Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 février 2012 7 12 /02 /février /2012 19:44

poster.jpg

 

Abel Ferrara est un réalisateur qui s’est confronté à pas mal de styles, de la SF parano (Body snatchers) au rape and revenge (L’ange de la vengeance), en passant par le drame-polar (Bad Lieutenant, chef d’œuvre ne faisant aucun doute). Etait-il donc bien surprenant de le voir s’attaquer au film de gangster, et de signer avec le King of New York un excellent film de gangster, porté sur la violence et sur l’ambiguité de ses protagonistes ?

L’histoire : après plusieurs années de prison, Frank White est accueilli par ses anciens amis gangsters, qui voient toujours en lui le King de New York. Ce dernier se remet aux affaires criminelles, en constatant combien le milieu a changé depuis son départ, et combien ses interventions risquent de faire de lui le nouveau maire de New York.

 

the-king-of-new-york-1990-3171-1638773663.jpg

 

Très intéressant exercice auquel se livre Abel Ferrara, puisqu’en nous faisant partir d’un postulat amoral, il parvient à renverser les valeurs établies par la société (policier/bandit). Toutefois, le film se garde bien de faire un éloge de quoi que ce soit, il se contente de bien dépeindre ses personnages et de faire constamment évoluer la situation. Ainsi, Frank White est campé par un Christopher Walken impérial, très à l’aise en gangster classieux, au sourire carnassier qui passe sans temps mort aux questions directes et aux décisions tranchées. Son personnage est en effet intéressant, puisqu’il établit une certaine hiérarchie dans le vice et s’impose des limites à ne pas dépasser (contrairement à ses concurrents maffieux qui ne se gênent pas pour exploiter des mineures ou recourir démesurément à la violence). Ainsi, avec ces « principes », Frank estime gagner sa vie en ayant la conscience tranquille, puisqu’il fait parallèlement participer une bonne part des excédents de ses forfaits dans des bâtiments administratifs. Scandalisé par exemple par la fermeture d’un hôpital en zone défavorisée, il ira jusqu’à emprunter à des concurrents de l’argents pour sauver le bâtiment de la faillite et poursuivre son fonctionnement. Ainsi, dans une société politiquement correcte où les inégalités sociales prennent peu à peu le dessus, Frank White devient le recours des pauvres, une sorte de Robin des bois qui se sert des vices (notamment auprès des riches) pour faire de l’argent qu’il réutilise en grande partie pour améliorer les conditions de vie des quartiers pauvres qu’il connaît. Solution expéditive, bancale, moralement ambigue, mais qui fait ses preuves et qui parvient à maintenir un certain équilibre. D’ailleurs, les personnages des voyoux seront souvent humanisées, comme par exemple celui joué par Lawrance Fishburne, qui apparaîtra régulièrement comme un véritable enragé, mais toujours capable de faire un petit geste gratuit et désintéressé pour une bande de gosses (pas grand-chose, mais c’est là). Quant aux flics, si leur point de vue est régulièrement justifié par leur frustration (ils n’ont aucun recours légaux, les avocats des maffieux bloquant toutes les procédures), ils apparaîssent vite comme un gang (leur caractérisation est identique à celle des gangsters), et leur acharnement à vouloir la peau de Franck sans qu’ils aient beaucoup remué auparavant tend à les rendre totalement antipathiques au fur et à mesure que le film avance. C’est simple, à partir du moment où ils décident de monter une attaque en mode « vigilante », ils basculent carrément du côté des méchants, liquidant sans merci pas mal de personnages auxquels on avait fini par s’attacher et s’aliénant d’un coup l’intégralité du public. Et parmis ces flics, on sera ravi de voir la bouille de Caruso (parfait ici en flic nerveux contrastant énormément avec ses performances dans la série Les experts Miami) et celle de Wesley Snipes, probablement ici dans son meilleur rôle en termes de qualité. Intrigue limpide, photographie agréable et colorée, The King of New York supporte très bien la comparaison avec d’autres films de gangsters et parvient à inverser subtilement les tendances manichéennes habituellement exploitées (c’est l’anti- Les Incorruptibles) en offrant un spectacle de qualité. Un film qui surprend, et agréablement en plus !

 

5/6

 

1990
de Abel Ferrara
avec Christopher Walken, David Caruso

 

18441599.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-20050808_114859.jpg

Partager cet article
Repost0
2 janvier 2012 1 02 /01 /janvier /2012 19:34

http://kino-on.com/uploads/posts/2008-09/1222086763_kinopoisk.ru-bad-lieutenant-615261.jpg

 

Abel Ferrara est plutôt connu pour son cinéma provoquant et violent, qui aime jouer avec son spectateur tout en libérant son contenu. Si il traitait du féminisme en faisant tirer une mannequin sur n’importe quel type dans la rue, il se livrait à une dénonciation de l’endoctrinement d’une ville fréquentée par des militaires dans Body Snatchers. Avec Bad Lieutenant, Abel Ferrara fait son Dirty Harry, en allant beaucoup plus loin, puisqu’il traite d’un flic pourri jusqu’à l’os. Un scandale certes mérité, pour finalement confronter moralité chrétienne au monde de la rue.

L’histoire : Le quotidien d’un lieutenant de police toxico, obsédé sexuel et pourri jusqu’à l’os. Un jour, il est amené à se pencher sur le cas d’une religieuse violée dans une église.

