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28 mai 2014 3 28 /05 /mai /2014 13:19

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Raiders, c’est le Tropas de Elite du cinéma dans la mère patrie russe. En s’engageant sur les thématiques de la manipulation médiatique et de la lutte contre le terrorisme sous l’angle du film d’action, le pari était plutôt audacieux, surtout dans un pays aussi rigide que la Russie sur des questions politiques. Va-t-il falloir proposer au réalisateur un passeport français (histoire de rendre la monnaie de sa pièce à Poutine, pour être à égalité) ? Fort malheureusement non, on a même un discours assez nul sur le sujet, qui feint l’esbroufe pour mieux rentrer dans le rang. Ouf ! On allait croire que la Russie n’était pas totalement unie.

L’histoire : un groupuscule terroriste canarde à tout va dans les rues de Moscou avant de disparaître dans une zone résidentielle. Alors que la police peine à s’organiser, d’odieux journalistes en profitent pour mettre à mal l’image de la noble institution policière. Conscient de l’enjeu, les généraux responsables de l’opération décident d’organiser une couverture médiatique totale de leur opération afin de redorer leur image de marque.

 

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C’est marrant, mais les russes qui se prêtent au jeu des méchants terroristes sortis d’on ne sait pour défendre on ne sait quelle cause (ils ne la donneront pas une seule fois), ça ne marche pas comme avec les américains. Mais maintenant que la mafia russe a complètement disparu de la circulation (on n’en parle plus depuis bien longtemps, Poutine a dû serrer les vis là où il fallait, quelle efficacité), faut bien s’attaquer à quelque chose qui parle à tout le monde. J’aime à penser que cette poignée de terroristes est ukrainienne d’origine, ça donne une dimension politique gratuite. A ce stade de ma chronique, je prie le lecteur de m’excuser de mon cynisme, mais dans ce cas présent, la posture du film est si non assumée que j’ai envie d’en rajouter une bonne couche. Les méchants ukrainiens explosent des rues entières, mettant en valeur l’incompétence notoire de la police (ça fait bizarre, quand les figurants sont les policiers et que les méchants savent tirer) et partent se planquer dans un HLM, prenant en otage une famille. Les journalistes arrivent sur place et filment un policier en train de pleurer, décrédibilisant totalement le corps armé auquel il appartient. Le haut commandement, soucieux de vouloir rattraper les dégâts, écoute donc les conseils de leur attachée en communication, qui les invite à faire une couverture médiatique totale de l’évènement. Dans le genre idée foireuse, top 1. Mais les généraux l’écoutent et se préparent à encercler les bâtiments suspects en déployant leurs unités avec un journaliste. Mais très vite, les impératifs du prime time jouent contre le déclenchement des opérations, les caméra-mans ne voulant jamais rater d’exclusivité. Ca au moins, c’est réaliste. Et pendant le reste du film, que se passe-t-il ? Une équipe de policier non suivie fait le boulot pendant que les militaires campent à l’extérieur en faisant un pique nique (une splendide suggestion de la conseillère en communication, qui s’accroche à l’idée de les montrer comme des hommes normaux, il aurait fallu pousser la chose jusqu’à les filmer aller aux chiottes, là, on se serait pleinement identifié), les méchants ukrainiens postent des vidéos sur youtube montrant que les militaires ne montrent pas les vraies images… Bref, ça stagne pendant près d’une heure. Et désolé, mais quand on voit tout le soin que mettent les policiers à respecter la vie des otages et à décaler les assauts, après de certains évènements ayant eu lieu dans un théâtre (auquel le film ne fait jamais mention), j’ai du mal à y croire. La fin perd totalement de vue ses thématiques initiales, se concluent comme un Die Hard du pauvre et redorant l’image de cette police russe dont la compétence ne fait aujourd’hui pas l’ombre d’un pli. Et voir que la journaliste (amoureuse du flic de choc) s’écrase et suit le protocole des généraux pour la communication avec la presse, ça fait plaisir. Pour un peu, j’aurais aimé la voir militer pour un meilleur encadrement des médias, qui ont trop tendance à contredire la version officielle produite dans le meilleur intérêt de tous (que valent quelques ukrainiens devant une image d’intégrité rayonnante ?). Bref, il n’y a pas que des trucs nuls dans Raiders, mais quand même, c’est sacrément mauvais et ça n’a pas les couilles du cliché de la mère Russie. Remboursez !

 

1,2/6


2009
de Anders Banke
avec Andrei Merzlikin, Yevgeni Tsyganov

 

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  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.
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