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24 décembre 2011 6 24 /12 /décembre /2011 09:12

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Le vigilante est un sous genre du film d’action où le héros, sous prétexte de rétablir un équilibre moral sur une situation qui part en cacahouète, utilise la violence de ceux qu’il combat. Des dilemmes moraux aussi intéressants que des scènes d’action bien shootées, voilà de quoi ravir l’amateur de cinéma adulte. Ici, Harry Brown se focalise sur un ancien membre des services spéciaux de l’armée aux prises avec des jeunes de cités qui ne cessent d’aller trop loin dans la violence, qui fait maintenant partie de leur quotidien. Mais Harry Brown a la pertinence de se focaliser toujours sur son personnage principal afin de nous en faire embrasser pleinement le point de vue, malgré les dilemmes moraux qui se posent habituellement.

L’histoire : Harry Brown, militaire retraité, vit dans une cité mal famée de Londres, où les agressions ne cessent de se multiplier. Jusqu’à ce que son meilleur ami soit tué par une bande de jeunes.

 

http://www.filmsfix.com/wp-content/uploads/2010/12/Harry-Brown-film-photo-Michael-Caine-02-580x357.jpg


Harry Brown est donc immédiatement attachant, le film faisant tout pour que l’on cerne vite son point de vue et qu’on l’adopte nous aussi. Vieux retraité de l’armée, Harry vit dans un quotidien merdique (magnifique photographie grise réduisant les contrastes), partagé entre son appartement, le bar où il retrouve son meilleur ami pour jouer aux échecs et l’hôpital où sa femme reste dans le coma. Très vite, sa femme meurt une nuit, et Harry se retrouve rapidement seul, son ami étant pris à parti par une bande de jeunes qui finissent par le tuer dans une ruelle. Cette isolation progressive de notre héros et les blessures morales qu’il subit à chaque nouvelle perte nous rapprochent immédiatement de lui, vu que personne ne songerait à se reconnaître chez les agresseurs. Sur une lignée comparable à l’excellent Eden Lake, nos méchants sont ici des jeunes sans morale, des camés et des trafiquants de marchandises diverses. De véritables ordures qui, comme l’expose direct l’introduction, usent de la violence à tort et à travers sans jamais éprouver le moindre remords. A ce titre, on saluera la performance de l’incroyable Sean Harris (totalement barré, celui là), qui nous livre une prestation monumentale d’un junkie trafiquant d’arme au corps couvert de cicatrices. Vraiment, il doit être la plus grosse ordure de la production, et l’éclairage glauque lui donnant un teint jaune maladif n’est pas pour alléger les choses. En face de lui, Michael Caine est impeccable en Harry Brown, la sobriété de son jeu parvenant à toujours nous ranger de son côté et à en faire quelqu’un de crédible (voir la course poursuite sur le canal où il doit réussir à faire 60 mètres avant de faire un malaise). Et la morale dans tout ça ? Et bien si dans Death Sentence, une agente nous assénait des leçons morales comme des coups de massues, ici, la police se révèle relativement inefficace faute de preuves suffisantes (l’éprouvant interrogatoire des jeunes impliqués dans l’affaire qui nient tous leur implication), et l’inspectrice Frampton ne parviendra jamais à prendre le dessus dans ses échanges avec Harry, qu’elle suspecte bien vite d’être un justicier. L’incroyable dialogue où elle annonce à Harry que les accusations qui pèsent contre les meurtriers de son ami vont être réduites est un élément carrément déclencheur de l’envie de justice d’Harry, qui l’emmènera sur la route dangereuse mais salutaire du nettoyage de son quartier, le final appuyant vraiment la décision de Harry (Harry qui se repromène seul dans son quartier apaisé (et maintenant vidé de toutes ses racailles) sur fond de musique douce. Un film totalement engagé, mais qui parvient à nous ranger de son côté avec un héros charismatique et des méchants crédibles, d’un excellent cru et techniquement impeccable (on notera dans l’éclairage une redondance des ambiances oranges quand Harry s’attaque à la canaille dans plusieurs séquences). En bref une excellente découverte, qui aurait mérité bien mieux que sa sortie en catimini au début de l'année.

 

5/6

 

2009
de Daniel Barber
avec Michael Caine, Emily Mortimer

 

photo-harry-brown-2009-12.jpg

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commentaires

V
Je viens justement de me rappeler de ce film en dressant le bilan de l'année. Je n'avais pas été si enthousiaste, en tout cas dans la note, mais pour un vigilant, domaine "borderline" s'il en est,<br /> c'est largement valable (et en tant que drame/policier encore plus, si on mesure ainsi). Par contre, il n'est pas sorti en DTV - je ne l'ai pas vu au cinéma mais je suis certain qu'on pouvait l'y<br /> trouver, en janvier/février, peut-être un peu après.
Répondre
V
<br /> <br /> Pour le DTV, j'avais vérifié, je me rappelle avoir modifié ma chronique en conséquence, mais la modif n'a pas dû être enregistrée ! Merci de me l'avoir signalé, en effet le film était sorti au<br /> début de l'année 2011, mais il n'avait pas fait grand bruit (d'autant plus qu'il a été boudé par la critique).<br /> <br /> <br /> <br />

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