Le massacre à la Tronçonneuse, c’est clairement une légende de l’horreur. Un monument intouchable, une fresque morbide qui frappe juste par ses décors bricolés et son ton documentaire typique des seventies. Tobe Hooper nous l’a balancé à la figure quand on ne l’attendait pas, et il a ainsi son nom au monde. Les procédés de peur ne sont pas vraiment novateurs sur les thèmes (la famille de redneck tarée, on y a déjà eu droit avec Spider baby), mais dans la forme, les films tendent plus vers une surenchère dans le malsain plutôt qu’une avalanche de gore. On a ainsi droit à une introduction minimaliste et malade, qui fait entrer dans la légende sa famille de tarés et qui promet à la saga un bel avenir tant son succès est loué. Ce n’est que bien plus tard que Tobe Hooper reprendra son bébé pour en faire une suite, et il surprendra à nouveau tout le monde avec des décors d’un kitch monstrueux et un humour souvent présent atténuant à peine la dimension ultra malsaine de ce nouveau délire, bien plus gore que son prédécesseur. Après cet échec commercial retentissant, une troisième suite est lancée, mais elle se révèle être un casse tête pour les différents réalisateurs à qui elle est proposée (dont Peter Jackson). Finalement c’est Jeff Burr qui s’attèle à la tâche… et qui nous ressort la formule du premier (waow, il ose !) dans un nouveau décor et avec de nouveaux personnages. A croire que les tarés de cette espèce sont monnaie courante au Texas. Sur le plan du mythe, on est vraiment très loin du compte (les évènements se déroulant après le 1), mais un bon équilibre entre malsain et gore lui permet de rester regardable. Enfin, un quatrième épisode que j’ai allègrement sauté par décence. Côté remake sort en 2003 la version Nispel du mythe, vilipendée sans ménagement par les fans du premier alors qu’il se démarque considérablement du paysage horrorifique de notre décennie (du moins sur les mécanismes de peur, qui se rapprochent clairement de l’original), et enfin, on conclut avec la précelle Massacre à la tronçonneuse, le commencement, un film bien plus généreux en tripaille que ses prédécesseurs, qui cumule malgré tout un bon nombre de tares et de qualités, ce qui en fait un des opus les plus attachants de la saga. A table.
Texas chainsaw massacre : Inattendu doit être le mot qui convient le mieux pour ce monument phare de Tobe Hooper, qui lança véritablement sa carrière en faisant paraître au grand jour clairement le film le plus malsain jamais tourné (on s’est un peu rattrapé depuis 1974, mais il reste toujours une référence). Massacre à la tronçonneuse, c’est une ambiance malade, poisseuse, le ton étant donné par un générique de flashs sur des corps en décomposition, et sur la profanation de dizaines de tombes d’un cimetière. Comme on l’a déjà dit auparavant, TCM n’est pas un film gore, mais un film malsain. Si la tronçonneuse est bien là, une grande majorité des effets reste suggérée, laissant au spectateur le soin d’imaginer des détails scabreux. C’est la folie et le bricolage de la mise en scène qui fait toute l’ambiance du film, à commencer par tous les objets décorés avec des ossements (emprunté sans honte à Ed Gein, un homme qui aimait bien lui aussi les abats jours en peau humaine). Il y a une véritable recherche artistique de ce côté, et c’est un gros détail qui donne un cachet d’authenticité assez convaincant au film, en lui conférant cette atmosphère morbide qui est pour beaucoup dans sa réussite. Ainsi, chaque meuble se retrouve orné d’ossements, animaux ou humains, ce qui permet déjà, bien avant de se retrouver confronté directement aux rednecks, de juger de leur état de délabrement mental. On commençait à s’en rendre compte avec la séquence de l’autostoppeur, futur chop top, adepte de la scarification et des remarques