 

http://www.citizenpoulpe.com/wp-content/uploads/2009/06/bad-lieutenant.jpg


Clairement, Abel Ferrara ne cherche pas à nous ménager avec son personnage principal, qui s’impose immédiatement comme un des pires pourris qu’on ait pu voir au cinéma. Oubliez Thierry Lhermitte et Phillipe Noiret, on tient un poisson d’une toute autre espèce. Cherchant toujours un moyen de se faire du fric sur des scènes de crime, notre lieutenant varie son quotidien entre ses paris sportifs, ses petites magouilles, ses maîtresses et les drogues dures. En jonglant avec sa vie de famille (il est père de 2 enfants qu’il élève à la dure). Et malgré sa vie constamment dissolue (la façon complètement cynique qu’il a de voir sa vie et ses travers rajoute encore une couche d’hypocrisie sur le gâteau), il continue de se revendiquer chrétien, il va à la messe et se dit protégé par le Seigneur. Indubitablement, Ferrara cherche donc à l’opposer à la morale chrétienne, qui sera incarnée ici par une religieuse atrocement violée dans une église qui sera par la suite profanée. L’usage récurent de symboles chrétiens dans la mise en scène est d’abord intriguant, le film s’étant dès le départ engagé dans une voie amorale (voire douteuse si l’on en juge par certaines scènes choc du film : le chantage des deux adolescentes devant lesquelles notre lieutenant fera ce qu’il sait faire de mieux, scène autant absurde que traumatisante). Mais rapidement, on voit que notre héros se retrouve de plus en plus confronté à la morale qu’il transgresse tous les jours. Et que malgré une volonté naissante pour tendre à nouveau vers elle, il ne parviendra jamais à s’y conformer. D’abord par son mode de vie qui l’a toujours habitué à faire usage de la force (si il ne tue pas, son impulsivité le rend parfois très violent), et surtout par son incompréhension totale de cette dernière. C’est simple, au cours d’une scène réellement poignante, notre personnage pète tout simplement un câble en n’arrivant pas à comprendre comment une femme peut pardonner à deux hommes un acte aussi atroce que celui qu’elle a vécu. La rue prône la loi du talion, et pourtant, quelque chose qu’il ne respectait pas au début et qui a pris peu à peu de l’importance dans son esprit, se révèle carrément plus noble que de laver son honneur. Est-ce folie que d’agir de la sorte, ou serait-ce le début d’une rédemption ? Si on se réfère à l'ouverture du film (le père de famille agressif emmenant ses enfants à l'école) et à sa fin (l'inspecteur emmenant les deux violeurs à la station de bus), on penche vraiment pour la seconde proposition, bien que la situation ne dure pas. Le film préfèrera ne pas clore vraiment cette question par un plan séquence ma foi simple, mais efficace. Concernant le casting, rarement Harvey Keithel m’a autant impressionné. C’est simple : il est devenu sous mes yeux une des plus belles ordures qu’on ait pu voir au cinéma. Quant à la réalisation d’Abel Ferrara, elle est largement à la hauteur. Eclairage parfait (je pense beaucoup aux films de Brian de Palma techniquement parlant), bande originale qui recherche le décalage avec les situations filmées, quand elle ne cède pas au silence les séquences émotionnelles les plus fortes. Bref, on tient là un vrai petit bijou qui ne recherche jamais à imposer une vision moralisatrice et qui nous fera un portrait finalement complet d’un pourri dans son quotidien et dans ses vestiges de sentiments.

 

5/6

 

1992
de Abel Ferrara
avec Harvey Keitel, Frankie Thorn

 

http://cdn-premiere.ladmedia.fr/var/premiere/storage/images/cinema/exclus-cinema/actualites-cinema/bad-lieutenant-le-remake/11837756-1-fre-FR/bad_lieutenant_le_remake_image_article_paysage_new.jpg

Partager cet article
Repost0
5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 21:47

http://www.cinemagora.com/images/films/30/9530-b-l-impasse.jpg

 

Ayant une liste assez longue de polars à rattraper (merci Ze Ring !), je m’attaque tout de suite à un gros morceau avec l’Impasse de Brian dePalma (histoire de faire oublier l’affront de ma note pour Les Incorruptibles). Avec Al Pacino dans le rôle principal, le spectacle augurait du meilleur… Et on ne sera au final pas déçu devant ce spectacle toujours un peu classique (le film commençant par la fin, il impose d’emblée cette règle : une mécanique sûre qui va peu à peu entraîner notre personnage vers sa perte). Ca tombe bien : j’adore les mécaniques bien huilées, qui ne cherchent pas à révolutionner, mais à offrir un spectacle fonctionnel, cohérent, avec des enjeux et des situations dans lesquelles on s’intègrera parfaitement. En s’attaquant au problème de la récidive, Brian nous fait partager avec l’Impasse le destin d’un homme, scellé dès sa sortie de prison.

L’histoire : Carlito, un trafiquant de drogue emprisonné pour 30 ans, arrive grâce à son avocat Kleinfeld à sortir après 5 ans pour bonne conduite. A sa sortie, il compte réellement se ranger.

 

http://www.premiere.fr/var/premiere/storage/images/photos/diaporama/l-impasse/l-impasse-carlito-s-way-1993__15/4380378-1-fre-FR/l_impasse_carlito_s_way_1993_diaporama.jpg


Qu’il est bon de se retrouver en territoire connu… Après un Scarface mémorable, on sait que le duo dePalma/Pacino fonctionne à merveille, et comme ici ils ne tentent jamais de revenir vers ce succès, on pourra être relativement surpris par l’intrigue, sans pour autant perdre de vue la conclusion du film. L’enjeu, c’est de rester honnête. De ne pas replonger. Et à cette tentation, le film répond qu’il est simplement impossible d’y résister. Par la force des choses ou par manque de volonté, Carlito sera obligé de faire des concessions, de plus en plus grosses, qui lui attireront peu à peu des ennuis. Si les premières embrouilles sont gérées avec une volonté de fer (la séquence dans la salle de billard est un joli moment de suspense), les suivantes se font de plus en plus insidieuses. Avec notamment le personnage de l’avocat, un pourri de la pire espèce (qui a embrassé ouvertement sa profession pour le fric qu’elle lui rapporte), qui n’aura de cesse de le relancer vers ses anciens contacts. D’abord, s’occuper pendant quelques temps de la gestion d’un club. C’est peu de choses, juste gérer les clients et le personnel, et ça paye bien. Juste un mois, le temps de mettre un peu de fric de côté… Mais en acceptant ce poste, Carlito se met du coup à recroiser d’anciens trafiquants (et des nouveaux), qui ne cessent de le harceler pour bénéficier de son expérience de la poudre. La police étant sur ses talons (aiguillonnée par un mystérieux informateur), le moindre dérapage peut lui coûter sa liberté. Mais la mécanique ne commencera vraiment à devenir dangereuse qu’avec la déchéance de l’avocat, qui a peu à peu le dos au mur avec ses histoires de trafics d’affluences (il se charge de distribuer des pots de vins), qui l’amèneront à devoir se lancer corps et bien dans une opération illégale, et à entraîner avec lui Carlito, au nom du service qu’il lui a rendu. On ne spoilera pas plus l’intrigue de cette histoire savamment construite, qui nous brosse le portrait de pas mal de personnalités (avec quelques guest stars assez savoureuses : Viggo Mortensen notamment), en respectant toujours une logique parfaite, concluant dramatiquement sur son sujet en nous ayant offert d’excellentes séquences d’action (la course poursuite dans la gare, pour ne citer qu’elle). Al Pacino se révèle toujours aussi bon acteur, ici plus détendu que dans Scarface, et les visages qui l’entourent lui rendent la pareille, ce qui finit de peaufiner un film réalisé dans les règles de l’art. Evitant le manichéisme des caractères, L’impasse se révèle être une histoire de réinsertion ratée assez intéressante car ne perdant jamais le fil de son récit. En bref, dePalma est en forme, et toute son équipe avec lui. C’est bien simple, on en redemande !

