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4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 13:32

Red

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Nouveau pavé dans la mare avec un film basé sur l’œuvre de Ketchum, un auteur d’horreur hard core toujours inédit en France. Il semblerait que notre bonhomme aime les situations malsaines et qu’il s’échine à défendre des points de vues qui dérangent, et qui reste en tout cas à mille lieues de la morale bienpensante traditionnelle. Si l’angle sous lequel Red attaque son sujet le place en deçà de ses frères et sœurs (un The girl next door traumatisant, un The Woman sulfureux…), son sujet n’en est pas moins couillu, puisqu’il s’affiche comme un brûlot engagé pour la mort de ceux qui maltraitent les animaux. Tuer un mec qui a tué un clébard. Un dilemme moral encore une fois ambigu sur lequel ce film s’aventure, en prenant toutefois largement ses distances.

L’histoire : Avery Ludlow est un septuagénaire dynamique, un paisible retraité qui vit dans un cadre bucolique et qui agrémente son quotidien de sorties pêche, accompagné par son fidèle Red, un chien affectueux d’une dizaine d’année. Cependant, Red est tué par un des adolescents du village, au cours d’un acte de violence gratuite.

 

http://img.filmsactu.net/datas/films/a/a/aaaa/xl/4767cfc3f1b89.jpg

 

L’engagement propre aux films inspirés des écrits de Ketchum se retrouve dans cette petite péloche, qu’on sera peu surpris de voir co-réalisée par Lucky Mckee, un fervent admirateur de l’écrivain. Toutefois, le style d’approche rappellerait plutôt Rob Reiner dans son approche posée de la communauté rurale que nous allons explorer. Le script est conscient qu’il traite avec un sujet politiquement incorrect : le droit de tuer quelqu’un suite à des violences sur des animaux. Il va donc slalomer sur la piste en explorant divers procédés. Tout va d’abord passer par l’acte de violence, tranchant radicalement avec le calme décrit dans la situation initiale, et l’acte en lui-même, gratuit et profondément révoltant. Mais Red ne reste encore qu’un chien. Il va par conséquent bénéficier d’une certaine humanisation, avec notamment l’anecdote d’un chasseur et de son fidèle compagnon, qui viendra renforcer l’attachement à l’animal. Mais ce sur quoi le film va jouer davantage, c’est sur l’apparente sous-estimation du délit en question. En effet, du côté de la Police, l’acte est à peine puni, d’une amende symbolique et de quelques jours de prison. Et quand Ludlow se confronte avec le père de la saloperie adolescente, ce dernier met toujours sa parole en doute, et ne proposera qu’une compensation financière aux demandes de notre retraité. Il n’est jamais vraiment question de justice, et c’est le déni constant du principal accusé et de sa famille qui agace de plus en plus dans le film. C’est en insistant principalement sur la mauvaise foi des coupables (qui ne cessent de répéter que ce n’était qu’un chien en niant toujours les faits) que le film va peu à peu nous les faire prendre en grippe, tout en développant le personnage de Ludlow, qui a connu une grosse tranche de souffrance avec la mort de sa femme et de son fils dans un incendie criminel). Son passé a donc été préalablement détruit par un acte gratuit, et c’est un nouvel acte de violence gratuite qui vient de détruire le nouveau « proche » qui vivait avec lui. Le film s’attaque ensuite à la vengeance progressive de Ludlow, qui compte beaucoup sur la stupidité de l’adolescent en question pour l’amener à commettre des erreurs et à attirer l’attention des autorités (le procès étant lancé, mais traînant en longueur). C’est à partir de là que le film commence à prendre des distances qui tranchent avec l’engagement du postulat de départ. En effet, Ludlow suit Danny (le gosse tueur de chien) pour lui faire peur et l’amener à provoquer, et c’est toujours ce dernier qui commet l’erreur qui aggrave la situation. Le film déresponsabilise régulièrement Ludlow en insistant sur la bêtise de Danny, qui tentera de frapper Ludlow en public, et qui ouvrira en premier le feu sur notre septuagénaire. Certes, c’est efficace, mais un peu facile, le flinguage final apparaissant alors comme un acte de légitime défense et plus comme une vengeance. D’ailleurs, le film insistera beaucoup sur les états d’âmes de Ludlow après les faits, sur ses regrets d’avoir tué 2 personnes (le troisième ayant été abattu par sa propre famille). Et pour faire encore passer la pilule, nous aurons aussi le frère du délinquant qui viendra s’excuser auprès de Ludlow, sans pour autant oser trahir sa famille. Un personnage finalement plutôt bien esquissé, même si son importance reste mineure au cours du film… Au final, Red (le nom du chien) n’est pas aussi choquant que les autres références du cinéma de Kechtum (même the lost pouvait se révéler plus efficace dans les faits, malgré sa longueur). Mais derrière un vernis plutôt classique et sans rythme (le film traîne parfois la patte pour en arriver aux faits), le politiquement incorrect est bien là : peut-on tuer au nom d’un animal ? La réponse est oui, mais uniquement si la personne impliquée n’est pas récupérable, ce qui semble apparemment le cas ici. Si l’ensemble manque de pêche, l’œuvre a sa place près des références précédemment citées, et malgré sa facture télévisuelle, le tout se révèle être un drame plutôt poignant et engagé. Sympathique, et parfait pour une initiation en douceur au style de Ketchum.

 

4/6

 

2009
de Trygve Allister Diesen, Lucky McKee
avec Tom Sizemore, Robert Englund

 

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Tiens, un visage connu !

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27 mars 2012 2 27 /03 /mars /2012 18:53

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Primé un peu partout dans le monde, acclamé par la critique et globalement aimé par le public, The Artist a donné une dimension internationale à la carrière de Michel Hazanavicius, et propulse Jean Dujardin dans les hautes sphères du métier d’acteur avec une reconnaissance mondiale.  Une aura grisante pour un film très attachant, qui parvient à retrouver la grâce du muet sans pour autant faire preuve de beaucoup d’inventivité.

