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13 novembre 2011 7 13 /11 /novembre /2011 13:37

http://faussesvaleurs.unblog.fr/files/2011/06/edmond.jpg

 

Edmond est un peu la confirmation que Stuart Gordon se réoriante (son film charnière étant le monstreux King of the ants, une vraie bombe !), car un peu comme son collègue Cronenberg, il délaisse l’univers de la série B pour s’intéresser à des thèmes plus psychologiques. Ici, point de monstres, mais une psychologie de la frustration particulièrement bien étudiée, incarnée par son héros Edmond, un homme d’affaire banal qui décide une nuit de repartir à zéro, d’abandonner son ancienne vie et d’en commencer une autre. Par une série de simples rencontres et d’exemples choisis, Stuart parvient à faire un portrait de la rue prédatrice, qui te bouffe peu à peu tous tes biens si tu ne comprends pas ses règles, jusqu’à ce que tu finisses au fond du trou. Une descente aux enfers crédible, d’autant plus qu’elle s’adresse à des émotions qu’on a forcément déjà ressenti.

L’histoire : un soir de week end, Edmond, un cadre parmi tant d’autres, pénètre dans une boutique de voyance. La femme qui lui tire les cartes annonce alors qu’il n’est pas à sa place. L’annonce le remue, puis une fois rentré chez lui, il craque et décide de recommencer sa vie.

 

 


Un film assez subversif que cet Edmond (qui annonce déjà la couleur que prendra Stuck), puisqu’il s’engage dans une mécanique perverse, qui montre combien le monde posé du métro-boulot-dodo (forcément frustrant, chaque jour se ressemblant, à l’exception de petites frustrations quotidiennes comme le décalage d’un rendez-vous) contraste avec celui de la rue, composé de prédateurs plus ou moins organisés qui vivent sur le dos des uns et des autres, et où tout devient rapidement prétexte à tirer du fric à son prochain. Le film commence son entrée doucement par une conversation de comptoir entre un autre cadre inconnu et Edmond, chacun donnant sa vision de la vie, et ce qui est nécessaire pour être heureux. Rapidement, Edmond se focalise sur son besoin sexuel, frustré il y a longtemps par une épouse qui se contente de survivre avec lui (et qui l’engueulera avant de le foutre dehors à l’annonce de son projet, ne supportant pas l’idée de perdre le contrôle de son quotidien, et croyant le reprendre en jouant les vierges offusquées). Il se met donc en quête d’une prostituée dans divers clubs, mais à chaque fois il est rebuté par un protocole qu’il ne comprend pas, et qui n’existe que pour lui tirer un peu plus de fric. Il s’offusque à chaque fois contre ces procédés d’escrocs, mais il ne parvient qu’à s’attirer plus d’ennuis, finissant battu et dépouillé au fond d’une ruelle. C’est à partir de cet évènement qu’il va changer radicalement, obligé de se séparer de son alliance chez un prêteur sur gage, qu’il échangera contre un couteau de survie. Et là, dès qu’il se fait agresser, il réplique par une violence dévastatrice, qui lui apporte le soulagement de la vengeance des années d’humiliation et de frustration qu’il a accumulé. Il est d’ailleurs particulièrement subversif de voir Edmond tabasser un noir qui tentait de le rançonner, et de l’entendre dire « nègre » à toutes les phrases, le racisme apparaissant comme un caractère omniprésent qui ressort dès qu’il en a l’occasion. Et c’est à partir de cet évènement que le film change de ton, Edmond ayant constaté que la force lui permet de s’imposer (et paradoxalement d’exister) en face d’individus, mais que son comportement nuit gravement à la société. Il sort son poignard désormais à la moindre frustration, et se révèle bientôt incapable de canaliser ses sentiments quand il s’engage dans une conversation profonde, où il est persuadé que sa sincérité le place comme détenteur de la vérité. Le film dérape alors sur le pétage de câble de son personnage et le suit dans sa descente, jusqu’au plan final qui en laissera plus d’un abasourdi. Un peu comme Joel Shumacher et son Chute libre ou Gaspar Noé et son Seul contre tous, Stuart Gordon  suit un parcours psychologique, d’un individu amoral qui tente de combattre les frustrations de son quotidien sans pouvoir y changer quoi que ce soit. La force du film repose beaucoup sur les épaules de l'acteur principal William H Macy, totalement dévoué au film, ainsi que sur ses seconds rôles jouant juste (on reconnaîtra quelques bouilles familières comme celle de Jeffrey Combs). Violent, subversif et sincère du début à la fin, Edmond est un petit thriller qui n’arrête pas d’évoluer, qui se met au niveau du spectateur pour développer ses arguments (tous ses personnages sont des gens de la rue, de la serveuse du bar au flic de quartier en passant par les voyageurs du métro), et donc les pistes de réflexion devraient enthousiasmer les amateurs de psychologie critique. Une vraie bonne surprise, et un nouveau départ pour Stuart !

 

5/6

2005
de Stuart Gordon
avec William H. Macy, Julia Stiles

 

http://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/rsz/434/x/x/x/medias/nmedia/18/36/02/30/18445890.jpg

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7 novembre 2011 1 07 /11 /novembre /2011 20:07

http://cinegore.blogs.dhnet.be/media/02/02/a474c819ea291410c6c1862e8546d63a.jpg

 

Season of the Witch est le troisième film de Romero, tourné en 1973 et se présentant comme une initiation aux rites de la sorcellerie chez la ménagère américaine. C’est du moins ce que laisse penser l’affiche et le résumé, car Romero a toujours une idée derrière la tête. Ceux qui ont vu ses films de morts vivants ou l’excellent Martin (dont Season of the witch se rapproche par sa logique de détournement des codes du genre) est avant tout une analyse psychologique de son personnage principal et des sentiments qui la poussent sur la voie de la sorcellerie. Subversif, donc, Romero ne se lançant jamais dans un sujet au hasard.

L’histoire : une femme d’âge mûr, inquiète de voir sa vie devenir monotone, s’intéresse à l’occulte par curiosité.