 

5/6


1993
de Brian De Palma
avec Al Pacino, Sean Penn

 

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/36/32/05/18809440.jpg

Partager cet article
Repost0
8 octobre 2011 6 08 /10 /octobre /2011 11:41

http://www.filmsfix.com/wp-content/uploads/2011/07/Drive-film-poster.jpg

 

Avec Drive, Winding Refn gagne le prix de la mise en scène à Canne (de Niro et son passif des films de gangsters ne doit pas y être étranger). La critique est emballée, le monde attend fiévreusement la sortie de l'objet, qui a lieu le mercredi  5 octobre 2011. Les critiques sont dithyrambiques, tant du côté de la presse que du public. Ma qué ! Un thriller/action primé à Canne qui déclenche autant de bons sentiments, ça ne doit pas se rater. C'est aussi l'occasion de prendre un peu de recul et de comparer ce nouvel essai à la saga Pusher, La véritable contribution au film de gangster de Refn. Dépassionnons le débat et attaquons nous à ce qui pourrait être un film surestimé en cette année 2011.

 

L'histoire : Un homme travaille le jour comme réparateur dans un garage (en faisant régulièrement quelques cascades pour le cinéma), et fait régulièrement quelques coups le soir comme conducteur pour des braqueurs.

 

http://static.actu-cine.com/wp-content/gallery/photos-de-thrillers/drive-110511-08.jpg

 

Avec un script pareil, n'importe quel fan de cinéma serait susceptible de casser sa tirelire pour aller s'offrir une place pour une authentique séance 2D, où l'on va voir de l'action, de la violence, du cinéma dans le cinéma... Bref un spectacle qui promet de nous en mettre pleins les mirettes. Seulement, tout n'est pas parfait dans Drive. A commencer par son étiquette : Drive n'est absolument pas un film d'action. Jamais il n'y aura de l'action dans ce film. Il n'y aura au final que 2 courses poursuites, qui dureront chacune moins de 5 minutes. Un peu light pour l'étiquette action. En fait, les publicitaires ont eu la main un peu lourde et ont tenté d'en faire l'évènement de l'année (un film Cannois divertissant : le pactole !) alors que c'est simplement un bon film. Bon film, car les interprètes hauts en couleur du casting (Ryan Gosling, Carey Mulligan...) entrent merveilleusement dans la peau des personnages. Et à ce titre, on aura un magnifique aperçu de l'excellent travail de direction d'acteur de Refn. Limitant ses dialogues au strict minimum (son héros ne répond jamais quand il n'y a pas besoin, un sourire ou un silence suffisent), il rend son héros charismatique au possible, donnant une illustration on ne peut plus classique du beau mâle sincère et sensible, avec un tact qui fait littéralement fondre le public (les réactions dans la salle étaient éloquentes). La maîtrise de Refn se voit aussi dans l'image : ce film est tout simplement le plus beau de sa filmographie, supplantant les étendues froides d'un Valhalla Rising plastiquement parfait par une chaleur présente dans chaque plan. Magnifiquement éclairé, magnifiquement contrasté, magnifiquement cadré, ce film est un bonheur pour les amateurs d'objets bien fait. Pour simple exemple, une rivière polluée sur un coucher de soleil banlieusard devient un havre de paix pendant quelques minutes.  A vrai dire, ce qui m'a déçu dans ce film, c'est qu'il a été un peu trop vanté par la presse. Le scénario est moins dense que n'importe quel épisode de Pusher. Le résumé qu'on nous donne à l'entrée de la salle, il résume une heure de film. Les choses ne commencent à déraper (comme promis) qu'une heure après le début du film. Et pendant cette heure, on nous caractérise des personnages et on les fait gentiment interagir entre eux. C'est plastiquement beau, et permet d'exposer les sentiments de chacuns, mais on est loin de l'action promise, et encore moins du thriller. Le film est donc hétérogène dans son écriture, ce qui est dommage pour ceux qui connaissent la saga Pusher (et connaissent donc les capacités de Refn sur ce type de projet). Mais une fois cette introduction d'une heure écoulée, le film ne s'arrête plus. C'est un déluge de violence, des règlements de compte à tours de bras, de la virtuosité passant d'un calme total à un énervement qui impressionne. Drive arrive enfin, même si c'est pas au volant d'une bagnole (ne vous attendez pas à des scènes de conduites impressionnantes, le film les illustre à peine). Le visage dur du héros, dont on eut un bref aperçu du potentiel au cours d'un dialogue de bar de deux répliques, ressurgit comme un volcan et brûle tout le monde. Une histoire de mafia arrive sur le tapis, et tout le monde veut faire son ménage partout. Enfin, de la tension, des enjeux humains dramatiques (qui en une scène annihileront tous les tendres sentiments que l'heure précédente du film avait patiemment monté), et des scènes de boucheries à la hauteur de nos attentes (décharge de fusil à pompe en pleine tempe, barreau de douche dans la gorge, poignradage à la fourchette...). La violence pleut, et le héros silencieux devient un être impitoyable qui tentera de régler la situation aussi simplement que possible. Il a besoin d'un renseignement, il débarque chez le gars avec un marteau et lui explose la main avant de poser la moindre question. Des principes simples. Mais malheureusement, cette partie, la plus rythmée du film (pendant quarantes minutes, ça n'arrête pas), est aussi la plus basique. Si la violence surprend, l'histoire ne le fera vraiment jamais. Ce final, assez ambitieux dans sa forme (face à face final du grand méchant et du conducteur pour régler le problème), filmé sur le sol où l'on voit les ombres de nos personnages qui évoluent, débouche sur une fin un peu trop abrupte pour conclure. Ce qui est bien dommage quand on sait que chaque Pusher avait un plan final qui concluait parfaitement sur le sujet du film. Drive est donc un thriller un peu en demi teinte, dont les qualités formelles excellentes (l'image enterre n'importe quel block buster) parviennent à éclipser ses quelques défauts. Refn a fait du bon travail, parvenant à capter avec une précision millimétrée les émotions de ses protagonistes. Dommage que son film ait été un peu trop mis en avant, mais le spectacle reste largement convaincant pour justifier un aller en salles.

