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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 07:20

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A l’heure où les Twilight continuent d’exciter l’imaginaire des adolescentes (avec l’immonde beastly) avec de jolies images et des rebondissements à l’eau de rose, on découvre qu’il suffit de se plonger dans le passé pour ressortir de vraies histoires d’amour vampiriques, qui plus est sans qu’on s’embête pendant leur visionnage. Near Dark, c’est un nom de la sélection du n°100 de Mad, et c’est sincèrement un titre excellent, nanti d’un bon casting qui devrait satisfaire à peu près tous les publics qu’il rencontre. Par ici la visite !

L’histoire : Caleb, un jeune fils de fermier croise un soir Maé, une ravissante jeune femme qu’il se fait un devoir de courtiser. Cependant, celle-ci à un comportement étrange. Et peu avant l’aube, elle le mord alors qu’il tentait de lui arracher un baiser. Sur le chemin du retour, Caleb en pleine transformation se fait enlever par la bande de Maé.

 

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Bienvenue dans un road movie vampirique qui apporte vraiment quelque chose de frais dans le genre. En effet, les vampires sont ici des itinérants qui n’arrêtent pas de se déplacer comme des hors la loi, volant de nombreuses voitures et passant d’un état à un autre pour brouiller les pistes. Ce sont des cow boys sales et poussiéreux, témoins pour certains de l’histoire américaine, et qui sont largement plus proche de la mentalité des voyous que d’un Dracula séculaire. Cette vulgarisation du mythe permet de faire quelque chose de neuf, et de dramatiser un peu plus cette histoire d’amour commençant classiquement, mais prenant un tour initiatique quand les vampires veulent voir Caleb tuer sa première proie pour l’accepter. Avec des personnages pourtant moins classieux que la moyenne, la caractérisation du clan est un vrai succès, chacun ayant sa parade pour capturer ses proies (Bill Paxton drague la minette, le plus vieux vampire et sa femme s’occupent des auto-stoppeurs, le gosse s’occupe des personnes qui lui viennent en aide en simulant un accident…). La psychologie de chacun est bien dépeinte, plaçant des enjeux qui dépassent allègrement notre Twilight contemporain, notamment avec l’histoire d’amour entre Caleb et Maé, qui ne laisse pas un membre du clan indifférent, jusqu’à ce qu’il s’en prenne à l’entourage de Caleb. Le film apporte ainsi sa contribution au monde des vampires, en tentant notamment d’installer un processus de réversibilité du phénomène en effectuant des transfusions sanguines (le vampirisme se comportant comme une maladie du sang). Du fantastique honorable qui ne prend jamais le pas sur ses enjeux sentimentaux, vraiment crédibles ici. Le film n’oublie pas d’être impressionnant, nous proposant le saccage d’un bar et le massacre de toute sa clientèle par ces vampires sans foie ni loi, une gunfight en plein jour dans un motel isolé et un dernier acte vénère où tout le clan vient réclamer vengeance (une scène viendra curieusement rappeler le goût de Terminator 2, en apportant son lot de suspense, la menace étant directe pour notre héros. Au final admirablement construit, avec une ambiance qui lui est propre, Aux frontières de l’aube a tout du film fantastique réussi, qui renouvèle gentiment son mythe sans lui nuire, et qui prétend à un peu plus de violence qu’un PG. Hautement recommandable !

 

4.5/6

 

de Kathryn Bigelow, Eric Red
avec Adrian Pasdar, Jenny Wright

 

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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 07:13

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Haneke est un savant réalisateur de cinéma. Il conserve toujours une approche de film d’auteur dans ses œuvres (narration lente, aucune action divertissante, facture technique ultra soignée…). Mais à l’inverse d’un Lars Von Trier qui aime provoquer son public (leurs styles peuvent néanmoins être fortement rapprochés), Haneke reste froid et lucide, assénant ses arguments avec la force d’un pédagogue armé d’une masse qui défonce des pans entiers d’apparences et de préjugés dans nos têtes. Avec le Ruban blanc, on a pas mal rapporté qu’il s’attelait à discuter de l’émergence de l’Allemagne nazie. Si les faits décrits comportent en effet des analogies, le coup porté est bien plus inquisiteur au niveau générationnel, châtiant aussi bien les parents que leur progéniture malade. Deux heures et quart d’un noir et blanc en pleine désillusion, ça marque durablement…

L’histoire : Dans un village du nord de l’Allemagne, on suit la vie des habitants tous employés par le Baron. Mais des évènements bizarres viennent perturber la vie en communauté…

 

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Michael Haneke dresse un portrait effroyablement réaliste de la société des années 30, entièrement tourné vers la hiérarchie paternelle et un sens de la famille qui passe avant toute autre chose. Premièrement, le film d’Haneke est assez complexe. En effet, on est amené à suivre différents personnages en profondeur pendant tout le film, ce qui risque de plonger dans la confusion les spectateurs les plus distraits. Ce film dure deux heures et quart, et nécessite une attention constante pour être parfaitement assimilé. Mais une fois que la façade du vieux film en noir et blanc est tombée… Quel abîme ! On tombe régulièrement des nues tant le propos, derrière son réalisme intraitable, frappe sèchement le spectateur. Le premier évènement prend la forme d’un câble sciemment tendu sur le passage du docteur qui allait à cheval. L’homme partira à l’hôpital tandis que le câble disparaîtra mystérieusement. Puis viendra le bizutage d’un des enfants du baron, effectué dans des conditions tout aussi mystérieuses. La grange du village prendra feu d’une façon incompréhensible, et l’enfant handicapé du village sera lui aussi battu de la pire des façons. Ces évènements plongent la communauté dans le trouble, et nous permettent d’y voir clair dans chaque génération, le modèle se répétant souvent. Le paternel fait figure d’élite et d’autorité, et dicte sans discussion sa volonté à son entourage. La jeune génération n’a aucun moyen de se rebeller, et doit se contenter de prendre sur elle. Peu à peu, elle canalise sa frustration sur différents objectifs, qui nuisent de plus en plus à autrui. Ce film, c’est bel et bien une des illustrations les plus subversives sur l’enfance pervertie que j’ai pu voir. Car d’un réalisme saisissant, le film développe leur violence avec une précision millimétrée. Leur progression est totalement logique, d’abord signe de frustration, puis d’intolérance et de pure méchanceté (le gosse handicapé dont les cris se révèleront rapidement insupportables). Mais si cette jeune génération, beau terreau pour le nazisme, est clairement dénoncée (la manière insidieuse dont ils apparaissent à chaque évènement force peu à peu la main au spectateur), la faute est clairement répartie aussi sur les parents.