L’histoire : George Valentin, un acteur de films muets, fait la connaissance d’une actrice entamant sa carrière dans le cinéma alors en pleine mutation, puisqu’amorçant sa transition vers le parlant.

 

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Techniquement, le noir et blanc du film est irréprochable, la peinture des années 1930 est réussie, le charme du muet venant accroitre davantage le charme de la reconstitution historique. En fait, l’originalité du film tient surtout dans le fait qu’il parle du cinéma en faisant un film,  en nous donnant une petite leçon d’histoire sur la fin du muet et le début du parlant, qui a entraîné un bouleversement complet des codes du jeu d’acteur. En effet, avec du son, plus besoin de surjouer ses sentiments avec de grands gestes, il suffit de parler. Et certains acteurs seront alors loin de convenir pour les films en projet. Toute une génération d’acteurs sera finalement amenée à disparaître, remplacé par le cinéma parlant et ses premiers succès. Voilà pour la parenthèse historique, et pour l’originalité du contenu du film. Question jeu d’acteur, le film recycle avec un savoir –faire professionnel tous les codes du film muet, de la gestuelle exacerbée des personnages jusqu’à la légère accélération des images. Tout est fait pour imiter le style d’époque (solo de piano quasi-omniprésent à l’appui), ce qui rendra les passages sonores d’autant plus notables qu’ils trancheront radicalement avec les ambiances muettes. Le tandem Bejo/Dujardin est tout à fait à la hauteur, en couple d’acteurs attachants, mais déphasés de par leur spécialisation de jeu (une différence qui inversera peu à peu les rapports de force et qui amèneront nos personnages à refondre totalement leurs points de vue). De plus, rajoutons que la présence de plusieurs acteurs américains donne un cachet international au casting, un choix plutôt intéressant quand il s’agit d’illustrer Hollywood. La mise en scène est de réelle qualité, Hazanavicius ayant apparemment bien préparé son coup. Mais si certaines séquences touchent parfois la grâce du cinéma muet, elles semblent aussi déjà vues. C’est le cas pour la séquence où notre acteur muet empoigne un révolver pour se suicider alors que l’actrice roule à tombeau ouvert pour l’arrêter à l’instant fatidique. Le dénouement a un air de déjà vu, mais il reste toujours efficace en termes d’intensité. En l’état, le film fait preuve de qualités évidentes, et son choix de refaire du muet à l’heure où la demande est au spectaculaire parle encore pour la défense du projet. Me concernant, je trouve le film très attachant sans être inoubliable. Si il peut donner à Hazanavicius carte blanche pour le reste de sa filmographie, je suis pour !

 

5/6 (mais d’un enthousiasme tempéré)

 

2011
de Michel Hazanavicius
avec Jean Dujardin, Bérénice Bejo

 

http://static.lexpress.fr/medias/1623/831316_jean-dujardin-dans-the-artist.jpg

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23 mars 2012 5 23 /03 /mars /2012 21:22

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Avec Gran Torino, Clint Eastwood marque un bon point, à la fois dans sa filmographie mais aussi dans l’opinion du public, qui peut voir là un de ses bons films, où le personnage campe un septuagénaire dur à cuire confronté à des voisins chinois, dont on va faire le portrait moral en profondeur. Un film assez intelligent qui évite de tomber dans certains pièges de ses thèmes en développant une intrigue aussi simple que sincère dans les sentiments qu’elle aborde. Un rien pompeux, cette introduction. On passe tout de suite au putain de paragraphe argumenté.

La p*tain d’histoire : Walter Kovalski vit seul depuis la mort de sa femme. Ses fils ne le comprennent absolument pas et ne cessent de critiquer son caractère grincheux. Sa famille, dans la grande majorité, se révèle insupportable. Mais pire encore, les bridés ont envahis le quartier, lui rappelant ses douloureux souvenirs de la guerre de Corée.

 

http://graphics8.nytimes.com/images/2008/12/12/movies/12torino.large1.jpg

 

Le cas de Gran Torino est assez intéressant, puisqu’on retrouve Eastwood dans un rôle assez charismatique derrière son caractère de cochon, qui utilise la vulgarité à tort et à travers, ce qui déclenche souvent des éclats de rires bienvenus. Ainsi, Gran Torino commence légèrement, en posant d’abord ses personnages et en développant bien leur manière de penser. Walter, au cours de la cérémonie d’enterrement de sa femme, se retrouve confronté à sa proche famille, proche de l’insupportable. Totalement manichéen, mais assez finement exposé pour nous convaincre et nous ranger totalement du côté de Walter. Mais assez vite, Walter tourne sa haine vers ses voisins de palier, des chinois qui s’entassent dans une maison sans prendre soin du jardin qui l’entoure. Cette approche du monde chinois nous vaut pas mal de remarques racistes, qui font presque toutes rigoler en montrant combien Walt est aigri par sa vie quotidienne (et les chinois lui rendant la pareille, on a parfois des sortes de duels « à qui pissera le plus loin » plutôt bienvenus). Mais peu à peu, les personnages évoluent, l’intégration de Walter dans la famille chinoise se faisant peu à peu, suite à la bêtise du fils de famille, qui tenta tantôt de voler la Gran Torino du film. De là partent différentes thématiques, comme la virilisation hilarante du jeune chinois (pas mal de gags d’insultes viennent de là, nous offrant dès lors de beaux dialogues) qui nous donne une approche assez explicite de l’expression « roulage de mécanique ». Mais il se révèle aussi beaucoup plus fin dans la gestion des conflits humains, évitant l’étiquette du ségrégationnisme en faisant du gang chinois du coin les bourreaux du quartier (alors qu’ils étaient amorcés comme des sortes de défenseurs de la population chinoise), et menant peu à peu Walt sur le chemin de la rédemption. C’est d’ailleurs ce thème qui se révèle être l’un des plus intéressants du film, représenté par ce jeune prêtre désireux de voir Walter revenir dans ses quartiers. Leurs dialogues sont dès lors très intéressants, chacun exposant ses arguments à l’autre (Walter ayant souvent le dessus). En revanche, le personnage du prêtre contient quelques petites contradictions, qu’il serait intéressant de noter. En effet, par sa jeunesse, il pèche par son manque d’expérience, aussi son premier contact est complètement raté. Sa seconde tentative est néanmoins plus réussie, plus réfléchie, mais toujours en décalage avec la rédemption de la confession, puisque son discours vise à « déresponsabiliser » quelque peu Walter. Mais, alors que la demande de confession devient claire, et que les péchés dévoilés ne semblent que des peccadilles au vu des atrocités de la guerre (qu’on attendait), le prêtre semble moins enclin à donner son pardon, prenant la rédemption comme un geste désespéré avant « une grosse bêtise », alors qu’elle précède un acte murement réfléchi et sacrificiel. Aussi, le prêtre ne pourra vraiment qu’à la toute fin exposer enfin une vision qui soit digne de Walter, et de rendre justice à son acte et sa personne. Gran Torino est excellent, il n’y a pas grand-chose à redire là-dessus. Excellente empathie pour les acteurs, musique peu intrusive, rythme posé et fluide… Le seul petit reproche qu’on pourrait lui faire est cette alternance quotidienne de thème, qui apparaissent et disparaissent dans le récit au fur et à mesure de ses avancées (la rédemption arrive après l’enterrement, puis disparaît d’une bonne partie du film, avant de revenir à la fin…) sans jamais s’entrecouper. Mais c’est là bien peu au vu de l’étoffe de ce drame tout simplement excellent, parvenant à nous faire aimer un septuagénaire grincheux et raciste.