 

4.5/6

 

2011
de Nicolas Winding Refn
avec Ryan Gosling, Carey Mulligan

 


Partager cet article
Repost0
6 octobre 2011 4 06 /10 /octobre /2011 13:13

1390.jpg

 

affiche-Election-2-Hak-se-wui-yi-wo-wai-kwai-2006-1.jpg

 

Le film de Gangster possède plusieurs mètres étalons, les américains détenant le monopole avec quelques films de Scorcese (Casino, Les affranchis) et la trilogie du Parrain, chef d’œuvre du genre malgré des intrigues parfois légèrement trop complexes (difficile de se souvenir de toutes les personnes mises en jeu). Sergio Leone a fait son Il était une fois en Amérique. Et maintenant, les chinois nous ont offert Election, un diptyque appelé à devenir une référence tant il applique bien les règles du film de gangster à l’univers de triades à Hong Kong. Se focalisant à chaque fois autour de l’élection du président de la triade Wo-lun sing (élu pour un mandat de 2 ans), le film suit les méthodes des différents concurrents afin d’obtenir le poste tant convoité. D’abord avec une querelle entre Locke et big D (un avec des méthodes de voyou, l’autre utilisant des voies plus traditionnelles) puis entre Locke et Jimmy (l’un étant motivé par le pouvoir qu’il a goûté, et l’autre par le désir de pouvoir se lancer dans les affaires à l’internationale. Violents, les deux films le sont, et particulièrement le second, qui va très loin dans le domaine de la corruption d’un homme par désir de pouvoir. Des films honnêtes qui imposent un respect immédiat dès qu’on les a vu.

 

http://aparoo.files.wordpress.com/2011/08/election2-2.jpg

 

Election 1 : Ce film pose les bases de ce qui sera un diptyque mémorable, il s’impose donc de parler en détail de la triade Wo Lun Sing (on restera toujours au sein de cette dernière), notamment de son système de gestion, commandé par un délégué général élu tous les deux ans (c’est là que ce situe l’enjeu de l’élection). Il est élu par une assemblée de parrains, qui ont tous des affaires plus ou moins légales, et qui constituent le fond économique de la triade, permettant de financer et d’investir dans des compagnies plus « propres ». Presque un microcosme économique à lui tout seul, qui se sert beaucoup de la corruption pour parvenir à ses fins. Les élections commencent donc dans cette ambiance, avec deux candidats préférés au sein de la triade : Locke, un gangster plutôt fiable, sérieux et qui rapporte, et Big D, un gangster particulièrement riche qui a pour but revendiqué de présider la Wo Lun Sing. Ce dernier s’achète donc plusieurs parrains pour garantir son élection. Mais lors de cette dernière, c’est Locke qui en sort vainqueur, les plus anciens se rangeant de son côté. Big D manifeste son désaccord en tabassant plusieurs parrains achetés, et refuse de reconnaître Locke comme délégué de la triade. Locke ne peut de son côté guère réagir, car même élu, il ne possède pas encore le pouvoir, représenté par un sceptre de bois multicentenaire, transmis de délégué à délégué. La quête du film, c’est ce sceptre, qui est toujours caché par le délégué précédent, et qu’il faut par conséquent retrouver. Deux clans au sein de la même triade se retrouvent alors à la recherche d’un symbole de pouvoir, et la course finale pour la ramener à son maître sera particulièrement haletante. Avec un suspense très bien géré (excellent équilibre entre course poursuite, gun fight et armes blanches), Election est un thriller haletant, en même temps qu’une introduction dans le milieu du crime à Hong Kong. Porté par des acteurs vraiment convaincants, Johnny To montre qu’il est un artisan d’une grande valeur, aussi habile à décrire une lutte fratricide d’enjeux de pouvoirs qu’une bagarre à un contre six avec des machettes. Ayant un sens de perception de l’honneur ou du devoir qui sied vraiment aux caractères qui nous sont décrit, Election 1 frôle la perfection, et se retient comme un effort brillant du cinéma de Hong Kong. Parfait pour passer un excellent moment et voir un film de gangster différent de nos canons occidentaux. Une petite merveille.

