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26 octobre 2012 5 26 /10 /octobre /2012 16:58

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Avec Shame, Steve McQueen s’attaque à un sujet mainte fois rebattus, mais toujours capable d’enflammer les foules : la sexualité. Toutefois, si elle est omniprésente et qu’on constate régulièrement les interférences avec le personnage, elle n’occupe pas complètement le film, laissant les personnages s’exprimer. Chronique psychologique sobre et très léchée (l’esthétique lumineuse du film est impeccable), Shame met surtout en relief l’extra-ordinaire performance de Michael Fassbender, qui se révèle être l’un des meilleurs acteurs internationaux de notre décennie cinématographique.

L’histoire : Brandon Sullivan est séduisant, proche de la quarantaine, et il consacre son temps libre à la sexualité. Omniprésente, jusqu’à ce que sa sœur, chanteuse paumée et suicidaire, vienne habiter chez lui quelques jours. Son quotidien s’en trouve alors complètement frustré.

 

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Shame s’attaque à son sujet en plan direct, sans détour. Si il filme la nudité avec un certain sens de la mesure (les élans sexuels de nos personnages évitent fréquemment de filmer en plan large, se focalisant sur des détails, Fassbender n’apparaîtra nu que quand il est seul (face à ses désirs)), il ne cache pas son intérêt pour le sujet, le plaçant d’entrée de jeu au centre du récit. Sous une façade affable et sociable, Brandon cultive une obsession : la performance. Son désir est omniprésent (il occupe quasiment la totalité de son temps libre, constitué de sites porno et de visites d’hôtesses de luxe), il interfère avec son travail (son disque dur professionnel bourré de photos obscènes, ses fréquentes séances de masturbation dans les toilettes du bureau), a façonné sa manière de pensée (son aversion pour le mariage, sa froideur pour les conquêtes qui tentent de le récupérer…). L’équilibre est précaire, mais Brandon y trouve son compte, flirtant au quotidien et doté d’un charisme animal qui fait littéralement craquer toutes les femmes. La séquence dans le métro, peu après l’ouverture, dépasse en efficacité la naissance du désir qu’on avait pu voir dans Pulsions de DePalma (la fameuse séquence du musée d’art). Par de simples regards et quelques mouvements de lèvres, c’est une attraction qui se crée puis qui s’étouffe. Probablement la séquence la plus virtuose du film. Alors que son patron lui annonce que son ordinateur est en manutention (pour cause de virus informatique, venant d’on ne sait où…), Brandon voit sa sœur Sissi débarquer dans son appartement et s’installer pour quelques jours. Cette relation frère-sœur sera la seconde préoccupation du film, qui reste centré sur Brandon (émotionnellement, on captera toutes les sensations de ce personnage, et de la relation crispée qu’il entretient avec sa sœur, partagé entre un certain devoir moral et la frustration de voir son quotidien inavouable perturbé. Car c’est le côté inavouable de ses passions qui ressort avec Brandon. En temps que fan de cinéma, on peut citer des références, communiquer facilement et en parler naturellement. Mais un passionné du sexe doit tout intérioriser, ne pouvant vraiment s’exprimer qu’avec une partenaire, et pendant un court laps de temps. Le culte de la performance ne pousse que vers des sensations intenses, mais éphémères, et socialement non constructives. Si Brandon parle clairement de son désintérêt pour la stabilité du couple, il est aussi incapable de pratiquer dans un contexte où il se sent émotionnellement impliqué (son aventure avec Marianne, employée de bureau récemment divorcée). L’équilibre ténu se rompt avec de simples détails, aussi l’envahissement de la sœur entraîne crispation et peu à peu engueulades (Brandon déguise merveilleusement ses pensées, avançant un point de vue logique alors que ses préoccupations sont surtout d’ordre sexuel). Alors que Brandon se laisse dériver le temps d’une nuit (une plongée un peu plus sombre dans son trouble où son chrisme sexuel lui vaut un tabassage et une courte aventure dans une boîte gay), Sissi déprime, incapable de faire face à son frère même si ayant cernée en partie le problème (la honteuse séquence de surprise de Brandon dans la salle de bain en pleine masturbation). Le final, dramatique mais un peu attendu, ne conclut pas. Il donne une teinte plus grave au personnage, plus mélancolique. Le personnage a reculé sur ses envies, si il a conservé son charisme, il n’est plus sur l’offensive. Il fait rentrer de nouveaux facteurs dans son jeu. Peut être un nouveau point de départ, que la narration laisse en suspens. Si les performances de tous les acteurs sont au niveau, le film s’appuie clairement sur le charisme de Michael Fassbender, qui interprète à la perfection son personnage (chacun de ses mouvements est millimétré, pensé pour l’incarner à la perfection). On savait l’acteur virtuose, mais sa performance est ici irréprochable, le plantant comme une des figures d’acteurs les plus importantes de ces deux dernières décennies (bon, je cire un peu les pompes de Fassbender, mais le fait est là : il ressort dans tous les films où il joue). Si le film se contente d’être une chronique sociale relativisant clairement la tendance à la performance sexuelle, il ne cherche pas non plus à donner une autre piste morale (le patron de Brandon est un père de famille qui drague continuellement les femmes qui l’entourent, là où Brandon n’a besoin que d’un regard pour les faire fondre). Il s’assume comme une composition d’acteurs excellente et un portrait aussi esthétique qu’abouti (même si l’errance gay me paraît un poil too much dans le contexte de performance, bien que « l’idée » soit compréhensible). Un film intéressant, et une œuvre d’auteur plutôt séduisante.

