Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 06:44

http://www.bdfci.info/data/0/1/1/0/8/3/0/1299013563.jpg

 

Si les œuvres de Lloyd Kaufman sont clairement le fer de lance de la troma, ils produisent aussi dans le monde entier, apportant leur soutien financier à des projets cheap, dans le ton de l’esprit troma, mais suffisamment sérieux pour mériter une exploitation en salle ou en dvd. Et Lollilove fait partie de ces productions troma méconnues car montées en parallèle des projets de Lloyd, qui sont loin de manquer d’idées. Et ici, on s’attaque à du lourd : l’obligation qu’éprouvent les riches à donner à des associations caritatives pour se donner bonne conscience. Un projet court (à peine une heure), un peu brouillon, mais qui a le mérite de présenter de pures scènes de mauvais goût.

L’histoire : James et Jenna Gunn (admirez leur courage : ils prennent leur vrai nom) gagnent maintenant beaucoup d’argent et nagent dans le bonheur. Mais pour que celui-ci soit complet, ils veulent apporter de l’aide à l’humanité. Après réflexion, ils décident de monter une association caritative, Lollilove, devant distribuer des sucettes aux sans-abris.

 

http://i92.photobucket.com/albums/l26/halfwildhalfchild/LollilovePic1.jpg


Sur un sujet aussi peu commun, mais intéressant, Jenna Gunn (et non James, qui restera surtout acteur) se lâche à fond dans ce script, et explore différentes pistes de son sujet en y faisant régulièrement intervenir le mauvais goût. Rien que pour les débats du cœur de cible de Lollilove, on sent une superficialité assez douteuse dans l’approche des personnes dans le besoin (Homosexuels engagés dans l’armée, Femmes et chiennes violées, dauphins…), et le choix final des sans abris se révèle assez intéressant, puisque le couple Gunn, riche, les imagine exactement comme des clichés qu’ont les riches des pauvres : ils puent, ils sont alcooliques, ils sont donc dépendant de notre aide pour s’en sortir. Le mépris latent dissimulé sous des airs de bons sentiments est constant pendant tout le film, ce qui nous donnera droit à des scènes d’anthologie. Il faut voir James et Jenna en rendez-vous avec un banquier pour financer l’association, qui se mettent à jouer un businessman et une clocharde tentant de le convaincre de l’aider. Il lui sort tous les préjugés et les clichés qu’ont sort habituellement sur le thème, en ayant des regards appuyés cherchant la connivence du banquier, qui reste absolument de marbre pendant leur « argumentation », aboutissant au bonheur utopique du businessman compatissant et d’une « personne heureuse ». Inutile de dire que Lollilove ne récupère aucun partenaire financier sur l’affaire, mais les efforts de l’épouse Jenna qui appelle quantité de personnes en récitant toujours le même texte, quelque soit la réaction de la personne au bout du fil. Son pétage de câble face à un enième mécontent sera lui aussi très amusant, les insultes intercallée dans le discours de charité créant un plaisant décalage. Après, le film de Jenna comporte des longueurs (sur seulement une heure de film, c’est gênant). Notamment pour les scènes d’engueulades du couple et sur une incartade romantique inutile). Mais la fin vaut son pesant de cacahouète, quand l’association réussit à réunir assez de fric pour effectuer une seule sortie de charité. Et là, c’est parti. Les organisateurs distribuent les sucettes aux sans-abris, bien sûr, mais aussi à des passants qui ont des gueules de sans abris (comme ce black avec des dreadlocks, qui doit forcément être un sans abri…). Bref, c’est un final hallucinant où les préjugés refont vite surface chez les organisateurs, ce qui nous donnent un combat magnifique entre James Gunn et un clochard irrité par leur comportement, et dont l’issue nous laisse vraiment mort de rire (le clochard lui crache dessus, et n’ayant pas de savon, il envisage presque de s’amputer le bras pour éviter la gangrène). Une petite conclusion où on en revient à la situation de départ, ce qui a surtout servi à montrer que ce sont bien les convictions personnelles qui sont le vrai problème. On aura même eu droit à un caméo de Llyod en prêtre aidant les couples, ne faisant qu’interrompre les époux lorsqu’ils commencent à développer leurs impressions pour laisser la parole à l’autre parti. Un petit troma moins révolutionnaire que ses cousins, mais qui peut se révéler assez efficace dans son mauvais goût. Intéressant.

