Depuis Evil Dead, Sam Raimi n’a plus remis les pieds dans l’horreur. Mais il nous a surpris avec son retour au monde des démons avec Jusqu’en enfer, une petite péloche nerveuse qui nous remontait les bretelles en nous montrant qui était le patron au niveau des possédés, non sans humour, mais aussi avec de purs moments de frayeurs. Un film bien éloigné du dernier Evil Dead 3, qui reste toujours l’opus le plus populaire de la saga (car le moins sérieux et le plus survolté).
L’histoire : Christine, une jeune employée de banque, est en concurrence pour obtenir une promotion. Malgré des dilemmes moraux persistants, elle est amenée à refuser un prêt à une vieille gitane, qui lui lance alors une malédiction.
Jusqu’en enfer est un film qui fait immédiatement plaisir au public. Loin de toutes les fioritures et autres conneries à la paranormal activity, on a des possédés filmés en plein cadre, avec des effets spéciaux décents et de vrais rebondissements. Sam Raimi nous offre une vraie histoire de possession, et ça part dans un contexte social plutôt intéressant, puisqu’il fait de sa protagoniste un fusible qui saute quand une vieille gitane en pleine expulsion décide de tourner sa colère vers Christine, l’employée de banque qui lui a refusé un troisième prêt. La scène, mettant formidablement les enjeux en scène, plante avec brio la situation, et parvient à rendre rapidement nos principaux personnages attachants, avant de les opposer. L’occasion pour Raimi de nous sortir de belles scènes cartoonesques comme il les aime, à l’image de cette lutte en voiture plutôt impressionnante. Avec une mamie édentée qui tente de mordre Christine, le public aura droit à son lot de scènes gentiment dégueu, Sam aimant apparemment les fluides corporels (on aura aussi droit à un saignement de nez assez drôle dans le genre). Sans oublier une constante dans le cinéma de Raimi quand il se lance : un personnage qui danse en pleine possession. Mais si l’humour, souvent présent chez Raimi, est régulièrement convié, le réalisateur ne recule pas devant l’épouvante, nous offrant quelques belles scènes de frayeurs. La plus perturbante devant être celle dans la maison, où une ombre ne cesse de rôder en renversant des meubles sans qu’un démon visible ne pointe le bout de ses cornes. En point d’orgue, nous aurons la scène de spiritisme, qui nous offrira plusieurs visages de possédés assez amusants, dont une chèvre vénère. Si l’entreprise reste sérieuse, tout dans le film invite à le prendre comme un divertissement, jusqu’au rebondissement final un poil prévisible, mais néanmoins jouissif. Jusqu’en enfer, c’est l’apérétif que nous envoie Raimi pour nous rassurer : son potentiel ne s’est pas émoussé depuis les Spiderman. En attendant le très suggestif Evil Dead 4, voilà de quoi patienter avec plaisir.
4,5/6
2009
de Sam Raimi
avec Alison Lohman, Justin Long