malsaines, et ça se poursuit avec la visite des vieilles maisons dont une reste habitée par une famille aux coutumes étranges, qui s’est repliée complètement sur elle-même suite à l’évolution du paysage et des mentalités américaines. Leur faillite sociale puis leur lutte pour la survie les a rabaissé à un plan véritablement monstrueux, une synthèse inhabituelle entre malsain et grotesque, qui sera exploré dans chacun des personnages, de manière individuelle. Leatherface ne dira pas un mot de tout le film, mais son comportement, son usage de la tronçonneuse et ses techniques bouchères en font une sorte de colosse, véritable force de frappe de la famille. Le père, directeur de la station service, est la personne la plus logique du groupe, c’est d’ailleurs par lui qu’on obtiendra les principales informations sur le passé de la famille. Bien que quand même gratiné, il est le seul à essayer de juguler Leatherface et son frère, qui n’en font apparemment qu’à leur tête dans leurs élans artistiques. La scène du banquet, prenant place dans une pièce dépouillé, où l’on remarque tout de suite qu’on ne doit pas manger à sa faim tous les jours, atteint un degré d’absurde malsain particulièrement marquant, où l’on découvre le grand-père de la famille, ce qui donnera lieu à une scène glauque, d’autant plus dérangeante qu’elle contient un sous texte humoristique (une victime devant être tuée par un bourreau physiquement incapable d’accomplir sa tâche). Le final, plutôt rythmé et efficace, se finira un peu abruptement, Tobe Hooper parvenant à transcender son trip glauque en nous montrant les séquelles de l’aventure sur son héroïne (un spoiler pas vraiment malhonnête, chaque opus se terminant de la même façon à l’exception de la précelle) par un rire maladif alors que Leatherface exécute la danse de la tronçonneuse que nous n’oublierons jamais sur ce soleil couchant. Super malsain et pas très gore au final, Massacre à la tronçonneuse n’a pas marqué les esprits pour rien, et lance sur de bonnes bases ce qui sera l’une des saga les plus extrêmes du genre horrorifique. Du lourd.
6/6
de Tobe Hooper
avec Marylin Burns, Allen Danziger
Texas Chainsaw Massacre 2 : Le moins qu’on puisse dire, c’est que le changement est radical. D’un univers réaliste, on passe à quelque chose de complètement absurde, de kitch à souhait et de radicalement subversif. Toutefois, avant de nous attaquer au film, il faut préciser qu’il est indispensable de le voir en VO sous titrée, la VF étant complètement torchée à la va vite avec des dialogues qui manquent énormément de naturel. L’histoire de ce film, ce n’est plus la bande de jeune qui fait la mauvaise rencontre au mauvais endroit (le moment important peu, nous en convenons), c’est un peu plus complexe que cela. D’ailleurs, il semble que Rob Zombie se soit inspiré de cet univers (je pense surtout au personnage de Lefty, qui veut abattre sa vengeance sur la famille au nom du Tout Puissant) pour son pythique Devil’s rejects et les ambiances de sa Maison des 1000 morts. C’est donc la disk jockey d’une radio qui est témoin d’un meurtre perpétré par la famille pendant un appel téléphonique avec des auditeurs. Elle contactera l’enquêteur Lefty (Dennis Hopper en cow boy texan armé de tronçonneuses), qui se servira d’elle comme appât pour faire sortir la famille de son trou. La Famille a en effet déménagé au nord du Texas, et s’est installé dans un parc d’attraction en ruine retraçant les grandes batailles de l’Amérique. La guerre est particulièrement dénoncée dans ce film déjà par les lieux morbides rendus encore plus malsains par les installations de la famille. Elle est dénoncée dans les décors qui sont maintenant devenus de vrais charniers et par le personnage de Chop Top qui est revenu de la guerre du viet nam avec