 

4/6

 

de Jenna Fischer
avec James Gunn, Jenna Fischer

 

http://2.bp.blogspot.com/_y-gWf3tk_X8/SoCy10fgmlI/AAAAAAAABnc/AaXYiWOlcE8/s400/Lollilove+23.jpg

Cet homme est un SDF (et noir de surcroit), il n'a aucune chance de se réinsérer en société. Faite un geste pour lui et donnez à Lollilove !

Partager cet article
Repost0
24 juin 2011 5 24 /06 /juin /2011 07:10

http://100poursanghorreur.free.fr/IMG/jpg/Terror_Firmer.jpg

 

La troma, encore et toujours ! Loin de moi l’idée de leur décerner une introduction dithyrambique à chaque nouvel article, mais il faut leur reconnaître qu’ils sont les plus radicaux et les plus attachants producteurs indépendants de l’histoire du cinéma. Alors qu’on compte les heures avant la sortie de Father’s day, et on brûle spontanément en imaginant ce que nous réserve Toxic avenger 5, on fait un petit retour sur ce qui doit être le meilleur film de l’esprit Troma version Llyod Kaufman avec Terror Firmer, une ode malade et totalement dans le ton des films troma, sacralisant leur esprit de tournage et fantasmant sur notre imagination des ambiances pour nous donner le spectacle le plus abouti qu’ils nous aient jamais délivré. Un revisionnage s’impose !

L’histoire : Rien ne va plus sur le tournage d’un nouvel épisode de la saga Toxic avenger, l’équipe étant victime des agissements d’une mystérieuse tueuse.

 

http://radioaktifslug.free.fr/images/film/terrorfirmer/terror6.jpg


Comme toujours au programme, du sang par hectolitres (la scène de l’escalator est une des pires jamais tournée, avec les carnages de Poultrygeist) et une overdose de sexe sous les aspects les plus trashs. Cependant, avant de voir le film, il est nécessaire d’avoir une culture troma. C’est le contrat, il faut le respecter pour pouvoir comprendre le capital sympathie du film. Car pour peu qu’on ait vu la saga Toxic avenger et qu’on ait apprécié leur excès, le fait de découvrir une ambiance de tournage aussi déjantée que les films que nous voyons d’habitude a tout pour nous séduire, et pour flatter notre vision de fan. On découvre ainsi les méthodes de la troma, son code, la débrouille à l’arrache sur les plateaux de tournage, où on tourne avec les moyens du bord  (le gars chargé du son se casse avec son matos ? Pas grave, on filme en muet !). Lloyd rit même de sa personne en endossant le rôle d’un réalisateur aveugle (qui n’a donc aucune idée de la laideur explicite de ses films), pissant partout sauf dans les toilettes, et osant faire jouer à une gosse un rôle d’handicapée mentale suite à un traumatisme nanar de la pire espèce. Absolument personne ne se prend au sérieux, et c’est ce qui fait le capital sympathie du film, qui en profite pour revendiquer à fond son statut de film indépendant, et pour taper sur les gros studios qui ne font que de la merde commerciale et pas attachante (Steven Spielberg en prend plein la gueule, et devient même l’idole de la tueuse). Si on filait 40 millions à la Troma, ils feraient 1 000 films à 40 000 dollars. Leur budget étant tellement bas, leurs aspirations sont donc démesurément ambitieuse, nous offrant des maquillages toujours plus gerbants (et originaux), en se complaisant dans la surenchère la plus totale, l’humour troma étant ici à l’avenant. Qui oserait montrer un gars mangeant du pudding au chocolat étalé sur le pantalon d’un gars avant de dire « ce n’est pas du pudding au chocolat... » ? Ce côté transgressif, on le retrouve toujours chez la troma, qui se fout de la censure et revendique sa liberté artistique de la façon la plus vulgaire, la plus indéfendable qui soit. Il est impossible de citer la Troma dans un dîner, ou même auprès de professionnels « respectables » de la profession. Aussi, Terror firmer méprise ouvertement les bien pensants, consacre les personnalités bisseuses et décalées (le vrai héros du film est le responsable des effets spéciaux gores), et fustige les belles gueules critiquant la troma et louant les œuvres grand public. Le lot de déviance bat son plein, nous balançant à la face de la masturbation avec des cornichons, un retournage de cabine de WC avec un pauvre bougre dedans, un obèse à poil courant en pleine rue devant des passants affolés, et Edouard Baer en français obsédé partant dans un trip hématophylle avec du vomi partout dans la bagnole. De l’excès, il y en aura rarement eu autant, et ce qui est appréciable, c’est que le film possède une trame construite, logique, avec des thèmes forts intéressants (Douglas Buck est derrière le script), et des parodies qui supplantent leurs modèles (les séries comédies romantiques en prennent pour leur grade, et une séquence est encore plus malsaine qu’un Nekromantik. Bref, Lloyd Kaufman nous gâte avec ce qui est le meilleur troma à ce jour, car analysant et revendiquant son esprit mal placé et franc du collier, en prenant parfois des airs de brûlots incendiaires contre les grosses compagnies de cinéma. Une pure merveille de mauvais goût, thématiquement, techniquement et humainement parlant. L’apothéose de l’esprit troma.