 

Il suffit de voir le dialogue entre le révérend et l’instituteur en fin de film, qui refuse catégoriquement de comprendre la situation. Cette ancienne génération est prête à s’enfermer dans un souvenir obsolète plutôt que de se retrouver en face de son propre échec, incapable de remettre en cause leur éducation et l’honneur de la Famille. Car si la jeune génération fait preuve d’envie, de cruauté et de mensonge (le vol du sifflet), elle a été à bonne école dans le village. Les paysans s’écrasent ferme devant le baron, et écrasent ferme leurs enfants avec, alors que ces derniers rêvent assurément de mieux. Le couple du baron bat totalement de l’aile, ne tenant plus que par devoir moral. Quant au médecin, infiniment pire que celui de La vie est un long fleuve tranquille, il se satisfait de son infirmière qu’il méprise de la pire des façons, avant de se tourner vers sa propre fille. La découverte de l’inceste par le frère de 5 ans de cette dernière reste une des scènes les plus dérangeantes du film, et annonce déjà les odieuses représailles sur l’handicapé auquel le docteur est particulièrement attaché. Le révérend rabaisse de son côté sans arrêt ses enfants, leur faisant ressentir un sentiment de honte constant (le dialogue lourdement révélateur sur la masturbation). La pomme était pourrie bien avant que le vers ne se développe dans ses pépins. Dans cette société ultra rigide et codifiée par une élite en décalage total avec la génération qu’il tente d’éduquer, Haneke montre comme modèle son instituteur, un homme seul et sans enfant, qui s’attache peu à peu à une nurse venue garder les jumeaux du domaine. Mais leur relation se verra à nouveau réduite par la hiérarchie familiale, imposant sa volonté sans jamais tenir compte de l’opinion des plus jeunes qu’eux (les mères se révèlent toutes soumises à leur maris, à l’exception de la baronne, la seule à balancer des vérités qui font vraiment mal à la face de son époux, uniquement préoccupé par l’amant de sa femme). Haneke ouvrait son film par un fondu venant du noir, il conclut avec le même procédé, dans un plan final où tout le final se réunit à l’église, et où les enfants chantent en cœur pendant que la communauté demeure uniformément unie. Une image qui devrait rester gravée pendant longtemps dans nos esprits.

 

5,5/6

 

de Michael Haneke
avec Christian Friedel, Ernst Jacobi

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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 06:57

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Quel est le film d’horreur le plus représentatif en termes cinématographiques de la décennie ? Je ne parle pas du meilleur film d’horreur des années 2000 (clairement, dans mon top, La Colline a des yeux et Martyrs sont en tête), mais de celui qui a le mieux illustré la tendance en terme de mouvement horrorifique (à savoir la remontée en flèche du torture porn). A cette épineuse question, il serait très facile de répondre Saw (ce qui est faux, Saw étant un bon thriller qui a été parodié par une multitude de suites recyclant la lie du genre). Ma réponse à cette question serait Hostel, car non content d’être un précurseur de la vague torture-porn, il recycle admirablement les modèles de comédies américaines qui ont fleuries pendant cette décennie (dont l’aboutissement ultime doit être l’immondice Mexican Pie), ce qui en fait le croisement de deux tendances cinématographiques qui ont marqué durablement nos mirettes. Retour sur une saga pas si populaire que ça…

 

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"J'ai essayé de diriger mes acteurs comme je pouvais, mais ils étaient tellement peu crédible que j'ai du passer à la vitesse supérieure !"

 

Hostel : Incontestablement un de mes plus gros électrochocs cinématographiques, ayant commencé mon initiation au cinéma de genre par les succès du moment, et que je considère comme supérieur à sa suite (le débat va être houleux). Principalement parce qu’en tant que précurseur du genre, le film se permet une plongée dans la violence assez estomaquante, maltraitant ses protagonistes avec une sévère amoralité (le sort de Josh) en conservant tout de même une certaine limite de crédibilité (les sévices ne sont pas au final tellement montrés en plein cadre, le passage le plus gore restant à mon avis, avec la scène de l’œil,  l’évacuation des cadavres).  Cette certaine retenue, largement perceptible, permet d’éviter le second degré dont faisait preuve la première partie en concrétisant les fantasmes de nos protagonistes avec une douce perversité. En termes de thématique, la partie horrorifique du film est un cri assez violent contre le capitalisme, qui en vient à monnayer des gens afin de rendre des services déviants pour de riches acheteurs. Un discours particulièrement noir et bien illustré par des dialogues bien plus fins qu’ils n’en ont l’air (avec le chasseur dans les vestiaires, ou encore le chirurgien allemand). On aura plus tard un nouvel argument sur l’exploitation humaine, avec les gosses commettant un meurtre pour un sachet de friandises. Par ailleurs, le premier degré du script n’en reste pas moins intelligent en essayant de faire intervenir une certaine finesse dans son script, en dévoilant les psychologies de chacun (victimes dans une première partie, et bourreau dans quelques passages de la seconde (le coup du bâillon)). La structure même du film, brisant les clichés avec Josh et faisant de son unique survivant un sportif avec une mutilation et un traumatisme conséquent, est un choix assez original, le propos s’affranchissant ici d’une quelconque morale. Mais se focaliser uniquement sur l’aspect horrorifique du film serait assez réducteur, l’introduction de se dernier allant aux antipodes des attentes du public. En prenant pour héros des jeunes mâles libidineux qui sautent à pieds joints dans la mare après avoir vu trois photographies, le film fait aussi un portrait peu flatteur des comédies de cet acabit (tout est assez grossis, les enjeux sont clairement le dépucelage du littéraire et l’amusement des sportifs), et a d’abord l’air de préparer des victimes neuneu pour un massacre général (ils se droguent, ils forniquent : ils vont crever). Mais au fur et à mesure qu’on s’enfonce dans les pays de l’Est, la caractérisation de nos personnages évolue. Oli se révèle être un père qui se prend encore pour un adolescent, et Josh développe une sorte d’affection légèrement homosexuelle avec le voyageur du train, qui reviendra plus tard dans l’histoire. On n’est pas habitué à de telles finesses de personnages dans ce registre (le dernier l’ayant fait en date étant American Beauty). Quant à Paxton, il garde enfoui un traumatisme qu’il a eu pendant sa jeunesse où il a été incapable de sauver une petite fille de la noyade. Une fois les protagonistes caractérisés avec plus d’épaisseur, s’en séparer devient franchement plus dur. Et d’ailleurs, la comédie se pervertit de plus en plus au fur et à mesure que les fantasmes masculins se réalisent, la mascarade se révélant par un comique de répétition qui provoque immédiatement une mise en abîme assez impressionnante. En bref, d’un bout à l’autre (la conclusion partira sur l’inévitable transformation du caractère du survivant), le film évite de s’enfermer dans le piège du torture porn tout en en exploitant les ficelles. Du gore qui tâche et qui a un peu plus de matière que les rejetons qui suivront : voilà une bonne raison de ne pas rater ce bestiau.

 

5/6

 

de Eli Roth
avec Jay Hernandez, Derek Richardson

 