un crâne rafistolé d’une plaque de métal. Le film bénéficiant maintenant d’un budget confortable, Tobe Hooper s’est carrément lâché sur les décors. Il nous offre carrément des centaines de mètres de galeries décorées de guirelandes multicolores et de cadavres dans divers positions (en train de bronzer sur une chaise longue, à une table en jouant aux cartes, suspendu au plafond comme un oiseau…), donnant au malsain un côté absurde et burlesque qui fera toute la saveur du long métrage. Car indéniablement, malgré son malsain ici décuplé par l’usage d’effets spéciaux convaincants (Tom Savini prouve encore ses compétances), Massacre à la tronçonneuse 2 est une comédie. Il faut voir la scène où Leatherface assimile sa tronçonneuse à un symbole phallique et se masturbe devant l’héroïne avant de quitter la pièce aussi sec pour le comprendre. Le meurtre limite absurde des premiers adolescents est lui aussi porteur d’un second degré rassurant autant que malvenu, car dédramatisant l’éruption de violence qu’on attendait. Un dernier exemple : la scène limite romantique où Leatherface danse avec son héroïne parée du visage de son amoureux au milieu de dizaines de jambes découpées et suspendues, elle est d’une absurdité totale. On atteint un degré de folie tel qu’il n’y a plus que le rire capable de débloquer cette situation pleine d’éléments contradictoires, où les couleurs et la notion de massacre entrent vraiment trop en coalition. Un point culminant du film, c’est la nouvelle scène de banquet, qui supplante largement celle du premier selon mon avis. On ne joue plus le dépouillement, c’est au milieu d’une gigantesque salle, sur une table immense remplie de plats peu ragoutants ou de plateaux fabriqués avec des bouts de corps. La folie visuelle de la scène dépasse l’imaginable, et la nouvelle scène où on tente d’appliquer le régime du grand père est plus malsaine, plus drôle, plus dérangeante que dans le premier. Véritablement, la situation est telle que le rire se présentera forcément dans l’esprit du spectateur, tant les tentatives répétées du grand père semblent pathétiques. Enfin, le film culmine dans ce qu’on pourrait appeler un final de malade transcendant, où Leatherface se bat contre Lefty avec des tronçonneuses surdimensionnées, où les personnages font étalage de toute leur folie avec des traits d’humours à nouveau bien senti (les hémorroïdes du père sont définitivement éliminés), et un dénouement complètement inattendu, où Leatherface disparaît carrément de la scène (bien qu’étant déjà assez mal en point), et où la danse de la tronçonneuse a lieu avec la personne la moins attendue, ce qui fait instantanément travailler la tête pour trouver une explication, qu’on trouve dans les deux secondes qui suivent. Bref, Massacre à la tronçonneuse 2, c’est un film de fou, le 1 à la sauce kitch, où Tobe expérimente et s’aventure sur de nouveaux terrains de l’horreur en ne freinant jamais sa générosité (les maquillages gores sont particulièrement convaincant, et les décors font rêver), ce qui en fait une surprise de taille et un chapitre indispensable de la saga.
5.5/6
de Tobe Hooper
avec Dennis Hopper, Caroline Williams
Leatherface : Alors maintenant, on arrive dans la période « film de commande » de la saga. En effet, suite aux scores désastreux de massacre à la tronçonneuse 2, Tobe Hooper est dépossédé de sa saga par la new line, et c’est Jeff Bur qui s’atèle à la tâche, assez ingrate le script étant mainte fois réécrit. D’une boucherie sans nom, il ne reste maintenant plus grand-chose à l’écran. Et si le dvd que j’ai acheté est bien la version non censurée (détectable par l’intrusion de l’anglais en plein milieu de scènes de dialogues ou de gore), la sortie censurée en salle a dû être un sacré coup au moral des fans. Pour être