa famille, les bizutages…). En effet, notre personnage principal m’a toujours donné l’impression d’être dirigée comme un garçon, et pas comme une fille. Dialogues percutants et allant droit au but, ton cassant, légère tendance bagarreuse, elle a ce qu'on appelle une personnalité forte qui aimerait prendre la vie à bras le corps, ce qui n’est pas vraiment possible vu le climat qui règne depuis son arrivée. En effet, elle est victime d’un bizutage sévère de la part d’une fille blonde qui surjoue un peu trop son rôle (les actes de bizutages se suffisent à eux même). Bref, l’intrigue nous introduit dans le quotidien de l’établissement, frustre de plus en plus son héroïne (son premier cours est un beau fiasco) au fur et à mesure qu’elle progresse dans la découverte du passé. D'un point de vue psychologique, cette agressivité du monde environnant n'est pas vraiment un hasard, Lucky McKee adorant brosser des portraits de personnalités atypiques et d'individus uniques. Aussi il est vraiment sincère en nous présentant une héroïne directe : il veut à tout prix nous la rendre attachante, et c'est exactement ce qu'il se passe (pour peu qu'on soit sensible aux intentions du réalisateur). Le fantastique est alors un argument supplémentaire pour mettre en avant le caractère unique du personnage. En effet, assez vite, Lucky nous balance l’histoire de trois sœurs sorcières anciennement dans l’école, qui après leur bizutage auraient décimé leurs camarades avec l’aide de la forêt. La sorcellerie, ça fait du dégât. Mais Heather semble entretenir un lien étroit avec cette histoire. Et puis, le spectateur n’est pas dupe : son test d’obtention des bourses est un poil trop suggestif pour qu’on passe à côté. Bref, niveau intrigue, on ne s’ennuie pas, et c'est peu dire que les rebondissements sont assez sympathiques, à défaut d'être surprenant (sans rien spoiler, on sentait venir le coup à partir du milieu du film, l'anecdote des trois soeurs connues). Les effets spéciaux sont très bien gérés. La manifestation de la sorcellerie étant ici manifestée par la lévitation d’objets, les effets spéciaux (numériques) sont bien amenés, et possèdent un design original du meilleur effet. La forêt maléfique est elle aussi une vraie réussite, la présence de Bruce Campbell au casting (encore une icône du fantastique horrorifique américain) donnant des airs de revival de Evil Dead à l’intrigue, qui se délocalise en dernier acte dans la forêt malfaisante. La peur prend différents visages, notamment par l’intermédiaire de plusieurs protagonistes louches dont on connaîtra mieux l’histoire dans la deuxième moitié du film, qui gagne en ampleur avec le temps. Le film tient donc autant du projet fantastique presque culte (le casting annonçait déjà la couleur) autant que de l'oeuvre engagée d'un auteur. En effet, la perception de la sorcellerie est très personnelle, de même que la mise en place de l’histoire, où McKee tient vraiment à retranscrire un contexte psychologique dans une ambiance de plus en plus contaminée par le fantastique. Des choix toujours intéressants (indéniablement, le ton du film est original), traités avec une franchise engagée qui fait plaisir, du moins en ce qui concerne les fans de fantastique (ce qui, en soi, est un but hautement louable ^^). On a retrouvé Ash et on a quelques scènes gores appréciables sur la fin. Un projet qui remporte vraiment notre adhésion, et qui compense une approche parfois un tantinet clichée de ses personnages (la blonde) par une générosité sans borne dans le fantastique.

 

5/6

 

de Lucky McKee
avec Lauren Birkell, Agnes Bruckner

 

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29 juillet 2011 5 29 /07 /juillet /2011 06:34

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Jaume Balaguéro est un excellent réalisateur d’horreur espagnole. Mais si le succès le plus connu du réalisateur est aujourd’hui Rec, il est loin d’être le plus effrayant. En effet, pour son premier long métrage, ce dernier proposait une histoire d’ambiance, moins énervée que Rec qui commence très vite, mais qui une fois lancée prenait des proportions qui étaient vraiment stressantes. Une secte, une fille, une mère et un journaliste. Il ne lui en faut pas plus pour signer une vraie petite réussite du genre, merveille du film d’ambiance et de la peur minimaliste.

