Ah, ça faisait longtemps que je n’avais pas vu de nanar vraiment décomplexé. A la fois conscient et inconscient de sa débilité. Et voilà que, coup sur coup, deux énormes me tombent sur la gueule. Inattendu et franchement, ça réveille, nous sortant de la morosité qui accompagne les chefs d’œuvres Kounenien et les navets kubrickiens. Place à des gens qui ont compris ce que c’est le cinéma, des professionnels de l’agression visuelle auxquels on s’abandonne pieds et poings liés, tant leurs compétences nous laissent abasourdis.
Hey les mecs revenez, y a du saphisme !
Demon House 2 : Vu que, comme moi, vous n’avez pas vu Demon house 1, vous serez tout à fait à même d’apprécier le jusqu’auboutisme de ce nanar phénoménal, qui a sondé l’être humain en profondeur et qui a compris ce qu’il y avait derrière. Cela commence avec un couple à la recherche d’une maison. Il arrive devant une barraque miteuse que tu vois que c’est la même que celle de Michael Meyers. Le couple frappe à la porte. Une gothique toute ridée leur ouvre, en se curant les dents avec une machette. Ils annoncent sans sourciller qu’ils veulent l'évangéliser. « Mais vous prendrez bien un peu de gâteau avant ! ». D’un geste de machette, elle désigne une pièce montée recouverte de sang. Le couple, flairant l’embrouille, essaye de prendre congé. « Mais si, prenez en ! Satan est dans ce gâteau ! » Et, virant en mode Démons, elle taille le couple en morceaux en gueulant de toutes ses tripes. Apparition du titre : Demon House 2 ! Je savais déjà que je tenais ma nouvelle référence du genre. Et ce qui est beau, c’est qu’on continue d’être à ce niveau pendant tout le film. On arrive donc dans une école où il y a des étudiants. Ca commence fort, avec 4 internes garçons en calbuts qui matent par la fenêtre les 4 internettes qui se changent. Dialogues cultes : « Vas-y, fais péter le soutien gorge… Ouais ! ». Le public masculin est déjà conquis, le film sait de quoi il parle. Mais, vu que les mâles en rut qui regardent le film ont des petites amies (qui doivent se frotter contre eux pendant les scènes d’horreur, c’est pour ça qu’on a inventé ce cinéma à la base), il faut aussi leur donner de l’étude de caractère féminin. Ainsi, vive la libération des mœurs. La quasi intégralité des filles sont donc des chaudasses qui s’affolent dès que l’un des séduisants étudiants sportifs les regarde du coin de l’œil. Toutefois, vu qu’il y a probablement des frustrés dans le public, il y a aussi la vierge constipée, qui passe l’intégralité du film à freiner le mouvement, mais à suivre les autres quand même. Enfin, il y a mon personnage préféré : la bonne sœur surveillante d’internat. Trimballant une lourde règle en chêne dont elle se sert pour frapper les élèves, elle est d’office le référent moral que l’on aime immédiatement. Dès qu’elle voit un couple qui s’embrasse, elle balance sa règle au milieu pour les séparer, et balance LA réplique culte du film : « Faites un peu de place au saint esprit ! » Jubilatoire, je n’avais pas eu de cours de catéchisme de cette densité depuis l’école primaire… Et les démons dans tout ça ? Ben la vierge constipée est la sœur de la gothique satanique en fait ! Et à partir de là, pour part en cacahouète ! La salope du groupe se fait violer par un rouge à lèvre démoniaque (mais vraiment violée, genre à la evil dead, par un rouge à lèvre), on assiste à un cours de drague infaillible, la nonne devient le dernier rempart du christ en faisant du corps à corps avec les démons, le prêtre mou devient un apôtre de satan… Bref, c’est un festival de conneries hallucinant, tel que je n’en espérais plus (d’autant plus qu’il tombe très bien pour la rédaction du scénario de The Big Mansion). Autant dire que la morale du film, putassière au possible (Christ est notre sauveur) contraste admirablement avec le contenu du film, qui s’éclate à pervertir les mœurs et à parodier le milieu étudiant. Je dis parodier, car quand on voit des étudiants qui dansent en se frottant l’un sur l’autre, on se dit que des mondes comme ça, on aimerait y vivre. Parce que les hommes sont des mâles avant tout, m’voyez ? Et je n’ai même pas parlé de la bande de punk, qui se livrent tous à des performances d’acteurs hallucinantes ! Tout simplement ébouriffant.
0/6 mais un 17/20 nanar bien mérité.
1994
de Brian Trenchard-Smith
avec Cristi Harris, Darin Heames
"Faite un peu de place pour le Saint Esprit !"
Sea Ghost, ou la revanche du poulpe télépathe ! Voilà un film sur lequel je suis tombé par hasard, et qui me promettait du rêve : à cheval entre Leviathan et Event Horizon, qu’on me disait ! C’est dire si j’étais enthousiaste vu l’affection que je porte à ces deux films, chacun pour ses arguments respectifs… Et bien là, Sea Ghost les enterre en bonne et due forme ! Jugez un peu. Un bateau d’expérimentation de l’armée essuie une tempête. Manque de pot, c’est justement le moment que choisissent les scientifiques à bord pour déplacer un caisson contenant une arme biologique de premier plan. Ce qui devait arriver arrive, et le monstre se dévoile alors à nos yeux épouvantés, sous cette forme :
Puissant, hein ? Avouez que vous ne vous attendiez pas à cela. On a donc la revanche du poulpe, mais ce n’est pas tout… L’armée, qui a investie beaucoup d’argent dans ce projet (au moins autant que dans les effets spéciaux du film), envoie ses meilleurs éléments pour faire le ménage. Le poulpe a donc affaire à forte partie, mais il n’a pas dit son dernier mot. En effet, il doit se venger, et il est télépathe ! Il va donc s’attaquer aux membres de l’équipe un par un, en projetant dans leur tête leurs plus grands fantasmes avant de les attaquer par surprise. Ca commence fort, avec un technicien fan d’une star de porno. Le public masculin se sentira immédiatement impliqué. On a donc un show porno de 3 minutes avec une femme en sueur qui s’astique devant nous. Le technicien ne résiste pas au boobs power, et meurt.
Militaire suivant ! Le prochain s’habille en cow boy. On a donc droit à ceci :
Et c’est pareil pour chaque membre d’équipe… Je vous laisse imaginer le portnawak que constitue le film. Bon, au bout d’un moment, certains ne cèdent pas à leurs fantasmes et peuvent enfin latter la gueule de ce sale poulpe télépathe aux tentacules numériques mal intégrées. Avec une explosion finale digne de Beowulf et des personnages au charisme semblant sortir tout droit de Creepozoïde, Sea Ghost est une truculence inattendue magnifiée par une absence totale de budget. Je recommande grandement.
0/6 mais un 15/20 nanar haut la main !
2004
de Jim Wynorski