Quand j’étais jeune (vers 10 ans), un film d’horreur, c’était quand y avait une grosse bestiole. Mais grosse, vraiment grosse, car plus c’est gros, plus c’est agressif. Et quand elles étaient grosses dans le genre énorme, ça faisait un bon gros film d’horreur. Après, la nature de la bestiole importait peu (requin, araignée…), mais du moment qu’elle était grosse, c’était bon. Alors, quand on vous parle d’un gros serpent, c’est dire l’enthousiasme dont je débordais à l’époque…
L’histoire : y un serpent, mais il est très gros.
Duel de tronches !
D’ailleurs, y en a même plusieurs, des gros serpents, mais vu que c’est un ressort dramatique qui permet de relancer l’action aux deux tiers du film, j’éviterai de l’écrire. Clairement, dans le genre nanar monstrueux catégorie les animaux sont nos ennemis, Anaconda se pose là. Des personnages complètement inintéressants (à l’exception d’un John Voight qui s’éclate comme une bête (il semble être le seul à avoir compris l’état d’esprit du film)), un prétexte nanar (on va aller filmer des indigènes… comme dans Cannibale Holocaust), du remplissage pour faire traîner les promesses (le coup de la guêpe dans le respirateur de la bombonne d’air, le moyen de réduire considérablement le cachet de l’acteur à l’écran). Et on ne voit pas grand-chose jusqu’à ce que John, qui pêche à la ligne avec des singes fraîchement abattus (les minables protestations de l’écolo du groupe sont assez drôles), choppe un gros morceau avant exploser un barrage recouvert de bébés anaconda. L’occasion de nous filmer un bébé anaconda essayant de chopper le doigt d’un de nos personnages, alors qu’on sait que les serpents constricteurs n’attaquent jamais des proies plus grandes qu’eux. Que ce soit pour l’hameçon qu’elle a dans la gueule ou pour sa couvée explosée, la maman anaconda pète un câble et revient assurer l’animation de notre triste colonie de vacance sur radeau avançant à faible allure. L’occasion de voir un serpent en plastique s’amuser à terroriser le groupe tout en variant les plaisirs. Et comme il est très très gros, il a un très très gros appétit ! Notre anaconda se fait alors un plaisir de manger un par un nos reporters, alors qu’un seul le contenterait habituellement pour une semaine. Un tel appétit, ce n’est possible que dans un très très bon film ! A moins que le twist de plusieurs gros serpents (on doit rajouter le papa et la cousine) vient justifier cette fringale touristique. Quoiqu’il en soit, tout le monde se fait becter tôt où tard à l’exception de la jolie femme du groupe que ça serait un gâchis de la sacrifier (Jennifer Lopez, comme quoi, être belle peut vous sauver dans un script), Ice Cube (lui, ça doit être parce qu’il est noir (il est black !) et qu’il faut briser le cliché, parce qu’il est très agaçant dans ce film, et d’ailleurs, dans pas mal des films où il joue) et le jeune héros qui pendant tout le film a dormi dans la soute (si tout le monde était resté dans la soute, la tragédie n'aurait pas eu lieu...). Bref, Anaconda est un des fantasmes animaliers de ma tendre enfance, le genre de nanar improbable qui met toujours le sourire aux lèvres devant des débilités aussi assumées. Un petit divertissement ma foi agréable, mais qui ne vole clairement pas haut.
1.5/6 (mais un marrant 13/20 nanar)
1997
de Luis Llosa
avec Jon Voight, Jennifer Lopez
"Avant j'étais prêtre, maintenant je chasse des serpents avec des petits singes... Et y a rien de drôle avec ça ! J'aime pas l'humour."