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Hostel 2 : Voilà, on arrive sur un terrain où la communauté s’entredéchire. Ils y a ceux qui considèrent le premier comme un coup de maître et sa suite comme une extension qui ne fait qu’aboutir les thèmes esquissés dans le premier (je suis dans ce clan) ou ceux qui voient en Hostel un brouillon et dans Hostel 2 la véritable copie d’Elie Roth. En effet, pour sa suite, Eli change du tout au tout son casting, en plongeant maintenant des filles dans l’enfer de la torture. Une démarche qui a mal fait réagir certaines critiques le taxant de misogyne,  alors qu’au contraire, le film tombe parfois trop dans le pamphlet féministe en soutenant trop ses héroïnes. Si au final, les bilans sont équivalents, la rescapée n’en sort ici indemne, au prix d’un acte sur lequel on va revenir. Commençons par le début : l’introduction. Exit la comédie primaire du premier (certes hors sujet mais qui permet une digression intéressante), place à la caractérisation classique des étudiantes en art, qui décident de partir en Slovaquie le temps d’un week end. Une caractérisation sympathique, mais un passage dans le train vraiment looooong, qu’on croirait échappé d’un Boulevard de la mort made in Tarantino (incontestablement le film le plus chiant de sa filmographie si il est pris dans son format solo, le grindhouse étant bien plus court). Du début de leur aventure, il n’y a à retenir que la magnifique scène de mise aux enchères où des dizaines de personnes débattent des prix  de nos protagonistes. En 5 minutes, Eli Roth résume d’une manière admirable son  discours sur le capitalisme. Une jolie prouesse qui ne fait pas oublier un scénario qui s’étend un peu (comme le premier, sauf qu’on y riait en mode régressif). Heureusement, on peut se mettre sous la dent les portraits psychologiques de nos futurs bourreaux, dont on va suivre le parcours psychologique. Alors que l’un est un jeune cadre chronique, axé en plein sur la réussite personnelle et les passes temps de jeunes riches (extraverti et jouisseur, donc), l’autre est un type refermé sur lui-même, frustré par sa femme qui possède l’autorité familiale. Sa frustration est perceptible dès le premier plan, et il se révèle vraiment être le personnage le plus intéressant du film, car son évolution sera clairement la mieux illustrée 'Roger Bart a un talent indéniable). Passons les quelques séquences qui ménagent le suspense jusqu’à ce que la commande de ces gentlemen soit prête. On a droit enfin à un meurtre chiadé, à la mise en scène plutôt osée faisant directement écho au personnage de la comtesse Bathory, qui voit mourir la première de nos filles. L’absence d’enjeux psychologiques étant ici évidente, on se rabattra sur une mise en scène efficace, qui restera la meilleure séquence gore du film. On reprend enfin nos héroïnes dont on connaît déjà le destin (une chose qui était absolument imprévisible avec Hostel premier du nom), leur caractérisation largement classique nous rassurant quant à leur avenir (en tout cas pour Beth). Côté design, l’ambiance est nettement moins glauque que dans le premier, Eli ayant remanié le design des cabines, maintenant bien sécurisées et surveillées par caméra. Une démarche intéressante qui ne sert pas vraiment le suspense pour autant. On y verra surtout la prospérité de l’entreprise qui investit tout maintenant dans la sécurité. Au niveau de nos bourreaux, les évolutions sont simples. L’extraverti voit le fantasme qu’il voulait se créer (une parodie de fille très mal maquillée) frustré de la plus stupide des manières, alors que le faible, qui n’est toujours pas dans l’état d’esprit nécessaire pour la torture, se mue peu à peu en bête avide de chair fraîche. C’est là que le discours de Roth se révèle intéressant : dans la transformation rapide d’un voisin de banlieue avec ses frustrations qui en prenant rapidement le contrôle de la situation sent vite la bonne odeur du pouvoir, et finit par devenir le loup qui l’écœurait l’instant d’avant. Le dénouement, ultra féministe comme il faut (Tu la sens, hein ?) conclut sur le capitalisme en inversant totalement les rapports de forces au dernier moment, achevant la parodie du système économique avec plus de finesse que les images ne le laissent croire. Cependant, Hostel 2 passe après le premier, et il se révèle donc décevant pour une narration beaucoup plus classique que son aîné et une approche féminine très « tarantinienne » qui se freine plutôt au niveau de la violence alors qu’il se déchaînait dans le premier sur nos héros. Clairement ici, à l’exception de la mort de Witney, rien de très osé ne viendra relever la chose, Roth tenant sérieusement le frein niveau malsain. Assez dommage, la finesse d’écriture faisant mouche plus d’une fois au cours du film, qui tombe hélas dans des formules classiques qui ne surprendront pas grand monde. Pas une déception pour ma part, mais la claque du premier est passée depuis longtemps.

 

3,5/6

 

de Eli Roth
avec Lauren German, Roger Bart

 

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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 06:51

http://www.ramboliweb.com/images/infos/largo-winch-film.jpg

 

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Une bande dessinée comme Largo Winch devait tôt ou tard bénéficier d’une adaptation cinématographique, l’aventure du jeune multimilliardaire aventureux ayant séduit de nombreux lecteurs. Première surprise : l’adaptation n’est pas américaine, mais européenne (pas mal de pays s’y sont investi), ce qui ne présage pas forcément du meilleur (Taken et la vague d’actionner à la Besson étant de qualité assez discutable). Et Jérôme Salle crée la surprise en nous donnant à voir un spectacle de qualité, qui enterre les dernières aventures de James Bond et qui en plus se permet un réalisme très appréciable. Fort de ce nouveau succès, l’équipe remet le couvert deux ans plus tard, et ô surprise, la formule continue d’être aussi efficace, même si les ficelles deviennent un peu plus grosses. Retour sur une saga en bonne voie de devenir une référence du film d’action.

 

http://www.lenchaineur.com/wp-content/uploads/2009/blu%20ray/test/largo%20winch%20test

 

Largo Winch : Dès le début du projet, on sent qu’on pénètre dans un thriller qui ne va pas chercher à en mettre plein les yeux. La mort de Nerio Winch en est un bel exemple, la scène préférant clairement l’intimisme (un corps à corps sous marin au plus près des protagonistes) au spectacle défouloir. Et la sensation ne cesse de se confirmer avec la construction d’une intrigue multi-nationale, qui nous fait vraiment voyager autour du monde. De Hong Kong à la Croatie, Largo parcourt le globe pour différents motifs (principalement se cacher de son père) et revient sur ses origines en milieu de film. Une démarche qui tranche avec le spectacle d’action régressif ou thriller complexifié, le film pouvant paraître difficile à suivre de part la multiplicité des lieux (l’intrigue n’arrête vraiment pas de bouger), mais qui une fois arrivée en fin d’histoire se révèle admirablement simple. Un script intelligent, réaliste de bout en bout et qui appelle à un minimum de réflexion en face des évènements pour comprendre ce qui est en train de se passer. Avec pour le coup une intrigue mieux pensée que la moyenne, qui ne laisse pas vraiment deviner les rebondissements à l’avance. A ce script intelligent s’ajoute un vrai travail sur l’acteur principal : Tom Sisley. En effet, tout repose sur lui, et il se révèle excellent dans son interprétation du personnage. Si il tranche un peu avec le design de la bande dessinée, il a tout du beau mâle bronzé et débrouillard, qui ne surjoue pas ses émotions tout en restant à la hauteur au cours de ses scènes d’action occasionnelles mais prenantes. Que dire de ce final sur les toits d’un immeuble de Hong Kong ? Dénouement plutôt réussi dans l’implication sentimentale du protagoniste principal, même si les applaudissements de tout le comité de direction sont un peu de trop. Globalement bien réalisé, avec des scènes d’action ultra lisibles (une technique qui a peu à peu tendance à se généraliser, et qui paye indéniablement en immersion du public), Largo Winch est une agréable surprise dans le domaine du film d’action, prenant probablement quelques libertés avec la bande dessinée, mais pour un spectacle plutôt sobre qui fait correctement son travail, le souci de la crédibilité en plus. En revanche, Largo tient plus du suspense d’action que de l’action pure et simple. Le projet manque donc cruellement de jubilatoire, il n’a pas la petite dose de folie qui apporterait la juste dose de jouissif qui ferait pleinement décollé le projet. Mais rien que pour avoir respecté l’unité de langages, le film témoigne de réelles bonnes intentions qu’il serait inconvenant de mépriser.