 

6/6 pas volés !

 

de Lloyd Kaufman
avec Lloyd Kaufman, Will Keenan

 

http://parallax-view.org/wp-content/uploads/2010/04/terrorfirmer6.jpg

 

http://radioaktifslug.free.fr/images/film/terrorfirmer/terror5.jpg

 

http://www.hallucinations-collectives.com/wp-content/uploads/2011/03/LloydKaufman.jpg

"Let's make some art !"

Partager cet article
Repost0
16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 06:57

large_468592.jpg

 

Les nazis, ce sont toujours les méchants dans un film. Qu’on passe d’Indiana Jones à Inglorious Basterds, ils sont toujours traités avec un certain mépris par nos héros, et toujours mis en scène au premier degré. Cependant, avec l’apparition de projets comme OSS 117, on commence à se dérider sur le sujet. Mais certains amoureux du mauvais goût n’ont pas attendu les années 2000 pour surfer sur la réputation de la croix gammée. Ainsi, en 1975 , sort Ilsa, la louve des SS, immédiatement censurée pour son mauvais goût ambiant. Car se servant du prétexte scandaleux des camps d’expérimentation nazis pour se livrer à toute une galerie des horreurs parsemée de scènes érotiques filmées uniquement à des fins de voyeurisme. Car tout est affaire de mauvais goût, même si malgré ce dernier… Non, en fait, il n’y a pas vraiment à chercher de sérieux dans l’histoire, il faut uniquement voir ça comme un film transgressif.

L’histoire : Ilsa est une doctoresse allemande qui gère d’une main de maître son camp de prisonnier, dont elle destine certains à des expériences médicales ou à son lit. Elle cherche notamment à prouver que les femmes sont plus résistantes physiquement que les hommes, afin de leur permettre de rejoindre le front.

