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7 mars 2012 3 07 /03 /mars /2012 09:03

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A sa sortie, le Pacte des loups a été un évènement. Pub, annonce et j’en passe, la totale, le film se présentant comme un vrai succès à la française, avec un casting de rêve (un bon gratin français comme on les aime), des moyens considérables (un des films français les plus chers jamais réalisé) et de sacrés enjeux (une trame historique riche, mêlant politique, combat, vengeance et histoire d’amour en plein dans l’âge d’or Français). Bref, un projet qui fait saliver, et qui lors de sa sortie aura finalement un constat mitigé. Car c’est bien ce qui fait la force et la faiblesse du film du génial Christophe Gans : il aime le cinéma, et il veut par conséquent livrer une nouvelle référence du cinéma français, une sorte de film d’aventure complet, incroyablement riche et maîtrisé de long en large. Analyse et opinion sur le phénomène, en version longue, s’il vous plaît !

L’histoire : Depuis deux ans, le Gévaudan est meurtris par les attaques d’une bête sauvage qui dévore les paysans. Le chevalier Grégoire de Fronssac descend alors de Paris pour empailler la bête lors de sa capture, et pour aider à la traque. Il est accompagné d’un Iroquois, Many, rescapé des tueries en Nouvelle-France.

 

le-pacte-des-loups-2001-791-812903198.jpg

 

Les envies de gigantisme de voient très vite dans Le pacte des loups, et c’est bien ce qui dérange tout le monde. Gans aime le cinéma, tout le cinéma. Et par conséquent, avec une classe certaine, il veut bouffer à tous les râteliers. Quand il veut faire des scènes d’action impressionnantes, il sacrifie toute cohérence sur l’autel du divertissement, pendant quelques minutes, où il nous offre une séquence d’anthologie. Le plus bel exemple doit être la confrontation finale entre Grégoire de Fronssac et le maître de la Bête (dont on taira l’identité par crainte de spoiler), où ce dernier utilise une épée en os dont les fragments se séparent régulièrement, raccordés par une chaîne, pour former un fouet tout aussi meurtrier. Complètement irréaliste et malvenu après autant de sérieux, mais carrément jouissif, et d’une classe irréprochable (à la sortie du film, tout le monde veut la même !). C’est ce constant équilibre entre reconstitution historique convaincante et pliage de l’Histoire à l’intrigue riche du script qui assure à la fois le succès (tous les genres sont représentés) et la perte (personne ne sera entièrement satisfait) du film, qui des années après être sorti, continue toujours d’interpeller, ne semblant pas encore avoir trouvé sa place dans le paysage hexagonale (et la plupart des gens l’ayant vu, de le classer dans les films moyens pour être sûr de ne pas se tromper). En termes de grand cinéma, de mise en scène et d’élaboration d’ambiances et de décors, le film est une petite merveille. Un vrai monument, qu’il est toujours un plaisir de voir pour son sens aigu de la mise en scène (la direction d’acteur est à tomber) et sa reconstitution flamboyante des lieux d’époque, qui nous plongent dans un XVIIIe flamboyant, coloré, qui ravit l’amateur de belles images à tous les instants. Le casting est tout simplement irréprochable, chaque acteur ayant parfaitement compris le rôle de son personnage dans le film (les intrigues multiples abondent, chaque personnage trouvant son utilité, à un moment précis). On retiendra surtout Cassel pour son interprétation du frère tendant peu à peu vers l’inceste, Samuel Le Bihan en Grégoire aussi habile à l’épée qu’en répartie, et un Dakaskos parfait en Irokois. Dakaskos est d’ailleurs une nouvelle preuve de la tentative de Gans d’imposer sa version du cinéma sur le grand écran, le personnage de l’Indien ne servant pour ainsi dire pratiquement pas dans l’intrigue. Tout au plus ressent-il les choses, mais à part accélérer un poil quelques trucs, sa présence n’est en rien justifiée en termes d’intrigue (tout au plus rend-il l’affaire « personnelle » lorsqu’il meurt). Gans impose Dakaskos parce qu’il est bel homme (impossible de le nier, son physique est beau), qu’il est parfaitement efficace dans les scènes d’action (quand même, on ose regarder des combats d’arts martiaux avec un indien dans les campagnes du XVIIIe…) et qu’il fait partie du cinéma de Gans (depuis l’excellent mais velouté Crying Freeman). J’aime personnellement, car le spectacle n’en souffre jamais, mais je comprends tout à fait qu’on parle d’anachronisme quand on aborde son rôle dans le film. Mais même en étant le seul acteur étranger à l’affiche (enfin, le seul… sans compter Monica), il réussit à ne pas paraître ridicule et à faire croire en son rôle d’amérindien rescapé des guerres de conquête. Quant à l’intrigue, la traque de la Bête et des mystères qui l’entourent, elle est tout simplement passionnante. Offrant une multitude de pistes, le spectateur dispose de beaucoup d’éléments pour suivre lui aussi l’enquête, et on note une excellente gestion de cette dernière avec nos personnages. En effet, ces derniers sont toujours au même point que le spectateur, et par conséquent, il n’y a aucun risque de découvrir vraiment la vérité avant nos personnages, et de devoir attendre que ces derniers se mettent au niveau. Tantôt violent (quand le chevalier réplique, il fait mal), tantôt impressionnant (la Bête est assez maousse, et même si les effets spéciaux numériques n’ont pas tous bien vieillis, le résultat reste suffisamment soigné pour garder la classe, qui est l’essence même du cinéma de Gans. Musicalement, le fond est presque toujours comblé par un thème musical parfaitement maîtrisé, en totale correspondance avec l’action qui se déroule sous nos yeux. Ce cinéma d’atmosphère, c’est bien ce qu’il faut retenir du Pacte des loups, parvenant à faire peur, à exciter, à attrister, à enflammer… Annonçant déjà la baffe qu’allait être Silent Hill (à mon goût la meilleure adaptation de jeu vidéo jamais faite), Le Pacte des Loups se révèle puissant, sincère dans son envie de divertir en suivant une trame bétonnée ponctuée de morceaux de bravoure, osant s’offrir du divertissement là où beaucoup se seraient contentés d’appliquer les formules classiques du film de reconstitution historique : réaliste de bout en bout. Pour ma part, un cru vraiment satisfaisant de notre réalisateur Christophe Gans, qui a tout compris à ce que l’on aimait voir au cinéma, tout en faisant preuve d’une audace que peu se seraient permises, sans jamais en perdre le contrôle. Christophe, vite, le prochain film !