 

4.5/6

 

de Jérôme Salle
avec Tomer Sisley, Kristin Scott Thomas

 

http://www.avoir-alire.com/IMG/jpg/LARGO_WINCH_3.jpg

 

Largo Winch 2 : La même équipe, et on recommence. Un projet qui a le mérite de pouvoir être vu directement à la suite de son prédécesseur sans souffrir de la comparaison. On reprend l’histoire exactement là où on l’avait laissée, et on repart sur du nouveau matériau. Jérôme Salle se tient ici un peu moins sur le réalisme, ce qui nous vaut des scènes d’action plus impressionnantes que son prédécesseur. On a droit à une gunfight en chute libre (mais rassurez-vous, ce n’est pas Shoot’em up non plus), l’attaque d’un camp de prisonniers Birman (Rrrammbo quattrree !) et un combat dans une chambre d’hôtel avec des tueurs plutôt efficaces. Un spectacle qui se permet de devenir un peu plus jouissif, en essayant notamment de développer une façade humoristique avec le majordome de Largo qui effectue une enquête de son côté. Cependant, si le film déséquilibre sa recette, il le fait en bien et en mal. L’intrigue multinationale est toujours aussi vaste (de Bankok à la Suisse en passant par Hong Kong), et ne varie plus seulement dans l’espace, mais aussi dans le temps. En effet, si le premier Largo Winch se contentait de quelques flashs back pour cadrer à peu près le passé de son héros et de sa relation avec le paternel, ce nouvel opus dévoile peu à peu quelques mois de la vie de Largo dans un village Karen peu avant son massacre par l’armée Birmane. Intéressant, mais l’intrigue donne dès lors l’impression d’être hachée pour ménager le suspense, et surtout recale régulièrement les sous-titres « trois ans plus tôt » « trois ans plus tard » pour garder une cohérence. Un peu artificiel comme découpage de l’histoire. Au niveau d’implication sentimentale, on tourne clairement autour de la paternité, argo étant amené au fil de l’intrigue à jouer les pères de famille. C’est du bon sentiment, ça manque d’originalité, mais ça reste dans l’optique sympathique du personnage (Largo Winch est infiniment plus charismatique que Daniel Craig dans Quantum of Solace). Avec une dernière séquence vraiment tendue d’un point de vue suspense (un meurtre en cours alors que Largo est presque hors de combat), Largo Winch 2 fait bonne figure, se montrant comme un digne successeur, ayant légèrement perfectionné la formule « action » en ayant conservé un script intelligent (intrigue plus complexe ici, mais largement compréhensible). Une veine du film d’action qu’on aimerait voir exploitée plus souvent !

 

4.5/6

 

de Jérôme Salle
avec Tomer Sisley, Sharon Stone

 

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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 06:34

http://4.bp.blogspot.com/_ec_bXQZWE2E/TL4_Dqd-Q1I/AAAAAAAAIGI/qd4RoQTNtk4/s1600/suspiria_a2rgbbleed.jpg

 

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Dario Argento s’est certes spécialisé dans le Giallo en mettant en scène des tueurs adeptes de l’arme blanche s’attaquant à différentes femmes. Mais il lui est arrivé aussi d’expérimenter sur le terrain du fantastique en recyclant ses codes du thriller pour relever son spectacle. En résulte une trilogie assez renommée : le cycle des trois mères. Avec un premier Suspiria (1977) dont le baroque éclatant l’a rendu instantanément culte (mon préféré de sa filmographie), Dario donnait à la sorcellerie un goût nouveau, en nous faisant découvrir une confrérie de sorcières qui œuvraient dans l’ombre d’une école de danse. Un bon prétexte pour nous entourer de jeunes vierges (focalisées sur leur avenir dans le monde de l’art), et qui sur le plan d’ambiance pourrait passer pour un ancêtre de Black Swan. Peu de temps après (1979), Argento remet le couvert avec Inferno , qui pousse à nouveau le baroque jusqu’à son paroxysme, au point de se donner des airs rococos avec sa mémorable association de bleu et de rose. Dans sa seconde moitié, Dario parviendra quand même à ressusciter l’esprit de Suspiria, et à augurer du meilleur pour sa suite. Suite qui n’arrivera qu’en 2007 et qui laissera les fans totalement sur le carreau, abasourdis par le ratage monumental de l’œuvre. Mais si Dario a totalement enterré ce qui faisait la sympathie des premiers volets de sa trilogie, il expérimente de nouvelles choses, tentant de trouver un style pour le nouveau millénaire qui redonnerait un nouveau souffle à sa carrière. Convertissons-nous quelques instants au culte de ces divinités païennes.

 

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Suspiria : Que dire, si ce n’est que Suspiria a bouleversé ma vision du cinéma, en me faisant voir tout simplement un aboutissement frisant la perfection de ce qu’un film à ambiance peut faire. Pour bien me faire comprendre, je vais tenter de décrire comment est-ce que je ressens un film italien quand j’en vois un. La fluidité de la narration, qu’on privilégie généralement dans notre cinéma hexagonal et en Amérique, n’est que peu importante quand on regarde l’œuvre. On se mettrait alors à pointer des tas d’incohérences qui gâcheraient complètement le spectacle. C’est un cinéma de l’instant, où c’est l’ambiance des séquences qui fait la force du film. Ce sont des séquences graphiques fortes, dont l’ambiance doit être efficace, qui sont reliées par une trame plus ou moins bien ficelée. On fonctionne donc plutôt dans le registre de la sensation. Et Suspiria s’engage à fond dans cette voie, en multipliant les éclairages fantaisistes et les montées de musique accompagnées de bruitages. C’est d’ailleurs tout simplement la bande originale la plus hypnotisante, la plus obsédante de la filmographie d’Argento (avec Phenomena), revenant régulièrement alors que les éclairages s’affolent pendant que le stress monte avec l’héroïne. Dans son film, le réalisateur s’intéresse à Suzy, une jeune danseuse qui vient prendre des cours pour se spécialiser. Elle pénètre donc dans un bâtiment à l’architecture baroque ultra chiadé, où la symétrie et la surenchère des couleurs semblent être les règles d’or. Les décors permettent déjà de créer une ambiance étrange, peu rassurante pour l’étrangeté de sa décoration et ses associations de couleurs parfois angoissantes. Au niveau de ses scènes marquantes, Dario y va fort, en nous offrant tout simplement dans ses quinze premières minutes l’un des meurtres les plus graphiques de sa filmographie, faisant littéralement d’une pierre deux coups. Une scène presque traumatisante, la violence réapparaissant souvent à l’improviste (les multiples poignardages), et surtout ayant eu lieu d’une façon totalement inattendue (à part une ombre, il n’y avait personne à la fenêtre). Par la suite, Dario préfère privilégier son ambiance par les éclairages omniprésents et sa fameuse musique, les meurtres suivants n’égalant jamais l’intensité de cette flamboyante introduction. On retiendra surtout un grenier bourré d’asticots dans les scènes dérangeantes. Le final du film conclut toutefois bien son sujet, nous livrant l’explication de la curieuse absence de la Mater Suspiriarum au cours d’une scène plutôt stressante, mais un peu expédiée. Au final, Dario signe un film flamboyant, à la direction artistique ultra chiadée et aux acteurs plus convaincants que d’habitude (même si le jeu reste parfois théâtral), tout simplement une merveille du film d’ambiance (on aura rarement autant vécu un film sur des plans visuels et auditifs). Tout simplement un chef d’œuvre.

