Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 19:58

http://playeject.com/wp-content/uploads/2011/09/apollo_18_01.jpg

 

Les missions d’Apollo au cinéma se résument surtout au film Apollo 13 (et à un clin d’œil dans Austin Powers 2). Et tout récemment, un nouveau film se propose de revisiter le sujet en illustrant une mission ultra secrète : Apollo 18. Une mission où, sous prétexte d’envoyer du matériel en orbite, la NASA prépare un module pour envoyer 3 astronautes sur la lune pour y installer une partie du matériel nécessaire à la bonne marche du bouclier anti missile. Un film plutôt ambitieux dans ses intentions, et qui finalement n’a pas fait l’unanimité, loin de là…

L’histoire : Trois astronautes sont envoyés en mission secrète au pôle sud de la lune afin d’y installer du matériel militaire.

 

http://www.joblo.com/newsimages1/apollo-18.jpg


Le film tente un peu de jouer la carte du réalisme (et donc de la subversion quant aux missions secrètes montées par les deux camps durant la guerre froide) et par conséquent, en suivant la logique du Prochain Blair Witch, nous caractérise les bandes qui suivent comme des archives récupérées illégalement sur la mission Apollo 18. Tout est alors fait pour étayer le côté reconstitution d’époque. Films en super 8 (légèrement accéléré avec un grain un peu plus prononcé et quelques rayures), interviews des différents spationautes, stock shots de tests de la NASA… Bref, c’est presque un docu jusqu’à ce que nos astronautes se posent sur la Lune. Là, si on commence un peu par se tourner les pouces en suivant gentiment la mission militaire qu’ils sont en train d’opérer, notre intérêt est rapidement relancé par la découverte d’un module russe en état de marche (on a eu aussi précédemment quelques pixels louches entourés en blanc, mais on n’a rien vu quand même), et la découverte de son unique occupant, apparemment tué à coup de pierres. Scène du cratère un poil stressante, mais bien supportable. Si on évite de parler de la menace pour ne pas spoiler le spectateur (l’unique originalité du film tient dans le design de ses créatures), on peut quand même rester dubitatif sur le fait que les amerlocs renvoient une mission avec des êtres vivants alors que les échantillons de roche lunaire rapportées sur Terre auraient déjà dû leur apporter les réponses attendues. Sinon, les créatures resteront plutôt discrètes, mais bien présentes, et si on a très peur pour la qualité du film à un moment (un astronaute infecté qui a l’air de se transformer en zombie… AAAhhh !), il se contentera de coller à son idée de départ sans en faire trop. Formellement, le film est désagréable à voir. On se souvient tous de District 9, de son excellente introduction documentaliste qui nous faisait accepter l’existence du vaisseau alien, puis le ton documentaire était abandonné au profit de l’histoire et de l’action. Apollo 18 représente la dérive de ce qu’aurait pu être District 9 si il avait été entièrement tourné en mode « caméra de sécurité ». Ici, les caméras sont toujours fixes, et quand elles bougent, l’image est rarement nette, ou forçant trop sur les contrastes. Dans une volonté de réalisme, certaines images ont été dégradées, tournées dans des formats différents, en noir et blanc ou avec un bruit énorme. Certaines relèvent même de la qualité web cam. Le film n’a donc qu’une esthétique très vague, les plans tentant rarement d’être jolis ou bien cadrés. Le souci documentaire annihile toute ambition artistique, et ça nuit clairement au côté spectacle qu’un tel projet (avouons le : culturellement inutile) était censé procurer. Un film de monstre qui lorgne du côté d’Alien sans en retrouver l’angoisse et sans côté divertissant, ça vous tente ?

 

1.5/6

 

2011
de Gonzalo Lopez-Gallego
avec Warren Christie, Ryan Robbins

Partager cet article
Repost0
24 décembre 2011 6 24 /12 /décembre /2011 09:16

http://www.films-horreur.com/wp-content/uploads/2010/08/thing.jpg

 

http://monsieurhollywood.com/doowylloh/wp-content/uploads/2011/09/the-thing-movie-poster.jpg

 

Un des rares concurrents d’Alien reste l’immanquable The Thing, qui même si il ne jouit pas de la même réputation que la saga auprès du grand public, a largement convaincu les cinéphiles avec le temps, au point d’en devenir une référence, encore citée aujourd’hui (arhem AVP). Carpenter a probablement signé là son meilleur film avec Halloween, qui vit maintenant pour l’éternité dans la mémoire des cinéphiles. Avec des effets spéciaux en dur sidérants (a-t-on vu des créatures aussi prolifiques et aussi variées auparavant ?) et un suspense mis en valeur par un casting de qualité, le film peut se targuer d’être dans le top des films des années 80. Et tout récemment, sans qu’on s’y attende, un film vient pointer le bout de son nez : The thing (même titre que l’original, une tentative de le supplanter ?). Une précelle selon son réalisateur, mais un remake pour les spectateurs, qui ont plutôt poliment ignoré ce petit film qui pue un peu, mais qui contient aussi quelques éléments intéressants.

