Les contes de Narnia sont une série de 7 livres, rédigés par Clive Staples Lewis entre 1949 et 1954. Ce sont à la base des contes pour enfants, qui cultive un univers assez riche, puisant dans de nombreuses mythologies un bestiaire réjouissant et prenant pour héros plusieurs enfants, principalement dans la même famille. D’une orientation plutôt catholique (Ahrem Aslan meurt en souffrant sa passion et ressuscite…), cette saga reste plutôt agréable à lire, dépaysant dès le second tome (car on ne va pas vraiment à Narnia dans le premier), mais dont le style assez infantile finira par peser sur le lecteur aimant l’aventure (les combats sont expédiés rapidement et sans description croustillantes, il ne s’en dégage aucun souffle épique). Alors qu’Harry Potter au ciné est lancé, Disney sent bien le filon que peut représenter une franchise grand public de cette carrure, et tente sa chance en adaptant le second tome de la saga : Le lion, la sorcière blanche et l’armoire magique. Un gros block buster qui contient tous les tics du divertissement disney à grande échelle. Après ce succès mondial (745 millions de dollars de par le monde), Disney se grouille d’embrayer sur la suite, et zappe magnifiquement le troisième tome pour en arriver au quatrième, le prince Caspian, où l’on retrouve nos héros. Ce nouveau film surprend par son souffle épique, et malgré son format toujours aseptisé, rassure quand à la qualité croissante de la saga, délestée d’un coup de près de la moitié de ses recettes. Sauvé in extremis de la crise financière par une revente à 20th century fox, L’odyssée du passeur d’Aurore affiche un bilan nettement plus mitigé (à peine 411 millions, soit 9 de moins que son prédécesseur), mais suffisamment juteux pour nous permettre d’espérer une poursuite de l’histoire. Entrez dans un univers féérique.
Le lion, la sorcière blanche et l’armoire magique : On est d’abord surpris par l’approche de Disney, qui choisit une introduction plutôt sombre pour son film, en mettant la vie de ses caractères en danger dès les premières minutes au cours d’un bombardement. Très vite, les enfants sont expédiés à la campagne loin des zones de dégâts, dans une grande maison qui empeste La mélodie du bonheur. Rapidement, au cours d’une séance de cache cache, on découvre l’armoire magique et l’univers merveilleux sur lequel elle donne. The show must go on !
Premier gros défaut du film : les caractères. Si dans le livre, bien qu’ils restent très naïfs, on y croyait, ils apparaissent trop soulignés dans le film, et manquent de naturel. Difficile dès lors de ne pas être las devant les réactions de nos personnages, qui nous exposent complaisamment leur sentiment qu’on avait saisi dès la première seconde. Le ton naïf des contes déborde exagérément sur ce film, et ruinera bien vite les attentes des amateurs d’héroïc fantasy (ce qui, avec la bande annonce, pouvait être compréhensible). On rencontre une pléiade de gentilles créatures qui parlent, on fuit, on trouve le camp rebelle et on prépare la contre-attaque, pendant qu’Edmund-le-sot croupit dans une geôle de glace. Pas vraiment de choses à critiquer vu que c’est l’adaptation exacte du livre, mais relativement mou quand même. Si du côté technique, on ne se plaint pas de l’élégante photographie et d’effets spéciaux plutôt soignés, on est nettement moins emballé par le conte en lui-même, qui semble tourner à vide. Enfin, la bataille finale. Les CGI prennent le relai, c’est la baston. Les gentils prennent gentiment l’avantage sur les méchants monstres (un indice, ils sont de couleur sombre), et l’affrontement final arrive enfin quand la sorcière se pointe. Aucune surprise, et des combats dont la chorégraphie un peu forcée ruine tout effet de surprise. C’est sympathique à voir, mais on se sent piloté vers une fin inévitable. Certes, on s’attendait à du cliché, mais un peu de surprise, un peu d’audace, ça ne faisait pas de mal. Je passe volontairement sur le martyr d’Aslan et sa résurrection, car je vois mal en quoi elle est utile à part faire une comparaison inévitable avec notre sauveur Jésus Christ. Au moins, les couleurs sont annoncées, et le public chrétien verra d’un bon œil cette métaphore dispensable. Gentille période de stabilité monarchique, puis retour au bercail. Relativement frileux pour un premier film, Narnia I compile les arguments de disney pour faire un film adapté à tous, et donne un produit esthétique mais formaté qui, si il reste plus joli qu’un Donjon et Dragon, ne divertira jamais totalement son public. Gentil, mais pas assez méchant.
2/6
de Andrew Adamson
avec Georgie Henley, Skandar Keynes
"Aimez-vous les uns les autres... Peace !"