 

http://theqliphothicarchives.files.wordpress.com/2011/08/original.jpg


Quand j’ai découvert Season of the witch, j’avais mal saisi la nuance subversive du film, m’attendant à du fantastique plus qu’à de la psychologie. C’est pourtant ce à quoi on a affaire dans Season of the Witch, un film qui s’articule avant tout autour d’une femme respectable : Jan White. Malgré une introduction qui trompe immédiatement le public (une marche en forêt parsemée de symboles intriguants et de plantes agressives à la Evil Dead), Romero ne veut pas commencer sans faire un état des lieux, qu’il fera par l’intermédiaire des rêves de son héroïne. Ainsi, on sent déjà la subversion avec le portrait de cette ménagère dont on sent le quotidien très monotone. Romero a l’excellente idée de mise en scène de faire une visite complète de la maison (en mode années 50) où les amis et les autres membres de la famille sont montrés comme faisant eux aussi partie des meubles, comme si l’emplacement de la maison déterminait à lui seul le cadre de vie de son héroïne. Sa frustration quotidienne et sa mélancholie se ressentent sur tous les plans, et immanquablement, on ne peut s’empêcher de repenser à la sulfureuse Julia de Hellraiser, tant ces portraits de femme ont l’air de se rassembler sur leur base. D’ailleurs, notre héroïne a aussi quelques frustrations au niveau amoureux, son mari se consacrant beaucoup à son travail et ne lui laissant qu’une liberté réduite (qui sera illustré à l’occasion par un rêve qui la montrera en laisse, emmené au chenil par son mari pour la durée de son voyage d’affaire). Le discours subversif ne manque pas d’apparaître, et c’est là-dessus  qu’arrive le thème de la sorcellerie. D’abord, c’est clairement un passe-temps, d’abord motivé par quelques vagues convictions théologiques (son éducation chrétienne concorde avec le fait que la sorcellerie reconnaît l’existence d’une puissance qui nous dépasse mais qu’on peut utiliser). Cependant, le film prend garde de ne jamais s’aventurer dans  le fantastique, n’exhaussant jamais les prières rituelles de notre matrone, et illustrant d’une façon particulièrement réaliste de concept de placebo (lié par exemple à la magie vaudou), puis se transformant en incitation à la libération des mœurs. Car c’est là le thème central du film. Notre héroïne, comme ses amies, doit combattre ses propres contradictions (guère aidées par un psychiatre relativement peu actif) et s’affranchir de tout ce qui peut l’empêcher d’être heureuse. Notre dame va donc commencer à avoir un amant, et se sert de la sorcellerie comme une nouvelle religion, plus contemporaine et plus originale que la bonne vieille foi catholique. Et c’est peut être là que le film devient le plus subversif. Attention ça va spoiler ! En effet, notre ménagère n’en est qu’au stade initiale de la vie de sorcière, elle n’a pas encore intégré d’école de sorcellerie ni pris d’enseignement d’authentiques sorcières. Aussi, le dernier acte du film consiste en le meurtre sauvage de son mari au fusil de chasse (enfin, c’est ambigu car pendant tout le film notre héroïne est assaillie de visions faisant croire à une attaque de rôdeur) et cette évènement scelle son entrée dans l’école, qui pendant la cérémonie l’attache à l’autel avec une corde rouge. Implicitement, Romero taperait alors sur la sorcellerie, qui serait dès lors aussi aliénante que les formes de religions que notre héroïne voulait fuir. Finalement, cette dernière est complètement libérée de ses démons, juste récompense pour de tels sacrifices ? Romero prend donc toujours ses distances avec son sujet, mais réussit à le détourner complètement et à livrer des portraits psychologiques très intéressants, et particulièrement subversifs pour la société des années 70. Une vraie petite surprise, si une fois encore on réussit à oublier complètement nos attentes pour entrer dans le jeu de Romero. Un cru pour le moins étonnant, un peu bavard, mais plutôt bien joué.

 

4.5/6

1973
de George A. Romero
avec Jan White, Raymond Laine

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7 novembre 2011 1 07 /11 /novembre /2011 19:34

 

Rampage-Sniper-en-Liberte.jpg

 

On renchaîne sur un autre film de Uwe Boll : Rampage. Je vais me répéter en disant que le film est d’actualité après l’évènement dramatique qui a eu lieu en Norvège, mais ce film est tout simplement un des plus beaux exemples d’une menace comparable à celle des serial killers : le « terrorisme citoyen ». Peut être prétentieux de ma part de lui donner ce nom là, mais les individus qui pètent tout simplement un câble de façon parfaitement contrôlée sont une menace tout aussi sérieuse quand on voit ce que la volonté d’un seul individu peut engendrer comme dégâts humains. Avec des moyens relativement modestes et un discours particulièrement nihiliste sur la société, le film d’Uwe Boll part sur plusieurs idées très intéressantes (faisant écho à son troisième film Amoklauf, décrivant le quotidien abrutissant d’un psychopathe) tout en se gardant bien d’appuyer les propos de son protagoniste.

L’histoire : un jeune adulte, en apparence équilibré et réaliste sur la société de consommation, médite depuis quelques mois un plan pour exprimer sa haine de la société au cours d’une fusillade aveugle.

 

