Franklin J. Schaffner est un excellent réalisateur, dont le talent a été reconnu depuis le mythique La planète des singes. Un véritable monument, faisant partie des bases de la culture SF. Mais Schaffner ne s’est pas arrêté à ce coup d’éclat. En 1973, sort un grand film d’aventure : Papillon. Le tournage a été titanesque (comme en témoigne l’évolution du physique des acteurs), le casting fait rêver (Mc Queen, Hoffman, Quade…) et affiche une durée prometteuse (2h30). Et il ne nous a pas roulé, le réalisateur. Papillon est tout simplement l’un des meilleurs films d’aventures de la décennie.
Rendons tout d’abord aux acteurs les honneurs qui leurs sont dus, car ils jouent tous admirablement bien. Contrairement aux gangsters des années 2000, ils la jouent sobre, surtout depuis qu’ils savent qu’ils seront déportés au bagne de Cayenne. Les conditions de détention les plus dures de l’administration pénitentiaire française. Le ton réalise du film fonctionne immédiatement, nous sommes en plein cœur des années 30 comme si nous y avions vécu. Le travail de reconstitution est admirable, et fonctionne parfaitement sur toute la durée du film ! Pas une erreur d’anachronisme. Dans ce cadre immersif, les personnages évoluent (portés par des acteurs d’une justesse surprenante). Ce film parvient aussi à un parfait équilibre entre cinéma bon enfant et réalisme documentaire. Sans montrer de violence particulièrement choquante, il parvient à susciter l’angoisse en rendant la menace d’une sanction ou d’une violence de la part d’un autre condamné. Un vrai challenge, qu’avait perdu La grande évasion, film d’aventure de bon ton que j’ai trouvé surestimé.
Le scénario est lui aussi réaliste, et très clair. Dès l’arrivée en Guyane, on nous présente toute tentative d’évasion comme impossible, en plus de mesures répressives fortement dissuasives. Un sentiment d’authenticité est perceptible dans chaque plan. Papillon cherche vite un moyen de s’évader, mais l’affaire prend beaucoup plus de temps que prévu. Le véritable enjeu, c’est de tenir jusqu’à ce que l’on ait les moyens de s’enfuir. Nous suivons ce personnage dans un calvaire quotidien qui parvient à retenir notre attention pour les différentes expériences qu’il propose : les travaux forcés, les relations entre détenus… La sincérité du ton de l’histoire fait mouche à tous les coups.
Sans aller jusqu’à éplucher les multiples rebondissements de l’intrigue, on retiendra que Papillon est un film intègre, amoral mais sobre, qui se révèle poignant dans les moments difficiles autant qu’il sait se montrer courageux lors desdites tentatives d’évasion. Une envie de liberté qui fait rêver.
6/6
De Franklin J. Schaffner
Avec Steve McQueen, Dustin Hoffman