 

6/6

 

de Dario Argento
avec Jessica Harper, Joan Bennett

 

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Inferno : Dario revient pour la suite de sa plus grande réussite avec Inferno, projet devant mettre en scène la Mater tenebrarum, la plus puissante des trois mères, qui s’est établie à New York dans un hôtel luxueux. Dès le départ, Argento tient à nous rassurer sur le visuel du film, qui a l’air de s’annoncer tout aussi chiadé que Suspiria. Il joue particulièrement sur l’association d’éclairage bleu/rose, un assemblage sensoriel qui ne met pas vraiment à l’aise (que viendra appuyer les fréquentes remarques des protagonistes : « Quelle odeur étrange… »). Inferno joue avant tout sur le malaise du spectateur plutôt que sur l’angoisse. L’introduction joue particulièrement là-dessus, essayant de pousser le malaise jusqu’à l’écœurement lors de la séquence sous-marine en profondeur. Par ses nouveaux choix artistiques, le réalisateur témoigne de la volonté de changer les mécanismes de peur qu’il employait pour faire évoluer son récit. La mise en scène continue cependant d’en mettre plein la vue (l’élève au chat dans l’amphithéâtre de l’école de musique) et d’assurer le spectacle jusqu’au bout. On constate vite que Dario revient à ses premières mises en scènes avec un héros masculin, confronté ici à plusieurs suppôts de la mater tenebrarum, en tout cas à new york. Car le réalisateur a pour ambition de faire un film qui bouge. Il y a toute une partie qui se passe à Rome même, particulièrement dans un musée riche en textes anciens, qui est carrément le théâtre d’actes de sorcellerie. Une menace inter nationale en quelque sorte, qui ne recule devant rien pour conserver le Silentium sur ses activités. Dario rend la menace de la sorcellerie plus présente, plus angoissante, en faisant notamment de l’habituel assassin de ses films un être difforme qui ne vit que par ses bras poilus achevés par des mains griffues (la Bête humaine, en quelque sorte).Dario abandonne peu à peu sa chère association bleu/rose au fur et à mesure que le suspense remonte au profit d’une palette de couleurs plus riche, tendant à le rapprocher de Suspiria. Et une bonne chose en plus : les meurtres sont plus bien organisés en terme d’intensité pure. Le meurtre dans l’appartement dont les plombs sautent est en lui-même une belle réussite (un impact identique à l’introduction de La maison près du cimetière), mais le suivant, un égorgement dans une fenêtre brisée, l’égale (éclairage rouge terriblement organique). On n’évitera cependant pas quelques digressions, comme cet antiquaire noyant une quinzaine de chats avant d’être dévoré vivant par des rats. Une conclusion toujours un peu brusque, mais Dario nous réserve encore quelques surprises, notamment dans la découverte du vrai visage de la deuxième mère, qui jaillira carrément d’un miroir. Rien à redire en face de ce spectacle prodigieux, digne successeur de Suspiria, et augurant du meilleur pour la suite, le réalisateur n’ayant pas perdu de vue l’esprit de sa saga.

 

5.5/6

 

de Dario Argento
avec Sacha Pitoeff, Daria Nicolodi

 

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Mother of tears : Ouh là ! On m’a tellement rebattu les oreilles avec celui là ! Littéralement assassiné par la critique (Mad movies l’a descendu en flèche), peu d’entrain auprès des fans, ce film a donné le coup de grâce à la carrière d’Argento, qui depuis enchaîne les tollés et les mauvaises critiques (mais au moins, il continue d’essayer, et il a réussit au moins une fois : Jenifer, le meilleur segment de la saison 1 des Master of horror). Au risque de choquer les connaisseurs, je ne trouve pas que ce film soit un étron pelliculaire. Je lui reconnais même quelques moments d’ambiance bien faits, plombés par des fautes de goût monstrueuses. Dario fait ici le choix de briser l’esprit de sa saga en laissant tomber les éclairages fantasmagoriques qui faisaient tout le charme des deux premiers volets, en souhaitant diriger son film sur l’horreur pure plutôt que le fantasme (et c’est un peu ce qu’on lui reproche, son film perdant alors l’approche originale de son sujet). Au niveau de l’histoire, ce n’est pas trop mal torché quand même : une sorte de boîte de Pandore contenant des objets mystiques et la troisième mère, libérée par des employées au musée de Rome (ce qui est un peu étrange, la Mater Lacrimarum devant résider dans une bâtisse). La première scène de meurtre révèle à elle seule les nouvelles failles du style d’Argento : il abuse du noir par manque d’éclairage (son action devient beaucoup moins lisible), il se lance dans le sanglant au premier degré sans qu’il n’y ait plus de suspense, et il alterne les bons et les mauvais effets spéciaux (l’employée commençant à être étranglée avec ses intestins… puis avec des tuyaux en plastique souillés). Les fautes de goûts seront d’ailleurs légion dans ce film. Que dire de cette escalade de violence dans Rome, sensée être représenté par de pauvres altercations entre figurants (une femme balance un bébé dans le Tibre, deux gars cassent une voiture : c’est l’anarchie dans la cité !) ? Et que dire de ces sorcières débarquant à Rome qui ont toutes la gueule des mannequins de chez L’Oréal (et qui sont méchantes parce qu’elles n’arrêtent pas de rigoler entre elles en se moquant des passants) ? Asia Argento va-t-elle réussir à triompher du Ouistiti lancé à ses trousses ? Suis-je bête, c’est sa mère mal incrustée en post prod qui va lui donner des conseils ! Et pourquoi les possédés qui s’attaquent à Asia ne manifestent pas d’un peu plus de hargne une fois qu’ils la tiennent ? Bourré d’incohérences que l’ambiance ne parvient pas à faire oublier, le constat est sévère. Mais par moments, Argento parvient à faire illusion. Dans quelques séquences comme le meurtre du prêtre ou la remontée à l’appartement, il y a un peu de tension. Quelques designs de monstres sympathiques, et une traque dans les catacombes plutôt intéressante dans Rome, qui en cache des kilomètres carré. Par ailleurs, si on se force un peu à oublier les pathétiques illustrations de folie collective, l’ambiance parvient presque à être efficace, le contexte de possession de masse se révélant plutôt original (l’un des rares à l’avoir illustré étant le controversé La Malédiction finale). En bref, c’est loin d’être bon, c’est même carrément décevant sur certains points (le dénouement à la lance est pathétiquement cheap), mais Dario a encore quelques restes. En revanche, Asia Argento joue abominablement mal, guère aidée par ses talents de jeune sorcière. Un cru décevant, mais pas encore infâmant comme a pu se révéler Giallo.

 

1,5/6

 

de Dario Argento
avec Asia Argento, Moran Atias

 

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"J'avais tellement pas de tripes qu'ils ont pris des tuyaux pour m'étrangler !"

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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 06:29

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On dit toujours Romero par ci, Romero par là…  Le bonhomme a certes fait les meilleurs films de zombie à ce jour, il lui arrive d’éclipser de modestes artisans qui s’essayent eux aussi au délicat exercice de l’invasion zombie. Et des années avant que Zack Znyder ne réadapte Zombie au goût du jour (tout en action, rien dans la tête), Tom Savini, géni des effets spéciaux et maquillages (Avec Kurtzman et Bottin, j’ai mon trio favori), a remaké le prestigieux La nuit des morts vivants en 1990. Si on lui reconnaît un immense talent pour les maquillages, qu’en est-il de ses talents de réalisateur ? Découverte immédiate, revivons l’histoire tragique.

L’histoire : Une jeune femme et son mari se rendent au cimetière où est enterré un de leurs proches. Ils sont alors attaqués par deux étranges personnes qui ont tout de cadavres ambulant. Elle réussit à s’enfuir et trouve refuge dans une ferme à proximité.

