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31 mai 2013 5 31 /05 /mai /2013 13:08

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Autant le dire tout de suite, je ne suis pas un grand fan du cinéma de Mr Ozon. J’ai pour ainsi dire détesté Potiche, et n’ayant pas vu d’autres travaux de sa part depuis (à l'exception de Ricky, quelconque malgré des acteurs qui s'appliquent...), j’étais assez mitigé. Jusqu’à ce Dans la maison, qui propose un thriller hors des sentiers battus, intéressant quoique vraiment, vraiment embourgeoisé.

L’histoire : un professeur de français dans un lycée public, atterré par la médiocrité du niveau de ses élèves, tombe sur une étrange copie, parfaitement rédigée, qui décrit l’envie d’un élève de pénétrer dans la maison d’un de ses camarades. Au fur et à mesure des rédactions, il décrit son infiltration dans la maison en question ainsi que ses appréciations sur la famille qui l’habite.

 

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Dans la maison est un thriller inattendu, parce qu’il se déroule en milieu scolaire, et qu’il cerne avec une certaine justesse certains rapports entre professeur et élève. Il est primordial de noter que le personnage de Lucchini est parfaitement utilisé dans le rôle du professeur de français. Ceux qui lisent ce blog le savent, pour les autres, je maintiens que je déteste Lucchini, que j’ai trouvé insupportable dans TOUS les films où il joue. Ses mimiques exagérées, ses intonations démesurées, sa réputation assez hallucinante… Bref, c’est une allergie. Or ici, le professeur absorbe très bien toutes ces manies, elles vont bien avec le personnage, y compris pour ses défauts. Le spectacle en devient donc plus tolérable, l’acteur évitant également dans faire trop comme à son habitude. Ici, on s’attache donc à une relation écrite, l’élève écrivant son histoire par copies interposées et le professeur lui donnant ses avis sur le style, mais ayant bien conscience d’avoir une fenêtre voyeuriste (et orientée, l’élève en question notant des appréciations sur chaque personnage, traitant son camarade de médiocre exécrable ou encore sa mère de petite bourgeoise) sur une vie de famille qu’il ne connaît pas. Le film est assez intelligent pour jouer là-dessus, orientant le professeur quand il s’adresse aux membres de cette famille et le précipitant peu à peu dans la tourmente, ou encore lors d’un coup de stress avec l’absence du camarade en cours… Il y a donc quelques bonnes idées dans ce film, et un petit romantisme dans la seconde moitié, quand notre élève tente de séduire la mère de son camarade. Toutefois, le film se révèle aussi choquant qu’avait pu l’être, en son temps, Le Moine de Dominik Moll. C'est-à-dire que ce n’est pas particulièrement offensant, mais qu’il y a une petite volonté de choquer quand même, histoire que la ménagère se dise un peu heurtée, mais pas de trop (d’où le côté un peu embourgeoisé que je pense ressentir : on fait les choses à moitié). L’œuvre n’est pas totalement psychologique ni totalement romantique (le côté thriller donne heureusement un petit dynamisme à l’ensemble), insistant un peu trop sur ses dilemmes moraux (c’est verbeux) et ayant recours à de grosses ficelles parfois inutiles (la petite tentative de coming out du camarade, rebondissement dramatique attendu et totalement inutile) pour donner de l’étoffe à ses personnages secondaires, Dans la maison est aussi laborieux, il peine à réellement trouver un fond dense, alors, il comble avec des détails. La thématique du retour à l’uniforme imposé est un exemple parmi tant d’autres (la galerie d’art moderne en est une autre) de ce phénomène, où le film (se) cherche de petits combats ou dilemmes pour enrichir un peu un contexte finalement léger au vu du sulfureux amour qu’il projetait pourtant de mettre en scène. Relativement peu offensif malgré un final dégradant pour l’enseignant, Dans la maison est un cas étrange du cinéma de 2012, un thriller émoussé mais curieux, qui construit d’intéressants personnages sans avoir beaucoup à dire, et qui veut choquer en se retenant un peu quand même.

 

3,3/6


2012
de François Ozon
avec Fabrice Luchini, Ernst Umhauer

 

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27 mai 2013 1 27 /05 /mai /2013 15:02

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Avec Traqué, William Friedkin donne dans le thriller violent, sous un angle plus divertissant que ne le sont d’habitude ses productions. En s’offrant un casting digne des grands thrillers, il marque déjà un bon point, et c’est en dévoilant peu à peu ses ingrédients qu’il se révèle être à la hauteur de ses modèles, parvenant à apporter suffisamment de fond pour soigner ses personnages et une intensité qui ménage des scènes de suspense qui ne faiblissent pas sur la longueur…

L’histoire : Après la guerre du Kosovo, un membre des troupes d’élite américaine se change en machine à tuer, qui décime les chasseurs d’une région forestière. Son ancien entraîneur, traqueur de profession, est contacté par le FBI pour retrouver sa trace.