 

http://culturopoing.com/img/image/olivier/ilsa.jpg


Et hop, on nous embarque dans un festival de voyeurisme malsain et ultra-complaisant, qui nous fera atteindre des cimes du transgressif. Le film s’ouvre sur une scène érotique du plus mauvais goût, montrant Ilsa prendre comme une bête un des prisonniers du camp, avant de se livrer à quelques caresses concluantes sous la douche. Puis elle revêt son uniforme SS tendance Gestapo (le cuir, c’est plus fétichiste) et mande ses gardes pour infliger à l’inconscient le sort quotidien des hommes qui ont satisfait la louve. Malgré les complaintes outrancièrement appuyées de ce dernier, elle le fait allonger sur la table avant de lui faire retirer ses parties, dans un beuglement animal étonnement réaliste. Puis le type rend l’âme, et Ilsa peut retourner à ses affaires quotidiennes, à savoir la torture d’innocentes femmes. Inutile de tout passer en revue, ce film est un véritable catalogue de mauvais traitements, d’un degré de complaisance rarement atteint qui cherche à délivrer un quotas de souffrance maximal, bien que le jeu outrancier des acteurs annihile toute tentative de dramatisation. A vrai dire, on finit par parier sur la prochaine torture, en riant jaune devant les nazis dialoguant entre eux, raides comme si ils étaient vissés sur des manches à balais. Qu’on me pardonne mon manque de recul, mais je pense qu’il est difficile de parler sérieusement d’un tel film, qui vulgarise tellement la souffrance qu’il parvient à faire exactement l’inverse d’un Philosophy Of A Knife : on attend le trépas des victimes tant la violence semble artificielle. On ne nous épargne donc rien du quotidien des nouveaux sujets d’expériences : tonte pubienne, pathétiques scènes de dialogues sensées donner du courage, torture appuyée des zones érogènes, godemiché électrocutant… Un pur condensé d’idées tordues qui combleront largement nos attentes perverses venant d’une nazie pour le moins inventive, et dominatrice au dernier degré (on finirait par mimer à la bouche le claquement d’un fouet à chacun de ses ordres). Mais tout cela, c’était sans compter sur la love story. L’arrivée d’un prisonnier robuste, évidemment Américain, va faire pencher la balance. Ilsa s’en trouve toute émoustillée lorsqu’il descend du camion d’arrivage (changeant probablement de sous vêtements toutes les heures), et s’offrira à lui avec une complète dévotion. Et c’est parti, la louve est dominée, et notre étalon a le champ libre pour préparer impunément sa tentative d’évasion. Les dialogues deviennent alors d’une subtilité notable ( « Fais de moi ce que tu veux ! » « Je veux que tu te déshabilles… Sensuellement… »), pendant que le spectateur plonge littéralement entre les mamelles surdimensionnées d’Ilsa, qui les exhibe complaisamment, visiblement à l’aise avec son ersatz de Kirk Douglas. Au final sensé être jubilatoire (une tuerie qui détruit le camp), l’histoire se conclut à nouveau sous le signe du mauvais goût le plus vil, et le spectateur se retrouve alors face au générique de fin, soit anéanti par ce spectacle affligeant, soit transcendé par ce mauvais goût revendiqué. Tellement irrespectueux qu’il en deviendrait culte.

 

5/6  (histoire de provoquer un peu)

 

de Don Edmonds
avec Dyanne Thorne, Gregory Knoph

 

http://4.bp.blogspot.com/_rwN-v76Ay9g/Sw6IkwHQ9RI/AAAAAAAAG_A/uRYXRThoaUI/s640/ilsa_f.jpg

" Ja wohl, mein doctor !"

Partager cet article
Repost0
20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 10:46


33864-b-le-couvent.jpg

 

Les films à l’aura religieuse sont assez rares. Un Des hommes et des Dieux par ici, une Île de Pavel Loungine par là, rare sont ceux qui se donne une atmosphère aspirant à la méditation, au calme. Mes frères, à genoux devant le prophétique Le couvent, de Mike Mendez. Un film qui n’hésite pas à affubler ses démons de robes de bonnes sœurs et de chasubles. Un film qui convertit…

L’histoire : Une groupe d’étudiant, pour fêter l’anniversaire d’un évènement sanglant, se rendent dans un couvent à l’abandon pour fumer un peu et s’offrir du bon temps. Ils ignorent que des fidèles satanistes préparent un sacrifice dans le but d’invoquer Lucifer en ce lieu souillé par le sang. Bloodbath !