 

4.9/6

 

2008
de Clint Eastwood
avec Clint Eastwood, Bee Vang

 

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16 mars 2012 5 16 /03 /mars /2012 17:09

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Tout le monde connaît le Viet Nam, mais on parle beaucoup moins des situations diplomatiques des pays avoisinants à cette époque. Ainsi, le cambodge s’est vu être lui aussi touché par le conflit Américain/Viet Cong, avant d’être pris par les Khmers rouges et d’entamer son processus de pacification de la population. Un conflit humain classique, et traité tel quel par le film La Déchirure. Ce dernier ne propose pas une vision à la Coppola ou un ressentit traumatique comme Requiem pour un massacre. Il suit l’action d’une façon réaliste et épurée de tout effet de style, s’attachant beaucoup aux « humains » qu’il va suivre.

L’histoire : En avril 75, les khmers rouges commencent à envahir le Cambodge, débordant rapidement les maigres défenses américaines. L’évacuation des européens et des américains est alors déclenchée, mais bon nombre de cambodgiens inquiétés par la situation diplomatique n’en bénéficient pas.

 

http://storage.canalblog.com/59/75/276637/50146040.jpg

 

La Déchirure est un film qui m’a beaucoup surpris car il transmet avec une réelle justesse les ambiances de la vie quotidienne au Cambodge (j’ai eu la chance de pouvoir voyager en Inde quand j’étais plus jeune, les ambiances sont vraiment comparables). Au niveau de l’ambiance, le ton est parfait, et l’angle sous lesquels les faits sont abordés est plutôt intelligent. En effet, nous sommes amenés à nous attacher à des reporters (un américain et un cambodgien) qui couvrent l’évolution de la situation militaire du Cambodge, et qui dénonce souvent les méthodes abusives de l’armée américaine (on aura notamment le cas d’un bombardement mal planifié qui entraînera la mort de centaines de civils). Mais peu à peu, les Khmers rouges gagnent du terrain, jusqu’à ce qu’ils balayent les lignes de défenses du pays. L’évacuation est alors décrétée, on brûle la paperasse dans les bâtiments d’administration avant que les occidentaux et leurs familles soient héliportées. Certains cambodgiens bénéficient alors de l’aide, mais beaucoup sont laissés derrière. Dith, l’assistant du journaliste, a la chance d’en bénéficier avec sa famille, mais c’est pour continuer son métier de journaliste qu’il décide de rester avec Sydney, le journaliste américain. Et c’est à partir de ce moment que les choses dérapent et qu’on verra le groupe de journaliste éclater, la politique d’évacuation française (nos journalistes finissent par se réfugier dans leur ambassade) excluant les cambodgiens des évacuations prioritaires. C’est avec cette étape que nos personnages prennent une réelle épaisseur. Le métier de journalisme est quant à lui assez bien développés. On aura le regard critique de Sydney sur l’actualité (qui tape sur les deux camps), le journaliste adepte de la photographie choc (interprété par John Malkovich) et la manipulation médiatique, que constateront nos journalistes ricains une fois rentrés au pays. Pour Dith en revanche, le parcours sera encore très long, ce dernier étant arrêté par les Khmers à la sortie de l’ambassade et envoyé dans des rizières comme prisonnier politique. Toutefois, le film se refuse à céder au pessimisme, malgré le caractère extrême de la situation. Difficile d’en dire plus sans spoiler le film et son dénouement, mais le film tient à « récompenser » ses protagonistes après les épreuves qu’ils auront subis plutôt que de faire dans le drame traumatisant. Un choix qui atténue l’aspect dramatique (on termine loin, très loin des horreurs qu’on a vu), mais qui nous rapproche de nos protagonistes, un choix assez rare pour être souligné. En l’état, La déchirure est plus la reconstitution historique du virement communiste du Cambodge, assez 70’s dans le style, mais très agréable à voir (la narration est limpide, la facture technique est excellente) et puissant sentimentalement. Une belle surprise.

 

5/6

 

1984
de Roland Joffé
avec Sam Waterston, Haing S. Ngor

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24 février 2012 5 24 /02 /février /2012 19:59

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Clint Eastwood a la réputation d’être un bon cinéaste qui nous a gratifiés d’une pléiade de bons films, allant du drame au western. Cependant, depuis Invictus, la côte du réalisateur semble quelque peu baisser. Et c’est aujourd’hui au tour d’au-delà de passer à la casserole, puisqu’il doit s’agir de l’un des plus mauvais films de Clint. Si la réalisation ne démérite pas avec ses précédents chefs d’œuvres, le propos est quant à lui beaucoup plus flou.