 

5/6

 

2001
de Christophe Gans
avec Samuel Le Bihan, Mark Dacascos

 

http://www.latribune.fr/getCrop.php?ID=1344986&W=558&H=416

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commentaires

2
Je fais parti de ceux qui trouve que ce film est une sombre bouse. Je n'avais pas aimé ces incohérences (même si ton analyse me permet de les comprendre à défaut de les digérer) et j'avais trouvé<br /> les acteurs assez mauvais. Mais peut-être devrais-je le revoir pour me refaire un avais dessus.
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V
<br /> <br /> Je ne suis pas surpris de lire des avis négatifs, le film étant définitivement une tentative bancale mais passionnante. Un mélange qui a de quoi choquer tous les publics par ses ingrédients pas<br /> toujours bien gérés. On voyait un poil ces tendances dans Crying Freeman, mais elles sont manifestes dans Le pacte des loups, révélant les limites et les ambitions énormes de Gans. Moi, j'adore,<br /> mais peu seront vraiment satisfait par les films de Gans (la tendance se vérifie avec Silent Hill, que j'adore pour ses ambitions graphiques démentielles, mais frustrante car excluant totalement<br /> le spectateur du film). Par contre, je te trouve vraiment sévère pour les acteurs,que je trouve à la hauteur, à défaut de faire éclater leur potentiel. Sans te forcer à le revoir, attends une<br /> rediffusion, il reste un objet intéressant dans le ciné français.<br /> <br /> <br /> <br />
D
Arf,j'aimais beaucoup avant,maintenant,c'est plus pareil.<br /> Acteurs moyens,trop de ralentis,bête ratée...<br /> Je met 3/5
Répondre
V
<br /> <br /> Acteurs moyens, mais loin d'être incompétants (Le Bihan est quand même charismatique, sans parler de Dakaskos). Les ralentis arrivent parfois comme un cheveux sur la soupe (mais c'est loin de<br /> surfer sur Matrix). Pour la bête, je te trouve un peu sévère, car les passages numériques dans la maison sont un peu ratés, ses rares apparitions restent quand même efficaces, et les prothèses<br /> réelles de la bête (sa tête) sont impressionnantes. Finalement, je suis un des rares à avoir été envoûté par l'ambiance du film, qui m'a fait oublié un peu les défauts du film. Reste quand même<br /> une référence du ciné français des années 2000.<br /> <br /> <br /> <br />
A
bon film de genre mais pas un chef d'oeuvre non plus. Par exemple, Vincent Cassell délivre une prestation assez moyenne.
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V
<br /> <br /> Non, c'est clair qu'il y a des petites imperfections ça et là. Des plans un peu bizarres, qui tranchent avec la narration "classique" du film. Le pacte des loups est un projet encore un peu trop<br /> hybride pour être pleinement maîtrisé, même si Gans a fait un énorme travail avec son équipe sur l'ambiance. Quant à Vincent Cassel, c'est clair qu'il n'est pas à son maximum, mais j'ai trouvé<br /> qu'il ne passait pas si mal (sa moins bonne scène reste son passage bourré avec l'indien, mais il se rachète avec la scène où il consomme son inceste avec Marianne).<br /> <br /> <br /> <br />

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