simple, c’est une sorte de remake du un, mais avec un peu plus de budget et surtout beaucoup moins d’inspiration. Les évènements se passent indéniablement après le premier, Leatherface portant une attèle à sa jambe blessée à la fin du premier. C’est à peu près le seul lien avec le premier Massacre (à l’exception du grand père, maintenant décédé). Pour le reste, adieu tous les personnages tarés que Tobe nous avait créé. On a carrément une nouvelle famille qui entoure Leatherface, avec maintenant deux frères, l’un joué par Viggo Mortensen (plutôt amusant en redneck à belle gueule), et l’autre qui cabotine comme un barbare, mais sans le dégoût qu’inspirait inévitablement Chop Top à chacune de ses apparitions. Pour ce qui est de la trame principale du film, on a un simple couple de jeune qui traverse le Texas pour raisons personnelles. Ils passent à côté d’un charnier d’où on extrait des dizaines de corps, puis repartent sur leur route, en faisant une halte à la station essence du coin. Manque de pot, ils tombent sur les deux frères, qui ont vite fait de leur donner la chasse avec Leatherface, qui est incapable de courir et qui arrive en grinçant comme une porte (waow, quelle menace menaçante…). En s’enfuyant, ils causent un accident avec le seul camion roulant à des lieux à la ronde et font entrer le chauffeur dans l’histoire, joué par . On joue à cache cache dans la forêt pendant quelques minutes avant de se faire pincer comme des lapereaux d’un jour, et on a enfin droit à une visite de la nouvelle maison, jonchée d’ossements sur le sol (car il était compliqué d’en faire des compositions artistiques sur les meubles). La seule personne qui arrive un peu à convaincre d’un point de vue folie, c’est la petite fille qui a pour poupon un bébé décomposé et qui participe aux exécutions de la famille. Sinon, il n’y a plus de père, et la grand-mère parlant avec un mécanisme placé sur sa gorge fait plus rire qu’autre chose. Leatherface maintenant. Ils ne nous l’ont pas trop salopé, mais c’est quand même pas tout rose. Il se balade notamment avec un couteau électrique qui marche là où un simple canif suffirait, et se révèle d’une psychologie bien plus dominante que dans les précédents opus, où il était la main de la Famille, le mieux qu’il pouvait faire étant de rester sourd à un ordre. Psychologie bizarre, qui tente d’être complexifiée par une séquence improbable où Tronche de cuir joue à un jeu de gamin et n’arrête pas d’appeler un bonhomme de neige « food ». Une séquence qui aurait pu être intéressante (c’est la première fois qu’on tente de nous apitoyer sur son sort), mais qui est hélas trop dramatisée, le personnage perdant au passage sa réputation de destructeur avide de peur qu’il avait dans les précédents films. Au moins, l’affrontement final dans le marais reste une scène plutôt sympathique, Leatherface retrouvant enfin sa carure. Le problème, c’est qu’il tronçonne le black avec une tronçonneuse immergée qui flotte et qui ne repose sur rien, et qui marche avec son moteur complètement noyé sous l’eau. Je n’ai pas suivi de cours de mécaniques, mais je suis sûr de ne pas être le seul à penser que c’est stupide. Enfin, le happy end final fait vraiment peine à voir, car il reprend l’esthétique en concluant presque sur une belle musique, là où le premier s’achevait sur des cris de folie égalant le rugissement de la tronçonneuse. Expérience assez proche de la médiocrité, Massacre à la tronçonneuse 3 alterne le bon et le pire, ce qui nous fait une très timide moyenne. Malgré un générique d’ouverture réussi, on n’est pas loin du fiasco, et ça, c’est pour la version NON censurée. Fortement dispensable.
2/6
de Jeff Burr
avec R. A. Mihailoff, David Cloud
autre avis : l'excellente analyse de Leatherface, qui s'y connaît un peu sur la question...