http://www.horreur.net/img/rampage-pic03.jpg


Le film de Uwe Boll commence sous un angle assez réaliste, présentant d’abord son personnage principal, un jeune homme classique, fainéant sur les bords (ses parents le mettent relativement sous pression à ce niveau là), qui fréquente un jeune anarchiste qui n’arrête pas de cracher sa haine sur la société. Le jeune homme écoute, mais semble avoir son propre avis sur la question. Malgré les exhortations de son ami à dénoncer l’hypocrisie du système, de la société de consommation et de tous ces thèmes qui nous agacent (car mettant le doigt sur des sujets frustrants), notre héros continue d’adopter une façade rassurante et stable. Mais dans l’intimité de sa chambre, nous nous rendrons compte que ses motivations sont toutes autres… Fréquentant des forums subversifs répétant inlassablement des messages péjoratifs sur la société, le jeune homme se marre gentiment devant ces longs discours, considérant comme nuls les raisonnements de ses interlocuteurs par le simple fait qu’ils parlent sans agir (comme son ami). Leur inaction l’amène à penser qu’ils n’ont pas de couilles, et qu’ils continueront à regarder le pays couler le cul posé sur leur chaise. Notre protagoniste veut agir, lui. Et c’est son action qui pose problème, puisqu’il décide de montrer (en apparence) sa rage envers la société en faisant tout simplement un carnage dans sa ville. Par l’intermédiaire de son ami, il vient de recevoir les dernière pièces d’une armure blindée, et décide de lancer son plan pendant un jour de semaine. Il plastique d’abord le poste de police de la ville, puis marche dans les rues en tirant sur tout ce qui bouge. Jusqu’à ce point du récit, Uwe Boll avait l’air de nous donner la vision révolutionnaire d’un jeune homme, qui partait d’un portrait désastreux de la société pour justifier une tuerie qu’il allait commettre. Une sorte de « vous l’avez bien cherché ! », qui commence un peu à s’ébranler une fois le massacre commencé. La gratuité de la violence est telle qu’elle annihile d’elle-même l’argumentaire qui avait été fait jusqu’à lors. On attribuera à Uwe un certain savoir faire dans la gestion de cette violence, toujours dramatisée et parfois vraiment insoutenable (l’exécution sommaire des clientes d’un salon de coiffure), qui ne se contente pas de filmer platement un carnage. Le film essaye d’impliquer le spectateur, qui continue de se focaliser sur le personnage principal. Personnage qui ne revendique au final absolument pas ses méfaits, s’étant finalement servi de l’affaire comme couverture afin de s’enrichir personnellement. La conclusion que fait le film est en cela très intéressante, puisque si notre protagoniste continue de critiquer la société et donne son avis pour qu’elle fonctionne (c’est simple : il suffit de tuer ceux qui sont inutiles…), le spectateur peut se faire son point de vue sur lui : un individu qui à force de résonner en concept de masse en est venu à déshumaniser complètement ses concitoyens et qui prend des libertés monumentales en s’auto-persuadant qu’il est le seul à être capable de changer les choses. D’ailleurs, si le film avait l’air de partir dans cette direction, ses conclusions sont telles qu’aucun changement n’apparaît (si ce n’est pour notre individu qui est maintenant riche et pour la ville qui vit un drame traumatisant). Film coup de poing que nous offre notre ami Uwe, même si ce dernier a toujours un putain de problème avec sa caméra (bon sang, achète un pied et pose la un peu, qu’elle arrête de trembler !). Si on continue à écrire que ses films deviennent bons mais qu’il continue à mal les filmer, peut être parviendra-t-il à devenir le réalisateur honnête qu’on commence à percevoir en lui. D’ici là, ses récentes productions sont réellement atypiques, et mériteraient d’être vue, au moins pour constater l’impressionnante évolution du bonhomme.

 

4.5/6

2009
de Uwe Boll
avec Brendan Fletcher, Michael Paré

 

http://wdict.net/img/rampage+(2009+film).jpg

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6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 21:17

attackondarfurr1artworkpic.jpg

 

Revenons à Uwe Boll, le seul réalisateur indépendant qui revendique avoir fait de la merde pendant une dizaine d’années (et qui boxe les critiques qui prennent trop à cœur ses nanars au mieux sympathiques), et qui maintenant a les moyens de se consacrer à des ambitions beaucoup plus nobles en s’affrontant à des sujets dramatiques costauds. Avec Attack on Darfur, le réalisateur s’attaque à du lourd, sous un angle assez modeste mais viscéral au plus haut point : une équipe de journalistes. Cernant parfaitement ses enjeux et ses limites, le film parvient au résultat hallucinant d’égaler Rambo 4 en terme d’intensité dramatique au cours de ses scènes d’action, malheureusement non sans défauts techniques.

L’histoire : un groupe de journaliste vient apporter de l’aide et réaliser un reportage sur un village du Dafour touché par la guerre civile. Sur le chemin du retour, ils aperçoivent au loin un convoi de rebelles intégristes qui foncent droit sur le village qu’ils viennent de quitter.

 

http://nfvf.co.za/sites/default/files/article-images/Darfur_village_attack_0.jpg


Vraiment, Uwe Boll ne laisse de nous surprendre avec ses films de plus en plus réfléchis sur des questions dramatiques d’actualité (son Rampage n’en est devenu que plus intéressant au vu des évènements constatés en Norvège). Avec Attack on Darfur, Uwe se livre à une sorte d’antithèse de Cannibal Holocaust, puisqu’il humanise considérablement les personnages des journalistes pour mieux les déchirer dans les dilemmes moraux. Le film commence très sobrement avec le reportage sur le village et sur l’aide que les journalistes apportent. Ils constatent l’étendue des ravages de la guerre et les cicatrices morales au sein de la population (viols, exécutions sommaires, exodes…), mais aussi les traces d’espoir qui habitent les anciens, et quelques éléments (des textes manuscrits racontant les origines du village, quelques sacs de grains) qui augurent du positif quant à l’avenir du village. Secoués, mais heureux de ce premier contact avec les habitants, les journalistes retournent alors à leur camp de base (ils sont protégés par un détachement de l’armée gouvernementale). Et sur le chemin du retour, ils voient au loin un convoi ennemi qui fonce vers les personnes qu’ils viennent juste d’aider. Ils y seront dans la demi-heure. Les journalistes ont alors le choix. Retourner tranquillement au camp militaire (les soldats, à peine trois, les encouragent à faire ce choix) ou aller prévenir les populations et risquer d’y perdre la vie. Le choix est d’autant plus dure que chaque minute perdue rapproche les fanatiques (islamistes, mais ce dernier point n’a aucune importance) de leur cible (ils exécutent purement et simplement des ethnies). Au final, le groupe décide de rebrousser chemin et d’aller prévenir les villageois. Et c’est là que la tension commence à grimper. Les rebelles ne cachent nullement leurs intentions d’exécuter la population locale, mais hésitent à le faire devant des militaires locaux. Aussi leur demandent-ils de dégager en quatrième vitesse. Dans ce profond moment d’angoisse, l’espoir prend d’abord simplement la forme d’un enfant confié à un journaliste à la sauvette. Nouveau dilemme moral, le journaliste finissant par accepter de cacher l’enfant, qui se mettra à pleurer en plein départ et finira tout simplement éclaté sur le sol par un des rebelles. Une scène si brute de décoffrage qu’elle jette un froid monumental. Les journalistes cèdent et partent, et commence alors le carnage. Complètement anéantis par la situation, la plupart des journalistes restent dans la voiture, à l’exception de deux qui reviennent sur leur pas pour tenter de sauver un maximum de gens (espoir totalement illusoire, le mieux qu’on puisse espérer étant qu’ils abattent quelques ennemis avant de rendre l’âme). Ils sont bientôt suivi par un militaire qui prend alors en charge l’attaque contre ce génocide. D’une violence étourdissante toujours dramatisée, le film est un savant mélange des genres, mixant brillamment drame, guerre et action avec des scènes brutes de décoffrages et une implication totale du spectateur dans le spectacle. Viscéral et profondément choquant, ce film est tout simplement une des peintures les plus crues d’une guerre civile qu’on ait vu voir au cinéma. La hargne de Rambo avec un spectateur qui s’impliquerait lui-même dans la fusillade tant elle est révoltante. Hélas, le souci du film, c’est qu’Uwe Boll a tourné de la merde pendant 10 ans, et ça, ça laisse des séquelles. La caméra à l’épaule semble incapable ici de cadrer correctement une action. C’est toujours brouillon, monté trop rapidement, bref, torché. Ce qui est sacrément dommage, ce point détruisant totalement le côté action du film (on a du mal à suivre les actions de nos personnages). Horriblement mal filmé, mais malgré ce défaut rageant, l’intensité du film est telle qu’elle parviendrait presque à faire oublier ce point noir monumental. Drame profondément humain (les fanatiques sont plutôt crédibles, de tels évènements s’étant régulièrement produits au Darfour), parfaitement défini (les enjeux sont largement à notre portée) et d’une intensité rare, Attack on Dafur donne une telle claque qu’on se demande ce qui est arrivé à Uwe, tant nous étions à côté de la plaque en parlant du bonhomme. Maintenant, c’est Monsieur Boll, les gars, et on se découvre quand il passe !