L’histoire : 3 personnes : une journaliste française qui frôle la mort dans le Tsunami, un médium qui désire abandonner son activité et sa « malédiction », un jeune garçon dont le frère jumeau décède dans un accident.

 

http://s2.lemde.fr/image/2011/01/12/540x270/1464810_3_7d0f_cecile-de-france-dans-le-film-americain-de.jpg

 

Clint aime faire du bon cinéma, et ça se sent. Avec la volonté de nous offrir dès l’ouverture un tsunami réaliste (on est loin des gigantesques vagues d’Emmerich dans 2012) et des drames « individuels » (le récit est fragmenté pour chacun de nos protagonistes), le lancement du film augurait du meilleur, notamment avec un Matt Damon qui jouait plutôt bien la personne ayant un don et qui aimerait s’en délester pour avoir une vie normale (il est harcelé par des personnes en deuil voulant communiquer avec leur défunt). Notre journaliste, campée par Cécile de France, se révélait intéressante dans sa perte progressive d’intérêt pour sa vie professionnelle, attirée par son expérience de quelques secondes, qu’elle aimerait faire partager au monde. Et lors de la mort d’un des jumeaux, son frère cadet, soustrait à la garde de sa mère alcoolique, se lance dans une quête pour savoir où son frère est allé. Des portraits qui partaient bien, et qui pouvaient en effet devenir une sorte de néo-référence sur la vie après la mort. Mais les ambitions s’arrêtent finalement à ces esquisses. Le film devient lent, ennuyeux, car ne faisant finalement que très peu évoluer la situation de nos protagonistes, ou délivrant des messages connus, ou au pire maladroits. Par exemple, on aura droit au couplet sur les journalistes qui traitent d’informations et qui se contrefichent de spiritualité. Une idée qu’on avait déjà assimilée. Et sur la vie après la mort, le script s’emmêle carrément les pinceaux. Discréditant les thèses chrétiennes ou musulmanes par quelques vidéos youtube ( ??), Clint se met alors à taper sur les voyants plus ou moins scientifiques, jusqu’à ce que le gosse tombe sur Matt Damon (en ayant toujours l’air d’y croire), qui lui est un voyant authentique. La différence avec les autres ? Ben… il prétend être victime d’une malédiction, et ses discours sont souvent justes mais il lui arrive de se tromper. Mouais… Non ! Pas sur un sujet pareil. C’est pas avec une image surexposée avec des silhouettes (une perception connue, et maintenant assimilée par toute la société, au courant de ces expériences extra corporelles) qu’on va se mettre à suivre aveuglément le film, qui se révèle trop maladroit sur une question, avouons le, assez délicate à traiter. Je retiens surtout le rôle de Matt Damon qui doit être celui m’ayant le plus intéressé, car suivant l’évolution psychologique d’une personne ayant un don de voyance qui le pousse régulièrement dans la solitude. Un film raté dans le fond, mais qui tient encore la route au niveau réalisation.

 

1.75/6

 

2010
de Clint Eastwood
avec Matt Damon, Cécile de France

 

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20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 19:51

 

 

http://images.fan-de-cinema.com/affiches/drame/orange_mecanique,5.jpg

 

En forme, je décide aujourd’hui de m’attaquer à rien de moins que mon Kubrick préféré : Orange mécanique. Adapté du livre d’Anthony Burgess, ce film a déclenché un tel scandale lors de sa sortie que Stanley en est venu à en minimiser la portée en public pour tenter d’apaiser le débat. Visiblement, le film a touché quelque chose de fort dans la violence mise en scène pour que le public réagisse de la sorte, selon un mécanisme finalement identique au parcours d’Alex pendant sa courte vie.

L’histoire : Alex, Pitt, Georgie et Dimm écument les ruelles la nuit, à la recherche du frisson de l’ultra violence que leurs procurent bastons et jeux dangereux. Le jour, ils planifient ce qu’ils feront la nuit. Jusqu’au jour où une dispute entre Alex et Dimm ne chamboule l’ordre hiérarchique de la bande.

 