 

http://i241.photobucket.com/albums/ff145/tzombiephotos/TheConvent.jpg

 

Le cachet Z du film nous est envoyé direct à la face dans une scène d’ouverture iconique, où une femme à lunettes de soleil entre dans une chapelle et massacre sans distinction tous les religieux qui s’y trouvent. Elle incendie les lieux avant de s’en aller. Du pur mauvais goût.

Nous nous retrouvons donc avec la bande classique d’ados crétins accros à la bière et à l’herbe, qui compte bien s’amuser pendant la nuit. Nous nous intéressons bien vite à la gothique du groupe, la seule à peu près supportable pour ses goûts déviants et tous les clichés qui s’abattent sur elle (« C’est une lesbienne, tu crois ? » « Ouh, matez le phénomène de foire… »). Si on se contente d’abord d’une intro convenue avec quelques gags balourds pour faire passer le morceau, on entre dans le vif du sujet quand la gothique décide de rester dans le couvent alors que le groupe est forcé de redescendre en ville à cause d’une descente de police (les flics les moins crédibles du comté). Kidnappée, puis réanimée, on assiste à la cérémonie démoniaque la plus cheap qu’on n’ait jamais vu. Non sans quelques gags absurdes (le grand prêtre est un serveur dans un bar), qui font véritablement rire. Puis dague sacrificielle, effets clippesques à en vomir, et hop, on a droit à une résurrection du Demons de Lamberto Bava dans un couvent avec des tas de jeunes coincés dedans. Les morts commencent vite à s’accumuler, et chaque cadavre se transforme alors en démon. Une vraie petite armée qui se compose sous nos yeux, non sans quelques scènes qui donnent toujours dans le mauvais goût total (le jeune drogué qui hallucine sur fond de jazz avec les nonnes zombies qui viennent le becter. Il reviendra sur terre lors d’une fellation castratrice bien sentie). Le film est croissant dans l’absurde et le jubilatoire, en transformant son dernier acte en version zombie flashie de Rambo 2 où le gore mal fait côtoie les flingues aux munitions illimitées. On a aussi les satanistes, piégés dans la maison, qui chercheront un nouvel ado vierge pour effectuer un nouveau sacrifice afin de renvoyer les démons. Grâce à eux, nous nous taperons des délires régressifs et fréquemment absurdes, tant les acteurs cabotinent. Le point culminant de ces dialogues étant un échange mémorable où un sataniste vierge tente de convaincre un jeune puceau de coucher avec lui pour « ne plus être vierge, et ainsi échapper au sacrifice ». Mythique.

Avec un final aussi stupide qu’imprévisible, Le Couvent peut se targuer d’être un Z sympathique hautement jouissif pour son humour bas de plafond, son kitch fauché et ses acteurs décontractés. M’est avis qu’il cherchait à devenir culte avec ces ingrédients. C’est loin d’être le cas, mais quand même, quelle rigolade !

 

4/6

 

de Mike Mendez
avec Adrienne Barbeau, Joanna Canton

 

http://www.horreur.net/img/couvent2.jpg

Partager cet article
Repost0
11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 15:18

http://filmes-streaming.com/images/film/12-09-10_041745_1240904766_546.jpg

 

Quelle est votre préférée ? Koh Lanta ? Secret story ? Opération séduction ? J’opte personnellement pour l’île de la tentation, en tirant bien bas mon chapeau aux producteurs de l’émission qui ont le courage d’apposer leur nom sur ce qui doit être la plus honteuse programmation de notre hexagone (retransmise par une chaîne de plus en plus douteuse), véritable supporter du divorce civil. En terme de manipulation, cette série est tout simplement magnifique, et elle est tellement scandaleuse qu’il m’arrive d’en regarder un bout entre deux films mes soirs d’été. Et vous ? Comment ça, vous ne regardez pas ces conneries ? Allons allons, rassurez-vous, le cinéma n’est plus épargné, car voici que débarque Live!, un film sur l’émergence d’une émission novatrice.