L’histoire : un couple voit leur fille enlevée, puis retrouvée atrocement mutilée à l’acide. Des années plus tard, la mère, divorcée, reçoit un appel d’une enfant, qui prétend être sa fille.

 

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Bien malin en effet qui pourra prédire l’aboutissement du script de Jaume Balaguero, qui a la malice d’explorer des terrains de frousse particulièrement stimulant (les sectes), et qui s’emploie à façonner son ambiance avec une patience et une maîtrise indubitablement payante. En effet, ce premier contact a de quoi secouer, tant les questions qu’il soulève son grande. Mais la mère fait peu à peu son enquête, et trouve des preuves l’amenant à penser qu’on aurait substitué le corps d’un autre enfant lors de leur enlèvement. Mais la pression ne commence vraiment à monter que quad cette dernière reçoit la vidéo. Sur cette dernière, on y voit une femme mise en charpie par des chiens, filmé vraisemblablement en caméra amateur, suivi par une séquence montrant la mère de très près, alors qu’elle effectuait son enquête dans un bâtiment désaffecté. D’un coup, le trouillomètre s’affole. La menace de mort tombe alors que les assaillants ne sont même pas identifiés. Et là, c’est le trip parano qui commence, la mère découvrant peu à peu qu’une secte serait à l’origine de l’enlèvement de sa fille, et qu’elle aurait pour ambition de synthétiser le Mal absolu. C’est ce discours sur le Mal qui fait tout le charme de cette péloche. Une vision étonnamment fraîche de cette notion, la percevant comme une essence qu’il serait possible de concentrer, de purifier, afin d’obtenir la vraie personnification du Mal. Un discours particulièrement ambitieux, qui laisse présager le pire pour l’enfant en question, et qui nous offrira quelques belles séquences d’angoisses. En effet, la secte rejetant toute notion de matérialisme, ne s’étant donné aucun nom, il est très difficile d’en retrouver ses traces, et donc d’en connaître les membres. N’importe qui devient suspect, et plus aucun endroit n’est sûr. En fait, il y a deux choses qui sont un peu décevantes dans cet excellent film. Les inserts fréquentes de la fille par flashs et mouvements brusques de caméra (bien trop clippesque et tuant l’ambiance juste pour faire sursauter un coup), et le final. Si on brûlait d’envie de voir l’incarnation du mal absolu, elle pourra s’avérer décevante, car Balaguero lui donne ici un visage et une incarnation. Or chacun a sa sensibilité, et sa vision du Mal absolu. En tranchant, Balaguero fait un choix, et une partie du public pourra donc rechigner un peu devant cette conclusion. Cependant, l’efficacité de l’œuvre, son ambiance ultra corsée et ses effets minimalistes valent largement le déplacement.

 

4.5/6

 

de Jaume Balagueró
avec Tristán Ulloa, Jordi Dauder

 


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29 juillet 2011 5 29 /07 /juillet /2011 06:27

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Clive Barker a des thèmes fétiches, un peu comme Lovecraft. Il caresse notamment l’idée de mondes souterrains, de vérités cachées derrières les apparences, d’entités supérieures et de prédestination. Des thèmes riches qui font souvent l’ampleur de ce qu’il décrit, et qui permettent de faire de l’original en partant de la façade du quotidien (Midnight meat train). Dans Lord of Illusions, on n’a donc pas affaire à un monde parallèle de souffrances et de plaisir (Hellraiser), mais un monde magique situé en dessous du notre, où le Pouvoir est maître. Clive part donc dans un trip jamais vu, donnant au monde de la magie des consonnances plus noires que d’habitude. Une œuvre fantastique tout simplement indispensable.

L’histoire : Au cours d’un rituel païen, Swan, un jeune magicien, parvient à neutraliser le Puritain, une sorte de prophète maléfique pactisant avec les forces du monde d’en dessous. Des années plus tard, Damour, un détective engagé dans une affaire de filature, découvre un des anciens membres de la secte à l’agonie, et se lance dans une enquête personnelle sur l’affaire.