 

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Comme le pitch le laisse présager, Tom Savini respecte presque à la lettre l’ancien script de Romero, à quelques détails près (on va y revenir). Le succès de Zombie étant maintenant connu de tous, Tom ne tente heureusement pas de garder le minimalisme de la mise en scène de Romero. Comme il a un budget bien plus conséquent, il se lance direct dans quelques concepts de maquillages amusants (un type avance normalement, l’air de rien, alors que ses vêtements sont déchirés sur toute leur longueur dans son dos…). Pour ce qui concerne la suite de l’histoire, il n’y a pas vraiment de grands changements à rapporter d’un point de vue dramatique. Il se passe à peut près les mêmes choses que dans l’original. Cependant, on voit où Tom est intervenu sur les plans thématiques. En effet, il évacue du script toutes les thématiques racistes qui apparaissaient dans l’original. Le considérant peut être comme dépassé, il gomme tout propos pouvant être lié au sujet, préférant justifier le comportement du salaud de service enfermé à la cave par de la couardise aigue, puis par attachement à sa fille une fois celle-ci réanimée. On fronce un peu les sourcils, en s’interrogeant sur la fin, qui en nous proposant un dénouement calqué sur Romero, risquerait d’être hors sujet. Et bien, c’est là aussi que Tom fait fort, en nous proposant une fin nettement moins traumatisante que le film de Romero, mais pas inintéressante pour autant. Il choisi de la placer sous le signe de la justice personnelle. Difficile d’en dire plus sans gâcher la surprise, mais son propos préférant le nihilisme à l’amoralité est à étudier et à débattre. Le film sera également beaucoup plus gentil avec son héroïne, qui devient ici une warrior tueuse de zombie de premier ordre après un traumatisme assez approximativement rendu par ses cris. Que retenir donc de cette réalisation de Savini ? Les maquillages sont crédibles mais un poil décevants car hormis les caractérisations des zombies, rien ne vient vraiment prouver le talent du gaillard. La direction d’acteurs est un peu hasardeuse, les personnages possédant un jeu assez inégal (le traumatisme de l’héroïne est insupportable, mais Tony Todd est réellement dans la peau de son personnage). En revanche, la petite amie blonde joue comme un pied coupé, et le mari couard joue alternativement trop peu ou pas assez son rôle. Cependant, le bilan n’est pas aussi négatif qu’il en a l’air. C’est en fait un constat similaire à Dawn of the dead qu’on pourrait faire, le film perdant en thématiques ce qu’il gagne en action et en fluidité. Un remake qui n’invente rien et qui se contente de bien réinvestir le pognon qu’il a rassemblé afin d’avoir une meilleure facture technique en respectant le matériau d’origine (évacuer les thématiques racistes ne le rend pas désagréable à voir, loin de là). Une distraction intéressante qui reprend des airs de série B à  l’ancienne, c’est toujours agréable à remater ces jours ci.

 

4.5/6

 

de Tom Savini
avec Tony Todd, Patricia Tallman

 

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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 07:06

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C’est peu dire que d’affirmer aujourd’hui que la saga initiée par « Chéri, j’ai rétréci les gosses » a marqué mon enfance profondément. Avant de découvrir les Toy Story, combien de temps ai-je passé à m’imaginer affrontant le monde actuel à une taille beaucoup plus réduite, faisant du doux quotidien que l’on connaît un combat de tous les instants (ou pour d’autres, un refuge salutaire à l’abri du monde extérieur). Un tel concept fait rêver, et c’est bien à ce premier dessein qu’aspire L’homme qui rétrécit, chef d’œuvre du film fantastique, diablement ambitieux avec ses effets spéciaux. J’ai eu la chance de le découvrir sur grand écran (les vidéo-projecteurs changent vraiment les conditions de visionnage d’un film), et le spectacle ne manque pas d’ampleur. Un classique à (re)découvrir d’urgence !

L’histoire : un homme nommé Scott Carey est en contact au cours d’une sortie en mer avec un mystérieux nuage radio-actif. Une fois de retour chez lui, il se rend compte qu’il rétrécit peu à peu, sans que le phénomène semble se stabiliser.

 

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L’homme qui rétrécit a le talent de jouer sur plusieurs tableaux. D’abord, il s’assume parfaitement comme un pur produit des années 50, tant au niveau de l’ambiance (mode de vie banlieusard…) que des personnages (héros blanc et blond plutôt musclé, épouse aux cheveux frisés…). En cela, il conserve un certain charme de l’époque, souligné par la naïveté de la cause de la mutation (« les radiations », ça n’explique pas tout aujourd’hui). Mais il tente de conserver un rythme réaliste, et avant de faire vraiment rapetisser son héros, le réalisateur en fait un freak. Un phénomène de foire consulté fréquemment par la science pendant quelques temps. Le suivi psychologique du héros et de son entourage est alors très juste, ces derniers étant peu à peu excédés par la popularité malsaine de son mal. Mais son cas demeurant sans solution, le public se désintéresse rapidement de son sort, un discours qui s’applique encore admirablement à l’information de nos jours (le renouvellement quotidien de l’information pour relancer le public sur du sensationnel, quitte à délaisser les problèmes difficiles). En cela, l’introduction est plutôt engageante, osant d’ailleurs une rencontre entre l’homme qui rétrécit et une naine à peine plus grande que lui , sans toutefois pousser plus loin la possible intrigue sentimentale, ce rendez-vous inattendu permettant surtout de mettre un peu de baume au cœur de notre héros. Puis vient enfin le segment tant attendu, où notre héros, attaqué par le chat de la maison (une séquence admirablement réussie d’un point de vue effets spéciaux), passe pour mort alors qu’il tombe dans la cave de la maison. Incapable d’appeler à l’aide ou de remonter au grand jour (l’escalier étant infranchissable, l’homme se retrouve alors poussé par la logique de la survie. Trouver à boire, où dormir, et à manger. Des problèmes pas si évidents à résoudre que ça dans une cave. D’autant plus qu’elle abrite quelques petites bêtes qui sont loin de considérer  comme un prédateur. La petite faute de goût de ce film, c’est d’avoir utilisé une mygale pour illustrer le concept de l’araignée (ça fait vraiment un peu trop gros). Mais dès que le spectateur fait un effort pour voir une araignée au lieu d’une tarentule, la sauce prend, et c’est peu à peu un combat titanesque qui s’engage sous nous yeux émerveillés. Le fil redouble d’inventivité et de rebondissements pour pimenter son histoire de survie, dont le rythme, semblant légèrement plat, se révèle plutôt payant, l’immersion étant favorisée par les démarches logiques du héros et des effets spéciaux bluffant, parvenant à merveille à créer l’illusion du rétrécissement. En ça, le film de Jack Arnold se révèle particulièrement réussi, puisqu’il parvient a recréer le goût de l’aventure alors que nous sommes dans un univers familier et parfaitement connu, et nous offre en dernier acte un combat haut en couleur (enfin… en noir et blanc) opposant deux adversaires déterminés, dont le rendu des effets spéciaux parvient encore à faire illusion de nos jours. La conclusion, petite merveille de relativisme à l’échelle des astres, se permet d’effectuer un postulat assez énorme en spéculant sur le rétrécissement du héros à l’échelle de l’atome, s’interrogeant sur son devenir, seul sur un astre qui grandit un peu plus chaque jour, à l’image de l’univers qui s’étend lui aussi. Des images célestes qui tentent une réflexion relativisant  le concept de taille à l’échelle cosmique, je me demande ce qu’on aurait pu trouver de plus habile pour clore un sujet pareil. Bien dommage de l’avoir découvert aussi tard, c’est un indispensable d’une richesse incroyable, qui plus est adaptée aux goûts de l’ensemble de la famille. A voir sans hésiter !

 

6/6

 

de Jack Arnold
avec Grant Williams, Randy Stuart

 

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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 06:53

Pour mon 200ème article (passé déjà depuis 10 articles), je m'attaque à du lourd, en me fendant d'une critique un peu plus détaillée que d'habitude !

 

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Interdit aux moins de 18 ans

 

Sur le podium du film le plus gore du cinéma, Braindead a tenu bon pendant de longues années, et continue toujours de trimballer cette flatteuse réputation. Mais chez les amateurs de trash, un petit film a déjà bien fait parler de lui : Philosophy of a Knife. Derrière ce titre étrange se cache tout simplement le film le plus gore du cinéma, qui n’est pas près d’être supplanté car s’étendant sur la durée indécente de quatre heures et demie, durant lesquelles nous retracerons l’histoire de l’unité 731 et des recherches qu’elle effectua sur la population civile.