 

4.8/6

 

2011
de Steve McQueen
avec Michael Fassbender, Carey Mulligan

 

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20 octobre 2012 6 20 /10 /octobre /2012 13:22

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Le cinéma d'Almodovar ne m'intéresse que moyennement. Si je sais qu'il s'agit d'un réalisateur capable d'être touché par la Grâce (magnifique Parle avec Elle), son style bavard m'a parfois rebuté (Volver). Avec La piel que habito, on s'attendait tous à une sorte de remake des Yeux sans visage. Sans toutefois se tromper (le cadre paraît évidemment emprunté au chef d'oeuvre du cinéma fantastique français), le film d'Almodovar est plus ambigu, plus torturé, et finalement payant dans son intrigue sans gros but, mais au potentiel dérangeant non négligeable.

L'histoire : Un chirurgien chercheur tente de mettre au point une peau de synthèse, qu'il teste en douce sur une magnifique cobaye qu'il retient prisonnière dans une chambre de son palace. Mais ce cobaye a un visage qui ressemble étrangement à sa femme, décédée 6 ans plus tôt dans un accident de voiture...

 

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Ce cru d'Almodovar a clairement de quoi surprendre, puisqu'il ne cesse de rebondir sur de nouvelles pistes, quitte à passer pour brouillon dans sa manière d'accumuler des épisodes sentimentaux marquants dans le positif et le négatif. La Piel que Habito est un film hybride, à la narration inconstante et volontairement opaque, qui choisit de raconter une histoire de façon brouillonne pour mettre en valeur ses différentes thématiques, toutes passionnantes, mais pas forcément bien traitées. Le film commence sous un angle qui rappelle fortement le classique français, mais ici adapté à notre époque. Notre chirurgien utilise de la technologie de pointe, ses recherches sur la peau de synthèse sont parfaitement crédibles et s'inscrivent dans les thématiques actuelles (la transgénèse, ici utilisant des gènes de porc pour faire une peau dure et lisse). Mais si sa brillante façade commence à être mise en doute par ses confrères, ses méthodes commencent à inspirer le doute chez le spectateur, quand on constate qu'il teste sa peau, apparemment depuis quelques temps, sur une cobaye suicidaire magnifique qui vit enfermée dans une chambre et qui semble fascinée par la peau. Qui est cette mystérieuse personne que notre chirurgien a apparemment remodelé à l'image de sa femme ? Le film va peu à peu répondre à cela, toujours en restant énigmatique dans le ton jusqu'à ce qu'il balance le morceau vers les 2/3 du film. Mais nous y reviendrons. La mise en scène d'Almodovar est ici très sexuelle. Régulièrement, le film est traversé d'épisodes ambigus, comme le passage où l'ancien amant de la femme du chirurgien (présent lors de l'accident de voiture) vient violer ce cobaye qui ressemblait tant à son ancienne conquête. Ou encore cette réception où le chirurgien assiste à plusieurs ébats explicites dans les jardins avant de découvrir sa fille violentée par l'un des convives. L'ambigüité des caractères est toujours mises en avant, et celui de la cobaye est plutôt étrange. On cerne vaguement quelque chose d'étrange dans sa soumission à ces expérimentations médicales, fluctuante. On cherche les liens qu'elle a pu entretenir avec la destruction de la famille du docteur. Et c'est lors d'un retour sur le flash back de 2006 qu'on saisit le potentiel ambigu du film.

ENORME SPOILER : il s'agit en effet d'une sorte de vengeance assez novatrice, puisque le responsable de l'agression et du suicide de la fille du chirurgien, un styliste assez jeune, est enlevé par notre chirurgien, et qu'il est peu à peu transformé en femme par ce dernier. Ce changement de sexe non volontaire, véritable coup dans les valseuses lors de sa révélation, ouvre alors d'énormes possibilités en termes de pistes à explorer (castration, impuissance, haine...). La révélation incite alors à un second visionnage pour bien juger du caractère de notre personnage féminin, transsexuel sous la contrainte remodelé par un bourreau moderne. La dimension sexuelle du film prend une dimension encore plus ambigu (on ne regarde plus vraiment les scènes d'amour de la même façon, et on comprend mieux les douleurs du personnage). FIN DES SPOILERS

Mais le trouble engendré par le film reste surtout sentimental et psychologique. Il s'agit uniquement de personnages qui vivent leur histoire et qui suivent leur trajectoire. Aucun jugement sur la science (ce n'est ici qu'un contexte), tout est dans les rapports ambigus qu'entretiennent les personnages entre eux, mais étrangement, c'est désincarné, froid. La photographie magnifique du film et sa mise en scène léchée en font dans tous les cas un bel objet, et un travail inattendu de la part d'Almodovar. Toutefois, l'ambigüité n'est pas forcément ce qui fait un bon film. Aussi, si La piel que Habito possède un potentiel certain, il n'inspire pas particulièrement la fascination ou le choc qu'on pouvait espérer de telles thématiques. On reste dans un état second, partagé entre l'adhésion et un intérêt modeste, la transcendance restant à respectable distance du fait de l'incapactité du film à aller au delà du malaise, à laisser les sentiments s'exprimer pleinement.

 

3.8/6 


2011
de Pedro Almodóvar
avec Antonio Banderas, Elena Anaya

 

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20 octobre 2012 6 20 /10 /octobre /2012 13:16

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Entamons un petit cycle Larry Clark avec Another day in Paradise, film primé au festival du film policier de Cognac 1999. Autant l'écrire tout de suite, Another day in paradise n'est pas vraiment le meilleur film pour commencer à avoir un point de vue sur le réalisateur, Kids et Ken Park étant probablement ses plus radicales réalisations. Mais beaucoup d'éléments reviennent ici et font de ce film une branche plus "populaire" du cinéma de Larry Clark en se teintant d'une façade gangster.

L'histoire : Bobbie, un junkie vivant de larcins et de shoots, est repéré par Mel, un truand persuasif qui lui propose de s'associer avec lui pour son prochain coup fumant. Sans autres projets, Bobbie accepte et emmène avec lui sa petite amie Rosie dans l'aventure...