Le concept de ce film est très simple. On entame direct dans un meeting d’une chaîne de télé, où on cherche l’idée qui va permettre à l’audience de la chaîne, en chute libre, de décoller. On se tape des clichés, des trucs sexy fades, bref le pain quotidien, jusqu’à ce que sorte l’idée blagueuse : « Et si on filmait une roulette russe ? ». Et bam, la directrice de création (Eva Mendes, étonnamment impliquée dans son rôle) accroche direct à l’idée à l’encontre de tous les autres membres, et commence à consulter son patron et l’avocat de la chaîne sur les possibilités qu’une telle émission se fasse.

C’est un engrenage qui branle de partout, bouffi par l’hypocrisie et l’amoralité, entraîné par l’appât du gain et de la célébrité, qui s’enclenche, et comme on se doute bien, cette émission va voir le jour. Un script couillu qui rabaisse tout le monde à un niveau primaire qui fera vomir n’importe quel citoyen pris au hasard, mais qui sonne juste dès qu’on le place dans un contexte généralisé. Et vas-y que je te bave sur les pionniers qui lançaient des trucs fous, et vas-y que je t’impose des clichés monumentaux… Ne reculant jamais devant la surenchère, ce film est vecteur d' un discours apparemment très second degré (qui déclenchera régulièrement notre hilarité devant les énormités, les généralisations hâtives et les discours hypocrites de chacun), mais qui semble aussi croire en la logique qu’il suit (et c’est là qu’il parvient à faire peur et à interpeller). Car derrière cette façade cynique, il décrit bel et bien un drame qui va entraîner la mort d’une personne en direct à une heure de grande écoute. En bref, plutôt déstabilisant, et vraiment agressif dans son propos.

Ce discours se ressent aussi dans le casting des candidats à l'émission, qui représentent tous des caractères connus (les vrais clichés sont là) et des valeurs plus ou moins reconnues. Ainsi, le film essaye de n'épargner personne en diversifiant un maximum ses participants, dans la même logique que le ferait un chaîne de télé.

Je salue alors doublement les acteurs, qui en plus de jouer parfaitement leurs rôles clichés (dont certains étaient très ingrats : Abalone est un des pires déchets humains que j’ai pu voir), ont un courage remarquable pour jouer dans un film aussi engagé, et aussi mordant. Ca n’est pas peu dire qu’il flingue à tour de bras tous les projets de télé réalité et tous ceux qui les supportent (la plupart du temps pour en tirer profit).

Live ! est donc une série B grossière, d’un cynisme révoltant et d’un second degré qui fait mouche (pour les amateurs de discours enflammés mais peu courtois), qui explose l’exploitation d’individus par les grandes chaînes pour faire gonfler leur fréquentation. Le seul reproche qu'on peut lui faire, c'est d'utiliser les techniques du sujet qu'il attaque pour nous tenir en haleine. Ahurissant.

 

5/6

 

de Bill Guttentag
avec Eva Mendes, David Krumholtz

 

Partager cet article
Repost0
8 mai 2011 7 08 /05 /mai /2011 15:09

http://img.filmsactu.net/datas/films/p/o/poultrygeist-night-of-the-chicken-dead/vm/497e700c2d9ec.jpg

 

La firme Troma est la plus vieille société de cinéma indépendant du monde ! Elle est un label, elle jouit d’une solide réputation auprès de ses fans, et des amateurs de nanars en général. Car qui dit cinéma indépendant, dit peu de moyens. Comment rivaliser avec Hollywood dans des situations pareilles. La réponse est simple : en nous donnant ce qu’Hollywood nous refuse : du sexe à perte de vue, des océans d’hémoglobines, les profondeurs insondables de la bêtise humaine, et un mauvais goût vachement agressif qui s’attaque violemment à l’Amérique en prônant des opinions gentiment écolo. Poultrygeist, ça a été le déclencheur pour moi. C’est le premier Troma que j’ai vu, et qui m’a depuis converti à ce mode de pensée. Depuis que j’ai passé ce film en soirée et que j’ai dégoûté les 5/6 des invités, je sais que tout le monde ne peut pas supporter un troma. Mais maintenant que je suis accro et irrécupérable, pourquoi résister ?