 

http://www.filmsfix.com/wp-content/uploads/2010/12/The-Thing-La-Chose-film-monstre-02.jpg

 

The thing (1982) : Si le film a été un peu ignoré lors de sa sortie en salles, c’est avec le marché de la VHS, puis du dvd (avec quelques scènes supplémentaires) que le film a prouvé sa vraie valeur. C’est bien simple, on s’approche avec The thing de la paranoïa ultime, du suspense qui ne faiblit pas pendant un récit d’une heure et demie qui annonce l’apocalypse. Le postulat est simple : une créature capable d’imiter les formes de vie qu’elle touche cherche à se reproduire et à infecter la race humaine. Cependant, comme elle a besoin de temps pour absorber ses victimes, elle ne s’en prend à celles-ci qu’une par une, en usant de stratégie pour pouvoir passer inaperçue. Un comcept qui fait froid dans le dos, les personnes copiées étant physiquement à l’identique de leur modèle. C’est sur cette base que Carpenter décide de faire son film, à l’origine un remake du film The Thing des années 50, petite bisserie sympathique traitant d’un extra-terrestre qui s’attaque à un complexe scientifique installé au pôle nord. Mais cette dimension paranoïaque était absente du premier film. Ici, tout le scénario s’articule autour de ce concept excellent, l’intégralité du casting s’en tirant plutôt bien au vu du résultat final. L’ambiance ultra lourde du film ne cesse de peser sur cette situation déjà tendue, appuyée par des décors désertiques enneigés (l’isolement est parfaitement dépeint par des détails comme des émissions de télé enregistrées sur VHS) et une musique électronique ultra pesante (quand elle ne cède pas à un silence encore plus écrasant). Enfin, dernier point qui a ravi des générations de bisseux : les effets spéciaux excellentissimes de Rob Bottin, devenu maintenant culte et encore impressionnant de nos jours. Un bide qui s’ouvre pour mâcher des bras, une tête qui se transforme en crabe, une gigantesque créature couverte de dents, d’yeux et de griffes, informes, qui gueule comme pas possible en se traînant vers ses proies… Rarement une créature aura été si terrifiante (impossible de prévoir quelle forme elle prendra à sa prochaine manifestation), et chacun de ses effets spéciaux ayant été réalisé en dur devant la caméra, les fréquentes apparitions de La Chose, toujours spectaculaires, auront vite fait de convaincre tout le monde devant la dangerosité de la menace. Avec un monstre aussi original (un vrai défi technique rien que dans son concept), des acteurs aussi charismatiques (Kurt Russel, un grand monsieur) et un réalisateur ultra compétant, The Thing a tout du film d’horreur culte et tend à s’imposer comme l’un des meilleurs films de monstres jamais fait. Facile.

 

6/6 (et encore, on le mésestime !)

 

1982
de John Carpenter
avec Kurt Russell, T.K. Carter

 

http://www.moviecritic.com.au/images/kurt-russell-john-carpenter-the-thing12.jpg

 

The thing (2011) : Ha… On s’attaque maintenant à la précelle d’un film culte. Enfin, précelle, c’est vite dit ! Selon les producteurs et le réalisateur, c’est une précelle. Et certains éléments viennent en effet appuyer cette théorie. Un prélude qui commence par une blague crasseuse et la découverte du vaisseau, et une fin qui fait enfin bien la jonction avec le film de Carpenter. Voilà pour la plupart des éléments (le reste étant composé de détails). Mis à part cela, il y a vraiment un air de déjà vu dans ce film, notamment par la reprise de séquences quelque peu abusées vu qu’on les a déjà vu. Par exemple, on citera le test sanguin, encore repris ici et saboté par la créature (certes, ça peut expliquer son comportement dans le film de Carpenter, mais ça manque cruellement d’originalité), le design des bâtiments qui ressemblent à s’y méprendre au film de Carpy, l’attaque du groupe dans la salle commune… Ca fait un peu beaucoup (surtout que ça finit presque par faire oublier les bonnes idées : le coup des prothèses non organiques), surtout que dans le film de Carpenter, c’était mieux joué. Ici, les bavardages vont bon train et le film se révèle finalement plus bavard et moins anxiogène que son aîné. Côté esthétique, on lorgne exactement sur le modèle de l’original, les décors sont identiques (à l’exception du vaisseau spatial), mais la musique se révèle moins stressante, beaucoup plus classique pour un tel produit que ne l’était celle de l’original. Cependant, tout n’est pas à jeter dans ce nouveau The Thing. Si le produit manque cruellement d’originalité, c’est un ersatz un peu plus fréquentable que bon nombre de suites (the descent 2, la colline a des yeux 2…), et niveaux effets spéciaux, si on regrettera qu’il y ait un peu trop de numérique (en fait, à chaque plan où la créature apparaît vivante), on sent certains effets en dur qui ont été potassés par des maquilleurs compétents et qui ont été un peu boostés par le numérique. Une association qui fonctionne finalement pas mal, gagnant en fluidité ce que l’original nous avait donné en surprise. C’est simple, on voit maintenant clairement la créature se transformer, attaquer des types et commencer à les cloner dans un même plan. Certes, ça a moins de charme, mais c’est efficace. Après, ça ne gommera pas la carence d’originalité et certains détails (je n’ai toujours pas compris pourquoi le vaisseau finissait toujours sous la glace ici alors qu’il est clairement à découvert quand Mc Ready le découvrira, ni pourquoi les américains deviennent les héros du film alors que les norvégiens se font tous exterminer), mais un certain sérieux autour du projet ainsi que quelques détails sympathiques feront de cette séquelle un divertissement regardable, pour peu qu’on tente d’oublier le carpenter.

