Je reviendrai sur le cas de Kick Ass premier du nom, film que j’avais trouvé assez moyen pour sa complaisance un peu trop éclatante pour la violence ainsi que pour l’humour geek indigeste. Toutefois, il possédait d’autres qualités qui équilibraient la balance. Kick Ass 2, au vu de sa bande annonce, s’apprétait à redoubler dans la surenchère putassière de violence gratuite et de coolitude insupportable, à tel point qu’en entrant dans la salle, j’avais déjà des idées de cassage en tête. Raté, il est meilleur que son prédécesseur, et en bien.
L’histoire : Hit girl, désormais sans père, hésite de plus en plus à continuer de porter le masque. Kick Ass, de son côté, cherche à former une équipe pour lutter plus efficacement contre le crime. Mais Red Mist, ne supportant pas la mort de son père, décide de devenir le premier super-méchant dans la réalité, en montant une équipe de mercenaire.
Le syndrome Kick Ass contient des attitudes qui peuvent susciter l’agacement, comme une certaine impertinence et un gros scepticisme en face de la police. On peut rajouter à ça une certaine suffisance puisqu’il a tendance à vouloir ridiculiser les « opposants » en face de nos protagonistes engoncés dans des costumes très carnavalesques. Mais il le fait ici tout en étant mieux conscient de sa carrure, de ses dilemmes moraux et surtout de sa complaisance pour la violence. Si Hit girl coupait les gens en deux avec sa lance sur fond de Rock’n Roll dans le premier, ici, on revient à une échelle plus appropriée de simple bottage de cul à coups d’uppercut, qui active moins les sirènes de la morale qu’on était tenté d’allumer (l'affrontement final n'aura pas vraiment la même retenue, et d'ailleurs, le film flirte toujours avec l'ultra violence (la main coupée)). Il en est de même avec les protagonistes, qui sont clairement mis en avant dans ce film. C’était aussi le cas dans le premier, et ici, le phénomène s’amplifie, et moins dans l’auto-glorification que prévu. Nos vengeurs costumés gagnent ici en maturité, en prenant les visages d’un couple à la recherche de leur enfant, complètement délaissé par la police, ou encore du fameux Colonel interprété par Jim Carrey, ancien porte-flingue de la mafia qui a découvert Jésus (un personnage dont j'avais très peur, qui finalement se révèle gentiment sympathique). Le concept de Vigilante est finalement mieux exposé et mieux perçu ici, et quand la mort touche certains de nos protagonistes, elle fait mal (je pense surtout à un personnage secondaire déterminant, qui fera l’effet d’un véritable coup dans l’estomac lors de la séance). Et surtout, dans le bilan final, malgré la timide victoire, les interrogations pertinentes de Kick Ass cernent la véritable interrogation qui se cache derrière cette suite ? Ont-ils rendus le monde meilleur, ou simplement mis fin à un phénomène que Kick Ass avait lancé par son initiative ? Cette suite est auto-centrée sur sa propre mythologie, et c’est finalement ce qui fait sa fonctionnalité, puisqu’elle peut s’ausculter et disserter un peu sur le phénomène Kick Ass et sur sa popularité, toujours en incluant les outils modernes du buzz comme Facebook et Youtube (avec la culture du buzz qui revient une nouvelle fois). Le quota de violence augmente surtout avec l’arrivée de Mother Fucker (l’ancien Red Mist), souvent ridicule dans ses interventions, mais si il est évidemment complaisant, il évite de rendre cool ses effusions de sang, en évitant d’ailleurs le gore qui tâche. Question humour, si le film est toujours aussi exhubérent, il passe ici d’avantage, à quelques truculences trash près, souvent abusées (un frottage de costume en intro vue de dos, les effets d’une matraque vomissante). Pendant son déroulement, le film suit la tentative de Hit Girl de s’intégrer socialement avec les filles de son lycée, et en profite pour tailler sévèrement, à la limite de l’hypocrisie, dans la génération disney channel. Connaissant mes goûts naveteux, j’étais en état de jubilation devant une truculence aussi trash, mais le puritanisme fait derrière cette vilaine caricature semble assez mal avisé de la part d’un phénomène comme Kick Ass, à la base amoral malgré ses bonnes intentions. Reste la conclusion de cet épisode, trash au possible. Kick Ass 2 passe mieux, un peu plus conscient de ses ingrédients et possédant une façade trash un peu plus appropriée pour le phénomène qu’il suit. Un peu moins donneur de leçon, il a le mérite d’explorer davantage son phénomène tout en restant conscient de ce qu’il se passe (la police en prend toujours pour son grade, dommage, mais elle est moins absente du récit). Inattendu et plutôt encourageant…
4/6
2013
de Jeff Wadlow
avec Aaron Taylor-Johnson, Christopher Mintz-Plasse