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J’ai lu le livre de Burgess, il fallait avoir une certaine volonté pour y arriver, car si le film a fait un gros travail pour que l’argot qui y est employé soit immédiatement compréhensible pour l’auditoire (le contexte de chaque mot d’argot permet d’en saisir facilement le sens), ce n’est pas le cas du livre. Il y a un lexique en fin de livre, et on se débrouille avec. Ainsi, pendant les 100 premières pages, on passe son temps à aller et venir d’un bout à l’autre du livre, bloquant au moins trois fois à chaque paragraphe sur des mots comme Tchelvock. Une certaine barrière de la langue qui limite notre compréhension de nos protagonistes, bien plus explicites quand ils se livrent à des actes d’ultra violence. Kubrick en retient les scènes fortes, en commençant avec le tabassage d’un clochard sur un silence glaçant. On suivra avec une bagarre contre une autre bande aussi tordue que celle d’Alex (ils les interrompent en plein viol, absolument pas par souci d’interrompre le crime, mais tout simplement pour agacer un peu plus leurs adversaires). Puis on passe à la scène choc du film, encore une fois silencieuse à l’exception d’Alex chantonnant son fameux « I’m singing in the rain » pendant la scène de viol (finalement peu montrée). Il est assez intéressant de noter ces blancs musicaux pendant ces scènes de violence gratuite (dès lors ultra dramatisées et pas complaisantes comme la musique électronique inoubliable du film pouvait le faire croire). Le quotidien d’Alex nous sera également dépeint, virant sur la critique de société, Alex étant finalement un pur produit de société de consommation dénuée peu à peu de morale ou de valeurs (l’incarnation de la moralité, l’avocat d’Alex, est un pantin grimaçant qui ricane en menaçant Alex sans tenter absolument quoi que ce soit pour faire évoluer son comportement). Les parents sont aux abonnés absents, carrément dépassés par cette nouvelle génération dont ils ignorent tout. Plus que jamais, la violence est vue ici comme une sorte de langage, ici employé à tort et à travers par Alex et sa bande pour faire face au monde extérieur. La violence est universelle, elle exprime une frustration ici, et elle ne se répare pas, elle s’accumule. Si la première partie accumule les délits pour Alex, c’est à partir de son emprisonnement que le discours sur le traitement de la violence commence s’étoffer. Il est rapidement évident que la prison ne soigne pas les criminels ne faisant aucun effort pour s’améliorer. Son seul effet bénéfique est d’isoler des citoyens les criminels pour un laps de temps variable. Ainsi, Alex stagne totalement pendant cette période, sa piété feinte lui servant seulement à s’attirer la bienveillance de certains gardiens et de l’aumônier. On aura ainsi droit à l’hilarante séquence où Alex s’imagine en train de torturer le Christ. Et on s’attaque alors de façon très réaliste au traitement médical des condamnés, ici pour le coup poussé à la perfection (par une méthode vieille comme le monde, le réflexe pavlovien, on associe la violence et le besoin sexuel à la douleur physique). Le seul petit effet secondaire est ici une association malencontreuse de la musique de Beethoven à la douleur. Un fait négligé par les médecins, mais déjà castrateur pour Alex dont la seule passion « saine » restait son goût pour la musique. Avec la courte mais brillante évocation du choix Bien / Mal par l’aumônier de prison (qui résume parfaitement les enjeux et l’amoralité du but recherché par la méthode Ludovico), le film annonce déjà la suite, la vie d’Alex se transformant en véritable enfer, la société lui faisant maintenant payer tous ses précédents excès, en toute impunité et se croyant autorisée à le faire. Un dernier tiers atroce, scandaleux et vraiment poignant où le film enfonce le clou sur la stérilité totale de l’usage de la violence et sur les tentatives improbables de la société pour les réguler. Le film n’apporte finalement pas de réponse sur le règlement du problème (qui s’annonce insolvable, la violence faisant partie de notre quotidien et pouvant surgir chez n’importe qui), et continue sur une optique brûlot en lançant un dernier trait aux politiques qui, en cas d’erreurs, tentent de sauver les meubles en achetant les victimes pour s’assurer de leur silence. La scène, à nouveau hilarante, ne répond pas cependant à toutes les questions (qu’est-il vraiment arrivé à notre activiste subversif ?), mais nous gratifie une dernière fois d’un politiquement incorrect ma foi efficace et qui nous offre un dénouement aussi fort que le reste du film, qui demeure en l’état un des brûlots les plus intéressants des années 70. Un monument di cinéma, aujourd’hui culte et qui trouve toujours des échos dans notre société où la surpopulation carcérale est devenue un sérieux problème.

 

6/6

 

1971
de Stanley Kubrick
avec Malcolm McDowell, Patrick Magee

 

http://www.linternaute.com/cinema/magazine/100-looks-mythiques-du-cinema/image/malcolm-mcdowell-orange-mecanique-645683.jpg

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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 19:27

http://storage.canalblog.com/13/09/743516/55913433.jpg

 

Martin Weisz est tombé en disgrâce depuis qu’il a dit oui au fric et accepté de tourner le remake de La colline a des yeux 2 (en l’état, une des plus mauvaises suites de la décennie 2000). C’est dommage, d’autant plus que son précédent essai, Confession d’un cannibale (grimm love en version originale), témoigne d’un réel soucis de mise en scène, le film tentant d’illustrer subjectivement la pensée d’ Oliver Artwin et Simon Ganbeck, l’un ayant mangé l’autre après l’avoir rencontré sur internet. L’illustration d’un fait divers dans ce qu’il a de sordide, mais le tout tenant compte du développement psychologique de nos personnages. Un film intéressant, trash, mais pas dénué de maladresse.

L’histoire : Katie, une étudiante en psychologie criminelle, décide de baser sa thèse sur le fait divers d’Oliver Artwin, un cannibale qui recrutait ses victimes sur un forum trash. Pour rédiger son papier, notre étudiante part sur les traces d’Oliver et de sa première victime : Simon Granbeck.

 