 

 

Si le film commence clairement dans le style Larry Clark (adolescents en manque de repère aux carrures frêles, limite maladives, violence poisseuse (le meurtre du policier tabasseur de junkie), caméra à l'épaule et plan longs), on s'en éloigne peu à peu, en glissant vers le road movie rappelant Tarantino, sans l'humour ou les références cinéphiles (normal d'un côté, le film est sensé se dérouler dans les années 70). Il dresse son univers sans repères extérieurs, tout est centré sur nos personnages et leur parcours. Le début est ainsi très punk dans les bases (le quotidien de nos junkies vivant dans un squat est immédiatement trivial (ils regardent les parasites sur une télé cassée après leurs shoots)), et il ne tarde pas à nous balancer son pitch : une proposition de passer dans le banditisme. Notre couple de junkie saute donc dans la brèche et s'embarque pour ce qui doit être un tournant dans leur vie. Autant le dire tout de suite, le cinéma de Larry Clark est volontairement "inabouti". Ses histoires n'ont pas vraiment de finalité : ce sont essentiellement des portraits sans concession de personnalités marginales à un moment de leur vie. Si Requiem for a Dream marquait une gradation dans la déchéance de ses personnages, il n'y a plus cette construction chez Larry Clark. Ce sont des évènements qui se succèdent, à un rythme imprévisible et dont l'issue est toujours trouble. Ce n'est pas du suspense, je parlerais plutôt d'imprévisibilité de l'histoire. Si leur premier racket se passe plutôt bien, la revente de leur butin va s'avérer plus difficile. Avec une gunfight sanglante à la clef que n'aurait pas renié Tarantino. Mais après cet épisode, le film se relance sur autre chose. L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais Clark s'affranchit complètement des critères de narrations classique, il ne s'arrête que lorsqu'il en a envie. Il s'intéresse donc au morcellement de notre groupe de gangster, qui s'émiette peu à peu devant les coups durs. Si les caractères de la première partie du film étaient "attachants" (Mel (génial James Woods) faisait preuve d'un vrai charisme, la relation Bobbie-Rosie était intrigante, partagée entre douceur très adolescente et une volonté de soumission/domination de la part de Rosie (scène d'amour trash)), la dernière partie fait jaillir des haines à plusieurs niveaux, jusqu'à ce que Mel commence à envisager de se débarrasser de Bobbie. La fin du film est à l'image de la liberté de ton de Larry Clark, c'est une fuite qui n'aboutit sur rien, qui ne conclut pas. Le choix de ne pas conclure est dès lors une occasion pour les détracteurs de dénoncer un cinéma "vide", qui ne fait qu'illustrer quelques portraits trashs sans visée... Mais c'est là le principal trait de caractère de nos personnages : gangsters ou junkies, ils n'ont ici aucun but, aucun autre enjeu que le lendemain. C'est un anti Pulp-Fiction, qui se débarrasse des artifices et des dialogues cultes pour fixer les angoisses et finalement leur inconsistance, ces derniers ne faisant que "passer". Autre similitude avec Tarantino : la musique. La bande son, plus rock'n roll que d'habitude, cadre ici parfaitement avec le contexte et arrive par moments à entrer en décalage avec les images qui nous sont montrées (la fin du générique de début, filmant Bobbie courant, la face ravagée, sur fond de rock). On remarquera toutefois une petite imperfection technique : un grain beaucoup trop fort dès que la luminosité diminue. Très dépouillé (un seul plan à la grue pendant tout le film), ne ménageant pas ses acteurs (qui donnent tous une belle performance), Another day in paradise ne plaira pas à tout le monde. Le radicalisme de la mise en scène et son apparente gratuité ne payera pas auprès du grand public. Mais, focalisé sur des personnages qui se cherchent ou qui se fuient (l'humour de façade de Mel cachant sa nature violente et alcoolique), Another day in paradise mérite largement le coup d'oeil, sans toutefois être aussi radical qu'un Ken Park.

 

4.2/6

 


1998
de Larry Clark
avec Melanie Griffith, James Woods

 

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8 octobre 2012 1 08 /10 /octobre /2012 17:45

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Obsession est indéniablement un cru majeur de la filmographie de Brian DePalma. Pas vraiment pour son suspense (quasi inexistant ici, il faut bien le dire) mais pour la puissance émotionnelle de son histoire, aussi cruelle que bien pensée. Même si on pouvait avoir déjà quelques doutes sur les révélations finales, le film se révèle être d’une qualité rare.

L’histoire : Michael Courtland, un investisseur immobilier, voit sa femme et sa fille kidnappés contre rançon. Conseillé par la police, il ne verse pas l’argent aux bandits, ce qui entraîne la mort de sa famille. Quelques années plus tard, lors d’un voyage à Rome, il fait la connaissance de Sandra, une jeune femme qui ressemble beaucoup à son épouse.

 

