Le film de braquage possède une recette qui, pour être réussie, doit être étudiée avec beaucoup de soins. Elle doit tenir compte d'un minimum d'enjeux, notamment pour ce qui concerne les questions éthiques, les valeurs des personnes qui vont enfreindre la loi, et des pléiades de trucs pas divertissants pour les masses mais qui pourraient rendre le film moral (ou amoralement acceptable). Que les fans se rassurent, ce n’est pas le cas ici. Attention, cette critique est agressive.
Personne ne pourra le nier, le film à gangster de notre époque ne brille que pour une chose : le casting. Impossible d’imaginer un casse sans y faire participer une célébrité, locale ou pas. Le respect du public se gagne aux noms inscrits en gros sur l’affiche, et là, Braquage à l’italienne fait très fort. Wahlberg, Theron, Norton… Une palenque d’acteurs connus et d’origines diverses, tentant de diversifier le cœur de cible du film (avec Seth Green pour les geeks, c’était quand même risqué). La trame principale est vite balisée : braquage foiré, pognon centralisé dans un gros coffre imprenable paumé dans un lieu inconnu. C’est qu’il va falloir faire un plan maintenant ! On nous sort le grand jeu habituel, les persos aux postes classiques (le baratineur, l’ouvreuse de coffre, le chef…). Le scénario ne s’embarrasse pas d’ailleurs de la cohérence, puisque ces criminels de profession, d’une complète amoralité, respecte un certain code d’honneur, qui n’est compréhensible que d’eux pour peu qu’on se mette à y réfléchir (faut respecter les femmes et l’honneur, et gagner du pognon coûte que coûte en évitant de penser aux autres répercussions que celles qu’il y aura sur mon compte en banque).
Comprenons nous bien. Je pousse ma gueulante sur ce film, mais je pourrais faire les mêmes reproches à un grand nombre d’entre eux, le pire de tous étant le pourrissime Ocean’s twelve, véritable commande commerciale puante calibrée pour être cool. A ceux qui me reprocheront alors de critiquer ces films ainsi et de louer les films des années 80 (qui sont pires sur les plans moraux), je répondrai que le contexte était nettement plus politiquement incorrect. Et que ces personnages n’étaient pas voués à être forcément cool. Mais cette espèce de complicité qui tente de s’installer avec ces gangsters et nous me fout la gerbe. Ils ne servent rien d’autre que leurs intérêts personnels et n’ont aucune vocation à devenir les nouveaux héros d’une génération. Combien de fois ai-je entendu que Braquage à l’italienne est un super film ?
Fin de la digression puritaine. Les scènes d’action sont plutôt réussies, lisibles malgré quelques passages montés un peu trop rapidement. Classique chez nos productions d’action récentes, mais quand même efficace. Les acteurs ont l’air de vraiment se plaire dans cette histoire, qui est tout à leur honneur, et témoignent donc de performances de jeu acceptables. C’est une histoire de braquage assez conventionnelle, mais qui fonctionne bien et qui nous offre quelques moments d’action bien senti (le braquage du départ est à ce titre plutôt amusant). Le tout se clôt par la victoire de nos héros, qui s’étreignent amicalement en se félicitant alors qu’Edward Norton est entraîné dans un coin du hangar pour être découpé en morceaux par ses associés. Il s’est fait baisé, on va le faire disparaître et tout le monde est heureux. C’est assez amoral, mais que voulez-vous, c’est cool, quoi… Divertissement garanti !
2/6
De F. Gary Gray
Avec Mark Wahlberg, Charlize Theron