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24 février 2012 5 24 /02 /février /2012 20:03

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Schizophrenia était le premier film de psychopathe à utiliser la voix off pour laisser parler son personnage principal, et ainsi nous donner un aperçu de sa pensée (le résultat était assez perturbant, osant même faire de l’humour noir en pleine scène de meurtre). Seul contre tous a recyclé le phénomène en conférant à cette voix off un punch, un mordant, aussi acide qu’engagé, voué à déverser la haine d’une existence sur la société qui entoure notre personnage de boucher, touchant parfois avec justesse certaines vérités, mais allant si loin dans ses débordements moraux qu’il finissait par s’aliéner tout le monde. Aujourd’hui, on parle de Baxter, qui utilise à nouveau une voix off agressive pour faire parler un chien dont nous allons suivre la vie.

L’histoire : Baxter est un petit chien méchant, acheté par une vieille dame pour égayer ses journées. Baxter est de plus en plus excédé par le comportement de sa maîtresse, qui pue littéralement la peur.

 

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Baxter est une petite truculence de notre cinéma hexagonal, puisqu’en plus d'être la gueulante annonçant 10 ans à l'avance Seul contre Tous, il se permet un radical détournement des codes du film animalier, où notre chien, personnage principal du film, est ici une bestiole dominée par l’instinct qui va peu à peu haïr chacun de ses différents maîtres. On commence d’abord avec une vieille dame qui confine Baxter à l’intérieur de la maison, ne lui autorisant que très peu de sorties. Elle a des manies qui contredisent sans arrêt les instincts de Baxter. En bref, elle lui tape sur les nerfs avec ses manies de vieille, d’autant plus que la peur ne quitte jamais son quotidien, la vieillesse apportant son lot d’amertume et de lamentations. Une sorte de développement de la partie en hospice qu’on voyait dans Seul contre tous. La situation s’éternise (même le spectateur pourra trouver qu’elle traîne un peu) jusqu’à ce que Baxter, excédé, précipite sa maîtresse dans les escaliers et s’échappe de la maison. Il trouve alors refuge chez un couple du voisinage, en train de s’installer dans une nouvelle maison. Cette vie le satisfait pendant un temps, mais bientôt, le couple a un bébé, à qui on accorde beaucoup plus d’attention qu’à Baxter. L’instinct de ce dernier ne tarde pas à reprendre le dessus et il planifie bientôt de pousser le môme dans un bassin récemment construit. Sans développer plus loin cette partie, Baxter part finalement chercher un nouveau maître, et tombe alors sur un gosse du voisinage, qui s’est construit un bunker sur un chantier et qui est fan d’Adolf Hitler. Avec un chien, il se sent maintenant comme son idole, et on suit son quotidien pendant quelques temps. Alors que le garçon se rapproche d’une gamine de son âge, Baxter fornique avec la chienne de cette dernière (par pur instinct, comme le précisera la voix off), ce qui donne naissance à une portée de plusieurs chiots, qui finiront adoptés par le gosse tyrannique, qui se mettra à torturer les animaux ainsi que Baxter. Le film tient du jamais vu dans sa manière de traiter l’animal au centre du récit, puisqu’il se propose carrément d’étudier la psychologie d’un chien plutôt guidé par ses instincts que par son affectif (ce qui le rapproche considérablement des humains). Toutefois, si Seul contre tous avait un rythme pêchu qui faisait sans arrêt avancer l’histoire (mais les long plan où rien de très consistant n’apparaît), Baxter est moins rythmé, plus contenu, et par conséquent, le récit faiblit parfois, sans pour autant perdre de vue la pensée de son clebs. Reste que ce détournement du film animalier représente un mini OFNI, un film de personnage qui illustre des comportements humains sans cesse confrontés avec une pensée animale, pensée qui passera finalement par la voix off du dernier personnage à l’écran, faisant le lien avec le discours de Baxter, mais à l’échelle humaine. Indispensable et pourtant méconnu, mais surprenant pour ce qu’il propose !

 

5/6

 

1988
de Jérôme Boivin
avec Lise Delamare, Jean Mercure

 