 

4.5/6

 

2005
de Johnnie To
avec Cheung Siu Fai, Lam Ka Tung

 

18702720.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

 

Election 2 : Dans l’exacte continuité de son prédécesseur (ou presque : le mandat de Locke touche à sa fin au début du film), le film évite de nous refaire un remake du premier, en misant davantage sur la politique que sur l’action (on sera bien loin de l’infernale course poursuite du premier). Déjà en mettant sur terreau les ronces de la discorde (sur les cinq candidats au poste de délégué, tous sont des hommes de main de Locke (ce sont nos héros du précédent film). Seul candidat qui dédaigne se présenter : Jimmy, le favori de tous les parrains de la triade, qui a bâti son empire légalement avec du porno, et qui négocie une fructueuse affaire immobilière en Chine. Il tente de minimiser son implication dans la triade afin de ne pas perturber ses affaires légales. Dans ces conditions, Locke décide de se représenter, et fait clairement pression sur les autres candidats pour qu’ils le laissent gagner. Mais pour Jimmy, les affaires se gâtent. Son passé dans la triade ressort, et ses affaires sont interrompues par le chef de la police dans la zone où il s’apprêtait à bâtir une autoroute. Pour que le contrat soit applicable, Jimmy doit devenir délégué de la triade. Accéder au pouvoir pour pouvoir continuer ses affaires et se lancer de façon autonome. Mais Locke a pris goût au pouvoir et voit d’un mauvais œil ce changement d’avis brutal. Commence alors un jeu dangereux, Jimmy tentant de prendre l’avantage sur Locke, toujours délégué de la triade (qui envisagera même de s’auto proclamer délégué). Assassinats, pots de vins, escarmouches, les querelles reprennent de plus belle, et Jimmy ira très loin dans le sacrifice de ses idéaux pour pouvoir accéder à ce poste (et ironiquement s’en servir comme tremplin pour devenir honnête). Johnny To décuple la violence de son discours en montrant jusqu’où est capable d’aller Jimmy pour s’attirer le soutien de bandes de gangsters, en torturant à mort le chef de l’un d’entre eux, avant de le démembrer et de le faire bouffer par ses chiens (effet choc garanti). Allant vraiment très loin dans ses excès de violence, cet Election 2 va plus loin, montre des personnages beaucoup plus sombres, et se réserve une fin méchamment ironique qui prend totalement au dépourvu, anéantissant toute la quête de Jimmy et balayant ses espoirs de laisser derrière lui la triade dans laquelle il n’était entré que pour assurer ses arrières. Parfaitement tourné, au rythme soutenu et contenant de vrais moments de cinéma (comme son prédécesseur), Election 2 est un prolongement parfait, qui développe suffisamment le discours de son prédécesseur en s’éloignant des modèles occidentaux, ce qui en fait un divertissement très intelligent et infiniment plus satisfaisant que n’importe quel block buster sorti récemment.

 

5/6

 

2006
de Johnnie To
avec Louis Koo, Simon Yam

 

http://www.cinemastrikesback.com/news/films/election/1280-1.jpg

Partager cet article
Repost0
4 octobre 2011 2 04 /10 /octobre /2011 07:24

http://www.web-libre.org/medias/affiche-films/37d0b499fb84a552c17fcbb1442d7895.jpg

 

Ai vu le film suite à la critique dithyrambique de Ze Ring. Le dernier film de Sergio Leone, donc. Une œuvre définitive, qui clôt sa carrière dans un dernier cri d’amour au cinéma. On voit le film (ici, dans une version courte de 3 heures), et si on sent quelques coupures, on sent quand même que Leone était un géni du septième art. Avec une mise en scène très classique, un sens du drame adapté à chaque situation et une violence frontale, Leone fait une peinture crédible d’une jeunesse juive tentant de survivre dans un ghetto en pleine période de prohibition, puis de leur ascension dans le monde du crime organisé. Avec des brochettes d’excellents acteurs, voilà un spectacle qu’il ne faut rater pour rien au monde.

L’histoire : Nathan Aaronson, surnommé Noodles, revint à New York afin de récupérer de l’argent qui a mystérieusement disparu. Nous découvrirons aussi son histoire avec Max et d’autres enfants du ghetto dans lequel il vivait.

 

il_etait_1fois_amerique_photos1.jpg


Dès le début du film (qui s’ouvre sur la recherche de Noodles par des professionnels, qui tuent sa femme avant de torturer un de ses amis pour obtenir l’adresse de sa planque), on sent qu’on va avoir droit à un spectacle de qualité, car sans concessions (la violence foudroie dès qu’elle apparaît, on regrettera juste un sang parfois un peu trop « peinture ») et filmé avec une mise en scène qui en impose. Avec un casting aussi fourni que Robert e Niro, James Wood, Joe Pesci, Burt Young, Elisabeth McGovern…, on s’attend à un enchantement de tous les instants. Et c’est ce miracle qui se produit. Procédons par ordre chronologique. L’enfance de Noodles est une partie particulièrement intéressante du film, car retranscrivant admirablement l’ambiance d’un ghetto juif en pleine période de prohibition. Les conditions sont précaires, l’enfance se déroule dans la rue, où les gamins apprennent par eux même (et tombent facilement dans l’illégalité), l’amoralité fait loi… Les temps sont durs et le spectateur croit à ce qu’il voit. C’est surtout pendant cette période que le réalisateur pose les bases des icônes qu’il va faire peu à peu évoluer. Noodles veut devenir quelqu’un, à la fois pour satisfaire ses ambitions personnelles, mais aussi pour séduire une fille dans son proche entourage, danseuse qui le laisse l’observer pendant ses exercices de danse. Leur relation, plus complexe qu’il n’y paraît (et qui perdurera jusque dans les années mûres de notre personnage), occupera une bonne part du registre sentimental qui nous sera délivré par le film, étant une grande source de frustration pour notre personnage central. Parallèlement à cette intrigue amoureuse, on suivra aussi les progrès de Max, Noodles et de trois autres jeunes garçons qui envisagent de plus en plus leur carrière professionnelle dans le monde de la contrebande. Commençant sobrement par fait chanter un flic, ils commencent peu à peu à agir dans le milieu, ce qui n’est pas du goût de la bande déjà en place. Avec un parcours aussi tragique que réaliste, on suit cette bande d’amis sur de nombreuses années, jusqu’à leur passage à l’état adulte (la sortie de prison de l’un d’entre eux) et leur réelle carrière dans le milieu. Faisant constamment évoluer l’intrigue, Leone fait preuve d’un réel souci de détail, qui frappe par sa justesse (notamment lors du nouveau face à face entre Noodles et son aimée) et son authenticité. Si les femmes resteront surtout cantonnées au registre sentimental ou purement sexuel, leur présence dans le film marque, chacune y jouant un rôle capital. Le grand intérêt du film, c’est qu’il nous permet de suivre nos protagonistes pendant toute une vie. Et peu de films se sont employés à le faire, la préparation d’un tel projet relevant du cauchemar technique (ce film a nécessité 15 ans de préparation et de tournage). On a l’opportunité unique de suivre un parcours de gangster depuis une jeunesse jusqu’à un âge mûr où le bonhomme, mûri, peut jeter un regard sur sa vie. Avec un dénouement qui se permet un dernier rebondissement avant de nous quitter sur une note ultra nostalgique, le film se conclut merveilleusement bien, conscient de nous avoir donner une fresque gigantesque que nous contemplerons pendant encore bien des années. Seul reproche que je puisse faire : mon édition dvd ne montrant que la version cinéma de 3 heures, on sent par moments de grosses coupures. Plusieurs dialogues qui s’enchaînent mal, quelques ellipses qui ne favorisent pas la compréhension immédiate (la mort de Max est par exemple une grosse déception, étant simplement rapportée par un second rôle alors qu’il était clairement le personnage le plus important du film). Les coupes sont donc trop nettes pour passer, mais le spectacle a su conserver assez d’ampleur pour nous régaler d’une vie entière. Un vrai travail, c’est indéniable, et un numéro d’acteur si bien exécuté qu’il rejoint immédiatement les scorcese dans ma liste des meilleurs films de gangsters.