Poultrygeist, c’est simple. Un ancien cimetière indien est rasé à Tromaville pour y établir un fast food spécialisé dans les poulets. La population s’indigne, les manifs écolos bloquent l’ouverture. Arby, un lycéen libidineux et jeune comme on les aime, voit sa petite amie adhérer aux manifs et devenir lesbienne. Convaincu de la supériorité de la relation hétéro, il décide de s’engager comme serveur dans le restaurant, histoire de contrer l’action de sa promise. Mais ce cimetière indien ressuscite les gallinacés, qui attaquent alors personnel et clients.

Autant le dire tout de suite, Poultrygeist est le meilleur Troma à voir pour s’initier. Il est bien conçu, vachement lisible et vraiment très excessif. Lloyd Kaufman a décidé de taper sur les fast-food, et il ne s’arrêtera pas avant de les voir totalement démoli. Comme toutes les productions Troma de Lloyd, celle-ci est d’une bêtise crasse, d’un racolage sans limite et d’un vulgaire causant de nombreuses hémorragies aux personnes respectables. Juste la scène d’intro, qui est loin d’être la meilleure : Arby et sa copine Wendy se frottent dans le cimetière indien pendant qu’un maniaque avec une hache s’astique dans un buisson et que les zombies indiens morts viennent caresser les deux étudiants. De quoi faire mal à la tête.

Le politiquement incorrect fait feu de tout bois, le fast food ayant jeté les corps des indiens dans des bennes à ordures, et n’hésitant pas à préparer de la nourriture souillée (en cours de résurrection). Le représentant de la firme du fast food est à lui seul l’illustration d’une personnalité Troma : un crétin déviant (ici membre du KKK) sortant les réponses classiques des compagnies aux problèmes d’obésité avec une agressivité qui impose le respect. Il est bon de préciser que le film s’essaye aussi à la comédie musicale, et que ces passages sont probablement les meilleurs du film. L’échange animé entre écolo et patron du fast food est à ce titre énorme, tant il frappe juste derrière sa façade bêtifiante. Les messages sociaux s’arrêteront là (mais on est déjà satisfait sur ce tableau) pour faire place aux bons vieux ingrédients : du sexe à la pelle (le thème des lesbiennes est largement exploité, et on a droit à des délires zoophiles avec des employés qui se masturbent dans la nourriture à vous dégoûter de votre prochain burger) et du gore qui tâche (vomi vert, arrachage de colonne vertébrale, éclatage de tête avec étalage de cervelle sur le grill, découpe de visage à la machine à tranche… c’est le meilleur festival de gore qu’on ait jamais vu !). D’un extrémisme aux limites sans cesse repoussées, Poultrygeist interpelle constamment dans sa surenchère. En fait, la seule chose qui va aussi loin que le gore salissant, c’est la bêtise assumée des protagonistes, qui nous emmène visiter les bas fonds du nanar pur.

Nanar ou vrais film de mauvais goût ? Difficile de trancher. Je penche pour ma part du côté du mauvais goût tant ce film en met plein la gueule aux gérants de la bouffe à la chaîne. Véritable traumatisme de ma courte existence, je ne peux que vous recommander de vous y essayer, vous aurez ainsi une expérience cinéphile unique. Inoubliable.