 

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Traqué, c’est donc une histoire classique entre le maître qui doit affronter l’élève réticent, plus jeune, plus vigoureux, mais n’ayant pas les années d’epxériences ni la sagesse. Le coup classique en somme, d’ailleurs, l’allusion à Abraham dans l’introduction ne surprend absolument pas, plantant le décor avec un certain humour, mais disparaissant heureusement pendant le récit (en dehors d’un marque page, aucune dimension religieuse superflue). C’est alors qu’on pénètre dans le monde de Traqué, et que l’on découvre notre futur traqué en plein enfer du Kosovo. La scène de bataille, dantesque, enchaînant les exécutions sommaires sur les charniers, cite encore une fois Apocalypse now pour la folie qui anime les combats, brutaux. Une mission d’assassinat pure et simple, sans secours pour les civils se faisant massacrer par l’armée, et voilà que notre machine à tuer commence à perdre les pédales. Ce qui est intéressant, c’est le soin que place Friedkin à nous faire partager son état d’esprit, par l’intermédiaire de flashs halluciné où des images de cadavres se superposent à sa remise de médaille, ou de réflexions placides sur la société de consommation, débitées par un Benicio del Toro au regard vide approprié. Sans compter sa façade humaine qu’il préserve en conservant pour attache une mère de famille et sa gamine, pour lesquelles il tente d’incarner une présence masculine responsable. Pour le traqueur, Friedkin prend Tommy Lee Jones, lui donnant une étoffe de pisteur travaillant en parc naturel, et ayant travaillé comme entraîneur pour l’armée afin de former des soldats d’élites prévus pour des missions de nettoyage. Un personnage sobre, mais l’intelligence du montage relevant sans cesse de petits détails plante assez bien ses dons de traqueurs, et augure donc du meilleur pour la suite. Question violence, ça saigne souvent, notre machine travaillant, comme Rambo, avec un coutelas bien affuté. Mais c’est l’efficacité de rythme des traques qui rend le film si palpitant. Les deux personnages ne se ratent jamais, ils ont souvent l’occasion de se confronter, et dans chaque cas, les duels au couteau sont d’une intensité (et d’une lisibilité) bluffante. Le film use d’ailleurs des pistes qui sont rarement exploitées, par exemple avec l’arrestation rapide de notre psychopathe, mais commençant à faire entrer la politique dans l’affaire de justice… On retiendra surtout ce film pour les excellentes scènes de poursuite, et pour des duels au couteau qui tiennent vraiment leurs promesses. Avec en prime un vrai climax physique dans le dernier acte, qui met un point final à l’affaire comme on l’apprécie au cinéma. Sans prétentions, divertissant et brillamment mené, Traqué est un thriller intègre qui se révèle à la hauteur des canons du genre. Une vraie bonne surprise.

 

4,5/6

 

2003
de William Friedkin
avec Tommy Lee Jones, Benicio Del Toro

 

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28 avril 2013 7 28 /04 /avril /2013 08:59

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Masks, en dépit de sa facture technique ultra old school, est un thriller allemand sorti en 2011, qui joue lui aussi la carte du vintage giallesque, mais sans le recul que pouvaient avoir Cattet/Forzani ou la nanardise généreuse de Gaillard/Robin. Jouant la carte du divertissement sérieux, le film prend donc de nombreuses libertés avec le monde du théâtre, et se démarque petit à petit du Suspiria qu’il singeait à ses débuts.

L’histoire : Une actrice débutante handicapée par son physique de bimbo décide de prendre des cours dans une école de théâtre réputée. Lorsqu’elle arrive sur place, elle est confrontée à l’hostilité des élèves et au mystère qui entoure la méthode de formation des acteurs de l’école. Une des élèves disparaît alors.

 

