Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 mars 2014 2 11 /03 /mars /2014 15:19

12-YEARS-A-SLAVE-AFFICHE-GOLDEN-GLOBE-FRANCE.jpeg

 

12 years a slave était attendu depuis au moins un an. Après l’excellente surprise qu’a été Shame (confirmant les espoirs que Steve McQueen avait suscité depuis le costaud Hunger), voir un tel réalisateur s’attaquer à la vie dans les plantations esclavagistes avait un gros potentiel. Souffrance, désespoir, portraits en profondeur, on avait là beaucoup de matière pour faire un film édifiant. C’était hélas sans compter sur la concurrence de Django, involontaire mais bien réelle.

L’histoire : Solomon, noir libre dans le nord des Etats Units, est enlevé et vendu comme esclave dans une plantation. Commencent alors 12 ans d’esclavage.

 

film1_12YearsSlave-w.jpg

 

12 Years a slave était très attendu au tournant. Après une œuvre comme Shame, Steve McQueen portait de gros espoirs, et la perspective de le voir se confronter à un drame humain aussi intense que l’esclavage avait là un potentiel à même de convaincre tout le monde. Mais hélas, le film se transforme bien vite en une sorte d’illustration commémorative du devoir de mémoire sur l’esclavage. Le pitch ne nous promettait pas beaucoup plus, mais Steve McQueen, si. La proximité qu’il avait avec ses personnages dans ses précédentes œuvres, ainsi que la présence de plusieurs séquences virtuoses qui livraient de vrais moments de cinéma, tout cela était aussi une promesse. Or, ce n’est finalement pas là. Comme l’avait noté Princécranoir, la seule scène vraiment dans le ton est celle de la pendaison à l’arbre, dans l’indifférence presque totale des personnes aux alentours. Pour le reste, 12 years est sincère, mais n’offre pas grand-chose de déjà vu. La reconstitution d’époque est soignée, les lieux de tournage magnifiques, les acteurs investis… Mais le spectacle ne parvient jamais vraiment à décoller, parce que l’on connaît déjà cela. J’avais commencé ma chronique en mentionnant Django Unchained, ce qui est une erreur au vu des objectifs complètement différents des deux œuvres. Mais c’est parce que Django se révélait inattendu et imprévisible qu’il parvenait à être réussi et divertissant (dans un contexte similaire, tout en ayant des qualités de mise en scène similaire). La comparaison joue finalement en la défaveur de 12 years, qui n’a pas grand-chose de plus à offrir que son parcours de vie. Oh, nettement plus crédible et sobre que chez Tarantino, c’est une évidence, mais sans que le film ne dépasse son sujet (le désespoir de son personnage, l’évasion toujours reportée à plus tard). Certaines figures sont naturellement plus puissantes que d’autres (sans surprises, Fassbender y incarne le meilleur portrait, et les performances d’acteur sont globalement d’un haut niveau), mais peu de choses émergent. L’issue est un bel exemple des limites du film, Solomon étant sauvé et c’est tout. On oublie ses compagnons d’infortune, on le laisse retrouver sa famille dans les pleurs, puis générique de fin. Rien ne vient soutenir les faits, il n’y a pas de virtuosité intense derrière les faits (adaptation assez littérale de la biographie de son protagoniste). Ce qui déçoit un peu en tant qu’objet de cinéma. La mise en scène sauve quand même bien les meubles, et les performances d’acteurs donnent un contexte propice à apprécier le spectacle, sans chercher à transcender le sujet pour autant. Une petite déception, mais un bon film.

