Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 novembre 2015 7 15 /11 /novembre /2015 17:47
soirée SF AI - I Robotsoirée SF AI - I Robot

Deux films qui ont marqué leur époque, et qui continuent d'avoir un certain écho sur les consciences cinéphiles. Le premier a gagné sur la longueur (car échec commercial cuisant) et trouve aujourd'hui nombre de défenseurs. Le second bénéficie surtout de la renommée de son réalisateur et de Will Smith en tête d'affiche, ayant tapé dans le bon filon avec de l'action à gogo et un fond plus "réflexif" pour contenter tout le monde. Deux films qui m'avaient laissé un peu mitigé, chacun à leur façon, avec toutefois un à priori positif sur I robot...

soirée SF AI - I Robot

A.I. :

Nulle haine à avoir envers A.I., plusieurs éléments parlant largement en sa faveur. Pour son potentiel sympathie, son statut de film maudit, échec commercial qui a peu à peu trouvé une reconnaissance auprès du public, et qu'il n'est pas rare aujourd'hui de le retrouver parmis les favoris des amateurs de Spielberg (avec l'indémodable Liste de Schindler). AI est surtout un film ultra ambitieux, qui ne cache pas son absence de prétentions par cette structure du conte (que j'avais justement pris à la découverte comme une lourdeur supplémentaire destinée à souligner encore davantage le potentiel sentimental de l'objet). Or cet aspect du conte sert surtout à caractériser l'ingénuité du robot vedette, et à faire évoluer son intrigue sans avoir à se contraindre avec une trame progressive. Car il n'y en a pas, ce film est une compilation d'idées, qui tente d'exister en formant un tout cohérent, exercice difficile et ici plus ou moins raté.

Ce n'est pas le cas du visuel en tout cas, admirable. Il s'agit d'une synthèse très généreuse qui mixe à la fois la vision spielbergienne du futur (ergonomique à la minority report), qui s'offre le luxe d'explorer beaucoup d'ambiances différentes plus proches du conte, avec la traversée de la forêt, la traque avec les loups en néons et le merveilleux ballon des chasseurs, le gigantesque palace en ruine, ect... Tout en intégrant toujours cette évolution de l'humanité dans les ambiances qui apporte une patte vraiment agréable. Il faut reconnaître à Spielberg qu'il a un véritable oeil de cinéaste pendant plusieurs séquences, à l'image de ce plan incroyable où le reflet d'un robot qui chute glisse sur le long du visage d'un des personnages principaux comme une larme immatérielle.

Le problème constant du film vient de sa nature composite. Il veut montrer les véritables motivations des créateurs du robot, les attentes du public, refaire un petit holocauste hypocritement légal, et donner finalement un parcours de vie. C'est le Chappie d'avant l'heure, en bien plus honnête. Mais la moitié des scènes ne fonctionnent pas sentimentalement. Ce qui est très gênant pour un film s'axant sur une humanité de synthèse. Rien que dans la première partie familiale, on trouve les plus grandes bavures ! L'idée de mettre une mère dépressive qui cherche à compenser le coma de son fils accidenté est excellente. Puis on a cette scène du repas avec cet éclat de rire complètement surréaliste. Que le robot réagisse ainsi, cela se conçoit (il tente un truc), mais la façon dont se comportent les parents est complètement surjouée. Le climax est atteint avec la scène du "Arrête de le secouer, tu vas le casser !" Et le père s'arrête avec un ton très grave genre elle a brisé un tabou... C'est tellement dramatisé avec aplomb que cela tue la spontanéité, et le film fait constamment des erreurs dans ce genre, en dosant mal un passage qui rompt l'équilibre de toute une scène... Alors que certains passages, avec leur premer degré, fonctionnent même en quittant le réalisme (la séquence de traque et de capture, et à la rigueur l'exécution des robots dans la fête foraine, bien que je trouve ce spectacle bien peu amusant). Mais là encore, alors que le film partait dans un registre pessimiste, il se tire une balle dans le pied avec la foule qui ooooh ne veut pas tuer un enfant robot trop mignon et que c'est mal en fait de casser les robots. Tssss.