Le prince Caspian : Histoire de conserver nos héros enfantins (alors que le troisième tome est l’un des meilleurs de toute la saga, car traitant d’un personnage Narnien dans le royaume de Narnia sans que des gosses immatures viennent y jouer les héros), on saute Le cheval et son écuyer pour ne pas paumer le public. Et on est vite surpris par les nombreux éléments épiques qui commencent à apparaître. C’est la bérézina dans Narnia, et Miraz qui s’est installé sur le trône s’attelle à civiliser le monde. Une louable tâche, mais il annihile la magie. Tuedieu ! Allons pourfendre cet hérétique et remettre le vrai Roi sur le trône, ce prince Caspian. Dès les premières images, on remarque quand même que le film a plus d’ampleur, notamment dans ses décors, où la résidence ennemie est une gigantesque forteresse, déjà montrée comme un des objectifs de combats. Moins outrancier que l’opus précédent, on se surprend même à apprécier l’action, qui évolue convenablement (ni trop vite pour semer les mômes, ni trop lentement pour que les pauvres adultes fatigués qui les surveillent roupillent). Ca continue dans l’épique avec l’attaque de ladite forteresse, vrai moment de détente et d’action dans ce film. Mais même si toutes ces scènes sont agréables, on repense trop au Seigneur des Anneaux (particulièrement pour la sortie d’Edmund). Et cette sensation de revoir le Seigneur… par intermittence se renforce jusqu’à la bataille finale. Mais quelle bataille ! Si le final du premier était plutôt sympa, mais trop axé sur nos personnages principaux, on suit ici beaucoup plus de combattants, et on a une vraie sensation de tactique militaire (avec des archers qui tuent les soldats en épargnant leurs chevaux ^^). Et nous finissons d’être convaincus quand la charge finale est enfin lancée et que les belles armées chrétienn… heu narniennes foncent dans le tas. Dommage pour cet ultime recours aux CGI, qui non contant de citer une nouvelle fois involontairement le Seigneur des anneaux, fait vraiment trop dans la métaphore divine.
Conclusion : si Narnia 2 est un film gentillet qui se revandique catho derrière ses symboles (remplacez Aslan par Christ), il possède aussi une puissance guerrière sympathique qui parvient à faire passer ses clichés sans problèmes, et qui satisfera enfin les amateurs de grand spectacle. Le budget du film a doublé, et on le sent bien. M’étais pas arrivé depuis Harry Potter 2, ça…
3/6
de Michael Apted
avec Georgie Henley, Skandar Keynes
L’odyssée du passeur d’Aurore : Malgré une introduction qui convainc moyennement (Edmund le lâche a l’air de vouloir se prouver quelque chose) et un petit con de cousin insupportable, on repart dans l’aventure sur le Passeur d’Aurore, un joli trois mâts fin comme un oiseau. Caspian et tous ses amis sont à bord. C’est reparti pour un tour. Si on est d’abord effrayé par l’absence de trouble à Narnia (en gros : il ne se passe rien), on est rassuré dès le premier mouillage (si Eustache ne vous a pas trop ennuyé lors de ses affrontements avec Ripitchip), avec une ville orientale plutôt bien reconstituée, et quelques combats agréables à l’œil. On constate cependant l’apparition et la disparition d’un brouillard vert venant du large. Le voyage va donc se poursuivre dans cette direction.
Si le script ne brille toujours pas pour sa finesse (on retrouve la naïveté appuyée du premier film, notamment lors des scènes de convoitises), ce film possède un réel vent de fraîcheur, et vaut infiniment mieux qu’un pitoyable Alice aux pays des Merveilles. On part découvrir de nouveaux horizon, de nouvelles terres… Un tel relent d’aventures, ça ne s’était pas vu depuis longtemps (car on était dans un domaine connu avec le prince Caspian : c’était de la reconquête). Les péripéties sont donc beaucoup plus variées et imprévisibles. On a en prime l’un des plus beaux monstres géants de l’histoire du cinéma récent, surtout qu’il ne fait pas de cadeaux. Si au final, le brouillard vert, qui nous évoquait le même sentiment que le Néant de l’histoire sans fin, n’est pas très utile (à part tenter Edmund…), on a globalement une histoire qui rend une justice plutôt honorable à ses personnages, et malgré une conclusion un peu trop à la Seigneur des anneaux, ce n’est pas sans émotions que se clôt le film (ce qui est rare, rappelons le ! On rechigne toujours à abandonner des héros qui plaisent). Ce Narnia 3 trouve en fraîcheur ce que le prince Caspian avait en épique. Et ça, on aime aussi !
3/6
de Michael Apted
avec Georgie Henley, Skandar Keynes