 

4/6


2013
de Steve McQueen (II)
avec Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender

 

12-years-a-slave-wins-at-toronto-film-fest-1379353271-5199.jpg

Partager cet article
Repost0

commentaires

G
mon avis : le meilleur film realise sur l'esclavage des noirs au cinema , encore mieux que la serie tv culte 'Roots "(Racines ') encore mieux que le celebre "Mandigo "de Fleisher ou "Amistadt ' de<br /> Spielberg ! merite l'oscar ~! et on ne sort pas indemme de la salle de projection ! le sieur Dieudonne ne desirait il pas realiser un film sur l'esclavage lui aussi , mais attention dans son<br /> scenario ce seont des "juifs " les negriers ....Pour quand donc ?
Répondre
V
<br /> <br /> C'est vrai que Dieudonné avait rajouté une couche de provoc avec ce projet. Mais en terme de qualité, il y avait de nets progrès entre l'antisémite et Métastases. Peut être réussira-t-il à<br /> produire un truc potable (vu que sur la provoc, ça balancera surement du lourd).<br /> <br /> <br /> Pour en revenir à 12 years, si c'est indéniablement un bon film, je n'ai pas vraiment été immergé dans le film, pas en tout cas à la mesure de ses prédécesseurs Shame et Hunger. J'étais donc un<br /> peu déçu, et je trouvais que le film a laissé passer plusieurs occasions. La libération de Solomon, où il laisse tous les autres esclaves sans un mot. Surement un des meilleurs films sur le<br /> sujet, mais pas un chef d'oeuvre cinématographique...<br /> <br /> <br /> <br />
2
Une production qui fait débat dans la sphère spectatorielle. Je ne l'ai pas vu, mais c'est vrai que le film a tout de la bête de concours - je partage d'ailleurs le point de vue de Princécranoir<br /> sur la présence de Brad Pitt au générique.
Répondre
V
<br /> <br /> Je ne me fais pas de soucis quant à ton visionnage prochain du bestiau. Il sera un incontournable de 2014, si il ne perdure pas au delà...<br /> <br /> <br /> <br />
P
La présence de Brad Pitt est à voir, à mon sens, est visée double : à la fois en tant que producteur qui, pour financer le film (un film en costume ça coûte nécessairement un peu cher), utilise son<br /> nom et sa présence à l'écran comme argument commercial ("12 years a slave", avec des morceaux de Brad Pitt dedans) mais peut-être également l'envie de figurer au générique d'une oeuvre qui pourrait<br /> s'avérer marquante artistiquement. De la même mnaière dans l'épatant "l'assassinat de Jesse James..." également produit par Plan B, il endossait même le rôle principal. Pour le coup, la puissance<br /> artistique de Dominik parvenait à transcender le simple récit historique.
Répondre
V
Au passage j'ajouterai que Brad Pitt incarnant le gentil et le sauveur c'était un peu too much.
Répondre
V
<br /> <br /> Pour un peu, il leur offrirai un pepsi à l'ombre...<br /> <br /> <br /> <br />
P
A ce jeu de ping pong de citations, on va finir par s'associer mon cher James ! Nos avis concordent en effet, même si j'aurais presque tendance à être un peu plus sévère que toi. McQueen avait<br /> pourtant su éviter de se laisser prendre au piège du pittoresque et du pathos dans son excellent film sur Bobby Sands. Sans doute trop émotionnellement et personnellement impliqué dans l'expérience<br /> relatée par Solomon Northup, il oublie trop souvent la distance de l'artiste sur son sujet. Toutefois, comme tu le signales, quelques belles idées de cinéma rendent au film quelques belles lettres<br /> de noblesse. %ais cette fin, quel désastre !
Répondre
V
<br /> <br /> En même temps, ma critique tardive de ce film (j'étais dans un état étrange la semaine après le visionnage, je ne parvenais pas à me décider sur ce que j'avais aimé, et ce sentiment de déception<br /> diffus...). Dommage pour McQueen, c'est le moins bon de sa filmo, mais ça reste un cru honorable. Pas à la hauteur des attentes, mais un honnête projet (que je met dans la même case qu'un Les<br /> Brasiers de la colère).<br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Le blog de voracinephile
  • : Le cinéma en grand, comme je l'aime. Points de vue, critiques, discussions...
  • Contact

Profil

  • voracinephile
  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.
  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.

Recherche