La fin m'a hélas fait décrocher. En convoquant les extra terrestres pour donner à son robot le statut officiel de dernier être humain, Spielberg part sur un tout nouveau terrain que je trouve davantage bancal que mettant vraiment en abîme les sentiments du dernier homme qui n'en est pas un. Quand on mixe cela avec cette lourde quête de la fée bleue (l'élément redondant bien gras du conte qui lui est agaçant), on obtient finalement un résultat en demi teinte, indéniablement ambitieux (le robot prostitué est une idée plutôt osée, seul Automata y a pensé aussi), mais au scénario et à la direction d'acteur hésitants. Leur personnage principal reste quand à lui réussi, bien que parfois victime aussi du scénario (la séquence avec le couteau au bord de la piscine, non fonctionnelle). A défaut d'aimer, on est par moments ému.

5/10

soirée SF AI - I Robot

I Robot :

On s'attaque immédiatement au problème de forme en soulignant combien les visuels sont moches et ont mal vieilli. Plutôt que de réaliser un maximum d'effets en réel, le film se repose complètement sur l'utilisation du numérique, dont la qualité de l'incrustation varie sensiblement (les paysages sont presque toujours ratés). Les robots, principale attraction du film, sont gérés là aussi de façon variable, leurs mouvements alternant entre le naturel et le brutal sans grande cohérence dans la démarche. C'est surtout aussi dans la façon dont sont traités les personnages humains que ce film est une déception. Le héros est une caricature d'enquêteur badass qui n'a pas un seul atome de charisme (il sauve un châton, il porte des converses, il aime pas les robots parce que...) sans que cela soit amélioré d'une quelconque manière au long du film. Sans parler des personnes dans la foule (donc nous), à l'image de Shia Labeouf qui demande au héros de lui organiser un plan cul avec la scientifique qui l'assiste dans son enquête. Qu'est ce que je suis content d'être un homme ! Heureusement que Sonny est un personnage un minimum attachant pour conserver un maigre espoir... Visuellement, la seule petite trouvaille (très artificelle) consiste en ces plans ultra dynamiques à vitesse normale (là où tous les films d'aujourd'hui se la pètent en slow motion) qui apportent une petite fraîcheur aux scènes d'action à défaut de convaincre pleinement.

Sur l'écriture du scénario, le film se plante davantage par sa simplification grossière de plusieurs étapes déterminantes. L'affrontement entre hommes et machines a par exemple lieu dans l'heure qui suit l'invasion (complètement irréaliste, comme si une population civile pouvait se rassembler d'elle même de la sorte). Les tentatives de meurtres perpétrées par les robots sont elles aussi très expéditives dans leur exécution, absolument pas à l'image de discrétion qu'essaye de se donner l'IA. Enfin, l'explication finale, exempte de toute nuance, est décevante pour son absence totale de matière réflexive. Mais c'est à peu près tout, car globalement, le film exploite gentiment la théorie d'Aasimov en s'en tenant aux trois règles, tout en jouant un peu sur le mystère et sur son futur spilbergien du pauvre (le numérique est vraiment moche).

Le fond reste donc à sauver, d'ailleurs, l'absence de temps morts sur son final et ses ingrédients théoriques valent le coup. Mais la façon dont ils sont présentés pue vraiment la vulgarisation pour une soirée grand public, en tuant la moindre subtilité pour lui préférer un placement produit Converse all stars noir (quel goût, ce Will Smith !), un flash back flou, un sauvetage de chat... Il ne fait pas de doutes qu'Alex Proyas s'est retrouvé englué dans ce bourbier et qu'il a dû pleurer certains soirs en regardant les rushs de la journée. Alors, pour trouver au moins de quoi s'occuper, il nous sort toute cette batterie d'effets visuels qui alourdissent considérablement le film. Ralentis en gun fight cédant immédiatement à des combats rapprochés acélérés en variant constamment la proximité des plans et des angles, travellings chiadés, action épileptique (la poursuite (en audi) dans le tunnel, digne de la laideur d'un Lock Out)... La forme ruine tout, et avec elle la tentative d'intellectualiser un peu ces bonnes idées. Bien dommage...

4/10

Partager cet article
Repost0

commentaires

A
Pas trop ta tasse de thé les films de robots. J'aime bien A.I. même si le film s'étire un peu trop en longueurs... J'aime moins I Robot qui contient néanmoins quelques bonnes séquences
Répondre

Présentation

  • : Le blog de voracinephile
  • : Le cinéma en grand, comme je l'aime. Points de vue, critiques, discussions...
  • Contact

Profil

  • voracinephile
  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.
  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.

Recherche