 

6/6

 

1984
de Sergio Leone
avec Robert De Niro, James Woods

 

19748142.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

Partager cet article
Repost0
4 octobre 2011 2 04 /10 /octobre /2011 07:19

http://a-maze.fr/cine-pizza/img/visuels-films/lesincorruptibles_984.jpg

 

Après Scarface, Brian de Palma s’essaye au film de gangster classique avec Les intouchables, un suivi assez poussé de la lutte d’Elliott Ness contre Al Capone et son syndicat du crime. En nous peignant une fresque classique, le réalisateur fait preuve d’un classicisme un peu étonnant au vu de son style (voir sa période thriller pour s’en convaincre, ses films sont plutôt novateurs en brisant les clichés), et si sa présence technique est indéniable (travelling bien gérés, excellente reconstitution d’époque…), l’âme semble beaucoup moins agressive qu’avait su l’être un Scarface. Retour sur un monument présenté comme un classique, mais qui n’en aura jamais vraiment l’étoffe.

L’histoire : la lutte sans répit d’Elliot Ness contre Al Capone et son organisation.

 

http://images.allocine.fr/medias/nmedia/18/36/11/15/18453578.jpg


Un pitch simple, efficace, et qui laisse le champ libre à bon nombre d’éléments pouvant faire de ce nouveau film de gangster une réussite du genre. On sent vite que DePalma veut attirer notre attention sur le basculement progressif de son héros dans la violence, ses méthodes légales se révélant inadaptées (la corruption de la police fait échouer toujours ses grosses tentatives), et formant une bande répliquant au coup par coup avec une violence égale à celle des hommes d’Al Capone. Un récit qui pouvait se présenter comme un dilemme… mais qui échoue à créer la dimension dramatique que le sujet appelait. Le classicisme est tel que le spectateur est obligé d’adhérer au point de vue des policiers (les vrais héros du film, ce sont eux), et de voir la situation sous un angle manichéen au possible.  Cependant, le spectacle n’est jamais décevant à voir. Avec des décors convaincants et une reconstitution d’époque plutôt à la hauteur, le projet tient tout à fait la route. De plus, on remarquera quelques saillies du style de DePalma, qui n’a décidément pas son pareil pour créer du suspence. Avec deux travelling sans interruption (la préparation d’un coup bas et l’entrée d’un assassin dans un appartement) et une gun fight dans un escalier au ralenti (rappelant l’excellent Cuirassé Potemkine), le réalisateur s’offre des séquences efficaces et plusieurs hommages aux films de far west (l’attaque du convoi). Le classicisme a aussi du bon. Le casting trois étoiles avec Connery, Costner et de Niro n’est pas là pour déplaire, ces figures étant plutôt rassurantes. Rien à redire sur la performance de Costner, qui joue les jeunots intrépides qui doivent peu à peu abandonner leurs illusions pour devenir vraiment efficaces. On regrettera seulement que l’aspect dramatique de son personnage soit beaucoup trop atténué, le discours sur son progressif basculement dans la violence étant totalement écrasé par la notion viscérale de légitime défense. Celui qui remportera l’adhésion de tous, c’est Connery. Réussissant à cabotiner avec une classe admirable, on a vraiment l’impression d’avoir un flic américain en face de nous, droit dans ces bottes et toujours prêt à nous lâcher une bonne réplique en tenant en joue ses adversaires (« C’est bien les ritals, ça ! Amener un couteau pour un duel au fusil ! »). Rayonnant, sa présence nous marquera encore bien après sa sortie. Et enfin, la cruelle déception, c’est de Niro. On se rappelle sans peine quelle classe il avait dans Casino, ou encore Les affranchis. Il sait parfaitement jouer les parrains de la pègre, et avait la carrure nécessaire pour camper un Al Capone impérial. Et bien non. Il sera réduit pendant tout le film au rang de guest star, intervenant de ci de là pour faire son petit numéro, ultra prévisible. C’est un gangster sans foi ni loi, presque aussi enragé que le cubain Scarface. Dès qu’il sort une batte de base ball, on sait qu’il va buter un mec avec. Il se dit humaniste ? On montre son équipe poser une bombe la séquence qui suit. Totalement manichéen et voué à être ridiculisé en fin de film, c’est le méchant de pacotille le plus décevant que j’ai eu l’occasion de voir ces derniers temps. Grosse déception donc, le monde des gangsters étant relativement peu exploré. Au final, le film se révèle fréquentable, avec quelques sommets de suspence, mais le spectacle attendu est en deçà de ce que l’on pouvait attendre d’un cinéaste comme dePalma. Allez, c’était sympa, mais pas de quoi en faire un drame non plus.