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Première constatation, en délocalisant son intrigue dans les années 50, le film n’a pas pris une ride. Son cadre demeure inchangée, son intrigue est toujours aussi forte, bref, il est parti pour affronter les âges. Autant le dire tout de suite, Obsession n’est pas un thriller (dans le type de Sisters ou de Pulsions). C’est un drame qui emprunte de temps en temps au style des films de gangsters (notamment pour les séquences d’enlèvement), mais qui soigne énormément ses personnages. Le contexte de chaque séquence est claire, soigné, et surtout propice à laisser surgir les émotions (la musique du film est d’ailleurs assez subtile à ce sujet, trouvant parfois des résonnances religieuses dans l’utilisation régulière des chœurs féminins). Après le traumatisme de la mort de ses proches, les ambiances de Rome sont plus accueillantes, mais c’est surtout la chapelle où Michael rencontre Sandra qui marque l’esprit. Lumières, sonorité, c’est un havre accueillant et très propice à la création de la romance empoisonnée qui va être au cœur du film. On aura d’ailleurs l’occasion d’y voir une métaphore avec la peinture que Sandra est en train de restaurer, signe précurseur des révélations identitaires de la suite du film. Ainsi, le film continue dans cette optique d’histoire d’amour vécue en coup de foudre. Peu à peu, Michael se détache de son travail, laissant l’ascendant à son associé, pour se concentrer sur les préparatifs de son mariage. Et peu à peu, le film fait les signes de l’obsession du titre, Michael se révélant obnubilé par son amour pour Sandra (qui elle s’intéresse de près à l’histoire de la première femme de Michael). Et quand Sandra est à nouveau enlevée, le sang de Michael ne fait qu’un tour. C’est à partir de ce moment là que les révélations pleuvent, et que la plus grosse d’entre elle nous fait ré-envisager l’angle sous lequel nous avons vu toute l’histoire. Si on pouvait se douter en partie du retournement de situation, l’impact psychologique est inchangé, le déchirement des personnages est palpable et on bascule dans de violentes crises qui transcendent nettement l’intégralité de l’œuvre. Sans spoiler quoi que ce soit, on tient ici une œuvre définitive, témoignage du génie de DePalma et drame profond.

 

5/6


1976
de Brian De Palma
avec Cliff Robertson, Geneviève Bujold

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1 octobre 2012 1 01 /10 /octobre /2012 18:41

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Les chiens de paille de Sam Peckinpah est un chef d’œuvre, alliant drame et psychologie pour cibler les pulsions de violence de chacun, au quotidien, culminant vers un carnage dans les règles. La formule, efficace et clair, est restée fonctionnelle jusqu’à aujourd’hui Toutefois, un remake est sorti récemment dans l’indifférence générale. A tort ou à raison ?

L’histoire : David, scénariste pour Hollywood, part s’installer dans la ville natale de sa femme Amy. Là, ils retrouvent les vieux contacts de celle-ci, notamment un certain Charlie, ancien sportif et fils de l’entraîneur de l’équipe de soccer de la ville.

 

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A priori, on tient de la photocopieuse pour ce qui est de la trame principale. On retrouve peu ou prou les mêmes éléments, à savoir notre couple composé d’un personnage masculin belle gueule introverti, d’une belle femme un tantinet provocante, un ancien petit ami beau gosse qui veut retenter sa chance, un chef de meute alcoolique et un attardé méprisé par toute la communauté (il se fait régulièrement virer des endroits publics). Tout ça s’enchaîne, et culmine jusqu’à l’inévitable affrontement. Pas de quoi révolutionner l’original, donc. Cependant, les principales qualités du film sont dans le traitement et le dépoussiérage de l’histoire. A une belle femme au foyer, on préfère ici une actrice de série télé, que tout le monde en ville a vu. L’optique poursuivie par le film est simple : à la logique communautaire des petits villages, il privilégie une approche ultra beauf. L’ancien père de la vieille famille du village est remplacé par un entraîneur sportif qui est pour beaucoup dans l’animation de la vie de la ville, mais qui a un sévère penchant pour l’alcool et des tendances agressives. Et nos deux personnages ayant plutôt un beau train de vie, de fréquentes petites agressions morales à propos de pauvreté viennent émailler les dialogues (ils sont d’ailleurs suffisamment bien géré pour qu’on saisisse le mépris qu’il y a derrière, sous-entendant que nos riches se moquent de leur pauvreté). Ainsi, la fête du village est remplacée par un match de soccer où tout le monde se retrouve à gueuler dans les gradins et à huer le camp d’en face. Le bar se partage essentiellement entre beaufs et red neck (la chasse est principalement vue sous cet angle : bières et fusils). Toutefois, le contexte religieux bénéficie d’un moindre développement. Au pasteur véritablement agaçant de Peckinpah (qui s’introduisait chez notre couple pour leur dire bonjour, et qui en profitait alors pour quêter et salir la science qui fait reculer la religion), le film préfère une sobre scène de messe où le mari préfère se retirer, avant d’être pris à parti par nos red neck en costards du dimanche qui trouvent sa conduite irrespectueuse. Ce traitement est assez subtil, puisqu’il ne vise alors plus à descendre la religion, il pointe directement vers la débilité et le vide de nos villageois qui cherchent tous les prétextes pour le rabaisser (« Croyez vous que Dieu a aidé les ruscofs pendant la guerre ? » Ne sachant pas quoi répondre, David rigole « Pourquoi ça vous fait rire ? »). Un petit recul est toutefois à noter dans la gestion du couple. Là où Peckinpat introduisait de la tension dans leur relation (Amy y allait de sa provocation « féminine » alors que David se conduisait comme un couard), le couple de cette nouvelle version est un peu plus soudé, en tout cas plus harmonieux (Amy est d’ailleurs moins provocatrice malgré ses shorts très courts, qui s’inscrivent bien dans ce paysage beauf). Du début jusqu’à la fin, le traitement opéré est impeccable, et le film ne cède jamais à la violence gratuite, si ce n’est un peu vers la fin où l’exécution du flic est un peu facile. Mis à part ce léger défaut, le film use d’un gore modéré plutôt efficacement géré, et la tension psychologique est palpable. Finalement, ce Chiens de paille 2011 est une relative bonne surprise, et pourrait être aux Chiens de paille ce que Funny Games US est à Funny Games. Rien à dire sur l’interprétation efficace de nos acteurs, qui ont tous bien compris leur rôle. On notera la petite prestation efficace de James Woods en coach d’équipe.

