Christian Alvart est un petit réalisateur que j’aime bien. Il m’a vraiment surpris avec son Antibodies (un thriller allemand moyen qui tentait de s’aventurer dans la contamination par le Mal d’un enquêteur chrétien en face d’un meurtrier pédophile peignant des christs avec du sang de gosses), et ayant grandement apprécié son Pandorum, j’ai recherché son travail intermédiaire, le cas 39 (tournée avec la douée Jodelle Ferland (miss Devil dans Silent Hill), qui promettait de belles choses. Hélas, les promesses s’arrêtent un peu tôt pour devenir un ersatz de La malédiction 4, qui décevra d’autant plus qu’il commençait bien.
L’histoire : une assistante sociale est amenée à s’occuper du dossier 39 : une famille dont la jeune enfant a quelques problèmes. La femme découvre bien vite que ses parents sont on ne peut plus louches.
Le cas 39, ce sont deux films différents qui ont été raccordés l’un à l’autre. Il y a d’abord l’introduction et le premier acte (une trentaine de minutes), puis l’heure qui reste, où on nous refait La malédiction 4. Malheureusement, c’est la partie la plus longue qui fera l’ambiance du film, et qui tirera vers le bas un potentiel qui ne demandait qu’à éclater. Le twist étant spoilé par les résumés commerciaux, autant le dire tout de suite : la gosse a des pouvoirs hallucinatoires dont elle se sert pour faire pression sur ses proches. Une piste très intéressante qui aurait pu laisser place à une psychologie poussée, où à de l’horreur déstabilisante. Mais ça ne sera jamais vraiment le cas, Christian se contentant de filmer ses acteurs avec quelques effets horrorifiques de ci de là qui ne feront que sursauter tout au plus (le tournevis) ou provoqueront un sourire un peu forcé (la scène des guêpes qui n’en finit pas). L’ambiance, se voulant lourde, ne parviendra jamais à retrouver l’ambiance malsaine d’un Esther, ce qui donne au final un spectacle plutôt convenu et dont la fin ne surprendra pas. Inutile de chercher à tout se rappeler, seul le fait de savoir que la gamine va d’abord s’en prendre aux proches de l’assistante (qui l’adopte), avant un face à face final dans une voiture. Vraiment décevant. Cependant, la première partie du film est juste excellente. Ignorant totalement les arguments fantastiques qu’elle proposera par la suite, l’histoire se présente comme un drame social vénère avec des parents ultra ambigus et une gosse totalement vulnérable qui n’ose pas demander l’aide des services sociaux. Les interprètes des parents sont à applaudir à pleine main, tant leur prestation se révèle convaincante (la femme consentante probablement parce qu’elle s’est prise de nombreuses beignes, et l’époux méprisant et sec qui refuse de parler directement aux services sociaux. Le numéro est tout simplement parfait, et la scène du four, tétanisante, peut se vanter d’être le moment le plus fort du film. Réaliste, traumatisante, brutale, c’est exactement ce qu’on aurait aimé voir. Dommage que le script ait changé son fusil d’épaule entre-temps.
2/6
2009
de Christian Alvart
avec Renée Zellweger, Ian McShane