L’histoire : depuis son établissement en Chine en 1936 (en remplacement d'une autre unité déjà en place) jusqu’à son démantèlement en 1945, on effectue un retour sur les recherches qui ont été menées dans les prisonniers militaires enfermés dans l’unité 731, à l’aide de l’interview d’un ancien gradé témoin de la boucherie et de nombreuses reconstitutions.

 

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Ce film jongle en effet avec des ingrédients à double tranchant. Il choisit tout d’abord d’utiliser formellement le format documentaire pour placer son contexte historique. Nous avons donc droit à une introduction d’une vingtaine de minutes nous décrivant le climat économique et politique de l’Est de l’Asie à la fin des années 30 et des débuts de la guerre. Jusqu’ici, rien qui ne le différencie d’un reportage d’Arte (si une n’est une introduction déstabilisante et un générique tourné « expérimental morbide » plaçant déjà l’ambiance globale du film en noir et blanc avec une musique particulièrement insistante et désagréable. Commence alors les interviews du militaire affecté dans une autre équipe que la 731, mais qui a eu plusieurs fois affaire à elle. Le contexte médical est alors planté : le but de cette unité est à la fois d’améliorer les conditions de santé des soldats par expérimentations de différents remèdes sur différents problèmes, ainsi que de tester différents type d’armement susceptibles d’être employé sur le champ de bataille. On apprendra alors les manières hallucinantes étudiées pour faire crever l’ennemi, comme le largage de mouches contaminées au dessus de positions chinoises. Mais ces interviews seront ponctuées de plusieurs reconstitutions tournées en noir et blanc pour recréer une ambiance de document d’archive. Et ce sont ces segments là qui font toute l’essence du film. En effet, Iskanov expérimente une multitude de procédés optiques dans l’illustration de l’expérimentation médicale. Et pour cela, il effectue un choix de mise en scène vraiment couillu : il mise à fond sur l’ambiance et délaisse le gore chirurgical que beaucoup auraient choisis. Décider d’illustrer de la torture scientifiquement assistée avec du gore asiatique (comprendre : du gore qui en fout partout et dont les maquillages sont assez souvent approximatifs) en laissant de côté la chirurgie, c’est vraiment un tour osé, et ici payant. Car en insistant à fond sur l’ambiance et sur des détails à foison (le nombre de plans du film est considérable ! C’est à se demander comment ils ont réussi à être cohérents dans leurs scènes), Iskanov parvient à créer une ambiance de film expérimental pure, qui se rapproche dans l’esprit d’un Tetsuo, mais qui s’en éloigne radicalement dans le ton et le but. La musique électronique, répétitive, résolument désagréable, cadre parfaitement avec l’esthétique poisseuse des scènes de recherche dont la finalité nous échappe parfois (l’avortement initial ne sert qu’à mettre un fœtus dans un bocal…), mais qui resteront toutes d’une violence vraiment dérangeante. Si le gore asiatique avait l’habitude d’être jubilatoire, il est ici sur-dramatisé et parvient du coup à créer une sensation nauséeuse, et cela sans faire retomber la sauce ! Toutefois, on ne parlera pas de montée dans la violence, le film reste sur ce terrain plutôt constant, traitant tous les sévices qui y sont dépeint sur un même plan de douleur, préférant conserver son ambiance plutôt que de la faire évoluer. Ainsi, Iskanov joue sur les détails crades, la précision des appareils (les réglages fréquents des caméras servant à filmer les expériences), la surexposition mettant en avant la froideur des blocs opératoires et l’approche apparemment « clean » des massacres d’individus numérotés qui sont perpétrés sous nos yeux. Le spectateur vivra son traumatisme dans au moins une reconstitution, celles-ci balayant un panel assez large de recherches pour toucher au moins une corde sensible (la mienne ayant cassée à l’arrachage dentaire). Cependant, les reconstitutions d’Iskanov, si elles se révèlent les parties les plus marquantes, ne font pas l’essentiel du film. Il prend en effet la peine de suivre les détenus d’une cellule, une infirmière encadrant les recherches et un gradé militaire de l’unité, qui désigne les victimes pour les recherches qui sont menées (sur le froid, les MST, les armes chimiques…). On s’intéressera à chacun des personnages et on suivra leur parcours au sein de l’unité, et pour certains après son démantèlement. Si on omet l’infirmière qui a droit à une voix off plutôt détaillée grâce à la correspondance qu’elle entretient avec ses proches, tous ces personnages sont muets, et sont donc traités sur un ton expressionniste. Aucun dialogue entre eux, mais des détails sur ce qu’ils ressentent qui les rendent attachants/haïssables, en oeuvrant dans un style purement manichéen, qui ne reste cependant pas figé. Iskanov se permet même quelques traits d’humour grotesque avec une scène pathétique où un cadavre s’affaisse à chaque fois qu’un docteur essaye de le prendre en photo. Jamais drôle du long de ses 4H30, c’est un film qui a une légère tendance à plomber le moral (le documentaire est coupé en deux partie, une pause entre les deux n’est jamais de trop) autant qu’à fasciner pour son style graphique parvenant à transcender la violence dépeinte en nous la faisant ressentir d’une manière peu habituelle et assurément efficace.

 

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Pourquoi Iskanov a-t-il choisi de réaliser un (faux) documentaire aussi long sur son sujet, et aussi généreux en détails morbides et scabreux ? La réponse se ressent : c’est pour rendre hommage aux victimes. En effet, à la manière de la Passion du Christ (mais dans des registres et des optiques totalement différentes), Iskanov veut sur-humaniser les victimes en les faisant revivre dans nos mémoires par les souffrances qu’elles ont pu endurer. Une intention viscérale, donc qui vient des tripes même du réalisateur. Cependant, si l’intention est louable, elle tient assez mal la longueur. En effet, au bout de la quatrième heure (où les quotas de morbide commencent un peu à décliner) et où nous finissons par nous retrouver sur le mémorial des victimes, on se dit qu’on en a vu un peu beaucoup, et que la mort atroce de tous ces gens n’est peu être pas la meilleure chose à retirer de ce film. L’illustration de l’expérimentation médicale sur l’être humain nous a en revanche marqué à vie, et la dérive ne risque plus de se représenter chez quiconque ayant vu ne serait-ce qu’un quart d’heure du film. Et enfin, le style visuel assez recherché (le noir et blanc est merveilleusement utilisé) contribuant à une ambiance immersive et profondément dérangeante font tout le sel de cet effort louable du cinéma asiatique à parler des grands traumatismes de l’humanité sous un angle sérieux (Ilsa la louve SS ayant lorgné aussi sur le filon). Un prodige visuel qui m’a carrément emballé lors de ma première vision en VO sous titrée anglais (comprendre par là que je me suis senti mal pendant 4h30 de ma vie cette année, mon dernier choc de cette ampleur ayant été Cabin fever) et dont la grâce évidente aspire à bien plus que du torture porn médical. Sidérant !

 

5/6

 

2007

avec Andrey Iskanov, Svyatoslav Iliyasov

 

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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 06:49

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Bill Paxton est un acteur qui a connu son heure de gloire au cours des années 80 et 90, mais qui s’est fait un peu oublié depuis. Une injustice, tant cet acteur pouvait se révéler juste dans « Un plan simple » de Sam Raimi. Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé de se rappeler à nos mémoires avec un thriller mystique intéressant : Emprise. Relativement peu sanglant, le film se concentre avant tout sur son atmosphère, tenant déjà de bons arguments pour nous inciter à le regarder en entier.