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C’est un voyage étrange auquel Martin Weisz nous convie, car si tout le monde a entendu parler de ce fait divers monstrueux ayant eu lieu en Allemagne il y a quelques années, les détails restent flous, mais chacun semble avoir sa petite idée sur la question. Ainsi, le film se révèle intéressant (dans la mesure où il détaille à sa façon un fait divers) pour son interprétation de l’évènement. Et en quelque sorte, le message pourrait se résumer par un « donner sa chair par preuve d’amour ». Une interprétation qui fait sourire (personnellement, pour le whiskey, je prends juste un doigt), mais que le film va tenter d’illustrer en se focalisant sur le parcours des deux personnalités fortes de cette affaire. Pour Oliver, on suivra le portrait d’un enfant plutôt ouvert qui se lie d’amitié avec un autre « associable » comme lui. Amitié qui s’oriente rapidement vers une petite recherche dans le trash (une fascination pour Hansel et Gretel, une sortie au ciné pour un film d’horreur). Mais sans que cette relation devienne vraiment malsaine, Oliver est victime de la vampirisation de son quotidien par sa mère, une mère étouffante qui pour s’assurer de la présence de son fils, s’arrange pour lui faire porter la responsabilité de sa santé vacillante. Ainsi, Oliver se retrouve vite coupé du monde, avec pour seul « fantasme » ces derniers instants avec son ami où ils faisaient des recherches trashs, recherches qu’il se met à poursuivre de son côté et sur lesquelles il se focalise beaucoup trop, voulant peu à peu goûter la chair de son prochain. La tendance de ses désirs semble plutôt tournée vers l’homosexualité, même si le personnage ne fera jamais vraiment de « coming out » avant le drame. Pour Simon, son parcours est différent. Suite à une petite et brève expérience homosexuelle pendant son enfance, sa mère, découvrant l’affaire, se suicide. Portant la culpabilité du fait, Simon grandit dans le regret, développe un caractère qui le pousse à vouloir se punir du mal qu’il croit avoir fait. Son homosexualité ne semble pas liée à ces faits, si ce n’est qu’il semble rechercher de la violence dans les relations qu’il cherche à établir (d’où son attrait progressif pour des sites trashs sur lesquels il finira par rencontrer Oliver). Le personnage de Simon est plutôt bien façonné, sa personnalité et la description de son quotidien semblant tout à fait plausibles dans le cadre de l’affaire. Après, le film accélère peut être un peu trop les choses, réglant en quelques mails tordus les détails de la rencontre des deux personnalités du film. C’est clairement l’attitude consentante de Simon qui bénéficie du meilleur traitement, même si dans son cas, Oliver et ses origines sont elles aussi crédibles (on pense à Psychose). Hélas, si le film s’était arrêté à cette approche psychologique de nos individus, le film aurait pu être gentiment réussi (malgré un rythme pas toujours rapide), sobre et esthétique à la fois (la photographie léchée, les ambiances bien étudiées, la facture technique est de qualité). Mais il y a hélas cette étudiante en psychologie criminelle. Si encore, on pouvait se l’encadrer pendant l’introduction, elle devient rapidement agaçante, rajoutant toujours son grain de sel en revenant sur les lieux d’enfance de nos persos, nous donnant sa version des faits, son opinion sur l’affaire… Bref, elle ralentit le rythme du récit, n’apporte pratiquement rien à notre réflexion, et devient même franchement hypocrite en découvrant les vidéos tournées par Oliver lors du « Dîner », en se couvrant les yeux, en affichant des grimaces de dégoût et en répétant « oh mon dieu ! oh mon dieu !... ». Tu t’attendais à quoi, gamine ? Tu bosses sur un des faits divers les plus trashs de ces dernières années, et tu te permets encore des réflexions aussi primaires ? En conclusion, on saura donc que le cannibalisme, c’est mal, et qu’il ne vaut mieux pas voir ces images… Ah, d’accord. Si cette conne d’étudiante vient ralentir le film et bousiller la fin (quand même bien jouée par la mignonne Keri Russel), Confession d’un cannibale est un petit film trash qui s’assume, qui offre une vision pas inintéressante de « l’évènement » sans pour autant révolutionner nos attentes. Toutefois, une certaine retenue dans la violence physique (pratiquement pas de gore à l’écran) et une facture esthétique plaisante viennent donner quelques qualités à ce petit film qui risque fort peu de s'extraire de l'anonymat.

 

3/6

 

2007
de Martin Weisz
avec Keri Russell, Thomas Kretschmann

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 19:27

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Ridley Scott s’est lancé non pas avec Alien, mais avec un petit film qui ne fait plus beaucoup parler de lui : The duellists. Un film très classique à la hauteur de l’époque qu’il veut illustrer : le règne de Napoléon Bonaparte, vu par un Hussard de cavalerie, ou plutôt deux hussards qui seront amenés à recroiser régulièrement le fer au cours de duels régulièrement programmés.

L’histoire : le capitaine d’Hubert est un jour mandé par son supérieur de mettre aux arrêts un autre capitaine de cavalerie : Feraud. Ce dernier le prend alors à parti, et lors de son arrestation, le provoque en duel avant de l’attaquer.

 

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Il y a dans ce film un je ne sais quoi de Kubrickien (on pense à la mise en scène très réaliste de Barry Lindon) qui le rend immédiatement agréable à l’œil. Que ce soit dans les magnifiques décors choisis par le film ou dans sa brillante reconstitution d’époque (si on exclut quelques éclairages visiblement artificiels, tout est très réaliste et fonctionnel), Ridley Scott veut manifestement livrer un travail bien fait, et ça se sent. Un vrai plaisir pour l’œil amateur de belles scènes pendant deux heures. Mais l’enjeu du film se situe plus dans l’affrontement quotidien des deux personnages sur lesquels il se focalise, et plus particulièrement sur les raisons qui les poussent à faire jaillir le sang de l’autre. Le premier duel, au sabre, se fait sur un coup de sang du capitaine Feraut, qui attaque le capitaine d’Hubert suite à l’humiliation de sa mise aux arrêts en plein salon mondain (et devant les yeux de l’organisatrice que le capitaine Feraut convoitait). Le capitaine d’Hubert a le dessus, ce qui met Feraud dans une fureur noire et qui lance probablement la récurrence des duels que nous allons suivre. Les duels sont considérés souvent comme un moyen de laver son honneur. Mais ici, il n’est jamais question d’honneur. Il apparaît clairement que le capitaine Feraud (qui prendra du grade au même rythme que d’Hubert) est un batailleur impulsif qui lance des duels à tort et à travers pour une conception de l’honneur qui lui appartient et qu’il fait évoluer selon ses envies, alors que d’Hubert se voit régulièrement contraint (tout du moins au départ) de croiser le fer avec ce rival qu’il n’a jamais souhaité se faire. Il n’a pour ainsi dire aucune envie de porter atteinte à son honneur en refusant un combat, et il n’aura jamais l’excuse de la différence de grade (règle qui interdit tout duel entre partis de grade militaire différent). Mais au fur et à mesure que leurs duels deviennent réguliers au grès des campagnes militaires (les ellipses temporelles sont fréquentes, on voyage jusqu’en Russie), la réputation de duelliste de d’Hubert pèse de plus en plus sur les décisions de ce dernier, qui se doit maintenant d’honorer une réputation qu’il n’a jamais voulu (le duel en hommage à la cavalerie est un très bel exemple de cette situation). Après, il faut dire que le film prend vraiment son temps pour développer ses idées autour du duel. Si Barry Lindon, tout au long de ses trois heures, faisait une critique complète de la quasi-totalité des autorités du XVIIIème, Les Duellistes ne traite vraiment que du duel, et il enrobe beaucoup ses personnages en détaillant leur parent et leur vie, en rajoutant des minutes plutôt que de coller au sujet. Si le film est beau, il n’en est pas moins long, mise en scène appliquée ou pas. Le casting est quant à lui impeccable, dominé par un Keith Carradine plutôt élégant en capitaine français et un Harvey Keitel parfait en Bonapartiste ferrailleur qui vit pour se battre. Si le film s’égare parfois un peu, sa beauté et son classicisme restent de bons atouts pour cette œuvre ma foi tout à fait recommandable.