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Masks est un film qui joue effectivement avec les codes des giallos, mais qui a aussi bien saisi quels étaient les fondements de l’univers qu’il se propose d’illustrer (le théâtre), et qui s’amuse à les développer jusqu’à un point inimaginable, rendant gloire en quelque sorte à la difficulté du métier d’acteur (ce qui est brillamment sous entendu par l’introduction vicieuse). Tout d’abord, l’actrice principale, exemple typique de la blondasse caucasienne, n’est pas attachante pour sa simple allure et son look, qui font immédiatement d’elle un cliché superficiel. C’est pourtant l’héroïne du récit, et c’est en quelque sorte ce combat contre le cliché qu’elle véhicule malgré elle qui occupe bientôt l’écran. Un parti pris plutôt audacieux(les fans d’horreurs n’apprécient généralement pas ce genre de cliché) qui fonctionne finalement bien et qui met en valeur l’implication de l’actrice dans son rôle, de plus en plus éprouvant au fur et à mesure que se développe le film. Les cours de théâtre sont dispensés avec un certain intérêt, toujours tournés vers l’hypersensibilité, l’oubli de soi et la fusion totale avec son personnage. La séquence du port du masque en est une illustration amusante quoique très théorique. On préfèrera plutôt le petit documentaire sur la fameuse méthode de formation des acteurs, qui en quelque sorte, détruisent leur personnalité pour rester des individus « vierges », aptes à rentrer dans n’importe quel rôle et à y ressentir les sentiments du personnage avec autant d’acuité que ce dernier. Les sentiments sont sincères, et l’ambition de la méthode est donc de réussir à faire mentir les sentiments d’individus. Les acteurs ne sont pas fiables, ils apprennent à tricher avec leurs sentiments, chacun avec ses petits trucs (les pleurs notamment), et Masks en fait l’apologie, en fait l’ultime but à atteindre, à n’importe quel prix. Derrière cette passionnante ambition sévit un tueur giallesque désireux de garder le secret de la méthode, et trucidant tout ceux qui pourraient vendre la mèche. Journaliste trop curieux, élève prise de remords… Le tout avec une arme peu courante (un fleuret bien pointu) et une mise en scène efficace. L’esthétique également soignée de l’ensemble du film en fait un divertissement aussi inattendu qu’attachant, une fois qu’il révèle enfin ses intentions au grand jour. Malheureusement à mon goût, il ne se satisfait de cette géniale ambition, et part dans un délire complètement bis (qui explique enfin la présence d’un journal communiste dans le générique) qui sombre dans le grand guignol. J’apprécie d’habitude, mais ici, je ne suis pas très convaincu. Il n’en reste pas moins que Masks est une truculence sympathique, un film sorti de nulle part et qui fonctionne assez bien pour la fibre nostalgique qu’il explore. Une bonne copie.

 

4/6


2011
de Andreas Marschall
avec Peter Donath, Stefanie Grabner

 

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7 avril 2013 7 07 /04 /avril /2013 12:10

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247 degree fahrenheit est un petit thriller sorti dans un anonymat total, et qui risque fort d’y demeurer si personne n’en fait la chronique. En même temps, il faut préciser que ce thriller, lorgnant vers Buried pour le côté claustro, se révèle assez prévisiblement être un thriller mou où il ne se passe rien et où ce rien est sensé susciter la tension.

L’histoire : Une bande d’ami décide de passer des vacances dans une villa sur une île. Cette dernière possède un sauna privé, ce qui est érotique. Nos jeunes adultes y passent donc le plus clair de leur temps, jusqu’à ce que l’un d’eux, bourré, décide de faire une blague en bloquant la porte de l’extérieur avant d’aller s’assoupir dans la pièce à côté.

 

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Bien évidemment, ce film est basé sur un fait divers. Véritable ode à l’inconsistance, 247 degrés Fahrenheit brasse du vide, et c’était visible dès son pitch. Comment voulez-vous faire une histoire avec deux filles et un gars qui sont enfermés dans une pièce qui chauffe progressivement ? Moi, j’ai une idée, mais ça tape dans une limite d’âge qui exclue le public ado… Bref, on se farcit donc, pendant une heure, de jeunes adultes qui crient, qui ne peuvent pas croire que ça leur arrive à eux, qui tapent sur la simple porte en bois qui est blindée, comme sur la vitre en verre, pare balle… Bref, ils deviennent rouge, suent beaucoup, ont des cloques, puis ils ont l’idée de génie de casser le chauffage au gaz, histoire de s’asphyxier et de mourir plus vite. Quant à l’abruti qui a fait cette bonne blague (un sacré rigolo celui là), il passe son temps bourré à somnoler dans une pièce sans jamais revenir voir son forfait, avant de prendre ses affaires et de partir en boîte en quittant l’île… Mais à quel genre d’irresponsable on a affaire ? Bref, il se fait jeter, il revient, et là, merde, il avait oublié ça ! Résultat, un mort et deux intoxiquées grave au gaz butane. Bilan du film : on s’est bien fait chier, les personnages étaient inintéressants, le suspense au point mort… Bref, du divertissement de premier choix. Le genre de produit stérile qu’il est bon de ne pas connaître en fait. Si vous avez un sauna chez vous, voici qui fera froid dans le dos, ou pas (personnellement, j'ai peine à croire qu'aucun dispositif de sécurité ne soit installé dans ce genre d'appareil...)

 

0,5/6

 

2011

de Levan Bakhia, Beqa Jguburia

avec Scout Taylor-Compton, Travis Van Winkle, Christina Ulloa

 

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La bêtise humaine en gros plan, gratuitement...

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21 février 2013 4 21 /02 /février /2013 07:54

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David Koepp est un scénariste réalisateur pour qui j’ai de la sympathie. Auteur du génial Hypnose et ayant fait un travail gentillet sur Indiana Jones 4, le bonhomme a quelques bons points, mais s’est hélas compromis dans quelques navets. Avec Premium rush, il tenait un petit sujet, mais vu le casting (l’étoile montante Gordon Lewitt…), l’exercice aurait pu être sympathique. Raté, on est dans la veine des navets j’me la pète type 11 : 14.