 

5/6

2009
de Uwe Boll
avec Billy Zane, Kristanna Loken

 

http://www.iwatchstuff.com/2010/10/25/uwe-boll.jpg

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6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 20:35

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Outre sa création mondialement reconnue du film de zombies, Romero s’est aussi aventuré dans diverses petites productions (avec des budgets toujours assez restreints lorsqu’il travaillait au Canada), en complet décalage avec ses grands succès de revenants. Avec Martin, il s’attaque au mythe du vampirisme, sans pour autant traiter le sujet sous l’angle qu’on attendait. Après les Christopher Lee charismatiques de la Hammer, on passe à un nouveau stade de la mythologie vampirique : le suivi psychologique d’un jeune homme atteint d’une maladie mentale le poussant à boire régulièrement du sang. Totalement inattendu, et par conséquent déroutant, pour le cinéphile qui croyait que son bagage sur les buveurs de sang allait pouvoir lui servir.

L’histoire : Martin est un jeune psychopathe en puissance, nécessitant régulièrement quelques gorgées de sang pour apaiser les voix qui résonnent dans sa tête. Il est envoyé par sa famille proche chez Cuda, un oncle tyrannique paré dans l’habit du bon chrétien.

 

http://shockratorium.com/pages/images/Movies/Vampires/martin.jpg


Martin décide d’annoncer la couleur dès le départ, avec une introduction sobre, montrant immédiatement le mode opératoire de Martin. Il choisit toujours une femme seule, s’assure de son isolement avant de l’endormir d’une injection de sédatif, puis de la vider de son sang (et de coucher avec le corps endormi, même si cela ne sera jamais montré). C’est amoral, c’est saignant, et on constate d’entrée de jeu que Martin a un problème psychologique (qui ne lui fait jamais perdre son discernement : il maquille toujours ses meurtres en suicides ou en accidents). Martin est un être malade. Cependant, il a conscience de sa maladie et de son explication purement psychologique. Il n’a pas les attributs d’un vampire, ni même leur charisme. C’est un jeune adulte complexé au niveau sexuel (incapable de pratiquer autrement que sur une femme endormie qu’il va saigner à blanc), d’une timidité rassurante, et plutôt intelligent au contact de son entourage. Il est régulièrement assailli par des hallucinations visuelles et auditives, qui même si elles contribuent à installer une ambiance vampirique, restent toujours présentées comme des symptômes. La maladie ne fait aucun doute, et de cette certitude, Romero peut alors se pencher sur le contexte dans lequel Martin est placé : une famille catholique qui a carrément honte de lui, et qui le considère comme un authentique vampire. Martin n’a de cesse de rappeler que son état est dû à une maladie (dès son arrivée, il mange de l’ail et fait voler les crucifix), parfois assez finement (la métaphore de la magie), mais le caractère obtus de l’oncle Cuda ne cèdera jamais à la raison. L’œuvre de Romero trouve ici son fer de lance : la critique de la superstition sous un angle psychologique. Le film fait clairement le postulat que c'est ce contexte qui est en grande partie responsable de l'état de Martin. L’accent qui est mis sur les symboles religieux en rajoute, mais servant plus d'écrin au thème principal du film : la superstition. Le film utilise la religion comme poid moral (même si il tente d'être universel, il sera surtout axé sur la branche catholique), mais j'ai tendance à croire qu'il vise plus l'obscurantisme (le prêtre invité à déjeuner étant lui aussi surpris par le discours agressif et superstitieux de Cuda (quoiqu’il est un peu gênant d’écrire cela, les cas de possession nous mettant toujours un peu dans l’embarras quand il s’agit de se placer du côté de la science ou de la religion)), avec ici le mythe du vampire tel qu’il était vu au moyen âge. Ainsi, ce ne sont pas les objets (aulx, crucifix, pieux…) qui sont menaçants, mais bel et bien les symboles qu’ils représentent, et l’état d’agression psychologique dans lequel Martin est toujours plongé. Un quotidien familial où il est harcelé par son oncle, alors qu’il passe pour le simplet du village dans la communauté. L’ambiance du film est donc lourde, aboutie (les portraits psychologiques qui sont faits sont tous remarquables), et gravite autour de Martin, dont on suit le quotidien, de crises en crises. On suivra donc l’évolution de son comportement, de sa maturation progressive au contact d’une villageoise qui tombera amoureuse de lui jusqu’à ses confidences à une radio locale. Il est assez intéressant de voir que ces échanges téléphoniques avec l’animateur radio permettent de montrer combien le mythe vampirique est toujours populaire, mais aussi de dénoncer la tendance des médias à traiter d’un sujet parce qu’il est original, et à le tourner peu à peu en dérision (le ton ouvertement cynique des derniers échanges est clair). Quant à la compagne de Martin, elle finira par se suicider, probablement par pression morale et par auto-persécution (elle est le plus fort argument anti-religieux du film, vu que la seule piste qu’on ait pour expliquer son acte est sa pratique de la religion catholique). Enfin, le dénouement sera d’une brutalité rare, à la fois ironique (impossible d’en dire plus sans spoiler) et suffisamment choquante pour bien nous rappeler au message principal du film : l’obscurantisme est totalement dépassé (Cuda est incapable de s’adapter au rythme de la jeunesse). Avec ce film, Romero nous offre en plus d’une étude psychologique quelques scènes de thriller assez bien foutues (de son propre aveu, la lutte dans la villa est la scène la plus efficace qu’il ait jamais réalisé), qui ajoutent un peu de suspense, dynamisant un récit qu’on aurait pensé plus posé (ennuyeux ?). En tout cas, il réussit son pari : celui de réaliser un film vampirique subversif qui démystifie le monstre au lieu de le consacrer. Un habile travail, bien réalisé et qui se révèlera surprenant à chaque vision.