 

5/6

 

1977
de Ridley Scott
avec Harvey Keitel, Keith Carradine

 

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13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 19:54

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Le Mal est un sujet délicieusement subversif, qui place souvent les personnages qui y sont confrontés dans des positions délicates où toutes leurs décisions doivent être mûries avec prudence. Certains films ont saisis ces nuances (le génial Quills, même si il n’en fait pas son sujet, se révèle délicieusement subversif d’ironie), et tentent de les soumettre au monde sous l’angle en apparence innocent du classicisme. Ainsi, quant un film comme Le Moine arrive sur les écrans, il devient difficile de résister à la tentation de le découvrir, son contenu pressenti comme corrupteur attirant notre intérêt avec une félicité que seuls les plaisirs coupables savent procurer… Douce tentation, parfois, tu nous mets en fautes en nous attirant dans des traquenards aussi sournois…

L’histoire : Ambrosio, jeune moine abandonné devant les portes d’un monastère, grandit parmi les moines et finit par devenir le meilleur d’entre eux. Après un prêche qui le rend grandement populaire auprès des dames, un jeune moinillon, brûlé au dernier degré et portant un masque, se présente pour entrer dans les ordres.

 

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Le dernier film traitant du diable dans lequel Vincent Cassel avait joué, c’était Sheitan, une vraie petite bombe qui savait comment faire rire tout en enfonçant son intrigue dans le trash le plus dérangeant. Autant dire que le retrouver maintenant dans l’habit monacal et destiné à subir les tourments de la corruption relevait vraiment des meilleures intentions. Mais malheureusement, le film se montre bien peu capable sur le terrain de la subversion. Pourquoi ? Pour de bien nombreuses raisons, que nous allons toutes aborder dans cette chronique. Tout d’abord : les acteurs. Si Vincent Cassel arrive encore à tirer son épingle du jeu en jouant la sobriété, on ne pourra pas en dire autant des jeunes femmes du casting. Véritables frigides sur pattes, elles peinent constamment à donner la moindre subtilité à leur personnage, affichant des émotions très limitées et la plupart du temps sans aucune ambiguité. Difficile dès lors d’y voir quoi que ce soit de subversif, le film peinant beaucoup à nous égarer dans les sentiments contradictoires qu’on attendait d’un tel sujet. De plus, rien ne viendra vraiment choquer le spectateur dans ce film, qui fait du péché de chair du clergé un crime punissable de mort cruelle (plus manichéen que ça, tu meurs) sans que le spectateur se sente concerné par quoi que ce soit (pourquoi cette crétine de sœur accuse-t-elle Ambrosio si c’est cette vieille peau de mère supérieure qui la condamne à mort ?). Si le premier dialogue était prometteur (nous balançant de l’inceste direct des les premières minutes), l’intrigue, pourtant dotée de bons éléments (Valerio le moinillon mystérieux, la vision d’Ambrosio…), s’enlise dans une trame archi convenue (certains éléments énormes (les mains de Valerio) trahissent tout de suite certains rebondissements clés, et on ne sera finalement pas surpris par la fin, ni par cet épilogue pseudo-rédempteur où le film se retranche dans la morale catho alors qu’il vient d’illustrer la dégradation de cette dernière pendant une heure trente. Formellement, si le film jouit d’une image plutôt léchée (bon travail de l’équipe technique, qui filme cette histoire comme un conte pervers), le monteur est quant à lui un vrai tâcheron, qui abuse de transitions mal-à-propos (ces espèces de transitions circulaires… il s’est cru dans un feuilleton romantique ou quoi ?) ou d’effets clippesques (les superpositions d’images en négatifs : rien de plus moche pour embrouiller un fait simple : la première bourre d’Ambrosio) totalement hors de propos avec la facture classique que l’œuvre semblait vouloir suivre. En résumé, si le catho tradi pourrait se révéler un poil heurté par cette œuvre, elle reste bien inoffensive pour le spectateur lambda, qui repartira plutôt déçu par un spectacle décidément peu corrupteur et enferré dans une morale qui sied peu à nos attentes de subversion, ici inexistante.

 

1/6

 

2010
de Dominik Moll
avec Vincent Cassel, Déborah François

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4 décembre 2011 7 04 /12 /décembre /2011 13:49

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Le cinéma de Clint Eastwood est essentiellement tourné vers le drame, tourné avec un classicisme très agréable (tous ses personnages sont parfaitement construits) et soucieux d’éviter tout second degré, afin de nous présenter des histoires fortes au potentiel sentimental bien exploité. Racontant toujours l’histoire de personnages, les films de Clint prennent souvent des airs de tragédies, comme dans les deux exemples traités aujourd’hui. Avec Mystic river, on s’attaque à l’injustice dans son atrocité (mais pas que), et par L’Echange, au combat dantesque d’une femme contre la Police de sa ville.

 

Mystic river : Jimmy Markum, Dave Boyle et Sean Devine ont grandi ensemble dans les rues de Boston. Rien ne semblait devoir altérer le cours de leur amitié jusqu'au jour où Dave se fit enlever par un inconnu sous les yeux de ses amis. Leur complicité juvénile ne résista pas à un tel événement et leurs chemins se séparèrent inéluctablement.
Jimmy sombra pendant quelque temps dans la délinquance, Sean s'engagea dans la police, Dave se replia sur lui-même, se contenta de petits boulots et vécut durant plusieurs années avec sa mère avant d'épouser Celeste.
Une nouvelle tragédie rapproche soudain les trois hommes : Katie, la fille de Jimmy, est retrouvée morte au fond d'un fossé. Le père endeuillé ne rêve plus que d'une chose : se venger. Et Sean, affecté à l'enquête, croit connaître le coupable : Dave Boyle...

 

L'Echange : Los Angeles, 1928. Un matin, Christine dit au revoir à son fils Walter et part au travail. Quand elle rentre à la maison, celui-ci a disparu. Une recherche effrénée s'ensuit et, quelques mois plus tard, un garçon de neuf ans affirmant être Walter lui est restitué. Christine le ramène chez elle mais au fond d'elle, elle sait qu'il n'est pas son fils...