 

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Si Clive ne renouvelle pas tant que ça ses thèmes (un monde au-delà du notre, le quotidien qui est une illusion, des puissances malfaisantes…), il les adapte au monde de la magie avec un brio épatant. C’est bien simple : on a rarement vu aussi inspiré depuis… Hellraiser. En utilisant le monde de l’illusion et du spectacle pour lancer une intrigue dealant avec de vrais pouvoirs, il fallait avoir l’idée et le talent de Clive, qui s’attèle vraiment à façonner une histoire qui tourne parfaitement. Dès l’introduction costaude (un enlèvement, un sacrifice en prévision, une secte menaçante et un babouin vraiment impressionnant), on sent qu’on a affaire à un spectacle qui va non seulement faire plaisir, mais aussi qui va donner dans le fantastique sérieux, qui n’est pas sans arrière pensée. Partant du principe que beaucoup de choses sont des illusions (la vision de l’humanité est particulièrement dégradante, même si les effets spéciaux ont mal vieilli), le script enchaîne sur les pistes sympathiques (la mort est une illusion) et les design torturés (la prison de Nix, le repaire de la secte…), tout en restant fermement inscrit dans le climat de son époque : les années 90. Notre héros est un homme mûr, branché paranormal, qui a tout du héros charismatique. Intelligent, gentiment malpoli devant ces illusionnistes qui le font bien marrer, et toujours prompt à sortir une réplique qui tue, et qui est quasi tout le temps de bon goût. Sa sympathie est totalement assurée de long en large (quelque chose de capital pour un film pareil), et sa compagne (Famke Janssen) est tout simplement magnifique. Swan, le magicien blanc du film, possède un caractère assez compréhensible vis-à-vis de la magie (il est le seul de sa profession à utiliser des pouvoirs et non des astuces), et sa relation avec le fantastique fait plaisir à voir (car respectant vraiment les pouvoirs qu’il manipule). Si l’enquête de Damour connaît parfois quelques longueurs (l’interrogatoire de Jennifer, pas très utile, mais un poil stressant), l’histoire se tient bien, et comporte largement son lot de rebondissements pour nous plonger intégralement dans ses méandres et nous faire accepter ses règles. Car au niveau des règles, Clive se révèle assez permissif, ce qui permet de voir un homme de main particulièrement retord, adepte du scalpel et suivi d’un gorille qui ressuscite à chaque tentative de neutralisation. Sans grandes limites, le film culmine jusqu’à un final assez poussé dans le fantastique (nouvel affrontement entre le bien et le mal, préparation de l’anéantissement du monde…). Clive aime les effets spéciaux et se révèle comme toujours généreux avec son public, en optant parfois pour des designs qui déchirent (le sortilège des serpents de feu). Malheureusement, ce sont les effets spéciaux qui trahissent le plus Barker après ces années. En effet, le numérique des années 90, c’était pas encore ça, aussi, la métamorphose en pliage de papier et la chute du grand méchant ont particulièrement mal vieilli, passant pour de pauvres incrustations sans grande saveur. Mais si c’est dommage, le spectacle n’en sera nullement gâché, le rythme et la sympathie du casting emportant largement le morceau. Un script original, un casting à la hauteur et une série B généreuse. Que demander d’autre ?

 

5/6

 

de Clive Barker
avec Famke Janssen, Scott Bakula

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28 juillet 2011 4 28 /07 /juillet /2011 06:44

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Rob Zombie, métalleux de premier ordre, s’est fait connaître dans le monde du cinéma avec The house of 1000 corpses, film d’horreur ultra trash et ultra clippesque qui a pu en déboussoler plus d’un (à commencer par les studios qui l’ont produit). Mais devant les réactions plutôt positives de la communauté de fans de genres, il est autorisé à tourner sa (fausse) suite : The Devil’s rejects. Et là, c’est la révélation. Celui qui avait pu se révélé ultra visuel et un poil bordélique dans son premier film fait preuve d’une incroyable maitrise de ses acteurs et de son histoire, parvenant carrément à renverser nos opinions en plein milieu. Une subversion assez osée, et un style qui s’affermit, c’est tout simplement un des chefs d’œuvres du genre.

L’histoire : La ferme de la famille Firefly est prise d’assaut par les policiers du shérif Wydell. Après une fusillade nourrie, ces derniers parviennent à arrêter la mère, pendant que leurs deux gosses psychopathes parviennent à s’échapper et partent rejoindre leur père dans un motel. S’engage une course poursuite sanglante.