 

4/6


2011
de Rod Lurie
avec James Marsden, Kate Bosworth

 

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7 septembre 2012 5 07 /09 /septembre /2012 11:32

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On nous le claironne depuis des mois : le nouveau film de Pascal Laugier est sorti hier en salles. Ca tombe bien, des réductions sont faites pour la carte fidélité gaumont pathé cette semaine ci. Et qu’en ressort-il ? Que The Secret est plus ambitieux que Martyrs, mais en même temps moins réussi. Bon et moins bon s’entremêlent jusque dans un final bancal qui laissera la salle dubitative…

L’histoire : une infirmière et mère de famille, se bat pour apporter un peu de bonheur à Cold Rock, ville agonisante cédant à la pauvreté beauf. Dans le coin, les disparitions d’enfants ne cessent de croître, au point qu’une légende locale est apparue : le Tall Man les enlèverait. Des histoires pour ;;, jusqu’à ce que son gamin se fasse enlever sous ses yeux.

 

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Laugier est un bon réalisateur, c’est indéniable. La preuve : il offre à Jessica Biel tout simplement le meilleur rôle de sa carrière, avec un personnage véritablement complexe qui fait preuve de beaucoup d’émotions, et qui se révèlera finalement touchant. Mais le film est compliqué à suivre. Tout simplement parce qu’il se passe en parties, et que chaque partie a tendance à balayer toutes les suppositions qu’on commençait à faire pour révéler des faits qui changent la donne, qui bouleversent nos avis et nos suppositions. Le personnage de Jessica Biel, à titre d’exemple, passera du statut de bon, à celui de très méchant pour en arriver à une figure de martyr. Rien que ça, c’est ambitieux, et peut être un peu trop pour qu’on puisse avaler autant de changements d’un coup. Le film commence en nappant de mystère toute l’affaire, gérant le Tall Man comme une sorte de croquemitaine. Bref, le cadre idéal pour un film fantastique. Puis l’enlèvement vient lorgner d’un coup du côté de Haute tension d’Aja (même camion, même suspense de jeu de cache cache avec le kidnappeur). Alors qu’on s’imaginait parti pour un thriller tendu où il ne fallait pas perdre de vue le kidnappeur, le film nous perd brutalement dans la forêt, avant de faire revenir au village notre héroïne. Et là, surprise, tous les habitants semblent être impliqués, et ligués contre elle. On se demande alors dans quoi on a mis les pieds, la situation devenant tout simplement hallucinante. Le film commence alors à ébranler nos convictions avec un face à face tendu entre la folle du village qui dit être la mère du gamin de notre infirmière. Or ce fait ne sera pas nié. Et voilà que notre infirmière devient kidnappeuse d’enfants, mais pour en faire quoi ? Le renversement de situation est rude, tous nos repères basculent. The Secret n’est pas un film fantastique, mais une sorte de drame très réaliste qui va peu à peu poser une question politiquement incorrecte. Mais il lui faut le temps de développer son propos. Alors le film continue pendant l’interrogatoire de la jeune infirmière, qui confrontera le shérif du village et la mère de celui qu’elle appelait son fils. Il est assez rageant de voir que là où Martyrs réussissait à poser adroitement la question (la normalité de l’existence des bourreaux), The Secret s’alourdit considérablement. En montrant dans l’intro la mère passer beaucoup de temps à jouer avec un enfant qu’elle a pris, on avait certes de l’amour maternel, mais le comportement de Jessica Biel qui change du tout au tout, ça ne colle pas vraiment. Le film se révèle toutefois touchant pour le destin de l’infirmière, qui se livre sciemment à la police pour servir de bouc émissaire et porter toute la charge des enlèvements (on l’abandonne alors que la demande de peine capitale est en jugement). Curieusement, c’est là où The Secret met les pieds dans le plat qu’il devient bancal. Car le sujet du film (ATTENTION MEGA SPOILER) ce sont bien des kidnappeurs qui enlèvent des enfants malheureux pour les replacer dans des familles qui ont les moyens de les accueillir (de l’amour, mais surtout de l’argent). Cold Rock est une ville qui se meurt, sans promesse d’avenir. Mais cela implique-t-il d’enlever des gosses de pauvres pour les replacer dans des familles de riche ? A cette question, le film répond oui, l’important étant que les gosses aient le meilleur avenir possible. FIN DU SPOILER. Ainsi, nous conclurons avec un monologue de Jodelle Ferland qui regrette par moment ses choix, mais qui se fait un devoir de continuer dans cette direction. Et qui nous prend directement à témoin en brisant le quatrième mur et en nous parlant directement : « C’est la vie que j’ai voulu, et je l’ai obtenu. J’ai eu raison. Non ? Non ? Non ? » D’où l’envie de crier « Non ! » pour conclure. Personnellement, je suis un peu réticent à l’idée, qui en partant d’une bonne intention, les priverait d’un droit de parenté pour un prétexte qui semble essentiellement d’ordre économique. Une certaine beauferie semble en cause également, les hommes du patelin semblant plutôt rustres.  Mais le film ne nous a pas assez engagé dans son point de vue pour qu’on acquiesce à son engagement, courageux mais pas assez développé. Trop ambitieux, trop travaillé pour convaincre (on change trop souvent d’avis sur tout), c’est un film polémique qui fera parler de lui, mais qui fait figure de petite déception après un film aussi définitif que Martyrs. Reste toutefois d’excellents acteurs et une réalisation très compétante, au service d’une histoire qui boite un peu. Tout est là, mais on n’est pas partisan pour autant. On attend maintenant le prochain travail de l’artiste, qui s’il ne s’est pas trahi, évite de peu le pétard mouillé…

 

4.3/6

 

2012
de Pascal Laugier
avec Jessica Biel, Stephen McHattie

 

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3 septembre 2012 1 03 /09 /septembre /2012 11:16

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Un péplum d’antan avec Spartacus, fleuron des studios Universal (même si il n’est pas parvenu à détrôner Ben Hur), et réalisé par un Stanley Kubrick qui reniera son film suite à plusieurs différents artistiques. Toutefois, au vu de la qualité du travail et de la puissance du récit, Spartacus fait partie de ces films qui restent en mémoire toute une vie, et qui cerne avec pertinente différents caractères d’esclaves.