L’histoire : le délit de fuite, j’en fais un art de vivre !

 

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"Dégage, pédé d'automobiliste !"

 

Vraiment, le film commence d’une façon insupportable en érigeant son héros comme un irresponsable notoire qui roule à fond dans les rues sans freins ( ??) et sans jamais ralentir, parce qu’il n’en a pas envie. Et je dis bien parce qu’il n’en a pas envie, vu qu’il cause des accidents par dizaines et qu’il ne prend jamais la peine de s’arrêter. Mais c’est un héros. Le film, qui voit les évènements depuis le point de vue des cyclistes, jette la pierre aux automobilistes. Mais en fait, avec du recul, il en fait des abrutis mongoloïdes phénoménaux, ce qu’il y a de pire dans le cliché américain. Je suis cycliste donc j’ai raison (parce que tout le monde me déteste), alors si tu me fais une queue de poisson, je t’éclate le rétro viseur avec mon antivol parce que tu es un salopard d’automobiliste. Et on doit se taper des personnages comme ça pendant tout le film, vu que ce sont des héros. C’est insupportable. Et ça s’aggrave nettement quand le film commence à vouloir justifier la conduite complètement irresponsable de nos cyclistes par un message social. En effet, nos cyclistes portent des plis de façon discrète dans la ville (c’est d’ailleurs curieux qu’ils ne transportent pas plutôt des colis, si vous voyez ce que je veux dire, mais non, ils sont moraux ces cyclistes !). Et là, notre tête de bite de héros a en main un papier donnant accès à toutes les économies d’une chinoise qui a économisé pour faire venir son gamin de chine. C’est-il pas mignon ? Pour faire venir le gamin (légalement ? Vu que la chinoise s’adresse à la mafia chinoise locale, on en doute), il faut remettre la somme d’argent à bon port. Mais voilà, un flic est sur le coup et veut le pognon pour régler ses dettes de jeux. Et les héros sont tellement casse couilles et donneurs de leçons qu’on finit par aimer ce flic pourri, surtout quand il torture cette tapette de cycliste, agaçant jusqu’au bout des ongles dans son mépris crâneur de l’autorité. Et parce qu’il est investi d’une mission sociale, il grille les feux, provoque des accidents, mais c’est pour permettre au petit chinois de venir ! Vraiment, quand on a rien à dire, on évite d’en faire un film. Mais David Koepp tente de camoufler le vide de son scénario derrière un écrin branché qui rend le produit prétentieux, à un point assez irritant… S’encombrant d’une structure en flash back totalement accessoire et inutile (c’est le côté 11 : 14, mais c’était justifiable dans ce dernier), et surtout d’un visuel pompé sur google map pour les déplacements d’un anachronisme qui vieillit immédiatement le film (il a pris des rides en à peine quelques mois…), c’est un summum de prétention qui lorgne vers les films gadgets comme il en sort tant de nos jours (avec des procédés visuels à la Limitless) alors qu’il n’a strictement rien à avancer. Vous rendez-vous compte que pendant 1h30, le flic poursuit un vélo sans jamais réussir à le coincer (ou pas plus de 10 minutes alors) ? Néant à tous les niveaux, Premium rush est un navet chiant qui ne vaut même pas le prix du plastique…

 

-1/6

 

2012
de David Koepp
avec Joseph Gordon-Levitt, Michael Shannon

 

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"Pour la Chine, je suis prêt à prendre tous les risques !"

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11 décembre 2012 2 11 /12 /décembre /2012 20:24

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Démoniaque est une petite série B qui renifle du côté d’Hitchcock, en donnant à la fois dans le thriller ménager et dans une psychologie un peu basique liée aux colocataires. Une version différente de Malveillance, donc, qui a défaut de transcender son pitch, utilise sobrement ses bonnes idées pour développer son intrigue tentaculaire de femme fatale qui empoisonne la vie de ceux qui l’entourent…

L’histoire : venant d’hériter un immeuble de sa grand-mère, une cinquantenaire empoisonne son goujat de mari qui la trompe avec une voisine. Elle tient alors un nouveau départ, qui ne tarde pas à lui mettre les nerfs à propos de plusieurs colocataires.