Texas Chainsaw Massacre, le remake : Tel Rob Zombie, Marcus Nispel a risqué vraiment sa réputation de réalisateur en mettant en scène le remake d’un film aussi culte que Massacre à la tronçonneuse (jamais détrôné sur l’autel du malsain depuis 1974). Et à la sortie, surprise, les avis sont plutôt soulagés. Autant l’avouer, ce remake, c’est mon initiation à la saga, bien que je connaissais déjà l’existence de l’original à l’époque. Et pour ce que j’en ai vu, le spectacle était plutôt convaincant. Avec du recul, certes, on avoue qu’il n’y a pas de surprises, malgré les ajustements et les quelques détails modifiés par Marcus. Et on relèvera un ton sépia de l’image sensé signifier un retour aux seventies. Si le générique d’ouverture n’est pas si mal (normal, il repompe Hooper en moins bien), le voyage en van place plutôt dans l’ambiance une fois l’autostoppeuse raide morte, un travelling joliment efficace nous replongeant instantanément dans l’ambiance un peu poisseuse de l’original. Ce qui est décevant avec ce remake, c’est que les personnages autres que Leatherface ont été assez aseptisés. En dehors d’un R. Lee Ermey cabotin qui n’a plus grand-chose à voir avec Chop Top, personne ne sort du lot dans le registre folie, Leatherface étant un cas à part. Ce qui est intéressant d’un point de vue atmosphère, c’est que comme son prédécesseur, le film penche pour du malsain crade au lieu de chercher dans le gore. Il en profite aussi pour changer son ambiance, abandonnant parfois la crasse du récit pour se donner des envolées de contes, où nos adolescents seraient des enfants pourchassés par un méchant ogre tout droit sorti de nos cauchemars (le plus représentatif étant cette séquence dans un corridor souterrain). Certes, le film perd de son impact à cause de son format, sacrifiant au spectacle toute notion d’impact ou de surprise (pour moi qui ignorait tout des massacres à la tronçonneuse, j’ai repéré immédiatement qui allait trahir les jeunes adultes, c'est-à-dire à peu près tout le monde). L’absurde cher à Hooper est totalement éjecté du récit, désormais conforme aux critères de qualité de la décennie 2000. Mais Leatherface n’est pas salopé. Si il n’a plus aucune dimension absurde, il gagne beaucoup en carrure bestiale, et passé sa première apparition un peu ratée (en tout cas moins surprenante que dans l’original, où on ne connaissait pas encore le personnage), il endosse une stature de boucher convaincante, résultat de nombreuses années passées en abattoir. Ses manies de boucher, sa force physique impressionnante et son masque rénové en cours de film impressionnent une fois à l’écran, le personnage étant parfaitement convaincant sur le plan de la performance physique pure. Son passé est lui aussi plutôt bien exposé, son amour des masques étant ici brièvement expliqué par un problème de peau, et son passé étant dévoilé par la traque dans l’ancien abattoir. En bref, si on se fend d’une fin archi classique et d’une mutilation inattendue et impressionnante de notre géant, Massacre à la Tronçonneuse, second du nom, est un remake convaincant sur le plan du survival pur, mais considérablement aseptisé au niveau du malsain, qui ne dépasse pas au delà des séquences trash où on filme un cadavre. Aseptisé par une époque, esthétiquement autant que thématiquement, le film réserve cependant quelques séquences convaincantes, mais restera toujours une dynamisation formelle de l’œuvre, plus qu’une relecture. Cependant, son ambition à ne jamais vouloir céder aux facilités (le torture porn n’est pas encore arrivé) en fait un remake plus attachant que la moyenne, et finalement, un moment sympathique pour l’amateur d’horreur désincarnée, mais honnête dans les intentions.