L’histoire : Spartacus, fils d’esclave exploité dans une mine, est recruté par Batiatus pour être formé comme gladiateur. Au cours de cette formation, il s’éprend de Varinia, jeune et belle esclave.

 

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On tient probablement ici l’un des rôles les plus marquants de Kirk Douglas, qui met véritablement son physique au service de son personnage, un gladiateur batailleur à tendance rebelle qui se fait le porte parole d’une humanité vivant enchaînée. Doté d’un charisme magnétique et d’une répartie bien sentie pendant ses discussions entre esclaves, il se révèle être le moteur idéal à la révolte qui couve, et qui éclate suite à un caprice d’homme riche qui exige un combat de gladiateurs à mort au sein même de l’école. L’occasion d’un combat plutôt efficace, et qui met le feu aux poudres devant l’injustice réservée au Mirmillon qui finit pendu jusqu’à putréfaction. Il ne faut alors qu’un prétexte pour déclencher l’émeute (une petite bravade du chef des gladiateurs, et voilà que c’est l’insurrection), et c’est alors que la révolution se met en marche. C’est alors que le film Spartacus prend énormément d’épaisseur. A la révolte des esclaves emplis d’un espoir qui ne cesse de croître avec leurs rangs, on suit à Rome les intrigues politiques où chacun tente de récupérer le pouvoir. Entre Crassus et sa vision immuable d’une Rome impérialiste et Gracus, gras plébéien voulant donner plus de pouvoir à la populace. Le jeu de pouvoir est particulièrement bien géré, chaque décision pouvant être prise à double sens, ayant souvent l’air de laisser la part belle à l’ennemi alors que la manœuvre est de l’écarter du pouvoir. A ce jeu, Crassus fait office de véritable maître en la matière, parvenant à tourner la défaite de son protégé Glabrus en départ honorable (et feint, lui préparant un retour triomphant et en position de force). Si l’espoir accompagne les esclaves pendant toute la première moitié du film, la seconde n’en est que plus éclatante de pessimisme, broyant littéralement les forces esclaves au cours d’une bataille qui ne s’engageait pas si mal, et n’hésitant pas à dépeindre la cruauté en nous proposant des dizaines de crucifixions à l’entrée des rues de Rome. Sans compter les nombreuses tortures mentales infligées à Spartacus et à un des esclaves ayant trahi Crassus. Un dénouement cruel qui s’accorde parfaitement avec l’Histoire, et qui amorce plusieurs réflexions très pertinentes. L’envie de Crassus d’effacer purement Spartacus de l’histoire romaine afin d’éviter tout soulèvement d’esclave à l’avenir (c’est raté, il en a fait simplement un martyr), l’intéressant face à face entre Crassus et Varinia qu’il tente de séduire (par la force, nous mettant bien en face de l’incompréhension d’un patricien qui ne juge que par le pouvoir (il se fera de Batiatus un ennemi en le traitant comme une sous-merde), et la petite pointe d’espoir prédisant un soulèvement d’esclaves. Espoir qui trouve sa meilleure incarnation dans la scène finale, où une Varinia ayant obtenue la liberté avec son fils, contrainte de se contenir devant les gardes romains, voit une dernière fois Spartacus crucifié sur le bord de la route l’emmenant loin de Rome et du pouvoir de Crassus. Toujours fonctionnel et n’ayant pas vieilli un seul instant, Spartacus est clairement un des meilleurs péplums jamais tourné (loin devant Gladiator), et sa réputation reste inchangée. Un chef d’œuvre de plus au compteur de Stanley !

 

5.5/6

 

1960
de Stanley Kubrick
avec Kirk Douglas, Jean Simmons

 

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Attention, cette dernière image est un tableau, pas un extrait du film.

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1 septembre 2012 6 01 /09 /septembre /2012 17:47

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En 1997 sont sortis deux films catastrophes traitant du même sujet : un météore venant percuter la belle bleue. Des scénarios similaires, mais des traitements très différents qui font toute la spécificité de chacun. Armageddon fait office de gagnant, largement connu (parfois acclamé) de la population, alors que Deep impact fait office aujourd’hui de blockbuster méconnu. Une critique comparative qui en vient à ériger Deep Impact comme un excellent travail et Armageddon comme une production made in Bay bouffie.

 

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Deep Impact : Il est pour ainsi dire un peu blessant de comparer Deep Impact à son rival populaire tant le traitement de ce dernier se révèle plus subtil et intelligent. En effet, en s’appuyant déjà sur un casting plutôt convaincant (Morgan Freeman en président des Etats Units, Elija Wood en étudiant en astronomie…), Deep impact se distingue de son prédécesseur par son envie d’être réaliste et de traiter la menace de façon réaliste. Même si on peut un peu douter de la solidité du vaisseau spatial face aux collisions répétées avec les météores, la gestion de la mission à la surface de l’astéroïde est plutôt bien mise en scène, les phénomènes géophysiques correspondant à ceux observés dans l’espace. Mais le film est clairement plus attachant pour les personnages qu’il va suivre, qui se révèlent tous finalement assez touchants dans leur traitement. Chose rare, ils ne seront pas vraiment amenés à se croiser pendant le film, et ils sont suffisamment bien étudiés pour illustrer la plupart des réactions humaines en face de l’évènement. Et quand le film essaye d’émouvoir, il s’y prend beaucoup plus délicatement qu’Armageddon, faisant pleurer plutôt ceux qui vont être sauvés que ceux qui vont mourir. Si tous les sentiments qu’il illustre ne sont pas de la même légèreté (le passage de la lecture dans la navette spatiale est gentillet), la peinture d’une Amérique impuissante est ici traitée avec une certaine finesse. Morgan Freeman, dans son rôle de président, apparaît comme un père de la nation, se montrant de moins en moins formel au fur et à mesure que les stratégies mises en place échouent à changer le cours des choses. Chose intéressante, le thème du sacrifice (commun à nos deux films) est ici traité assez rapidement et avec sobriété. On passe par l’inévitable séquence d’adieux (commune là encore) mais ici beaucoup moins sacralisée. Et relevé une pointe d’amertume avec le retard d’un des parents d’un astronaute. Contenant finalement peu d’humour et adoptant une maturité un peu stoïque face à l’inévitable, Deep Impact est en effet l’un des meilleurs films catastrophe jamais tourné, et il ne vieillit pas avec le temps qui passe.