 

5/6

 

1977
de George A. Romero
avec John Amplas, Lincoln Maazel

 

http://api.ning.com/files/fJBuaBG*GPrk15zZ5D-3i-mT0yX3D29qKywEa50B6xOMdGoJTA*EDanSq1okMWwANNol66lTrYRwn4qTkRP77JFT*9FXyBhy/martin9.jpg

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1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 10:38

http://media.paperblog.fr/i/498/4989569/polisse-film-maiwenn-L-nxCdLi.jpeg

 

Aller au cinéma pathé voir un film français tendance auteur, c’est  8,10€. Je n’étais donc pas très enthousiaste à l’idée de m’aventurer en terrain inconnu, mais l’optimisme de ma sœur pour aller voir Polisse a achevé de me convaincre. Et vu la pluie de bonnes critiques qu’il a récolté, il y avait matière à alimenter un peu le débat par une chronique bien sentie. Maïwen s’étant vraiment lancée il y a peu, on ne va pas lui demander de nous faire un chef d’œuvre instantané. On sera plutôt satisfait du spectacle, même si quelques fautes viennent minorer la bonne opinion qu’on se fait du film. Disons qu’au moins, l’image de la police est enfin bien tracée (contrairement aux saloperies du style Beurre sur la ville ou Taxi 4 qui ridiculisent leur image).

L’histoire : le quotidien de la Brigade de Protection des Mineurs de Paris, vu par une photographe chargée de prendre des clichés de ce groupe de policiers.

 

http://www.lejsl.com/fr/images/FA2F64B8-C1A5-4DA9-BDD3-A3ABB7CED78F/LBP_03/polisse-film-choisi-pour-l-ouverture-du-festival-compte-le-quotidien-de-la-brigade-de-protection-de.jpg


Le film essaye immédiatement de créer un côté documenteur par une mise en scène réaliste, caméra à l’épaule, qui tendrait plus à nous faire croire qu’on assiste à un authentique reportage sur la BPM qu’une mise en scène avec des acteurs. Acteurs qui joueront d’ailleurs parfaitement leurs rôles, parfaits quelque soit leur grade ou leur rôle dans le groupe. Mention spéciale à Joey Starr qui doit interpréter le personnage le plus sympathique de la production. Car ce qui fait vraiment plaisir dans ce film, c’est que la police trouve enfin une image respectable, loin d’être vraiment idéale, mais humaine et animée de bonnes intentions, ce qui nous permet de ressentir pas mal de choses avec eux. On nous fera partager leurs joies comme leurs frustrations, toujours sans vraiment se laisser aller à la facilité. C’est un autre bon point du film : il brise les tabous sur certains cas où la brigade des mineurs intervient (le premier auquel nous assistons est un grand-père qui a abusé de sa fille) et nous laisse voir des affaires qu’on n’imaginait pas vraiment voir (on aura ainsi affaire à de nombreux cas, de la mère irresponsable à la mineure violée, en passant par le cas important du mineur accusant à tort son père des suites d’une méprise). Et la finesse d’écriture permet de faire varier souvent les registres sentimentaux, qui sont loin de donner uniquement dans la misère humaine. Ainsi, on aura la façade cynique que beaucoup développent pour supporter leur quotidien, les coups de gueules de certains enquêteurs qui craquent sur une affaire, et la scène assez incroyable qui parvient à nous faire rire d’une mineure consentant à faire une tournante pour récupérer un portable. Vraiment, le film est bien écrit et bien réalisé, parvenant à inclure une forte dose de sentiments dans ces portraits au final attachants (et parfois un peu trop pour sonner vrai, les enquêteurs refusant de rentrer chez eux le soir venu alors qu’ils n’ont pas retrouvé une mère dangereuse). Mais hélas, le film ne va pas sans défauts. Maïwen nous a prouvé qu’elle portait un grand intérêt à la psychologie de ses personnages. C’est un fait qui semble être récurrent dans sa filmographie. Mais ici, elle fait la cure psychanalytique de tous ses personnages. Chacun sera remis en face de ses contradictions dans des scènes plutôt violentes moralement, et chacun rectifiera le tir ou ne le fera pas (la fin, trop dramatique et en dehors du ton du film pour me convaincre d’avoir vu un drame époustouflant). De la psychologie faite pour renforcer le caractère des personnages, mais qui ne servira pas à grand-chose de plus. On regrettera aussi le montage du film, régulièrement abrupt, qui nous coupe en plein milieu d’une scène riche de sentiments pour nous propulser dans autre chose d’un coup de pied bien placé. Dommage qu’une transition ne vienne pas harmoniser tout ça, le procédé ayant furieusement tendance à nous couper dans nos sentiments. Enfin, je trouve que le film tente d’aborder de multiples sujets, mais qu’il le fait souvent tellement vite qu’au final, on n’apprend pas plus que ce que l’on sait déjà. La scène du repas où l’on parle de politique, de sexe, de vie privée, de l’image de la police… dure au final peu de temps, et chaque tentative de placer une idée pertinente est vite éludée par un coup de gueule ou un autre évènement. Même chose avec le cliché du père pédophile qui se fout ouvertement de la tête des inspecteurs (une scène qui m’a fait un peu peur pour le cliché qu’elle pouvait représenter) et qui a des relations politiques. Un inspecteur lui fout une petite claque, ils partent se calmer, et puis hop, on passe à autre chose. Dossier envoyé au juge. Mais le film parviendra toujours à contre-balancer ses défauts avec des scènes bien pensées (l’avortement du fœtus d’une violée) qui recherchent un sentiment différent de celui auquel on pourrait s’attendre. Polisse, c’est un faux documenteur plutôt bien joué, qui explore pas mal de sentiments sans aller jusqu’à les transcender (les larmes n’ont pas coulées pendant la projection), et qui donne enfin une image à la hauteur de ce qu’on attend de la police. Le risque qu’engendre le film, c’est que sa volonté de faire une thérapie psychologique est contagieuse. Ainsi, sur le chemin du retour, votre sœur essaye de vous analyser psychologiquement et de vous attaquer durement sur vos points faibles, ce qui vous fait grogner méchamment : « La prochaine fois, on ira pour transformers 4. »

