Mélange des genres, quand tu nous tiens... Soucieux de diversifier ma catégorie Guerre, j'enclenche le film Abîmes dans l'espoir d'y voir une petite série B militaire intéressante. C'était sans compter sur la participation d'un spectre revanchard qui allait pimenter un peu plus le voyage. Mélangeant habilement film de guerre et fantastique pur, Abîmes est un film hybride, qui a le courage de croire en son histoire, et dont les protagonistes sont plutôt convaincants. Le petit film original qui fait plaisir en somme.
L'histoire : en 1943, le sous marin USS Shark Tiger, en pleine chasse aux navires allemands, reçoit l'ordre de recueillir des naufragés à un jour de navigation. Ils en récupèrent quelques uns avant de plonger en urgence, aperçus par un classe Z allemand.
L'honnêteté de la démarche du film se ressent dès l'introduction de l'histoire : le film se veut plutôt réaliste. Le contexte guerrier est plutôt bien amené, les personnages sont crédibles, et une bonne dynamique du script permet d'éviter les temps morts (l'attaque commence pendant la récupération des survivants). Les détails sont d'ailleurs assez bien fignolés, rendant compte avec réalisme des techniques de sous marin d'attaque pour passer inaperçu. Le coup des grappins, inédits jusqu'à maintenant, sera lui aussi un joli moment d'angoisse, plus convaincant que le grenadage auquel on aura assisté précédemment. Car le film n'a pas non plus bénéficié de beaucoup de budget, et ça se sent dans les effets numériques. Ils sont assez approximatifs pendant certaines vues en extérieur du sous-marin, particulièrement pendant le grenadage numérique. En termes d'intensité guerrière, si l'atmosphère est moins pesante qu'avec un U-571, elle est assez convaincante pour créer un huis clos pesant. Huis clos qui amorce son fantastique modestement (un tourne-disque qui se met en marche tout seul) avant de l'épaissir avec quelques apparitions de moins en moins fugaces. Le film joue alors intelligemment, puisqu'il se focalise avant tout sur la psychologie de l'équipage en face d'un tel évènement. C'est la panique qu'il crée qui provoquera des accidents et qui rendra la situation de plus en plus précaire dans l'habitacle. Le film ne cède jamais à la facilité en dosant finement les apparitions de son fantôme et en traitant le sous-marin toujours avec réalisme. Certes, dire que le film fait peur serait disproportionné. Mais son ambiance un peu lourde et son traitement sérieux du fantastique sont de solide arguments pour défendre cette petite histoire qui se regarde avec enthousiasme. Un mélange des genres plutôt casse gueule qui réussit à tirer son épingle du jeu.
4/6
2002
de David Twohy
avec Matthew Davis, Bruce Greenwood