Trouble jeu aujourd’hui, qui mise à la fois sur un script de faux fantastique et sur un casting de qualité. Robert de Niro dans un film d’horreur, c’est trop rare pour que l’on rate ça, d’autant plus que sa réputation flatteuse laissait présager du meilleur. Est-il à la hauteur de sa réputation ? En effet, même si des nuances sont à clarifier.
L’histoire : Après le suicide de sa femme, un psychiatre emmène sa fille traumatisée à la campagne pour faire un travail sur la gestion de son deuil. Mais très vite, la personnalité de la petite fille change, faisant comme si elle jouait à énerver son père.
C’est un postulat intéressant que tente de mettre en place Trouble jeu (Hide and seek en VO), rapport au jeu de cache-cache récurant dans le film et qui se révèlera assez lourd de sens dans le dernier acte (rappelant rien de moins que Shining). On est dans un film d’horreur qui tente de jouer dans la cour des grands, et qui fait preuve effectivement d’un certain talent en la matière. Tous les interprètes sont excellents, Robert de Niro étant évidemment celui qui se révèle le plus doué, puisqu’il est au centre du récit. Mais Elisabeth Sue et Dylan Baker font bonne figure à côté, et Dakota Fanning est époustouflante en gamine perturbée (son jeu est excellent, c’est une actrice qui a un vrai potentiel à exploiter). Si c’est d’abord le trauma psychologique qui est mis en avant, le film se met gentiment à suggérer du fantastique avec l’existence d’une grotte à proximité de la maison à partir de laquelle tout semble avoir commencé. Peu à peu, le mutisme de la fille semble devenir un jeu qu’elle nie, dont le but est incertain. La scène du suicide est bouleversante, et le film joue après énormément sur la redondance de cette scène, la répétition allant finalement toujours plus dans la résurgence des démons du passé. Clairement, le concept horrorifique est ici bien exploité, et le twist final, inattendu mais logique (l’époque est à cette mode), fait éclater le gros potentiel de jeu de de Niro dans un final bien géré (jolie utilisation de la lampe torche). Toutefois, ce twist, comme dans Haute tension, est ce qui fragilise le film face à l’analyse.
En effet, en SPOILANT un bon coup, on dit qu’il est question de la création d’une identité schizophrène suite à un évènement entraînant la mort de la mère. Un classique dans le genre, mais qui ici se révèle particulièrement bateau. On doute que ça puisse arriver à un psychiatre très qualifié. FIN DES SPOILERS
Toutefois, le film parvient à cultiver une ambiance oppressante sans rien montrer, en s’appuyant sobrement sur le talent des acteurs qui trouvent le ton juste pour cette histoire. On y rajoute une facture technique excellente et un très beau cadre, qui font de Trouble jeu une réussite sobre et gentiment efficace, à même de divertir le grand public en se souciant de ses attentes. Attachant.
4.4/6
2004
de John Polson
avec Robert De Niro, Famke Janssen