 

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Incontestablement, Rob a soigné le script de son nouveau bébé, ce dernier étant d’une simplicité redoutable d’efficacité, nous faisant parfaitement comprendre ou veut en venir le réalisateur. Si les enjeux sont posés dès les premières minutes du film dans le super trash (une maison remplie d’un nombre de corps indéterminé) avec une violence poisseuse et des victimes torturées salement, Rob Zombie initie un processus qui, lentement mais surement, va chambouler nos convictions premières. Tout simplement en montrant déjà cette famille de psychopathe comme vraiment unie, faisant face en groupe à une situation qui les met carrément dans les emmerdes jusqu’au cou. Bien normal au vu de leurs activités précédentes, à l’exception que c’est le shérif Wydell qui les poursuit afin de se venger de la mort d’un de ses cousins, venu arrêter la famille seul avec son flingue, probablement pour se prouver quelque chose. Là où le shérif Wydell se révèle de plus en plus agaçant (et c’est délibéré de la part de zombie), c’est qu’il s’enferme de plus en plus dans un discours religieux, faisant d’une mission divine la capture des psychopathes et de la vengeance leur purification d’âmes. Ce qui, après un premier meurtre bien poisseux (la reine des abeilles), nous renvoie directement à la fin du film où le shérif pourra enfin donner libre cours à ses envies. Ce n’est pas que les sévices qu’il leur inflige soit pires que ceux que la famille infligeait à d’innocentes victimes, mais qu’il les revendique sous l’appellation de justicier de Dieu sans jamais prouver la validité de sa cause (si Dieu regarde, il ne s’en mêle pas) ni s’avouer qu’il s’agit d’une vengeance à titre personnel. Une approche complètement différente avec la famille, présentée comme trash et s’assumant comme telle, agissant impulsivement et de façon toujours inattendue. Un poil satanistes sur les bords (la phrase « Je suis le Diable et je suis là pour accomplir son œuvre » dans la bouche d'Otis, empruntée à Charles Watson, homme de main de Charles Manson), la famille évolue dans un univers glauque et totalement déjanté, séquestrant un groupe de musiciens avant de partir dans un village coloré où viendront les chercher le shérif. Même avec leurs tendances chaotiques, le réalisateur parvient, en nous faisant partager leur quotidien, à nous attacher presque imperceptiblement à leur cause, la famille étant tout simplement heureuse. Etranges sentiments contradictoires au vu de l’épisode du motel, où les psychopathes que nous connaissons vont humilier puis décimer un groupe de countrie, en faisant au passage quelques démonstrations théologiques qui elles fonctionnent (et sont indéniablement cruelles au moment où elles apparaissent). Ainsi, grâce à de subtils traits de caractères, Rob Zombie dépouille ses psychopathes de leur moralité, mais aussi de mensonges, sans leur ôter leur humanité (ils nous feront rire en de maintes occasions). Cette absence de contradiction dans leur discours, et la totale liberté dont jouit la famille, procurent une impression bizarre, une sensation de liberté dans un récit qui n’avait pas l’air à la base parti pour le créer. C’est ce sentiment qui culmine dans la scène finale où la famille partant pour de nouveaux horizons tombe sur le barrage de police… Et qui s’ouvrira sur un des meilleurs génériques de films de la décennie, parvenant à faire revivre et à prolonger ce sentiment de liberté totale avec une caméra libre, qui suit une route seule en plein désert et qui la quitte dès qu’elle le veut. Rob Zombie emmène son film là où on ne l’attendait pas, et soigne particulièrement sa bande son en y utilisant des musiques triées sur le volet, un talent qui le rapprocherait de Tarantino dans la conception musicale de ses œuvres (la bande originale de The Devil’s Rejects est une merveille). Par des enjeux simples et des acteurs parfaitement maîtrisés (qui n’hésitent pas à se faire raser la tête pour porter les perruques réalistes du film), Les rebuts du Diable est un road movie sanglant et malsain qui au fil de son histoire parvient à renverser ses enjeux primaires et à transcender le ton de son récit pour en faire du jamais vu, et du rarement ressenti. Un vrai petit chef d’œuvre, pour ma part.

 

5/6

 

de Rob Zombie
avec Sid Haig, Bill Moseley

 

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  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.
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