 

3/6

 

1987
de Brian De Palma
avec Kevin Costner, Sean Connery

 

les-incorruptibles-1987-5426-982577801.jpg

Partager cet article
Repost0
19 juillet 2011 2 19 /07 /juillet /2011 07:27

aff11.jpeg

 

http://images.fan-de-cinema.com/affiches/policier/ocean_s_12,2.jpg

 

http://images.fan-de-cinema.com/affiches/policier/ocean_s_thirteen,2.jpg

 

Soderbergh a toujours été un réalisateur perfectionniste, qui aime bien lécher ses films afin de ne laisser aucune aspérité gâcher ses confections. Si ça fonctionnait parfaitement avec l’excellent Kafka (un film certes auteurisant, mais magnifiquement réussi car reproduisant fidèlement les messages et les ambiances de l’auteur), qu’en est il de ses films qui sont prévu pour un plus grand public ? J’en par là bien sûr la saga des Ocean’s, qu’on m’a toujours présenté comme un must de la série des films de gangsters. Après vérification, on peut dire… que non.

 

http://image.toutlecine.com/photos/o/c/e/ocean-s-eleven-2001-08-g.jpg


Ocean’s Eleven : Intéressant de commencer sur de bonnes bases. Le film se présente en effet comme une honnête entreprise au départ, en présentant George Clonney comme un braqueur né, embobineur à souhait, qui dès sa sortie de prison recommence à magouiller pour retrouver son ancienne vie de luxe. A ce propos, on remarquera combien les enjeux moraux sont vite évincés de la course, car il risquerait de ternir l’image de nos héros (si c’est pas dommage, ça !). Bref, passons sur l’amoralité et concentrons nous sur le casting. C’est carrément du pur premium, affichant des glorieux noms comme Pitt, Damon et Clonney ! Là, Soderbergh ne fait pas les choses à moitié et montre de bonnes ambitions pour nous offrir un spectacle à la hauteur. Mais voilà : le spectacle, on l’attend un peu quand même. On assiste à la planification d’un gros coup. Il faut donc récolter un maximum d’informations, et ça prend du temps. Pendant ce temps, Pitt et Clonney se constituent leur équipe comme dans les missions impossibles, Cruise en moins. Une fois le braquage engagé, ça devient intéressant, une sorte de petit suspense commençant vraiment à prendre. Moi, je me foutais un peu des braqueurs (ce que Soderbergh ne voulait absolument pas, tant il prend de temps et de peine à les caractériser) et de leurs dialogues sympathiques, je voulais du suspense en plus d’un petit goût pour l’aventure. Ca arrive enfin lors de la deuxième moitié, avec quelques séquences de suspense amusantes et un twist attendu mais efficace. Alors oui, les personnages ont la classe. Ils en mettent d’ailleurs pleins la vue, ayant rarement l’occasion d’interpréter des personnages aussi cools. La mise en scène efficace, la photographie de qualité sont autant d’arguments techniques convaincants pour la défense du film. Mais quand même, y avait-il besoin de faire un tel ramdam autour de ce projet ? C’est bêtement un film de braquage, pas plus intelligent, plus soigné ou plus jouissif que les autres ! C’est un travail honnête avec un casting compétent, mais ça ne va pas vraiment plus loin. Pour ma part, je trouve le film moyen, bien qu’il reste de loin le plus sobre de la saga.

 

3.5/6

 

de Steven Soderbergh
avec George Clooney, Brad Pitt

 

10.jpg

 

Ocean’s twelve : Alors toi, je ne vais pas te rater. Incontestablement, on tient ici le pire film de la saga, pour ne pas dire de la filmo de Soderbergh (avec le chiantissime Girlfriend experience). Il reprend les ingrédients du premier épisode, mais il en multiplie certains aspects à puissance 1000, ce qui crée des scènes monstrueuses, tant en bien qu’en mal. De mon point de vue, c’est plutôt en mal. Reprenons le casting. Déjà, on retrouve notre oiseau plumé du premier film, qui compte bien ici récupérer son pognon à tout prix. Mais si ce point de départ pouvait se révéler amusant, il sera bien vite esquivé pour préférer une nouvelle direction infiniment plus prétentieuse que le premier volet : le vol et le trafic d’art. Et qui voit-on arriver sur son beau bateau les cheveux flottant au vent ? Cassel en personne, un braqueur français qu’on va se faire un plaisir de ridiculiser, car les meilleurs braqueurs sont les américains. Dès son apparition (où il cabotine comme un forcené), on sent que le film va partir en cacahouète dans une surenchère stupide de braquage. C’est peu de l’écrire, les enjeux se révélant d’une bêtise inversement proportionnelle au degré de sophistication abrutissant des astuces déployées pour assurer le spectacle. Hologrammes improbables, copies, coffres forts hyper sophistiqués, tout y passe, sans que l’immense surenchère parvienne à impressionner votre critique décrivant fébrilement son ressenti. A vrais dire, le comble, c’est quand Cassel fait son braquage en dansant du hip-hop en rythme au milieu des lasers de la pièce, inscrutés dans pas mal d’objets d’arts du musée. La scène, d’un ridicule égalant la prétention, achève définitivement le peu de sérieux qu’on pouvait prêter au film, en en faisant définitivement u n block buster de casting purement ludique où le mieux payé sera celui qui cabotinera le plus. Comme on l’attendait, le français se fait avoir comme une merde (on sentait venir le coup trente minutes à l’avance) et nos héros gagnent encore une somme mirobolante en prime, vu qu’ils ont fait ça surtout pour prouver on ne sait quoi aux français. Bref, ce film, il faut le regarder comme un divertissement régressif injustement complexifié, avec des gags cools rapidement insupportables et des stars qui n’en font qu’à leur tête. Soderbergh, tu as gâché ta saga en beauté.