 

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Avec un script sobre, déjà vu et s’appuyant sur des talents d’acteurs modérés, Démoniaque n’entend pas révolutionner le genre et lance sobrement sa petite histoire de ménagère revancharde qui pète peu à peu les plombs. L’assassinat de son mari, scène vicieuse ô combien jubilatoire pour une femme (lente agonie de l’homme qui a le temps de méditer quelques minutes sur ce qu’il a fait) et pour le spectateur. Tout est fait pour ancrer cette femme au cœur du récit, ce qui d’autant plus intéressant que c’est elle la meurtrière. Nous avons donc notre nouvelle propriétaire qui défait ses paquets dans un immeuble plutôt bien tenu, mais aux locataires variés (une prostituée (il y en a toujours une), un athlète, le concierge, et une vieille rombière qui prenait soin de la grand-mère dans le passé, en profitant pour ne pas payer de loyer. C’est la première à venir fouiner dans l’appartement de l’arrivante, et à bien sûr faire du chantage pour continuer de profiter des murs sans avoir à débourser le moindre dollar. Et BAM la resquilleuse ! Le film s’amuse donc à cerner les petites vacheries que font les locataires vis-à-vis de leur loueur, et brode là-dessus un thriller très ménager (rien du quotidien de notre héroïne ne nous est épargné), mais suffisamment bien foutu pour que l’on ne zappe pas. On reconnaît ça et là des aspirations hitchcockiennes (scène de voyeurisme dans une penderie, un miroir sans fond de teint par lequel notre dragon femelle observe l’athlète de son cœur…), avec quelques meurtres qui viennent épicer ce sage récit qui n’a plus grand-chose d’icônoclaste. Toutefois, l’efficacité du suspense est là, le film délaissant tout rebondissement incohérent pour donner dans le huis clos à l’ancienne. Dommage que la facture télévisuelle de l’ensemble et une réalisation un peu molle (trop classique) peine à mettre en valeur ce bestiau, qui possède un petit potentiel. On lui préfèrera, dans le genre, le fauché mais couillu Jericho’s mansion.

 

2.7/6

 

1998
de Robert Malenfant
avec Bette Ford, Jack Coleman

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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 09:32

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Du thriller virtuose maintenant avec 11 : 14, petit film traitant d’un enchaînement d’accidents qui se télescopent au fur et à mesure des flashs backs temporels. De petites histoires qui se télescopent peu à peu, formant un tout plutôt clair et sans aucun intérêt autre que le divertissement.

L’histoire : A 11h14 du soir, plusieurs évènements se produisent au même moment, chacun ayant des répercussions sur les autres.

 

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11 : 14 sent immédiatement l’exercice de style à en juger par sa structure un poil prétentieuse (pardon, je voulais dire Tarantinienne) qui utilise essentiellement le flash-back pour nous conter plusieurs histoires qui possèdent des points communs. Enfin, ça a l’air virtuose comme ça, mais une fois le film terminé, c’est limpide, sans ambigüité ni complication (c’est en gros une structure à 3 gros éléments, avec la blondasse et sa famille, le vanne des jeunes bourrés et l’inconnu de l’introduction). Au niveau de la virtuosité en question, c’est assez sommaire, le film nécessitant une certaine attention et consistant essentiellement dans sa simple forme physique : un découpage sensé nous apporter des éléments se recoupant et formant au final un tout cohérent. Sauf qu’il faudrait un peu qu’on s’intéresse aux personnages. Or ce n’est absolument pas le cas. On s’ennuie même devant les pitreries de certains, comme dans l’introduction où un type fout un cadavre dans son coffre en tapant dessus pour le faire rentrer. Certes, on voit que c’est de l’humour noir, je veux bien croire que l’heure tardive du visionnage ait quelque peu altérer mes capacités humoristiques, mais franchement, niveau humour noir, c’est de la petite bière. Du réchauffé pour amateurs. Et c’est constamment ce genre de petit humour, poli et peu incisif, qui est sensé provoquer l’adhésion du spectateur. Sauf que ça ne fonctionne pas, c’est trop artificiel, trop pensé pour être marrant pour qu’on veuille se prêter au jeu des acteurs. C’est un film de petit malin et ça se sent tout de suite, sauf qu’on se fout du résultat. Sincèrement, le film n’avance à rien. Il veut nous façonner des personnages, mais il ne prend même pas la peine de conclure sur leur destinée (les deux braqueurs du casino se tirent dans le flou d’un plan, et nous n’entendrons plus jamais parler d’eux, les ados se tirent dans leur van et rideau… Merde, vous êtes sérieux ?). Il se focalise sur des faits dont on se fout, dont on ne rit pas (mention spéciale à Patrick Swayze et à son chien, dont on ne comprend absolument pas les motivations sur le moment (il fout le cadavre dans sa voiture on ne sait pas pourquoi, ce n’est que bien plus tard qu’on comprendra), et qui n’est pas drôle une seule fois avec son chien), et qui ne mènent à rien. Le coup des adolescents et de la bite coupée, c’est une tentative de faire de l’humour « profond », sur un sujet drôle mais dramatique (une castration accidentelle), et ça ne sert qu’à rajouter 15 minutes de film. C’est tout. Mais si encore, le film était un mécanisme bien huilé et sans autre ligne directrice que les accidents. Mais non, il faut que la morale arrive aussi là dedans. Tous les personnages impliqués ont ainsi des tares morales évidentes. La blonde qui se fait écraser comme une merde est en fait une salope qui fait raquer ses ex pour son avortement, les jeunes sont des imbibés irresponsables (sauf le beau du groupe qui en plus a des couilles et de l’intelligence, mais que fait-il avec ces saoulards ?), Swayze est surprotecteur, les braqueurs sont des braqueurs… Merde, c’est le Dieu de la Justice qui organise ces accidents ou quoi ? Bref, l’intérêt de visionner 11 : 14 se réduit au fur et à mesure que le film avance tant on tend à se rendre compte que son potentiel tourne à vide, que l’engrenage promis brasse de l’air, que rien ne va tôt ou tard justifier le prix d’achat du dvd… Aucune chute, seulement un dernier flash back concluant finalement sur cette série d’accident qui ne sert finalement qu’à boucler une boucle qui aurait pu rester dans son délire sans qu’on vienne jamais la déranger. Encore un film qui se fout d’avoir un public !

