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20 février 2015 5 20 /02 /février /2015 10:24
Les cavaliers de l'apocalypse

Ah, qu'est-ce que le thriller aurait fait sans Fincher ? Avec Seven, le choc a été si violent, ou plutôt, l'objet a réussi à atteindre une telle efficacité dans sa compilation d'éléments (très glauques) qu'il en a instauré des codes, depuis les mécanismes de suspense aux éclairages d'ambiance, qui font toujours loi dans le milieu. Cela a surtout desservi plusieurs tentatives de divertissement qui à trop vouloir imiter sont tombés dans le pompage et en ont subi les foudres. Un cas d'école donc que ces Cavaliers de l'apocalypse, qui auraient pourtant pu s'en tirer à meilleur compte.

L'histoire : un détective veuf néglige sa vie familiale pour boucler une enquête sordide sur la découverte d'une femme mise à mort dans un étrange instrument de sado-masochisme.

Les cavaliers de l'apocalypse

Faut dire que les cavaliers de l'apocalypse ne s'est pas trop retenu question glauquerie visuelle, puisqu'il nous montre avec suffisamment de détails poisseux les fameuses mises en scène des meurtres à grand renfort de peau tendue par des crochets de suspension (à la différence que ceux ci sont prévus pour ne pas être retirés). En matière de gore, le film offre donc un peu à voir. Pourtant, c'est un ratage formel monumental. La réalisation pompe Seven sans vergogne dans sa mise en scène d'éclairage (sans cohérence thématique, on passe du jaune au vert, dans le sombre et le surexposé, aucune cohérence), dans sa collecte des indices, dans la découverte progressive des morts... On n'a jamais la moindre sensation de surprise, et je peux comprendre que beaucoup se soient lassés avant de parvenir au dénouement. Pour ma part, seul mon affection pour Dennis Quaid m'a permis de tenir, en m'attachant davantage à son charisme visuel qu'à la banalité de son rôle de père raté qui néglige sa famille au prix de son travail. Absolument tous les personnages de ce film sont clichés (l'homosexuel victime, le chef de police noir, le fils aîné effacé, la chinoise qui se la joue surnaturel...), nouvel argument pour décourager le spectateur d'y trouver le moindre divertissement. Et enfin, la réalisation pêche par de nombreuses fautes de goût, par exemple quand elle tente d'esthétiser quelques scènes avec des inserts hors sujet (une transition d'allumage de clope), quand elle tente d'intégrer discrètement des infos capitales (une présentation d'un lieu si expédiée qu'elle en devient immédiatement louche), quand elle veut jouer la carte d'un surnaturel hors sujet... Direction d'acteur proche du minable, musique absolument quelconque... On peut lister encore des points négatifs pour enfoncer le clou.

Et pourtant, je trouve que les cavaliers de l'apocalypse est à sauver de la catastrophe pour son fond. Néanmoins, cela demande une certaine prise de recul vis à vis de sa nullité formelle, et surtout en développant des spoilers. Mais inutile de partir, comme son développement est posé sur des rails qui ne surprendront personne, il est peut être plus intéressant de découvrir le film avec les clefs en main. On sera toujours ennuyé par le remplissage évident de certaines séquences, mais au moins, on en connaîtra l'utilité et le sens. Car le fond du script est bon, mais le scénario en a foiré l'exploitation. Pour jouer la carte du twist en dernière partie et se donner un air faussement intelligent alors que son fond était nettement plus ambitieux. En effet, pour les deux premières victimes, on se retrouve en face d'une femme saignée à mort, dont on a arraché le fœtus in vivo, et un étudiant homosexuel saigné à blanc dont la mère est retrouvée ligotée dans le placard de l'appartement. J'insiste sur les détails car malgré le script fonctionne beaucoup avec eux. Le troisième, beaucoup plus développé, commence à introduire le doute, en montrant un jeune homo qui force son frère à regarder son suicide via le système de crochets. A partir de là, le film commence à donner davantage d'éléments et à brouiller les pistes. Les jeunes étaient tous raccordés à un forum de discussion aux thématiques inconnues, quoiqu'axées sur les fameux cavaliers de l'apocalypse. Le film se permet de faire de l'interprétation en traduisant le mot par "révélation". La révélation vient donc avec le quatrième cavalier, sensé apporter la révélation et donc tout éclaircir. Et là, le film prend le contrepied du chemin qu'il a tout le temps suivi, passant du thriller psychokiller à une série de suicides en présence d'un membre de la famille, les victimes étant alors consentantes et voulant illustrer le message du film : l'abandon des responsabilités parentales. Le script révèle alors ses subtilités (dans le cas du premier meurtre, la victime n'est pas la mère mais son fœtus, toutes les morts servant dès lors à mettre en scène un sacrifice de jeunes déçus par les attitudes respectives de leurs proches. Le film tente alors de devenir une bannière de la jeunesse sacrifiée par la négligence parentale, et justifie dès lors les clichés comportementaux qui ont remplis son intrigue. Ils sont lassants, mais justifiés. La véritable faute du scénario est cette absence de raffinement et ce travestissement en seven du pauvre, car les clichés qu'il utilise servent son propos sur les comportements parentaux destructeurs, la perte de repères de la jeunesse et son désespoir quant à son avenir... Le fond était plus dramatique et moins stupide que prévu. Mais la jouer happy end et rédemption, c'était là une belle erreur. Voir l'inéluctabilité de cet embrigadement, l'indifférence avant le choc... Ca aurait été l'angle intelligent, et c'est finalement réduit aux quinze dernières minutes, loin d'être excellentes (car laborieuses). Mais malgré sa gamelle, le film pouvait prétendre à parler d'un sujet intéressant. Rendez vous manqué qui ne rassemblera maintenant plus que quelques bisseux, les cavaliers de l'apocalypse mériterait un remake orienté dans le drame, dans quelques années histoire qu'on oublie cette piètre copie.

2009
de Jonas Åkerlund
avec Dennis Quaid, Zhang Ziyi

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commentaires

A
Bon et bien je m'en passerai peut-être de ce film finalement. <br /> Vous étiez deux à me le conseiller au jour de l'an mais vous n'avez pas précisé que ce n'était qu'une pâle copie de Seven ^^
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V
Je te ferai une bande annonce spéciale gore pour te faire gagner du temps ^^.
2
À l'époque à laquelle je l'avais découvert, j'avais fait peu de cas de cette histoire de responsabilité familiale pour me focaliser sur la fadeur de sa mise en scène et de l'interprétation qui, en effet, gâche vraiment tout.
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V
Cette vulgarité saute aux yeux, elle m'a fait ricaner à de multiples reprises. La fin en revanche a réussie à m'étonner, malgré le jeu pitoyable des acteurs. Voilà ce que donne une bonne idée mal exploitée, un vrai cas d'école.
P
Jamais vu ce succédané de &quot;Seven&quot; et, si je me fie à ce que je lis, pas envie de voir incessamment sous peu. Je m'en tiendrai donc aux &quot;quatre cavaliers&quot; de Rex Ingram ou Minnelli qui ont quand même une autre allure.
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V
Je ne pense pas qu'effectivement il laissera une trace. On me l'avait recommandé pour ses scènes de suspension (on tender hooks est à préférer dans ce registre) et pour son final. Mais c'est une bisserie ratée, donc pas appréciable par tout le monde.

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