 

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Mystic river : Délicate tâche que s’impose l’œuvre de l’auteur Dennis Lehane, qui s’attache à nous décrire une injustice dans toute son atrocité, surtout en termes d’intensité sentimentale. Il devient très dur de ne rien spoiler tant ce drame réussit à bien canaliser son public et à le faire aller où il veut, autant grâce au registre du drame familial (on suivra le deuil de la famille en question et ses relations avec le voisinage) que celui de l’enquête policière (c’est bien elle qui ne cesse de faire progresser l’histoire et d’aller de l’avant). La combinaison de ces deux genres permet de donner à l’histoire deux tons différents, un se voulant plutôt objectif (les policiers font leur enquête, et pour le seul passage où ils outrepassent leurs autorisations, ils se prendront un revers de bâton plutôt bien senti) et l’autre jouant essentiellement sur un registre sentimental (la traque de l’assassin par le père de famille, obnubilé par son désir de vengeance). C’est d’ailleurs cet accent qui permettra d’aborder un autre thème tout aussi intéressant que l’injustice : celui de la corruption par le mal. Au cours d’un dialogue magnifiquement ambigu (sur l’instant), Dave évoque comment il a dû oublier qui il était lors de ses 4 jours d’enlèvement, et donc sur la possibilité de création d’une nouvelle personnalité qui n’aurait elle vécue que de la souffrance… Par ce dialogue incroyablement fort, le film aborde un thème particulièrement fort : celui de la croyance en la corruption des victimes par le mal. Le film est loin de donner du crédit à cette thèse. Au final, il se révèle même être une démonstration à son encontre. Comment des individus ayant subis de telles choses pourraient être amenées à les reproduire ? Si le film se garde bien d’être général, il pose aussi le personnage de Dave comme quelqu’un d’incapable de faire du mal dans des circonstances normales. Ce sont ceux qui n’ont pas vécu les atrocités qu’il a subie qui se mettent à le juger, et qui dans leur incompréhension de cette souffrance se mettent à spéculer sur une possible corruption de l’innocence par le Mal. Et pour cause, le public est déjà sur cette piste après 30 minutes de films. Ce n’est vraiment qu’à la toute-fin qu’on découvre l’énormité de notre erreur, ce qui décuple incroyablement la puissance tragique du film, magnifiquement conclu sur le déni de la souffrance de l’autre sous prétexte de sa responsabilité dans l’affaire. Mystic river ne fait pas dans le second degré. Son drame est profond, total et finalement nihiliste. Et cette puissance est soutenue par les codes du cinéma à l’ancienne avec une certaine virtuosité. Avec un thème musical unique repris dans différentes tonalités selon les circonstances et des acteurs juste excellents de bout en bout, Mystic river est un drame marquant qui est voué à chambouler son spectateur à chaque nouvelle vision. Un grand film de l’ami Clint Eastwood.

 

5/6

 

2003
de Clint Eastwood
avec Sean Penn, Kevin Bacon

 

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L’Echange : avec ce film, l’ami Clint se lance dans un portrait inquisiteur de la police des années 20, puisqu’il tape sur son besoin constant de reconnaissance alors qu’elle ouvre avec la maffia. Assez rapidement, avec la disparition de son fils, Christine, une Angelina Jolie qu’on n’a pas connu aussi dramatique depuis... longtemps, est voué à fréquenter deux types d’individus : des membres de la police qui ne cessent de critiquer le comportement de cette femme qui rechigne à accepter le marmot qu’on lui a rendu, et un subversif qui ne cesse de traîner la police dans la boue. Le ton manichéen est placé d’entrée de jeu, et c’est peut être un peu cet aspect qui nuira légèrement à l’estime qu’on porte à ce film, moins apprécié qu’un Mystic river. C’est rapidement le combat de cette femme à l’encontre de la Police qui prendra le devant de la scène, quand ;; est internée abusivement par le directeur d’enquête qui craint pour la popularité de sa brigade. C’est la partie dans l’asile qui se révèle la plus forte, pour la lutte psychologique de tous les instants que ce lieu impose quand on est sain d’esprit, et pour l’injustice flagrante d’une telle procédure (internement sur ordre de la police, avec une libération uniquement sur signature d’un contrat dégageant la police de toute responsabilité). On passe de mauvais traitement en mauvais traitements, alors que l’on découvre que beaucoup de femmes enfermées à l’asile sont victimes de la police ou de leur mari. Le film prend alors une tournure féministe avec l’engagement qu’on reconnaît à Clint Eastwood sur des thèmes aussi engagés (l’usage de la bonne grosse vulgarité à l’américaine !). Si le dénouement sur ce sujet est plutôt jubilatoire (une conclusion sur l’espoir, aussi valable pour la libération des femmes que pour l’histoire tragique de Christine), le film conserve toujours une intensité dramatique avec sa seconde intrigue parallèle : la découverte d’un tueur d’enfant qui pourrait avoir kidnappé le fils de Christine. Concernant ce personnage, le film conserve toujours un ton fortement dramatique (bien plus sombre que la courte introduction de Mystic River) qui ne nous quittera pas jusqu’à l’exécution de son personnage central Gordon Northcott (magnifiquement interprété par Jason Butler Harner) qui réussit à être parfaitement dramatique même si beaucoup s’accorderaient à dire que la punition est ici méritée. Toujours au premier degré et finalement clair dans ses intentions (égratigner la réputation de la police des années 20 et faire mener aux femmes un combat dantesque avec reconnaissance juridique à la clef), l’Echange est un bon drame de Clint Eastwood, même si personnellement, j’y ai moins accroché qu’à Mystic River. Avec une reconstitution d’époque plutôt convaincante, ce film a donc sa place dans la filmographie de l’Inspecteur Harry, qui a compris que le cinéma à l’ancienne resterait toujours aussi populaire auprès des cinéphiles.

 

4.5/6

 

2008
de Clint Eastwood
avec Angelina Jolie, John Malkovich

 

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