Clint Eastwood a la réputation d’être un bon cinéaste qui nous a gratifiés d’une pléiade de bons films, allant du drame au western. Cependant, depuis Invictus, la côte du réalisateur semble quelque peu baisser. Et c’est aujourd’hui au tour d’au-delà de passer à la casserole, puisqu’il doit s’agir de l’un des plus mauvais films de Clint. Si la réalisation ne démérite pas avec ses précédents chefs d’œuvres, le propos est quant à lui beaucoup plus flou.
L’histoire : 3 personnes : une journaliste française qui frôle la mort dans le Tsunami, un médium qui désire abandonner son activité et sa « malédiction », un jeune garçon dont le frère jumeau décède dans un accident.
Clint aime faire du bon cinéma, et ça se sent. Avec la volonté de nous offrir dès l’ouverture un tsunami réaliste (on est loin des gigantesques vagues d’Emmerich dans 2012) et des drames « individuels » (le récit est fragmenté pour chacun de nos protagonistes), le lancement du film augurait du meilleur, notamment avec un Matt Damon qui jouait plutôt bien la personne ayant un don et qui aimerait s’en délester pour avoir une vie normale (il est harcelé par des personnes en deuil voulant communiquer avec leur défunt). Notre journaliste, campée par Cécile de France, se révélait intéressante dans sa perte progressive d’intérêt pour sa vie professionnelle, attirée par son expérience de quelques secondes, qu’elle aimerait faire partager au monde. Et lors de la mort d’un des jumeaux, son frère cadet, soustrait à la garde de sa mère alcoolique, se lance dans une quête pour savoir où son frère est allé. Des portraits qui partaient bien, et qui pouvaient en effet devenir une sorte de néo-référence sur la vie après la mort. Mais les ambitions s’arrêtent finalement à ces esquisses. Le film devient lent, ennuyeux, car ne faisant finalement que très peu évoluer la situation de nos protagonistes, ou délivrant des messages connus, ou au pire maladroits. Par exemple, on aura droit au couplet sur les journalistes qui traitent d’informations et qui se contrefichent de spiritualité. Une idée qu’on avait déjà assimilée. Et sur la vie après la mort, le script s’emmêle carrément les pinceaux. Discréditant les thèses chrétiennes ou musulmanes par quelques vidéos youtube ( ??), Clint se met alors à taper sur les voyants plus ou moins scientifiques, jusqu’à ce que le gosse tombe sur Matt Damon (en ayant toujours l’air d’y croire), qui lui est un voyant authentique. La différence avec les autres ? Ben… il prétend être victime d’une malédiction, et ses discours sont souvent justes mais il lui arrive de se tromper. Mouais… Non ! Pas sur un sujet pareil. C’est pas avec une image surexposée avec des silhouettes (une perception connue, et maintenant assimilée par toute la société, au courant de ces expériences extra corporelles) qu’on va se mettre à suivre aveuglément le film, qui se révèle trop maladroit sur une question, avouons le, assez délicate à traiter. Je retiens surtout le rôle de Matt Damon qui doit être celui m’ayant le plus intéressé, car suivant l’évolution psychologique d’une personne ayant un don de voyance qui le pousse régulièrement dans la solitude. Un film raté dans le fond, mais qui tient encore la route au niveau réalisation.
1.75/6
2010
de Clint Eastwood
avec Matt Damon, Cécile de France