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3 décembre 2012 1 03 /12 /décembre /2012 20:36

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Pour continuer sur le Giallo, attardons nous aujourd’hui sur l’une des récentes productions de Dario Argento : le sang des innocents. Animé de bonnes intentions et soucieux de rester fidèles à ses ambiances, Dario nous concocte donc un spectacle à l’ancienne avec toute sa team réunie, de Stivaletti pour les maquillages jusqu’aux Goblin pour la bande son. Pour un résultat très moyen.

L’histoire : Une prostituée et son amie du même métier sont retrouvées assassinées à proximité d’une gare italienne. On redoute dès lors la réapparition d’un tueur en série des années 80, qui signait ses crimes avec de petits animaux en papier découpés. L’enquêteur de l’époque, à la retraite, se remet dans le coup, ainsi que le fils d’une des premières victimes…

 

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"Cet assassin est vraiment un malade !"

"C'est un détraqué, un pervers..."

 

Bon, on ne va pas se paraphraser en redisant ce qu’on pense du nouvel Argento. C’est rageant toujours de voir qu’en recyclant toujours la formule qui a fait son succès, on ne retrouve plus le charme d’antan. Il y a pourtant tout ce qui fait un bon Argento ici. Les acteurs masculins sont plutôt sympathiques, il y a un certain travail sur l’éclairage, les meurtres sont toujours bien gores, il y a une enquête assez vaste, il y a le fameux compagnon animal ainsi que le petit indice insignifiant qui permet de confondre le coupable dans le dernier acte. Mais entre chaque chose, là où notre bonhomme évitait de sombrer dans le nanar dans les années 80 (quoiqu’avec Phénoména, on commençait un peu à avoir des trucs à critiquer), il s’y jette ici à bras ouverts. Techniquement, je tiens à préciser que la VF est pourrie, une abomination pour les oreilles qui vous écorche à vif les tympans tellement tout sonne faux. Et les dialogues nanars fusent. A la première minute, une prostituée hurle en brandissant un couteau vers un de ses clients qu’il est un salopard de vicieux et qu’elle va lui tirer dessus (avec son canif ?) avant de s’adoucir immédiatement voire d’être entreprenante devant un billet de 25 000 lires (ah, ces italiennes !). Puis elle part et en renversant un meuble, tombe sur plein d’armes blanches, ramasse ses affaires éparpillées et emporte par mégarde une sacoche contenant des souvenirs de meurtres. Puis elle sursaute à cause d’un passant avant de l’insulter copieusement (ah, ces italiennes !). Dans le train, elle appelle une de ses amies prostituées pour être rejointe à la gare avant d’aller à la police. Mais on s’en doute, l’assassin est dans le train. Une première scène de meurtre plutôt sympathique donc. Puis on voit sa copine, une femme portant un manteau ouvert et un T shirt tellement transparent que dans la vraie vie elle se ferait immédiatement arrêter pour racolage sur la voie publique. C’est juste pas possible, Dario se fait vraiment plaisir quand il a besoin de péripatéticiennes dans ses films. Puis cette nouvelle prostituée, constatant la disparition de sa copine, mais récupérant ses affaires, sort du train, et se met à insulter un gars avec férocité parce qu’apparemment, il est garé sur un parking (ah, ces italiennes !) avant de se faire occire. Voilà comment on lance une enquête sur les chapeaux de roue. Le problème, c’est quand Argento fait comme si nous n’avions jamais vu un seul de ses films et qu’il se met à balancer des évidences qui nous rappelleraient presque la saison 2 de Julie Lescaut (« Ce meurtrier s’en prend essentiellement aux femmes, ça doit être un pervert… » ou encore « Il laisse toujours ces petits animaux découpés sur les scènes de crimes. Ca doit être un indice, mais qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? »). Au moins, Argento met la pédale douce sur le comique, mais le comique involontaire tue. Toutes les italiennes sont donc des femmes qui se mettent à suer comme des bêtes et à crier dès qu’une panne de courant se produit, et qui insultent gratuitement la première personne venue (ah, ces italiennes !). Mention spéciale à la victime lapin, qui tremble tellement qu’elle n’arrive pas à tourner une clef dans une serrure. Mais par de malheureux concours de circonstance nanars, Argento met aussi l’accent sur les figurants asiatiques. En les faisant tous jouer comme des pieds (le héros, fils de la première victime de l’assassin, plaque son travail de serveur dans un resto chinois (il est d’ailleurs le seul employé italien du service), et quand il en parle, un domestique chinois le regarde de traviole avec tellement d’insistance qu’on explose de rire). Bref, le commissaire amnésique mène son enquête sous l’approbation raisonnable de son perroquet. Le problème, c’est que ceux qui connaissent un peu l’esprit torturé d’Argento et qui ont vu un film comme Profondo rosso grillent très vite la solution de l’enquête. Les films d’Argento ne sont pas foncièrement compliqués, et celui-ci encore moins. On nous file la solution dès la première demi-heure (le film fait deux heures), et comme il n’y a pas beaucoup d’autres centres d’intérêt (l’esthétique est inégale, zigzaguant entre le beau et le quelconque), on se fait un peu suer entre les meurtres. Et puis, ils répètent tellement que le meurtrier est un nain qu’on se doute bien que ce n’est pas ça, qu’il y a de jeunes humains qui ont la taille d’un nain. Mais bon, clairement, Le sang des innocents nage quelques coudées au dessus du pourri Giallo et du médiocre Mother of tears. Et la musique des Goblin retrouve parfois l’ombre de la sa gloire passée. Une piqure de rappel un peu quelconque, mais nettement au dessus du soporifique Card Player.

 

2.4/6

 

2001
de Dario Argento
avec Max von Sydow, Stefano Dionisi

 

Sang_des_innocents_2001_Non_ho_sonno_2.jpg

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commentaires

Z
"Mais le comique involontaire tue"... Ce n'est pas faux mais dans cet opus il n'est pas si présent ; le problème réel, c'est l'ennui, l'inconsistance. J'avais mis une note équivalente, je préfère<br /> légèrement "Mother of Tears" qui a pour lui d'être plus dynamique, malgré son ridicule prononcé lors de plusieurs séquences. Et dire que je n'ai pas encore vu "Card Player"...
Répondre
V
<br /> <br /> Oh, tu peux clairement te dispenser de Card Player. Un épisode des experts est tout aussi efficace. A part une scène avec un cadavre en train d'être autopsié, tu ne verras pas grand chose.<br /> Télévisuel, échouant complètement à retenir l'attention, un film dont je cherche à me débarasser dans les marchés aux puces...<br /> <br /> <br /> <br />
P
Je garde assez peu de souvenirs de cet Argento-là sinon celui d'une photographie assez chouette, quelques plans-séquences bien fichus mais noyés dans un tout plus que médiocre. Clairement pas<br /> insdipensable.
Répondre
V
<br /> <br /> C'est bien compréhensible au vu de la médiocrité des acteurs et des dialogues. Un giallo assez indigent malgré quelques maquillages gores réussis. La séquence du train est la mailleure, mais<br /> c'est loin, très loin d'Opera...<br /> <br /> <br /> <br />

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