 

4/6

2011
de Maïwenn
avec Karin Viard, Joey Starr

 

http://www.filmsfix.com/wp-content/uploads/2011/04/Polisse-film-1.jpg

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29 octobre 2011 6 29 /10 /octobre /2011 12:16

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Suicide Room est un film totalement obscur, sorti de  il y a peu et qui tente de faire un portrait d’adolescence meurtrie, qui chemine peu à peu vers la mort. Le pitch nous laissait entrevoir un drame poignant avec des sentiments à la clef. Une sorte d’alternative à l’excellent (et mésestimé) Chatroom. Mais ce n’est pas vraiment ce qui a l’air de motiver le réalisateur. D’ailleurs, bien malin sera celui qui pourra dire où il va, tant le film explore de pistes différentes sans tenter de les développer jusqu’au bout.

L’histoire : un étudiant de 18 ans, proche de passer son bac, fils d’un papa ministre et d’une maman styliste, commence à vivre une crise d’identité sexuelle.

 

http://www.joblo.com/images_arrownews/suicide-room-screenshot.jpg


Mitigé. C’est ce qu’on peut dire en voyant ce film. Certes, les intentions sont louables. Le film veut illustrer un drame individuel, et il ne prend donc aucune distance avec son personnage principal (les parents ne tenteront enfin de s’opposer à la dérive de leur fils qu’à la fin du film), embrassant ses états d’âmes avec la passion de cet âge, et s’aventurant avec lui sur la toile dans un chat privé nommé Suicide Room, une communauté d’internautes qui ont pensé au suicide, et qui tentent de s’entraider. Comme ça, les ingrédients font envie. Mais le film semble incapable de les gérer adroitement. Le point de départ, un étudiant qui se demande un peu si il est homo, qui hésite à se lancer après un roulage de pelle en soirée avec un gars, puis qui se fait railler après s’être joui dessus après un combat de judo, est un parti pris, qu’on prendra comme tel. C’est après que le film se gâte. Sa crise d’identité sexuelle n’attire pas plus que cela notre compassion (il n’est défini que par cette crise sentimentale, les relations avec ses amis étant expédiées en quelques minutes), et comme elle est le point de départ d’un engrenage, ce dernier aura beaucoup de mal à nous accrocher par la suite. D’autant plus qu’il est criblé lui aussi de détails gênants. Déjà (bien involontairement), le film fait un portrait d’une jeunesse inconstante, qui change d’idée comme de chemise (ce qui est gênant pour un thème aussi grave que le suicide, qui plus est d’un enfant riche et en bonne santé). Il dit une chose un soir, et deux jours plus tard il fait l’exact opposé. Et parlons de la Suicide Room maintenant. La moitié du film est une animation 3D un peu approximative qui s’aventure dans un univers 3D pensé pour être cool, où des avatars forment un groupe de discussion. Visuellement, ce concept s’écarte totalement du sujet du film, ressemblant même à un procédé de petit malin par moments (un duel pour entrer totalement inutile, une espèce d’intrigue avec un membre du groupe qui espionne ses camarades…). Et au final, ce groupe de discussion a des objectifs assez flous. Un jour ils parlent de suicide, un autre de leur vie sentimentale… Et le tout est ponctué de tentatives avortées, comme cette journée où notre ado retourne au lycée avec un flingue en poche en mode terroriste, dévisageant chaque individu et s’extasiant le soir venu de ses sensations… pour oublier définitivement l’expérience dès le lendemain. Si le film essaye de rester toujours sérieux et d’épouser le point de vue de l’étudiant, il oublie d’être assez clair pour montrer où il veut en venir. Car au final, notre garçon se suicide à peine quelques jours après avoir chanté les louanges de la vie. Et après qu’on lui ait coupé internet. Portrait d’étudiant qui n’a pas attisé en moi plus de sentiments qu’un intérêt poli, ce film se regarde toujours dans l’attente de ce qu’il va se passer, sans que les évènements qui arrivent soient particulièrement surprenants. Manquant de recul avec son sujet, Suicide Room est un film fourre-tout qui n’a pas l’impact escompté, mais qui a au moins le mérite d’avoir des acteurs plutôt concerné.

 

2/6

2011
de Jan Komasa
avec Filip Bobek, Danuta Borsuk

 

http://www.popandfilms.com/wp-content/uploads/2011/10/Suicide-Room.jpg

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22 octobre 2011 6 22 /10 /octobre /2011 09:57

http://1.bp.blogspot.com/_ZUcZov-lLsI/TM4Un0VFTKI/AAAAAAAAAAg/HxFpgCpqow4/s1600/Red+State+Movie+Poster.jpg

- 16 ans s'abstenir

 

Kevin Smith est un réalisateur chrétient qui n'a jamais caché ses opinions (en témoigne un Dogma un peu inégal, mais qui est loin d'être méchant avec la religion (et pour cause, elle est montrée comme réelle dans le film)). Il revient à ses sources avec son nouveaufilm, Red state, qui est de loin son film le plus énervé, lui permettant de traiter à la fois d'intégrisme, mais aussi (paradoxalement) de la Laïcité et du recul de la morale dans la société. Le tout en étant loin de prendre un ton dogmatique, le film possédant un certain quotas de suspense et d'action. Mad Movies l'avait souligné à Cannes cette année, Red States fait assurément partie du lot des meilleurs.