 

5/6

 

de Lloyd Kaufman
avec Kate Graham, Jason Yachanin

 

http://www.scifi-universe.com/upload/galeries/images_film/13661/poultrygeist_44.jpg

Partager cet article
Repost0
6 mai 2011 5 06 /05 /mai /2011 13:37

http://thomasberthelon.com/blog/images/du%20blog/FILMS/pervert.jpg

 

Le film initiateur de ma catégorie mauvais goût se devait d'honorer dignement la réputation de ce mode de pensée, pour ne pas dire de philosophie existentielle. Comment discerner le mauvais goût du nanar ? Car les deux se ressemblent beaucoup au final. La réponse  est simple : c'est l'état d'esprit du film. Un nanar se remarque par le jeu constipé ou cabotin des acteurs, par des effets spéciaux ratés et un sérieux imperturbable malgré le comique involontaire qui se dégage du film. Le mauvais goût, c'est la revendication totale de tous ces défauts, et même leur exagération à des points que seul l'infime budget du film peut fixer. Dès qu'on voit cette affiche tapageuse (Sexe, gore & liberté), on se met à baver devant des arguments purement commerciaux, équivalent du racolage au porte voix dans un long couloir. Et pervert, c'est ça pendant une heure vingt.

On commence sur les chapeaux de roue avec une parodie de la censure (le film est classé Horny 14 !) et un générique composé de femmes à poil, de paires de lolos, de paires de fesses, puis encore de femmes à poil avec de la nourriture. Rien que cela annonce le ton du film, véritable insulte au goût lui même. Dans ce film, c'est comme dans les hentaï : le moindre prétexte, le moindre dialogue peut partir inopinément sur une scène de sexe (sans entrer dans la catégorie porno) purement gratuite (la fessée dans les 3 premières minutes donne une idée de la bassesse du scénario). Et le réalisateur d'enchaîner sur des délires du même cru, faisant passer les american pie pour d'aimables comédies estudiantines.

L’histoire est simple : un puceau, la trentaine, rentre chez son père pour l’aider à construire une extension de sa ferme. Ce dernier est installé avec une strip teaseuse, qu’il paye grassement pour lui tenir compagnie. Dès son arrivée, le garçon flashe sur ses nibards monstrueux, qui deviennent l’enjeu principal de sa quête spirituelle. Nous assistons ainsi à de nombreuses scènes de dragues lourdes, innommables ou tout simplement racoleuses, qui procureront d’intenses fous rires à qui sait se montrer réceptif en face de la débilité humaine. Le point d’orgue de cette partie étant le passage où, ayant trouvé une ruche, la strip teaseuse s’enduit la poitrine de miel en appelant le fiston pour le pique nique.

Mais il y a bien sûr une sombre histoire d’assassin dans tout cela (il faut bien justifier le « gore » sur l’affiche). Ainsi, le père affiche une personnalité quelque peu déviante (il crée des sculptures à partir de viande animale), et le casting féminin est fréquemment équarri au cours du long métrage. Le meilleur moment, c’est le père, dans un élan d’amour, qui extrait son cœur de sa poitrine pour le montrer à son fils. Attendrissant.

Dans une bonne humeur constante, dotée d’un scénario bancal, qui connaît malgré tout une sérieuse baisse de rythme dans son milieu, Pervert ! a tout du pur film voyeur, immature et scato que le mauvais goût nous commande d’admirer. Si le mot « pervert » prend ici un sens plutôt gentillet (on est plus focalisé sur l’aspect sexuel), la contribution au septième art de ce film relève d’une contre-performance telle qu’elle se rend immédiatement sympathique aux yeux des passionnés du monde de la daube cinématographique attachante. Un vrai cri du cœur.

 

4/6    (avec un point de vue « mauvais goût », bien sûr)

 

de Jonathan Yudis
avec Mary Carey, Sean Andrews

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de voracinephile
  • : Le cinéma en grand, comme je l'aime. Points de vue, critiques, discussions...
  • Contact

Profil

  • voracinephile
  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.
  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.

Recherche