 

4/6


1997
de Mimi Leder
avec Robert Duvall, Vanessa Redgrave

 

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Armageddon : Tentons d’oublier qu’il s’agit d’une réalisation de Michael Bay et concentrons nous sur les qualités du film. Indéniablement, Armageddon a du pognon à revendre, et préfère l’action au réalisme. C’est son droit. Ainsi, impatient d’en arriver au suspense de sa mission, Michael tente d’entretenir le suspense pendant sa première heure à l’aide de scènes de destruction massive où des météores viennent balafrer différents pays du monde (les chinois, les français) sans que l’Amérique daigne lever le petit doigt (ils ne décrocheront jamais un téléphone pour avertir les pays cible). Puis vient enfin le départ en navette, jusqu’à la station MIR pour le ravitaillement carbu. L’occasion de montrer que le matériel russe défectueux peut engendrer des scènes d’action spectaculaires et épicer le spectacle de 15 minutes de suspense. Toutefois, le crash de la navette est une petite surprise dans la mesure où on ne s’attendait pas à avoir des relents pessimistes dans cette balade spatiale. Ils trouveront leur résonnance pendant une dizaine de minutes où l’on croit la terre condamnée, avant que Ben Affleck n’apparaîsse tout joyeux derrière un rocher sur fond de trompette et fanfare. L’occasion pour le film de montrer que l’obstination paye, avant de lancer d’une façon assez louche le thème du sacrifice. Thème dont le climax l’immanquablement émouvante scène d’adieu entre Bruce Willis et Liv Tyler. Puis un joli plan d’explosion atomique asserti d’un surdécoupage émotionnel pour bien montrer que la Terre est sauvée, mais que ça a eu un prix. En termes d’action, ça pouvait être amusant, mais peut être pas sur deux heures et demi. En termes de personnages, ce film est tout simplement une surenchère. A nous de trouver le meilleur cliché dans ce lot de gamins foreurs. Serait-ce Maxou, l’obèse amateur de beignets ? Ou l’Ours, le gros noir baraqué ? Ou la carotte, un Steve Buscemi en mode obsédé sexuel ? Ou tout simplement Harry, père surprotecteur qui n’a pas appris à être parent… Mais la palme se doit probablement d’être remporté par le couple à l’écran : Liv Tyler et Ben Affleck, leur romance étant ponctuée par l’horripilante chanson « Don’t want to close my eyes » et la caméra insistant lourdement sur certains détails (du pelotage, mais pas de sexe). Bref, c’est l’idéalisation du couple avec un mariage en grande pompe pendant le générique. Si on peut reconnaître quelques blagues marrantes au milieu du lot (l’entraînement n’en est qu’un florilège), le résultat final manque carrément de sérieux, voulant donner dans le divertissement de masse et passant à côté du potentiel dramatique de l’œuvre. En se révélant par moment lourdement insistant sur des détails, comme la séquence d’adieu qui devient littéralement la séquence où on sort les mouchoirs, dans la mesure où les adieux de Bruce Willis sont projetés sur l’écran principal en face de tout le personnel de la NASA en pleurs (alors que Deep Impact se contentait d’une télé beaucoup plus intime). En clair, si la beauferie éclate par moments (l’intro au fusil de chasse sur la station pétrolière), elle n’occupe pas encore complètement l’espace remplissage, chose qui changera avec Transformers. Mais à aucun moment le film ne parvient à transcender le statut de blockbuster, s’enfonçant lourdement dans l’anesthésie de tous les éléments autres que l’action.

 

2/6


1998
de Michael Bay
avec Bruce Willis, Billy Bob Thornton

 

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Hey, vous avez vu ? On est astronautes !

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22 juillet 2012 7 22 /07 /juillet /2012 09:59

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Petit retour sur un film de Cronenberg très intéressant, confirmant que la mutation du réalisateur à un style plus épuré n’en est pas moins bénéfique à sa filmographie. Depuis A History of violence, le style s’est mué avec une impeccable fluidité en des films essentiellement psychologiques, mais pas seulement. Avec les promesses de l’ombre, en plus de signer un polar superbe, Cronenberg cerne avec une justesse magistrale la psychologie de chacun de ses protagonistes, et cela sans s’accorder la moindre faute de goût. Un spectacle d’une qualité rare.

L’Histoire : une jeune camée décède en couche dans un hôpital de Londres. Anna, une des infirmières chargée de ses soins, tente de retrouver la famille de la mère à partir du journal de la morte, écrit en russe. Mais ses recherches éveillent bientôt les soupçons d’un parrain de la mafia russe des environs.