L'histoire : une bande de jeunes américains part passer un week end en compagnie d'une femme facile découverte sur un forum. Ils sont alors kidnappés par des extrémistes religieux.

 

Red-State.jpg


Le postulat de Red States est simple. Ca commence un peu comme Hostel (avec un humour décalé à la Kevin Smith), puis le film devient franchement impressionnant à partir de notre entrée dans l'église de Five Points. Et là, le film part sur les chapeaux de roues. Si les fanatiques de Silent Hill paraissaient impressionnants, ils restaient toujours cloîtrés dans leurs discours religieux et leurs références bibliques pour justifier leurs actes. Ici, ces fanatiques ont des personnalités issues des Etats Units. Le pasteur, si il ne cesse de faire des llusions à la bible,dresse avant tout un réquisitoire ultra-puritain à l'encontre des Etats Units et de la politique de tolérance jugées immorale par les fidèles, et l'attaque argumentée la plus agressive envers les homosexuels qu'on ait pu voir à ce jour (d'autant plus fracassante qu'elle use d'arguments que j'ai déjà entendu sur le thème, en particulier la notion de stérilité de qui mènerait l'homme à sa perte). En gros, ce sont les intégristes les plus crédibles qu'on ait vu depuis belle lurette. D'autant plus que leur gestion s'accorde parfaitement avec ce que nous percevons de l'Amérique. On découvre donc que cette chapelle recèle une véritable armurerie, que les fidèles sont bien plus que de simples péquenots qui croient en Dieu, et surtout (et c'est bien là ce qui est le plus terrifiant) leur détermination est telle qu'elle échappe à toute logique réaliste. Etant assurés d'aller au paradis si ils meurent, ils se montrent d'une détermination et d'une férocité qui les placent largement à l'égal des bourreaux de Hostel (le sadisme en moins). Là où Kevin Smith joue délicatement, c'est qu'il attaque tous ses protagonistes par leurs faiblesses. Les intégristes se soucient au final seulement d'aller au ciel, et oublient totalement les gosses qui sont avec eux (trois filles entre 10 et 4 ans). La seule intégriste qui s'en soucie (la seule à se créer un dilemme moral sur le devoir de sauver les enfants) sera victime de sa philosophie catholique, plus modérée que les autres fidèles et donc plus tournée vers le pardon. Quant aux otages, leur libido les ayant placés dans une telle situation, ils en font en partie les frais. Chaque camp verra ses faiblesses être mises au grand jour. Le FBI s'en prendra lui aussi plein la poire, perdant le contrôle de la situation dès son début en descendant un des otages, puis décidant d'éliminer simplement tous les occupants de la chapelle (femmes et enfants inclus). Au spectateur de se faire son opinion lors de l'épilogue du film, où l'on assiste au rapport de l'agent chargé de l'assaut à ses supérieurs. Kevin Smith pointe alors du doigt un fait intéressant : celui de la haine franche et massive de toute la population envers les intégristes. L'ordre final d'exécuter tous les intégristes (ou presque) n'a pas été invalidé tout simplement parce que les dirigeants pensaient que "c'étaient des cons". Et malgré le développement de ce film complètement amoral, Kevin Smith sous-entend l'existence de Dieu, toujours sous couvert de ce qui pourrait s'appeler une coincidence. Film coup de poing, le pitch radical de Red State et la constante hargne de ses protagonistes porte le film avec un rythme qui ne faiblit pas (pour peu qu'on s'intéresse aux dialogues du pasteur et de sa communauté), au propos social brûlant qui devrait remettre un peu tout le monde en face de ses responsabilités. Pas de tortures, mais un film brutal et une belle claque psychologique, voilà qui n'est vraiment pas si mal pour un tel projet !


5/6

 

2011
de Kevin Smith
avec John Goodman, Michael Angarano

 

redstate_3.jpg

 

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Cette photo n'est pas un extrait du film, mais elle renforce le côté "plausible" d'un tel projet.

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11 octobre 2011 2 11 /10 /octobre /2011 10:15

http://www.l-tz.com/wp-content/uploads/2010/02/affiche-du-film-la-rafle.jpg

 

Quand La rafle est sortie au ciné, le succès a été au rendez-vous. Près de trois millions d’entrées, c’est une manne sur laquelle on ne crache pas. Il a fallu attendre la sortie dvd pour commencer à voir un débat se créer. On y voyait une tentative d’éclaircir la réalité (honteuse) de la rafle des juifs organisés par les forces françaises, ou un film franchouillard tentant de faire larmoyer les chaumières avec du tragique facile. Ce qui est un peu gênant, ce sont les propos qu’a tenu la réalisatrice en face des critiques, sous entendant un rapprochement entre ses détracteurs et les nazis (mais attention, comme elle n’a pas dit nazi, elle peut lancer un procès pour diffamation). Mais n’oublions pas que si Lars Von Trier a été expulsé du dernier festival de Cannes, son Mélancholia a séduit pas mal de monde. Tentons d’être objectifs et analysons l’œuvre.

L’histoire : 1940, la plus grosse moitié de la France est occupée par les allemands. Hitler réclame 100 000 juifs à la France. Une partie de la hiérarchie fait ce qu’elle peut pour ralentir la commande, mais les pressions militaires se faisant plus présentes, l’ordre est lancé pour le 16 juillet.