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commentaires

A
autant je me débrouille en anglais, autant je ne pige rien à l'allemand. J'essaierai donc de le trouver en dvd mais va falloir sortir le porte-feuille
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V
<br /> <br /> Donc, ça ne sera pas pour tout de suite. Garde en tout le titre noté quelque part, il serait vraiment intéressant d'en débattre.<br /> <br /> <br /> <br />
Z
Le pitsch me dit quelque chose, mais je n'ai pas vu le film (sans doute que j'ai relevé en découvrant Maléfique - un petit "choc" pour moi il y a quelques années, je ne sais pas s'il le serait<br /> aujourd'hui...).<br /> Après tout, "The Human Centipede" se veut une comédie et "A Serbian Film" a fait se tordre de rire des salles entières alors même que c'était un sommet trash et dégénéré (qu'il soit légitime et<br /> efficace ou pas). Je crois aussi que tout est relatif et qu'on peut avoir des surprises. Dans le domaine horrifique (réaliste ou grand-guignol), je crois tout de même qu'à force d'expérimentations,<br /> notre regard dénature ce que nous voyons.
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V
<br /> <br /> Oui, le court métrage était en bonus sur le dvd de Maléfique (un bon petit film fantastique à la française, toujours appréciable par les temps qui courrent). Il s'appelait "Il est difficile de<br /> tuer quelqu'un, même un lundi".<br /> <br /> <br /> L'approche du public au vu de A serbian film a beaucoup changée en effet, vu qu'on arrive maintenant à en rire tant ce film putassier se révèle finalement gratuit (et digne de la blague trash<br /> d'ouverture du remake de The Thing). Après, j'ai aussi mes limites et je ne ris pas dans toutes les situations décalées (certains ont par exemple ri devant la scène de viol d'Orange mécanique,<br /> pas moi). Ca doit surtout être un signe de "décalage" qui provoque ce phénomène étrange du rire (vu qu'on peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui). Pour ce qui est des films, je minimise<br /> un peu la signification du rire (vu qu'on est face à quelque chose de pas réel car joué, j'ai le rire un peu plus facile). Mais en société, attention à ce qu'il peut signifier... Je pense que ça<br /> serait très dur de rire après avoir dit "restez assis" à un tétraplégique, et pourtant, 10 millions de français l'ont fait devant Intouchables. L'humour est nettement plus facile devant la<br /> pellicule.<br /> <br /> <br /> Et comme tu le dis, une certaine accoutumance à la violence peut vraiment modifier notre approche dans une situation. De là à dénaturer, tu y vas fort, mais l'influence est vraiment palpable.<br /> Combien de fois me suis-je posé la question : "que faire si j'étais dans cette situation ?" Et vu que la solution souvent employée est la violence, je frissonne en pensant à ce qu'une décision<br /> hâtive pourrait provoquer. Si par dénaturer, tu entends qu'on minimise l'impact des images que l'on reçoit, je suis d'accord (un cadavre à l'écran, maintenant, à moins que cela soit inattendu, ça<br /> ne m'impressionne plus). Mais après, la réaction du spectateur tient surtout dans sa perception du film (et sur ce point, un film d'horreur cliché peut très bien fonctionner sur moi si il s'y<br /> prend "bien selon mes goûts"). Deux personnes voient un film et en ont un ressenti différent. Le point de vue de l'un serait-il dénaturé par le fait qu'il ait vu d'autres films du genre avant ?<br /> Ce n'est pas le terme que j'emploierais en tout cas.<br /> <br /> <br /> <br />
Z
C'est un film qui m'intrigue depuis un moment ; il est de ceux dont je sais que je les verrais et dont je préfère savoir le moins d'ici là pour ne pas partir dans des pré-interprétations. Malgré<br /> tout, j'avais sans doute une vague idée, puisque les comparaisons m'étonnent beaucoup.. Je m'attendais plus à du Baby Blood croisé avec Zardoz et Jean Rollin - en gros. Merci pour les indications<br /> en début d'article, là aussi j'apprend des choses insoupçonnés (Schizophrenia avec de l'humour ? à en croire certains internautes, c'est le film le plus glaçant de tous les temps !?)
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V
<br /> <br /> Inutile de prendre pour argent comptant mon approche du film, Baxter devrait sans doute réussir à te surprendre, même en ayant cité Seul contre tous (film ultra énervé, mais pas non plus dépourvu<br /> d'humour lui aussi).<br /> <br /> <br /> Concernant mon approche de Schizophrenia (et ma critique du film détaille un peu cela), si le film n'est absolument pas drôle au premier degré (vu qu'on suit un assassin qui n'arrête pas de<br /> chercher des victimes potentielles), j'ai trouvé qu'il y avait des traces d'humour dans certaines remarques, où dans certaines situations. Eric Valette avait par exemple fait un court métrage sur<br /> un apprentit serial killer qui prépare méthodiquement son premier meurtre d'une série qu'il espère foisonnante. Mais il va de bourde en bourdes et le court se révèle vraiment très drôle pour un<br /> certain côté absurde (en décalage avec cette situation glauque de mec qui veut tuer quelqu'un). Et bien, j'ai retrouvé un peu de ça dans Schizopherina, notamment pour la scène du meurtre de la<br /> grand mère que je trouve pratiquement cartoonesque dans la manière de filmer. Glaçant au premier degré, mais la manière de filmer rend l'ambiance bizarre, ou en tout cas elle donne un ton décalé<br /> à l'ambiance froide qu'on aurait attendu. Après, j'ai peut être une conception de l'humour particulière (ça reste encore un fois une question de goûts, il y a bien des gens qui rient de<br /> Spartatouille alors que je trouve ça navrant), mais j'y vois de l'humour et ça ne me surprend pas, ce procédé tendant à rendre le personnage plus humain. Tobe hooper fait bien des blagues dans<br /> Massacre à la tronçonneuse 2, cela atténue-t-il le spectacle pour autant ?<br /> <br /> <br /> <br />
A
comme je le disais: va vraiment falloir que je le voie celui là. Je vais essayer de voir s'il est dispo ou non sur youtube
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V
<br /> <br /> J'ai jeté un petit coup d'oeil, mais à première vue, il n'est pas sur youtube (il y est, mais avec le doublage allemand, ce qui n'a pas grand intérêt pour découvrir ce film français). Bon courage<br /> !<br /> <br /> <br /> <br />
A
jamais vu mais comme tu le soulignes, le film reste hélas méconnu et pas facile de le trouver à bas prix sur le net !
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V
<br /> <br /> Une véritable injustice pour ce petit brûlot à la rage contenue (la voix de Baxter est très calme) mais véritablement subversif (Baxter ne se sent finalement à sa place qu'avec le petit nazillon<br /> de la fin). Un vrai petit OFNI qu'il serait bon de découvrir (je l'avais récupéré il y a longtemps chez Les Introuvables).<br /> <br /> <br /> <br />

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  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.
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