 

1/6

 

de Steven Soderbergh
avec George Clooney, Brad Pitt

 

http://www.blackfilm.com/i3/movies/o/oceans12/006_l.jpg

 

Ocean’s Thirteen : Lors de l’opus précédent, je m’étais farouchement opposé au cabotinage omniprésent des acteurs. J’aurais dû préciser : « cabotinage omniprésents des acteurs qui ne sont pas intéressants en l’état ». En effet, ce nouvel opus, encore moins sobre que son précédent, est parvenu à remporter mon adhésion à l’aide d’un seul acteur : Al Pacino. Ce dernier se livre à un vrai numéro de cabotinage en magnat de l’immobilier de luxe et directeur de casino obnubilé par le détail, et dont on aura droit à toutes les frasques pendant une bonne demi-heure sur les deux longues heures du film. Son charisme fait feu de tout bois et il déchaîne vraiment notre hilarité avec ses perpétuelles frasques sur le monde du luxe (le portable en or  est une idée assez intéressante, certains modèles de portables atteignant eux aussi des coûts aussi scandaleux). Au niveau du casting, on se lâche à fond, en reprenant bien sûr nos précédents héros et leur refilant une nouvelle équipe de cabotins sur les bras. Heureusement qu’Al Pacino les éclipse un peu parce que sinon, c’est vraiment pas la joie. Particulièrement pour Don Cheadle, qui ne peut pas s’empêcher de faire son mariole de service en face d’un Pacino bien plus crédible que lui. On ne parlera même pas du plan, totalement foireux et tournant totalement au ridicule (maintenant, on utilise une foreuse d’une centaine de tonnes pour déclencher les alarmes du building… Sans commentaires). Y a pas à dire, le projet se vautre complètement dans le portnawak en essayant de se rendre sympathique auprès des joueurs, enchaînant les dialogues humoristiques faisant interagir les stars avec des saynettes de gentil banditisme sensées préparer le plan final. L’apparition guest star de Cassel ne dépareille pas avec l’ensemble du film. Il passe simplement pour avoir à nouveau l’air con, en se faisant entuber de la même manière que le film précédent. Nos héros s’assoient d’ailleurs à nouveau sur la moralité en s’engageant auprès de leur ancienne victime, et en ruinant totalement un magnat du grand luxe… en se remplissant les poches pour à nouveau mener une vie luxueuse. Qu’il est plaisant d’avoir des fins de la sorte. Au bord de la contradiction, j’aime décidément ce film qui contient dès lors tous les excès et les dérives qu’un tel projet pouvait susciter. Les designs luxueux de l’hôtel sont d’ailleurs assez appréciables, les décors étant alors d’un raffinement enfin digne de la direction de Soderbergh. En résumé, c’est le plus outrancier des films de la saga, mais aussi un des plus attachants. En faisant la somme, on tombe pile sur la moyenne !

 

3/6

 

de Steven Soderbergh
avec George Clooney, Brad Pitt

 

45.jpg

"Me boss, you not !"

Partager cet article
Repost0
6 mai 2011 5 06 /05 /mai /2011 14:41

http://media.zoom-cinema.fr/photos/2147/_thumbs/affiche_jpg_500x630_q95.jpg

 

Le film de braquage possède une recette qui, pour être réussie, doit être étudiée avec beaucoup de soins. Elle doit tenir compte d'un minimum d'enjeux, notamment pour ce qui concerne les questions éthiques, les valeurs des personnes qui vont enfreindre la loi, et des pléiades de trucs pas divertissants pour les masses mais qui pourraient rendre le film moral (ou amoralement acceptable). Que les fans se rassurent, ce n’est pas le cas ici. Attention, cette critique est agressive.

Personne ne pourra le nier, le film à gangster de notre époque ne brille que pour une chose : le casting. Impossible d’imaginer un casse sans y faire participer une célébrité, locale ou pas. Le respect du public se gagne aux noms inscrits en gros sur l’affiche, et là, Braquage à l’italienne fait très fort. Wahlberg, Theron, Norton… Une palenque d’acteurs connus et d’origines diverses, tentant de diversifier le cœur de cible du film (avec Seth Green pour les geeks, c’était quand même risqué). La trame principale est vite balisée : braquage foiré, pognon centralisé dans un gros coffre imprenable paumé dans un lieu inconnu. C’est qu’il va falloir faire un plan maintenant ! On nous sort le grand jeu habituel, les persos aux postes classiques (le baratineur, l’ouvreuse de coffre, le chef…). Le scénario ne s’embarrasse pas d’ailleurs de la cohérence, puisque ces criminels de profession, d’une complète amoralité, respecte un certain code d’honneur, qui n’est compréhensible que d’eux pour peu qu’on se mette à y réfléchir (faut respecter les femmes et l’honneur, et gagner du pognon coûte que coûte en évitant de penser aux autres répercussions que celles qu’il y aura sur mon compte en banque).

Comprenons nous bien. Je pousse ma gueulante sur ce film, mais je pourrais faire les mêmes reproches à un grand nombre d’entre eux, le pire de tous étant le pourrissime Ocean’s twelve, véritable commande commerciale puante calibrée pour être cool. A ceux qui me reprocheront alors de critiquer ces films ainsi et de louer les films des années 80 (qui sont pires sur les plans moraux), je répondrai que le contexte était nettement plus politiquement incorrect. Et que ces personnages n’étaient pas voués à être forcément cool. Mais cette espèce de complicité qui tente de s’installer avec ces gangsters et nous me fout la gerbe. Ils ne servent rien d’autre que leurs intérêts personnels et n’ont aucune vocation à devenir les nouveaux héros d’une génération. Combien de fois ai-je entendu que Braquage à l’italienne est un super film ?

Fin de la digression puritaine. Les scènes d’action sont plutôt réussies, lisibles malgré quelques passages montés un peu trop rapidement. Classique chez nos productions d’action récentes, mais quand même efficace. Les acteurs ont l’air de vraiment se plaire dans cette histoire, qui est tout à leur honneur, et témoignent donc de performances de jeu acceptables. C’est une histoire de braquage assez conventionnelle, mais qui fonctionne bien et qui nous offre quelques moments d’action bien senti (le braquage du départ est à ce titre plutôt amusant). Le tout se clôt par la victoire de nos héros, qui s’étreignent amicalement en se félicitant alors qu’Edward Norton est entraîné dans un coin du hangar pour être découpé en morceaux par ses associés. Il s’est fait baisé, on va le faire disparaître et tout le monde est heureux. C’est assez amoral, mais que voulez-vous, c’est cool, quoi… Divertissement garanti !

 

2/6

 

De F. Gary Gray

Avec Mark Wahlberg, Charlize Theron

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de voracinephile
  • : Le cinéma en grand, comme je l'aime. Points de vue, critiques, discussions...
  • Contact

Profil

  • voracinephile
  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.
  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.

Recherche