 

http://www.gaumont.fr/files/oeuvrea/0007164/0007164_gal_005_med.jpg


Saluons la tentative assez ambitieuse du film d’illustrer une partie sombre de notre histoire : la participation française à la déportation et à la solution finale (sous la menace, mais pas que). Il en fallait une bonne paire pour se lancer sur ce sujet. Le problème, c’est que ces enjeux qui promettaient du costaud (on commençait en plus sous l’angle attendrissant des enfants, qui aurait pu transcender les ambitions…) se faisaient peu à peu plus appuyés. Et patatrac, le film se grille en faisant du mélo. Oui, le mélo émouvoit. Surtout quand il donne des images fortes à son public. Or ici, des images fortes, il y en aura beaucoup trop. La caméra s’aventure dans plusieurs famille pour filmer les réactions des occupants, une gosse se défenestre dans une cour bondée, la foule hurle, supplie, une gamine tente un pathétique « je ne suis pas une vermine ! »… La caméra tente d’illustrer le déchirement chez tous les juifs qu’elle suit, alors qu’une image ou deux auraient amplement suffi. Le film ne cherche plus à retranscrire une situation, mais à émouvoir. Pourquoi explorer cette voie, tous les spectateurs (je l’espère) étant déjà du bon côté de la morale. Très vite, le film devient totalement inoffensif, en filmant tout simplement des personnages trop doués de bonnes intentions. Et les méchants, ce sont tous des collabos. Un tel manichéisme enraye quelque peu le mécanisme d’une reconstitution d’époque cohérente. Ainsi, on retrouve Gad Elmaleh en juif confiant dans la France qui ne s’alarmera jamais de la situation, ou alors trop tard. On sent qu’on veut nous faire prendre le personnage en pitié, sans nous laisser le faire par nous même. Pendant ce temps, Jean Reno joue les bons médecins et fraternise avec les juifs pendant que des pompiers abreuvent les foules avec les lances à eau du bâtiment. Pour en revenir au débat du film, une question se pose : peut-on critiquer les procédés d’un film qui essaye d’illustrer une tragédie humaine ? Réponse : oui. On a le droit de trouver assez vaine la tentative de rajouter une couche à la détention des juifs par un tabassage gratuit au milieu des femmes et des enfants, administré avec un jeu si théâtral qu’il vient à en manquer de naturel. Histoire de bien marquer le trait des méchants détenteurs. C’est qu’ils ont l’air d’y prendre leur pied, ces salauds ! Regardez comme ils les malmènent ! Non, vraiment non, certains excès du film tirent trop vers le bas le drame qu’on essaye de nous faire vivre. Et là-dessus, Mélanie Laurent (une actrice qui me fait montrer les crocs) qui tire sa petite leçon de l’histoire. Avant un fondu et un hommage aux parisiens ayant caché bon nombre de juifs pendant la rafle. Ah, l’hommage était dédié aux parisiens qui cachaient les juifs ? J’avais sans doute mal analysé le film. Mais en regardant d’un peu plus loin, c’est vrai que beaucoup de membres du casting ont tenté d’améliorer les conditions de détentions des juifs pendant leur détention. En tout cas, les buts du film ne sont pas clairs, et c’est probablement ce qui lui a valu ce sévère retour de collier. Film raté mais reconstitution d’époque plutôt soignée, La rafle déçoit car ne tenant pas ses promesses. C’est dommage, pour un film qui aurait pu donner un grand drame national.

 

2/6

 

2009
de Rose Bosch
avec Mélanie Laurent, Jean Reno

 

http://farm5.static.flickr.com/4044/4405940267_f66fd5c3de.jpg

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11 octobre 2011 2 11 /10 /octobre /2011 10:08

http://lepetitcinephile.free.fr/wp-content/uploads/2008/11/le-droit-du-plus-fort.jpg

 

Avec Le droit du plus fort, Fassbinder s’attaque à un sujet ardu. Pouvant d’abord passer pour une histoire d’amour homosexuelle, le film s’oriente bientôt sur la haine viscérale des classes sociales, et tout simplement sur les calculs de mauvaise foi d’individus peu scrupuleux qui abusent de leur situation. Une histoire forte, trash, avec un sens de la mise en scène qui rappellerait presque le réalisme d’un certain Michael Haneke.

L’histoire :  Franz Biberkopf , un garçon homosexuel, vient de gagner une grosse somme à la loterie. Heureux et plein aux as, il décide de fréquenter un bar homo huppé, et s’éprend d’un jeune cadre, appartenant à la haute bourgeoisie. Apprenant sa bonne fortune, le jeune cadre l’introduit dans son cercle d’amis.

 

http://www.cinemotions.com/scripts/vignettes/photo_w300.php?id_image=21401


Dans cette œuvre, l’homosexualité n’est pas le thème principal du film. C’est ici seulement un contexte, pour confronter des personnalités masculines bien déterminées : le jeune gars honnête, qui croit se voir pousser des ailes avec 500 000 marks qui lui tombent sur les bras, et le jeune cadre propre sur lui, qui vit ses petites histoires de sexe hygiénique avec ses potes et qui voit en Franz (surnommé Fox) un oiseau à plumer. Et c’est bien ça qui est malheureux, car le spectateur se rendra vite compte que les sous entendus que n’arrête pas d’employer le cadre cachent une terrible réalité. Peu à peu, sous prétexte de l’introduire dans la vie homosexuelle de bon ton, le cadre fait manger à  tout son capital, l’exploitant avec une mauvaise foi tellement gerbante qu’elle n’en rendra la fin que plus dure. Fox, amoureux, ne se rendra d’abord compte de rien, et en offrant de magnifiques cadeaux à l’amour de sa vie, accélère peu à peu sa déchéance. Ce ne seront pas les avertissements qui manqueront, passant notamment par une sœur insupportable, mais perçant immédiatement le jeu des bourgeois à la première (et unique) soirée où elle sera invitée. Cruel, le film le sera de plus en plus, en filmant platement ;; qui fait peu à peu faillite, et auquel tous ses prétendus amis finissent par tourner le dos. Avec un dernier plan séquence où ;; se fait dépouiller par une bande de gosses sous les yeux de ses anciens amis bourgeois, le film résume parfaitement son propos social, ultra ségrégationniste, où richesse et pauvreté sont séparés par une loi viscérale, instinctive, où le plus fort bouffe le plus faible avant d’en recracher les os. Rarement vu aussi sec depuis Seul contre tous.

 

4.5/6

 

1974
de Rainer Werner Fassbinder
avec Rainer Werner Fassbinder, Karlheinz Böhm

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  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.
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