 

1,2/6


2003
de Greg Marcks
avec Hilary Swank, Colin Hanks

 

http://movies.themoviebox.net/movies/2004/0-9ABC/11-14/images/1114wall.jpg

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10 octobre 2012 3 10 /10 /octobre /2012 18:26

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Pulsion arrive au début des années 80, soit après deux autres "thrillers" de la filmo de DePalma : Sisters (une bombe) et Obsession (une bombe aussi). Ayant déjà fait largement ses preuves derrières la caméra, le cinéaste se lance dans une vague de cinéma moins sage, sensualisant sa mise en scène, travaillant son esthétique et s'entourant d'un bon casting. Si Body Double sera l'accomplissement réussi de ce "renouveau sensuel", Pulsions est quant à lui une ébauche, possédant ses forces et ses faiblesses.

L'histoire : Kate Miller, une cinquantenaire frustrée sexuellement, décide de commencer une aventure après sa sortie d'une consultation psychiatrique. Mais alors qu'elle quitte le domicile de son amant d'une journée, elle est sauvagement assassinée par une mystérieuse femme avec un rasoir.

 

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On note immédiatement une grosse faiblesse du film dès ses 5 premières minutes. En effet, si la photographie très léchée du film et le très grand soin apporté aux ambiances lumineuses se notent tout de suite, le film racole. Comment ? En nous montrant une séquence douche avec une femme qui se frotte les zones érogènes pendant plusieurs minutes sous un filet d'eau vaporeuse... L'hommage au giallo est évident, mais l'intérêt de la scène est clairement situé sous la ceinture. Et le film s'engouffrera souvent dans cette brèche, quitte à avoir l'air pendant plusieurs séquences d'être un porno de luxe. Si avec Body Double, c'était justifié (le thème du voyeurisme étant vu sous cet angle), c'est ici complètement accessoire, une touche glam érotique assez racoleuse quand elle filme Kate céder aux avances d'un homme qu'elle ne connait pas sur la banquette arrière d'un taxi. Si la direction d'acteurs est toujours très exigeante et efficace (le jeu de cache cache au musée est très bien retranscrit), on tombe parfois dans le sommaire. C'est aussi valable pour les personnages. Si les charmes de Nancy Allen nous mettent un sourire en coin (Brian DePalma ne s'est pas trompé en lui refilant le rôle d'une pute de luxe, elle y excelle, sa beauté ayant quelque chose de provoquant...), que dire du geek de service, qui si il mène de façon intelligente son enquête, se révèle complètement inintéressant ? En fait, il n'y a que Michael Caine qui surnage dans son rôle de psychologue, que des révélations finales viendront quelque peu dramatiser (mais shhh, pas de spoilers !). Jouant sobrement son rôle d'analyste et ayant l'air d'agir sous le sceau du secret professionnel, il intrigue pendant la plupart du film. Le commissaire est en revanche moyen, le personnage est plausible mais vite agaçant pour sa vulgarité. Brian DePalma fait aussi dans les effets de style inutiles. On connaît tous ses fameuses séquences où deux images cohabitent à l'écran, chacune montrant une action différente... Et bien ici, cet effet est utilisé pour montrer deux personnes qui regardent la télé. On cherche vaguement à comprendre l'intérêt, et si un petit détail pourrait éventuellement être pris pour un indice (le regard d'un des deux personnages), toute la séquence aurait pu être balancée que ça ne nous aurait pas gêné. Toutefois, l'hommage aux Giallos fait plaisir, les effets sanguinolents du film étant tous traités avec classe. Enfin, vient le thème de l'identité du tueur. Il y a en effet un effort d'innovation dans l'envie d'illustrer une personnalité transsexuelle (on sent l'hommage à Psychose, mais la psychologie d'un tel personnage est à bâtir). Et c'est là que le film révèle ses limites. Plutôt que d'être prolixe de détails et de chercher à comprendre la personnalité du tueur, le film se contente de le faire agir par pulsions, sans grandes explications, tentant de ménager au maximum ses effets en misant tout sur la révélation finale. Sauf que ça ne prend que moyennement, le manque de pistes jouant finalement en la défaveur de ce choix original mais peu audacieux. Somme toute, Pulsions est un thriller à l'esthétique qui claque, à la direction d'acteurs plutôt réussie, mais qui racole et qui n'offre finalement qu'un thriller purement divertissant. Non pas qu'on s'attendait vraiment à autre chose, mais qu'on a été habitué à mieux avant. A part une séquence dans le métro vaguement effrayante et un dernier acte un peu tendu, le film n'offre pas tellement de temps forts, et son dénouement onirique échoue complètement à susciter quoi que ce soit chez le spectateur (qui comprend qu'il s'agit d'un rêve). Un bel objet, racoleur et divertissant, qui tapine avec classe, comme Nancy Allen.