L’histoire : deux jeunes enfants vivent avec leur veuf de père dans une petite ville des Etats Units. Ils vivent une vie merveilleuse jusqu’à ce qu’une nuit, leur père vienne dans leur chambre et leur explique que Dieu les a choisi pour exterminer des démons cachés dans la population.

 

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Certes, ce n’est pas tout à fait comme ça que commence le film (en fait, c’est l’un des fils qui après le suicide de son autre frère va parler à l’agent du FBI chargé de l’enquête sur le tueur en série La main de Dieu). Mais l’histoire décolle vraiment à partir de l’évocation des souvenirs d’enfance. N effet, Bill Paxton, pour un premier long métrage, joue constamment  sur une chose : l’ambigüité. En effet, le père n’a jamais de révélation en face de nous. A vrai dire, la seule révélation à laquelle nous avons droit ressemble fort à une hallucination, tant elle surgit de manière incongrue (l’homme réparant une voiture voit le moteur se changer en cathédrale dans laquelle descend un ange exterminateur). Ce qui est profondément dérangeant, c’est que le père est toujours persuadé de sa bonne foie, et qu’il n’a absolument aucune idée de comment les choses vont évoluer. Ca commence notamment avec les « armes sacrées » permettant de capturer les Démons, que le père trouve ça et là, au gré d’un rayon de soleil prenant une pause iconique. En cela, Paxton manie l’art de la suggestion avec une finesse notable qu’on n’a plus l’habitude de voir de nos jours. Il continue à développer son histoire, le père commençant à écrire des listes de noms dictés par Dieu et à les chercher dans l’annuaire. Il est assez intéressant de noter la subtilité de la folie, le père réprimandant le cadet qui prétend avoir reçu aussi une liste alors qu’il l’a sciemment écrite pour éliminer des personnes qu’il n’aime pas. La situation semble se stabiliser jusqu’à ce que le père ramène un premier civil chez lui un soir, avec la ferme intention de vérifier les dires de Dieu. Et après son expertise contestable (il place la main sur le front de la victime et a une sorte de transe sur une musique « divine »), il exécute le dessein divin sans faiblir. L’engrenage commence à se lancer, le père recevant de plus en plus de noms, il commence à faire participer ses fils à sa mission. C’est clairement la partie du thriller qui se révèle la plus réussie, le fils aîné pensant que son père est fou alors que le cadet soutient infailliblement ce dernier. Une tension familiale qui est un peu plus tendue à chaque nouvelle exécution, et dont on commence à redouter l’issue. Certes, le film est un peu long, et toute la partie où le père punit son fils pour avoir perdu la Foi peut sembler un peu ennuyeux, car gelant simplement l’histoire par quelques minutes de détention. Mais c’est un segment mineur au vu du dénouement et du rebondissement final (concernant les deux frères), qui ont assez de potentiel pour rehausser le goût final de ce spectacle inhabituel. Malheureusement, cette fin ne satisfera pas tout le monde, car elle reste assez osée et engagée sur un terrain où chacun a ses opinions. Il n’empêche que Bill Paxton nous livre un travail plutôt abouti, pas exempt de défauts, mais radicalement éloigné des thrillers tapageurs de notre décennie précédente. Un vent frais de classicisme, pourquoi pas ?

 

4.5/6

 

de Bill Paxton
avec Bill Paxton, Matthew McConaughey

 

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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 06:39

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Précelle de Manderlay, Dogville n’est pas mon Lars Von Trier’s préféré, mais il est parfaitement cohérent avec la logique artistique qu’il s’applique à suivre, à savoir fustiger les dérives comportementales humaines, particulièrement sur le sol américain. Avec Dogville, il s’essaye à une sorte de théâtre gigantesque (le film est tourné uniquement à l’intérieur d’un entrepôt) en se donnant pour mission d’exposer la suffisance humaine. Attention, film choc.

L’histoire : Dogville est une petite cité d’une quinzaine d’habitant située tout au bout d’une route déserte. Un jour, une étrangère, Grace, vient chercher refuge dans cette sympathique bourgade, en prétendant être poursuivie par des bandits. La population accepte donc de la cacher.

 

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Lars Von Trier frappe un très grand coup sur la nature humaine, même si celle-ci est loin d’être totalement pourrie. Tout d’abord, comme l’indique le résumé, la cohabitation entre l’étrangère et la communauté est tout d’abord pacifique et extrêmement plaisante. Tous les villageois sont gentils avec elle, elle se révèle d’une aide agréable et d’une fraîcheur qui met tout le monde de son côté. On assiste même à une histoire d’amour naissante entre elle et Thomas, le jeune intellectuel du village, passionné de sociologie. Mais ce climat idyllique est bientôt perturbé par une descente de la police d’état, qui avance une prime pour la capture de la fugitive. Et à partir d’ici, les relations avec les villageois commencent à se dégrader. En effet, une sorte de silence s’est abattu sur le village, chacun contemplant maintenant l’étrangère d’un autre œil. Nous l’avons caché, elle nous est bien redevable de quelque service. Ainsi, les villageois commencent à la toiser de haut, jusqu’à ce que l’engrenage infernal s’enclenche. Lors d’une descente de police, un ouvrier lui fait du chantage en nature pour ne pas la dénoncer. Et à partir de cet séquence, incroyablement dérangeante (les bâtiments n’ayant pas de murs (tout du moins pas de représentation physique, mais qui existent dans l’histoire), on assiste aux activités villageoises qui continuent comme si de rien n’était alors que nous ne perdons pas de vue le viol une seule seconde. Le quotidien de Grace change alors radicalement. Elle est enchaînée, exploitée par les femmes pour les corvées journalières et par les hommes pendant la nuit (y compris par ceux avec qui elle avait redoublé de gentillesse comme cet aveugle qui n’hésite pas à se joindre au reste des bourreaux pour récupérer lui aussi son « dû ». C’est incroyable, combien l’être humain peut arriver à s’auto persuader d’avoir du pouvoir sur un autre si son isolement le permet. Thomas lui s’affichera comme quelqu’un de totalement neutre et ne viendra jamais en aide à Grace, son occupation étant d’écrire un livre sur le comportement humain, et qu’il tient ici une expérience sociologique du meilleur cru. Le dénouement de l’histoire sera à la hauteur des atrocités qui y sont commises, la cruauté envahissant peu à peu le récit avec une sobriété qui n’est pas sans rappeler le style de Michael Haneke. Mais Lars se garde bien de donner une morale à son film. Là encore, il place son histoire sur un plan strictement individuel, ces atrocités étant commises à chaque fois sous la décision d’un individu (l’insistance constante sur les noms des différents protagonistes du village. Ce qui explique le sort misérable réservé à Tom, qui voulait à tout pris tirer une leçon de cette expérience sans avoir le recul nécessaire envers la victime de cette infamie. Dogville, véritable pamphlet sur l’égoïsme (à la manière de la nouvelle de Maupassant Boule-de-Suif), peut se vanter d’avoir l’impact d’un coup dans l’estomac, porté par des acteurs admirables (dont la belle Nicole Kidman transformée pour l’occasion en esclave domestique), et de faire vivre une pièce de théâtre qui n’aura jamais autant remué son spectateur. Scandaleux sur un registre sentimental, mais une première partie un peu longue à se mettre en place pourra en décourager certains. Mais quand même, quelle ampleur !

 

5/6

 

de Lars von Trier
avec Nicole Kidman, Paul Bettany

 

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  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.
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