Taken 3, mais bon, qu'est-ce qu'on pourrait bien avoir à rajouter ? Quand on voyait à quel point de nullité on était tombé avec le second volet, il n'y avait aucune chance, en gardant les mêmes producteurs, pour que la formule reparte. Alors en balançant Olivier Megaton sur l'affaire, que voulez vous, c'était déjà foutu. Pauvre Olivier Megaton d'ailleurs, aura-t-il un jour la chance de faire une oeuvre personnelle, ou se verra-t-il toujours obligé d'honorer les commandes pourries de suites commerciales dont on se moque ?
L'histoire : Brian Mills se retrouve accusé du meurtre de sa femme, mais c'est pas lui. Plutôt que de se rendre à la police alors qu'il a un alibi, il tabasse les agents lancés à sa poursuite et se lance dans une quête de la vérité, en mourant et en ressuscitant à volonté.
C'est à un niveau de médiocrité assez lassant que nous sommes remontés. Oui, c'est moins nul que Taken 2, mais du coup, c'est encore plus énervant. Je m'explique. La nullité du second épisode, ses lourdeurs si voyantes, ses pompages si outranciers, sa xénophobie si manifeste... C'était tellement énorme qu'on pouvait s'en moquer de façon jubilatoire, critiquer le navet avec une mauvaise foi manifeste, puisque c'était outrancier. Là, ben on s'ennuie. On a déjà vu des films où le héros, poursuivi par tout le monde, doit prouver son innocence (le fugitif, minority report...). Et là, il passe son temps à enchaîner les scènes d'action molles à base de clef de bras et de tatanes dans la face, cadrées comme toujours dans les productions Megaton trop près et montées trop vite, pour donner l'illusion de la dynamique alors qu'on a juste une mauvaise scène clichée qui devient illisible. Et c'est cela qui devient insupportable dans ce film, plus long que son prédécesseur et ça se sent. Oh, il y a bien quelques grosses gaffes à noter par ci par là... Notamment les fausses morts de Brian Mills, qui meurt pendant une scène, puis réapparaît dix secondes plus tard dans le montage. Parfois sans explication, mais bon, on n'est plus à cela près. Ainsi, la moindre coupe entre deux plans peut devenir prétexte à cacher un rebondissement majeur, une preuve planquée, un éléphant caché entre deux pots de fleurs... Le film cultive l'art de la transition sauvage, en montrant Brian Mills acculé dans un lieu envahi par la police, qu'il a quitté sans encombre dans le plan suivant, regagnant son repère avec tout le nécessaire pour assurer sa survie. Question xénophobie, nous avons un méchant russe mais pas con, puisqu'il charge Brian vêtu d'un slip en faisant cracher son fusil d'assaut, et quand ce dernier est enfin désarmé, il le tape avec son arme plutôt que de faire feu, et se faire alors abattre. Mais pas con parce qu'il sait n'être qu'un pion et qui est le vrai méchant. La fille de Brian ne sait toujours rien faire d'autre que crier, et la performance dégueulasse de l'ex mari achève d'agacer le spectateur. Techniquement, on finit par vomir cette photographie un peu granuleuse, aux contrastes dégueulasse (on ne voit plus rien dans le noir), aux couleurs saturées... Quant à la BO, c'est un pot pourri sans la moindre cohérence, alternant les morceaux cools (le générique daubesque (des images de trafic de nuit), la fuite de Mills dans les égoûts...), l'ambiance percussion, de l'électro à la Tron, de la musique classique... Un beau bordel sans cohérence qui crie à chaque instant son absence de parti pris et de recherche de style, reflet de la dépersonnalisation de ce film, qui n'a pas le moindre intérêt quelque soit l'angle sous lequel on l'observe. Alors, quand on voit Mhitaker et Neeson en interview qui en font la promo, encore une raison de plus de nous méfier du cynisme des productions commerciales. Enfin, ce n'est même plus une surprise.
2015
de Olivier Megaton
avec Liam Neeson, Forest Whitaker