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7 septembre 2012 5 07 /09 /septembre /2012 11:27

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Un mauvais souvenir d’enfance dans la catégorie cinéma, c’est par exemple Final Cut. Campé par un Robin Williams d’une sobriété rare, dépourvu du moindre humour et jouant la carte d’une SF aussi verbeuse qu’intimiste (aucune épate visuelle, la technologie semble juste crédible), Final Cut était pour moi un sommet du film chiant. Avec un point de vue maintenant moins fixé sur les effets spéciaux, que peut-on en dire ?

L’histoire : Alan Hakman est un monteur, qui récupère des tranches de vie dans des puces électroniques implantées dans de gens à la naissance. Mais alors qu’il travaille sur le passé trouble d’un avocat de la société qui gère cette technologie, il retrouve la trace d’un de ses amis d’enfance.

 

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Indéniablement, Final Cut est un film à concept plutôt malin, car en posant un postulat à la base simple (des implants organo-électroniques qui enregistrent complètement la vie des gens), il s’ouvre un large champ d’investigation. Hélas, l’angle qu’il choisit est trop réducteur. Le film balaye un large éventail de possibilités, mais il ne va pas très loin dans la complexité ou l’argumentation. Il y a pleins de bouts de trames différentes (la quête d’une personne disparue après un évènement traumatique, la séduction d’une personne rendue plus facile par des souvenirs qu’on lui a volé, la rébellion contre le port d’un implant qui n’a pas été demandé par la personne…). Le Monteur, qui voit la vie de ses clients défiler devient littéralement maître de ses secrets et de sa vie, se trouve doter d’un incroyable moyen de pression sur différentes personnalités. Mais c’est encore esquissé au détour d’une scène, qui se révèle d’ailleurs peu utile pour la suite des évènements. En fait, les échanges entre Robin Williams et Jim Caviezel (ici dans le rôle d’un membre des anti-implant voulant récupérer la mémoire de l’avocat pour faire éclater un scandale) sont clairement les plus intéressants. Mais là encore, si les sujets abordés sont nombreux et passionnants, ils sont rapidement évoqués et ne reviendront plus sur le tapis. Le concept est énorme, le résultat tient un peu de l’accumulation d’aspects, qui forment un vaste tout, certes (on sent toujours qu’une idée habite le film), mais qui manque de passion. La réalisation d’Omar Naim est sûre d’elle, plutôt adroite dans l’utilisation de la caméra (mis à part l’intro qui fait peur où une caméra cadre comme un pied pendant 3 minutes) et dans la facture technique, irréprochable. Toutefois ceux qui protestent contre les implants ressemblent tous à des excités, certains affichant un look punk tribal aux maquillages assez déroutants. Idée visuelle intéressante, limite cronenbergienne, mais la présence d’un tel design dans ce film réaliste m’a toujours semblé un peu too much. Quoiqu’il en soit, les dilemmes moraux sont là, Alan étant par exemple amené à discuter avec la fille de l’avocat dont il gère le film de vie, victime d’inceste pendant le vivant du père. Des portraits psychologiques plutôt fins qui viennent introduire quelques beaux moments dans le film. Mais encore une fois, le manque de relief dramatique et la tendance du film à aller dans le verbeux l’handicapent toujours un peu, et cela jusque dans l’un des finals les plus frustrants que j’ai vu de ma vie (Jim a beau dire qu’Alan n’aura pas vécu pour rien, il meurt seul au coin d’un bois d’une mort carrément indigne, dans l’indifférence générale). Dommage pour cette conclusion intéressante mais presque gratuite (on ne saura pas si la mort de notre héros a été utile, si cette technologie est révisée…). C’est un peu comme ce concept des 3 règles du Monteur, très Isaac Asimov dans l’esprit, mais qui est finalement complètement inutile (ces lois sont juste violées les unes après les autres). Dommage donc qu’un pareil potentiel soit en partie gâché, un Verhoeven aurait sans pu dynamiser tout ça sans en perdre le contenu réflexif…

 

3.5/6

 

2003
de Omar Naim
avec Robin Williams, Jim Caviezel

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  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.
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