Nouvel opus de la saga Hellraiser avec Hell on Earth, le troisième épisode de la saga ! Réalisé par le bisseux Anthony Hicox, la saga prend un tournant beaucoup plus divertissant, devenant une sorte d’alternative à Freddy avec des monstres au potentiel assez énorme (en témoigne Hellworld) et une plongée dans les milieux louches de la ville. Un cheminement somme toute logique avec l’époque de sortie du film.
L’histoire : Joey Summerskin, une journaliste en quête de scoop assiste à une mort affreuse dans un hôpital, un jeune homme mis en pièces par des chaînes à crochet. Alors qu’elle mène son enquête, elle rencontre un jeune propriétaire de bar, J. P. Monroe, qui vient de faire l’acquisition d’une mystérieuse statue…
Voici vraiment un projet bis de suite par excellence. Abandonnant complètement les conclusions du second opus, il plante carrément de nouveaux personnages et va se donner le luxe de faire apparaître de nouveaux cénobites aux designs pour le moins contestables. En effet, si ceux des deux premiers films avaient des apparences repoussantes et pouvant susciter la peur, les nouveaux prêteront plutôt à rire, entre un disque-jockey de cuir vêtu lanceur de CD et un caméraman à l’objectif meurtrier. Il n’y a que Pinhead qui a survécu, toujours aussi charismatique et pour le coup beaucoup plus bavard. Il énoncera ainsi tout un tas de phrases sans grande signification, mais qui utilisent le champ lexical de la souffrance et de la torture pour dire qu’en gros, il veut la fameuse boîte. D’ailleurs, ce film tente une innovation avec sa fameuse statue, sorte de colonne représentant des dizaines de corps malmenés, la tête de Pinhead étant capable de parler, et réclamant au possesseur de la statue du sang pour se libérer. Aucune info sur l’origine de cette statue, ce qui est un peu dommage, mais bon, tant pis. Se voulant être un divertissement horrorifique, le film nous épicera ses dialogues de remplissage avec de régulières mises à mort pour abreuver la statue, avant de voir les choses en grand quand Pin Head décide enfin d’en sortir. Toutefois, si le film parcourt la ville, les visions qu’il nous propose peinent à nous faire oublier les mémorables séquences des premiers films. Tout au plus, on se souviendra de Pin Head qui prend des poses christiques à l’intérieur d’une chapelle pendant que les cierges s’énervent. Mais entre temps, on rigole devant une VF qui joue très largement la carte du remplissage, avec des dialogues aussi essentiels que « Il est génial ton appart ! Il est à toi ou il est en location ? » « Il sera à moi… quand j’aurai fini de le rembourser… » « C’est cool d’avoir un vrai chez-soi ! ». Ainsi, régulièrement, on a de petits éclats de rire devant des répliques à côté de la plaque ou des dialogues nanars de premier plan (« Enfoiré, pour qui tu te prends ? » « Je suis J.P. Monroe, pas vrai ! Espèce de pauvre cruche ! Rends moi ma liquette et grouille toi d’dépolluer mon atmosphère ! »). Le film se focalise ainsi sur la journaliste et une jeune adulte rebelle tendance gothique (sensée retenir l’attention du public masculin adolescent) qui cohabitent du jour au lendemain dans un appart, et sur J.P., un beau gosse qui enchaîne les conquêtes avant de les sacrifier à Pin Head. On notera que le film tente aussi de s’aventurer sur les terrains de l’onirisme avec les rêves de Joey, qui revoit la mort de son père à la guerre du Viet Nam. Une tentative intéressante, mais douloureusement prévisible lors d’un twist final convenu (et qui semble calqué sur celui de Freddy III). Les thématiques d’assouvissement du plaisir et du sado-masochisme se retrouvent diluées dans tout ça, vivant plutôt par leur simple évocation que par un traitement en profondeur (« Tu aimes ce qui est torturé, je peux t’aider à assouvir tes désirs… » « Quand est-ce qu’on commence ? »). En bref, c’est du divertissement un peu gore et pas très fin, mais amusant. De quoi prendre son mal en patiente avant de voir le quatrième opus quant à lui beaucoup plus attachant, mais beaucoup plus bordélique…
3.3/6
1992
de Anthony Hickox
avec Kevin Bernhardt, Lawrence Mortorff