 

http://www.linternaute.com/cinema/image_cache/objdbfilm/image/540/24984.jpg

 

Vraiment, excellent film que nous signe ici Cronenberg, admirable thriller pas effrayant, mais ultra réaliste et cernant avec une justesse bluffante chacun de ses protagonistes. Avec un casting d’exception (Mortensen, Watts, Cassel…), cette histoire se révèle être un sans faute sur toute la ligne, partant d’un postulat tout à fait réaliste et nous plongeant peu à peu dans les affaires de la mafia russe planquée dans Londres. Chaque protagoniste est fouillé, exposé avec une réelle justesse, au point parfois d’en devenir prévisible (au bout d’un moment, on se doute que Viggo Mortensen est plus qu’un simple chauffeur). Viggo est clairement le protagoniste masculin principal, au centre d’une intrigue complexe, obéissant d’abord à une logique claire, mais qui va devenir un pion malgré lui dans le jeu des maffieux (la scène tendue du bain, impeccablement pensée, qui culmine dans une explosion de violence marquante) avant de nous révéler sa vraie nature. Impeccable personnage campé aussi par Cassel, qui si on sent un peu d’accent français de ci de là, joue un très crédible fils à papa russe, ivrogne et impuissant, et laissant transparaître une légère tendance homosexuelle pour le beau Viggo (leur étreinte lors du tatouage des étoiles est lourd de double-sens). Quant à Armin Mueller-Stahl, il campe un Symeon excellent, maffieux russe criant de vérité, et habile stratège quand il s’agit de jouer avec d’autres clans maffieux ou avec la police. Vraiment, la concentration de talents accouche ici d’un drame-thriller parfaitement géré, si habile qui nous en ferait oublier ses quelques bévues (mais pourquoi Anna ne prévient-elle jamais la Police ? Pourquoi insister sur le fait de tuer simplement un bébé petite fille alors qu’il serait au combien plus cruel d’insister sur le fait qu’elle soit la petite sœur du gars sensé la tuer ?). Mais malgré ces petites coquilles, le film gère efficacement son histoire, ménageant quelques saillies de violence rares, mais méchantes.  Avec un film pareil, n’importe quel amateur de polar intelligent a de quoi trouver son compte, d’autant plus que la facture technique du film est ultra léchée, Cronenberg et son équipe nous offrant une superbe photographie doublée d’une bande son classique charmante. On peut simplement regretter que contrairement aux dires de Cronenberg, aucune suite ne soit prévue à l’horizon, l’épilogue se révélant bien décevant sur les destins des personnages. On les quitte avec incertitude, sans réelle conclusion… Dommage pour l’un des meilleurs polars de ces dernières années…

 

5/6

 

2007
de David Cronenberg
avec Viggo Mortensen, Naomi Watts

 

http://s.excessif.com/mmdia/i/47/6/promessesombre-haut23-3631476cxybf_1731.jpg?v=1

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4 juillet 2012 3 04 /07 /juillet /2012 22:41

http://mskstatic.com/386/515/medias/photos/programmes/moins_de3060000/3051606/les-enfants-d-abraham.jpg

 

Si le talent de Balaguero n’est plus à présenter, la carrière de Paco Plaza pré-rec a de quoi susciter la curiosité du public, ne serait-ce que pour comprendre pourquoi ces deux réals se sont rapprochés et ont accouché d’un des meilleurs films de zombies de « zombies » de ces dernières années. Et sa principale collaboration au septième art, c’est Les enfants d’Abraham, un thriller intéressant qui se propose de nous faire vivre une histoire de famille tordue. Mais…

L’histoire : Après le suicide de son père, Daniella cherche des réponses à son acte. En poussant les recherches, elle se rend compte de faits étranges, alors qu’un inconnu atrocement défiguré commence à la harceler.

 

http://perso.orange.fr/chatdecheshire/Les%20enfants%20d%27Abraham%201.jpg

 

Paco Plaza n’a pas choisi la facilité en s’attelant à un tel script, qui lorgne finalement sur La secte sans nom, mais en moins efficace. Ici, c’est le suicide du père qui lance l’affaire, notre héroïne ne comprenant pas le sens de son geste. Et peu à peu, cette dernière de découvrir que son père était un peu plus trouble que ce qu’elle pensait, pour finalement apprendre qu’il appartenait à la secte des Enfants d’Abraham. Intéressant, mais une question me taraude encore… Quel est le but de cette secte ? Pourquoi se perpétue-t-elle et qu’obtient –on concrètement en échange du sacrifice ? Pas grand-chose, et le film semble finalement plus s’appuyer sur ce que les sectes ont d’effrayant plutôt que d’élaborer une peur particulière autour de cette secte (comme le faisait intelligemment La secte sans nom). Niveau ambiance, c’est donc clairement moins tendu que le film de Balaguero, mais ça se suit. Cela est notamment dû à une réalisation plutôt appliquée et des acteurs compétents, notamment pour le grand brûlé qui se révèlera être un personnage plutôt touchant. Mais si les personnages des Enfants d’Abraham sont plutôt intéressant, le film peine clairement à instaurer un rythme dans son histoire. Le tiers du film doit être constitué de plans de l’héroïne qui marche, de plans de l’héroïne qui prend un médoc, de plans de l’héroïne qui dort… Le tout sur de jolis morceaux de piano. Certes, c’est du joli remplissage, mais c’est du remplissage quand même et ça ne fait pas un film à l’ambiance glauque. On en viendrait presque à oublier les quelques meurtres sanglants commis par la secte, abordés puis oubliés dans la suite de l’intrigue, qui se concentre sur le passé de Daniella. Certes, les conclusions sont intéressantes (l’histoire de famille promise est en effet glauque à souhait, ayant la capacité d’en faire souffrir chaque membre), mais le développement du film, long et parfois ennuyeux, l’empêche clairement de rivaliser avec son concurrent ibérique. Toutefois, la bonne facture technique démontre que Plaza sait filmer et que pour peu qu’il ait de la chance, il pourrait devenir un honnête artisan. Pas génial, mais regardable.

 

3.5/6

 

2003
de Paco Plaza
avec Erica Prior, Trae Houlihan

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  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.
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