Aujourd’hui, dissection du zombie français avec deux films : Mutants (certes, c’est plus un film d’infectés que de zombies) et La Horde, deux films au budget sensiblement égaux (autour de 2 millions d’euros), qui tentent d’apporter un peu de renouveau dans le cinéma de genre français, ou à défaut, d’être un divertissement sympathique. L’un y arrive assez bien (sans être trop exigent, bien sûr), mais l’autre rejoint sans peine La Meute et Bloody Malory au fond du trou.
Mutants : Avec Mutants, David Morley essaye de façonner un huis clos dans un grand bâtiment en plein milieu d’une forêt infestée de contaminés, des humains infectés par un virus qui ont peu à peu mutés (anatomiquement parlant). D’ailleurs, cette dimension de mutation (annoncée par le titre) va être constamment exploitée par le réalisateur, qui filme la transformation progressive de Marco, blessé dès le début du film et souffrant peu à peu des symptômes de sa transformation. Un hommage à La Mouche, certes beaucoup moins ambitieux que ce dernier (budget oblige, les maquillages sont essentiellement des masques et des dentiers), mais qui reste plutôt efficace au vu du résultat. A vrai dire, c’est plus par le rythme que pêche le film, qui s’étend quand même sur une heure trente. Si le début commence sur les chapeaux de roue, le huis clos dans le complexe est plus lent, plus enclin à la digression, comme par exemple ce foyer sensé produire de la fumée visible par un hélico de l’armée qu’on sait déjà peu enclin à aider de simples civils. Si les premiers symptômes de la contamination sont là, il faut attendre l’arrivée d’un autre groupe de survivants plus enclins à la violence pour que l’histoire reparte. Nouveaux objectifs : le départ de tout le monde en ambulance, mais besoin de trouver de l’essence. Des enjeux qui nous amèneront surtout à un combat plutôt ambitieux entre contaminés et un gars armé d’une machette qui impressionne. Mais ça ne va pas vraiment plus loin, et il faut attendre le retour au grand bâtiment pour que l’hostilité des autres survivants prenne le dessus et qu’on commence à voir des querelles intestines vénères (appuyées hélas parfois par des dialogues manquant de tenue) entre humains. Le tout avant le final où les créatures investissent les lieux et traquent les derniers humains vivants. Toutefois, on notera la petite touche française qui consiste à humaniser une dernière fois notre Marco contaminé au cours d’un final assez inattendu, qui pourra en rebuter plus d’un (oui, c’est une entorse aux « règles » des films de contaminés), mais qui apporte un peu de fraîcheur avant une fin classique, ouverte (la motivation des militaires ne fait aucun doute) et qui appellerait peut être une suite, qui a cependant peu de chances d’être tournée (pas en France en tout cas, il n’y a que les comédies qui font des suites (et un peu les polar et les drames)). En bref, pour un premier film écrit et réalisé, David Morley fait preuve de quelques qualités qui devraient lui ouvrir, on l’espère, une carrière dans le cinéma honorable (mais le genre étant peu reconnu, et ce film étant loin d'être une référence...).
4/6
2007
de David Morley
avec Hélène de Fougerolles, Francis Renaud
La Horde : c’est un film où des flics vénères veulent décimer un gang dans une tour HLM sur le point d’être rasée, et qui en plein milieu de leur mission voient des zombies investir Paris. Ses défenseurs diront que ce film est facilement critiquable parce qu’il sacrifie régulièrement la cohérence sur l’autel du défouloir bourrin, de la jouissance instantanée. Du genre on enferme un protagoniste dans une pièce avec un zombie juste pour le voir lui éclater la gueule avec tout ce qui lui tombe sous la main… Tentons de ne pas sombrer dans la facilité en se contentant d’un « ce film est nul ». Il est évident que Dahan et Rocher tentent d’apporter du divertissement à un genre facilement pop corn (le zombie est toujours très populaire) en lui donnant une french touch. Qui passe ici par une action implantée en plein cœur des cités de Paris. Voilà pour les ambitions, qui pouvaient convaincre sur le papier, mais qui à l’écran sont nettement moins défendables. Déjà, les deux réalisateurs s’entourent de gueules pour faire leurs films, et ils oublient qu’ils doivent aussi prendre des acteurs. Ainsi, et pendant l’INTEGRALITE du film, on a l’impression de voir des hommes qui essayent de passer pour des durs en parlant fort, en faisant exprès d’avoir une voix grave, et en rajoutant un « putain ! » ou deux dans leur dialogue pour faire bad boy. Il suffit de voir la première confrontation verbale entre nos flics et nos racailles pour être agacé, et ce sentiment ne quittera jamais le spectateur. Ainsi, on atteint le degré zéro de la psychologie humaine , fréquemment illustrée par des détails au mieux passables (« Y en a p’têt dans l’couloir ! »), au pire ridicules (« Polaaaaaaaaa ! »). Les plus beaux exemples de ces dialogues ratés restent la scène sur le toit où le flic gentil tente de convaincre les badass de se joindre à eux (« Mais y’s’fout d’ta gueule, Aby ! ») et l’explication du caractère de chienne de la seule fliquette du groupe (« T’avais b’soin d’lui balancer qu’t’étais en cloque ? »), sommet de prestation désastreuse de nos acteurs de flics pour lesquels on n’entretient plus la moindre sympathie. A vrai dire, le seule personnage qui parvient à faire sourire au premier degré, c’est le vétéran français, qui a écumé l’Indochine. Un barbare de première qui ne se gêne pas pour employer des mots racistes et qui passe lui pour une force tranquille. Il cabotine à fond, et il parvient du même coup à sortir du lot tant sa prestation est la seule qui parvient réellement à convaincre. Ne parvenant jamais à être original (c’est dur, mais ça paye), le film ne provoque jamais la surprise, et foire en partie son final avec LA scène du parking, scène encore une fois pensée pour être jubilatoire (et de ce côté, les zombies font bien leur boulot, merci, les figurants !), mais ruinée par les interventions verbales de notre protagoniste (« Vous en voulez encore, bande d’enculés ? »). Les dialogues sont préjudiciables à un film, et La Horde en fait la douloureuse expérience, à tous les instants, ce qui annihile au final ses maigres ambitions. On arrive dès lors à un final glaçant, assez frustrant au vu de ce qui vient d’être enduré par le spectateur où le seul personnage détestable du film parvient à non seulement s’en sortir, mais à accomplir une vengeance maintenant hors de propos, ne relevant plus de la vengeance mais de l’exécution sommaire. C’est une première, mais ce n’est pas ça qui va rendre le personnage sympathique (on a compris le message : une femme enceinte est par conséquent doté d’un tel instinct de survie qu’elle explose tous les obstacles sur sa route). Pas ma tasse de thé, surtout au prix nouveauté de 20 euros.
0.5/6
2008
de Yannick Dahan, Benjamin Rocher
avec Claude Perron, Jean-Pierre Martins