3.5/6
de Marcus Nispel
avec Jessica Biel, Eric Balfour
Texas Chainsaw Massacre, the beginning : On touche ici à un film un peu controversé au sein de la saga, car hybride entre deux styles radicalement opposes (l’atmosphère glauque du remake et le torture porn sanglant), et qu’il ne recèle absolument aucune surprise. C’est typiquement l’exemple du film de producteur, commandé pour exploiter le filon rouvert par le remake, prenant du coup des allures de précelles pour appâter encore plus de monde. Mais c’est aussi un prolongement du remake, qui se lâche bien plus dans son ambiance, qui revient pour le coup à une certaine folie, qui n’égalera jamais le dixième de la puissance de Hooper, mais qui a le mérite de marquer. Sur le terrain de la précelle, on est d’ailleurs proche du travail d’artisans, le nombre de détails foisonnant et recoupant de nombreuses fois ce qu’on a pu voir dans le remake (les dents de Hoytt, les jambes du grand père, les griffures d’ongle sur les murs…). Une profusion de clins d’œil qui vient flatter la mémoire ou éclaircir le sujet. Cette scène d’amputation est d’ailleurs assez intéressante, car en plus de nous donner une explication sur les origines d’un personnage, on renoue avec la folie macabre des originaux en filmant du gore avec un second degré humoristique particulièrement présent. Evènement lui aussi intéressant, le bizutage des futures jeunes recrues par un R Lee Ermey leur racontant des anecdotes de la guerre de Corée, rappelant le discours acide à l’encontre des conflits dans Massacre à la tronçonneuse 2. R Lee Ermey ayant fait son service militaire au Viet Nam, la scène prend alors une teinte particulière. Après, c’est comme dit précédemment, aucune surprise pendant toute l’histoire. Les personnages secondaires sont éliminés avec plus ou moins d’impact, et les mort de nos quatre personnages centraux sont assez dramatisée. Néanmoins, le souci du film à propos de Leatherface se révèle être son iconisation à moitié réussie. Si sa naissance se fait d’une façon moins brutale que celle qu’on était en droit d’attendre, son enfance est plutôt réussie, avec notamment un certain lien avec les animaux morts, dans lesquels il se découpe des fragments de peau pour s’en faire des masques. A l’abattoir, Leatherface est très convaincant en boucher, et son premier meurtre est impressionnant. Seleument… Pourquoi prend-t-il la tronçonneuse l’instant d’après. Il n’y a aucune explication à ce sujet, aucune raison particulière pour qu’il devienne un manique de l’engin en question. Parlons maintenant du gore. L’histoire se retenait vraiment jusqu’à l’arrivée du motard, mais après, c’est l’orgie sanglante. Le motard en prend pour son grade, mais si R Lee Ermey parvient bien à créer le second degré par ses tirades hallucinées, la scène n’impressionne pas. Un peu de sang sur le sol, mais rien de plus. Et 5 minutes plus tard, une véritable orgie sanglante avec du bide tronçonné en plein cadre, et de la découpe de visage en gros plan. Impressionnant, mais un peu en rupture du ton avec le reste du récit, le gore qui tâche ne parvenant jamais totalement à donner l’illusion du malsain. En revanche, tout le monde tape sur cette fin, attendue, bateau et nihiliste… Heu… Les gars, dans tous les massacres à la tronçonneuse, la fin reste, dans une certaine mesure, positive en accordant la survie à une personne ou plus. C’est la première fois qu’ils nous font le coup, un peu de respect pour cette innovation dans l’esprit de la saga. Certes, elle est le reflet de la tendance du cinéma d’horreur américain actuel, qui a tendance à se radicaliser et à ne faire que dans un registre. Ce registre là ne prête pas à rire, mais il est cohérent avec l’histoire de Texas Chainsaw massacre : ce sont les premiers d’une série de 75 personnes, on voit mal comment ils s’en seraient sortis. D’ailleurs, il est intéressant de noter que Massacre à la tronçonneuse au commencement est une œuvre assez hétérogène, qui mélange les ambiances et qui radicalise son propos sur la guerre du viet nam (les jeunes recrus vivant leur enfer sur le sol américain), une opinion un peu engagée quand même quand on sait que Jonathan Liebesman nous pondra pas la suite la purge qu’est Battle Los Angeles. Cette précelle atteint donc largement je niveau du remake, qui à manquer parfois d’un peu de cohérence (la femme au thé ne sert strictement à rien d’autre qu’à assurer la continuité avec le remake), en tentant de retrouver la folie des premiers opus. Louable tentative, qui restera quand même trop inégale pour convaincre pleinement.
4/6
de Jonathan Liebesman
avec Jordana Brewster, R. Lee Ermey