 

3.3/6


1980
de Brian De Palma
avec Michael Caine, Angie Dickinson

 

 

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4 octobre 2012 4 04 /10 /octobre /2012 17:47

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Avec Alerte!, Wolfgang Petersen sait qu'il tient un sujet original. En effet, aucun film grand public n'a pour le moment traité d'un virus (si l'on omet les films de zombies de Romero), si ce n'est un vague film pour pervers appelé Ebola Syndrome (une chance que je l'ai vu avant, il enterre ce film). Il va donc s'atteler à sa tâche avec professionnalisme... et patriotisme.

L'histoire : dans les années 60, un mystérieux virus est découvert au Zaïre pendant un conflit armé. Ne prenant pas de risques, les militaires rasent leur camp infecté et tiennent l'existence du virus secrète. En plein milieu des années 90, le virus réapparaît dans un village voisin.

 

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Alerte! est un pur produit à l'américaine et ça se sent. Il commence par nous décrire le quotidien de ses deux héros, un couple de chercheurs divorcés qui se partagent les meubles. Tout dans ces caractères confine au cliché, parvenant à les rendre quelconques plus que proches de nous. Mais heureusement, l'intrigue se met vite en place. Bientôt, notre chercheur (Dustin Hoffman) est envoyé constater les dégâts d'un virus inconnu. Notre personnage essaye alors de déclencher l'alerte, mais ses supérieurs font la sourde oreille. Pendant ce temps, un petit singe est capturé à proximité du village infecté et envoyé aux Etats Units pour une animalerie. C'est à partir de là que se déclenche l'épidémie américaine. Et qu'on commence à voir les limites du film. Très vite, Alerte! devient du sous-Romero grand public, où les postures sont exagérées et où la peur est considérablement amplifiée à des fins de suspense. Cela est surtout constatable avec la mise en quarantaine de la petite ville, que les militaires confinent sur un large périmètre. On suit alors l'indignation de la population et sa peur quand elle commence à piger ce qu'il se passe, la résignation... Sauf qu'il y a ça et là de grosses incohérences. Les enfants semblent par exemple tous immunisés à cette maladie mortelle, on n'en verra aucun malade alors que c'est toute une ville qui est touchée. Et quand on filme une mère de famille qui se livre aux militaires en soupçonnant qu'elle est infectée, on a droit à une scène pathétique assez poussive. Mais c'est surtout dans l'armée aussi qu'il y a du laisser aller. Le méchant est ici un général (Donald Sutherland) qui veut à tout prix garder l'existence du virus secrète et qui passe son temps à mentir au président pour qu'il ordonne qu'on fasse péter la ville américaine avec les civiles dedans (on doute vraiment que la totalité de l'Amérique puisse être infectée en 48 heures à moins que tout le monde se mette à voyager pour se tousser dessus), quand il ne menace pas Morgan Freeman (lui aussi promu général) d'éclaboussures ou qu'il ne méprise pas ses sous-officiers. Bref, c'est du cabotinage assez malvenu pour un film au ton résolument sérieux. Toutefois, Alerte! pointe un truc intéressant en montrant le bordel logistique de retracement d'une épidémie afin de trouver le premier porteur du virus (le singe en question). Mais il se vautre totalement en prétendant pouvoir faire un remède quelques heures à peine après avoir récupéré les fameux anticorps (alors que ça prend des semaines, rappelez vous du fiasco de notre campagne de vaccination massive contre le H1N1). Le final devient alors un grand numéro de n'importe quoi, où Dustin Hoffman fait de la voltige en hélicoptère poursuivi par le méchant général décidément très con (d'ailleurs, un avion radar apparaît comme ça, au dessus d'eux, l'armée est omniprésente !), avant de se lancer dans la synthèse de l'anti virus. Mais quand la bombe file enfin droit sur la ville, Dustin remonte voltiger dans son hélico, et se livre à un discours au patriotisme flamboyant et enflammé, qui nous laisse froid ("Vous n'allez pas bafouer seulement la Nation, mais aussi toutes les valeurs de l'Amérique !"). Et les militaires, sensés obéir aux ordres, désobéissent car ce discours sur le patriotisme, ça émeut et ça fait réfléchir. Alerte! n'est pas particulièrement mémorable donc, mais il se regarde sans trop de soucis, délivrant la marchandise en termes de contagion et de maquillages pas très ragoûtants. Et comme il repasse régulièrement à la télé...

 

2/6


1995
de Wolfgang Petersen
avec Dustin Hoffman, Cuba Gooding Jr.

 

http://www.montres-de-luxe.com/photo/art/default/1167874-1506866.jpg?v=1289478818

 

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20 septembre 2012 4 20 /09 /septembre /2012 18:47

http://www.cinemastreaming.net/wp-content/uploads/2011/11/Resurrection.jpg

 

Le 9 septembre 2012, je tombais sur un dvd pour le moins prometteur, qui s’intitulait Résurrection.  Fort d’une telle promesse, le casting de ladite œuvre me laissait aussi perplexe que rempli d’espoir, puisqu’on pouvait voir Christophe Lambert côtoyer David Cronenberg. Ce bon vieux David allait-il se mettre dans la peau d’un tueur comme dans Cabal ? C’est sur ce postulat bancal que je m’emparais de l’objet, qui devait se situer entre Seven et le Silence des Agneaux.

L’histoire : un enquêteur enquête sur une affaire sordide d’un tueur qui tue des gens en volant un bout de leur corps.

 

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"Merde, c'est dégueulasse ! Fais un gros plan !"

 

Résurrection a de quoi devenir un cas d’école en matière de plagiat stupide. Mais qu’est-ce qu’on pouvait espérer d’un produit pareil avec un Christophe Lambert qui joue à imiter Les experts Miami en pompant connement Seven ? Je dis bien connement, car au message subversif de Fincher sur la société, le film retient simplement des scènes glauques et un contexte catho d’une putasserie rare. Sincèrement, on est presque mort de rire à chaque nouvelle révélation tant la vulgarité des symboles choisis ridiculise un peu plus l’ensemble du film (on retrouve 5 pièces de 5 cents dans la poche des victimes, et brutalement, Cricri nous sort : « Bon sang, 5 pièces, et nous avons six victimes… 5 x 6 = 30… Les trente deniers de Judas… Il cherche à se racheter… »). Et c’est tout le temps ce genre de connerie à répétition. La psychologie du tueur est juste une aberration, et ne tient jamais debout (un type extrêmement intelligent qui se livre à des actes de barbarie pour reconstituer le corps du Christ… Mais ça ne serait pas Luc Besson sous amphet, le scénariste ?). Ce film pourrait s’appeler Les rivières pourpres 3 sans la moindre gêne, vu qu’il expose les corps avec une complaisance qui laisse pantois. Sincèrement, d’habitude, les corps sont un minimum caché, histoire d’atténuer la violence. Ici, le film nous montre tout en plein cadre, preuve qu’il cherche à combler sa vacuité par quelques effets chocs qui feront sursauter au mieux les ménagères de 50 ans qui ont par mégarde changé de chaîne pendant la pub coupant Au nom de la vérité. Et entre chaque meurtre gore, on a des tunnels de dialogues complètement anesthésié, où le rythme lénifiant incite constamment le spectateur à appuyer sur avance rapide pour passer au mort suivant. Sincèrement, j’aime bien Christophe Lambert, mais si il faisait quelques efforts d’implication dans Face à Face (correct thriller mou), il a ici complètement baissé les bras et se révèle être une personne bateau. Quand il veut faire passer une émotion, il change légèrement le volume sonore et le timbre de sa voix, et il pense que ça va passer. Mais ça ne passe jamais. Et on s’enfile cette enquête stupide, version débile de Seven qui pompe la photographie, les effets dramatiques (on a à nouveau la course poursuite avec l’assassin sous la pluie) et qui ajoute la psychologie de comptoir (le héros a perdu son fils, et depuis il a un problème avec Dieu…) à son menu… Jamais la sauce ne prend, et quand le tueur kidnappe finalement un gosse dans le dernier acte, on se fout intégralement du dénouement tant on a déjà vu cette histoire. Comme promis, tout rentre dans l’ordre et ce sale psychopathe d’enculé de merde crève dans l’indifférence générale. Et nous, on est soulagé de pouvoir abréger ce carnage. Les retrouvailles de Christophe Lambert et de Russel Mulcahy se font sous le signe du ticket restaurant, chacun espérant avec cette affaire gonfler un peu son compte en banque. Dans ce désastre, j’ai oublié de parler de David Cronenberg, qui vient apparaître 7 bonnes minutes sur tout le film dans le rôle d’un prêtre. Une bonne idée, le bonhomme se révélant être le plus convaincant de tout le casting dans son rôle de prêtre sec mais soucieux d’aider son prochain. Ici copieusement inexploitée, mais bon, ce n’est pas vraiment une surprise. Un film qui n’est pas prêt de ressurgir dans nos mémoires…

 

0.5/6

 

1999
de Russell Mulcahy
avec Christopher Lambert, Mike Anscombe

 

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"Merde, mais ce type est un enfoiré de psychopathe !"

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