 

3/6

 

2011
de Matthijs van Heijningen Jr.
avec Mary Elizabeth Winstead, Joel Edgerton

 

http://www.scifi-universe.com/upload/galeries/images_film/TheThing6.jpg

 


Partager cet article
Repost0
18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 20:11

CASE-39.jpg

 

Christian Alvart est un petit réalisateur que j’aime bien. Il m’a vraiment surpris avec son Antibodies (un thriller allemand moyen qui tentait de s’aventurer dans la contamination par le Mal d’un enquêteur chrétien en face d’un meurtrier pédophile peignant des christs avec du sang de gosses), et ayant grandement apprécié son Pandorum, j’ai recherché son travail intermédiaire, le cas 39 (tournée avec la douée Jodelle Ferland (miss Devil dans Silent Hill), qui promettait de belles choses. Hélas, les promesses s’arrêtent un peu tôt pour devenir un ersatz de La malédiction 4, qui décevra d’autant plus qu’il commençait bien.

L’histoire : une assistante sociale est amenée à s’occuper du dossier 39 : une famille dont la jeune enfant a quelques problèmes. La femme découvre bien vite que ses parents sont on ne peut plus louches.

 

http://media.zoom-cinema.fr/photos/3472/photo-5-du-film-le-cas-39.jpg


Le cas 39, ce sont deux films différents qui ont été raccordés l’un à l’autre. Il y a d’abord l’introduction et le premier acte (une trentaine de minutes), puis l’heure qui reste, où on nous refait La malédiction 4. Malheureusement, c’est la partie la plus longue qui fera l’ambiance du film, et qui tirera vers le bas un potentiel qui ne demandait qu’à éclater. Le twist étant spoilé par les résumés commerciaux, autant le dire tout de suite : la gosse a des pouvoirs hallucinatoires dont elle se sert pour faire pression sur ses proches. Une piste très intéressante qui aurait pu laisser place à une psychologie poussée, où à de l’horreur déstabilisante. Mais ça ne sera jamais vraiment le cas, Christian se contentant de filmer ses acteurs avec quelques effets horrorifiques de ci de là qui ne feront que sursauter tout au plus (le tournevis) ou provoqueront un sourire un peu forcé (la scène des guêpes qui n’en finit pas). L’ambiance, se voulant lourde, ne parviendra jamais à retrouver l’ambiance malsaine d’un Esther, ce qui donne au final un spectacle plutôt convenu et dont la fin ne surprendra pas. Inutile de chercher à tout se rappeler, seul le fait de savoir que la gamine va d’abord s’en prendre aux proches de l’assistante (qui l’adopte), avant un face à face final dans une voiture. Vraiment décevant. Cependant, la première partie du film est juste excellente. Ignorant totalement les arguments fantastiques qu’elle proposera par la suite, l’histoire se présente comme un drame social vénère avec des parents ultra ambigus et une gosse totalement vulnérable qui n’ose pas demander l’aide des services sociaux. Les interprètes des parents sont à applaudir à pleine main, tant leur prestation se révèle convaincante (la femme consentante probablement parce qu’elle s’est prise de nombreuses beignes, et l’époux méprisant et sec qui refuse de parler directement aux services sociaux. Le numéro est tout simplement parfait, et la scène du four, tétanisante, peut se vanter d’être le moment le plus fort du film. Réaliste, traumatisante, brutale, c’est exactement ce qu’on aurait aimé voir. Dommage que le script ait changé son fusil d’épaule entre-temps.

 

2/6

 

2009
de Christian Alvart
avec Renée Zellweger, Ian McShane

 

snapshot20111018224619.jpg

Partager cet article
Repost0
6 octobre 2011 4 06 /10 /octobre /2011 13:01

http://3.bp.blogspot.com/_mpJRvQpHWXU/TMcyz3KgaRI/AAAAAAAAG-4/_vhVV8T3VjQ/s1600/Jeepers+Creepers+(2001).jpg

 

http://b.imdoc.fr/1/divers/film-horreur/photo/1528169152/161753837a6/film-horreur-jeepers-creepers-2-img.jpg

 

En 2001 sort un petit slasher, semblant inoffensif de prime abord, mais gardant dans ses tripes un condensé de terreur qu’on n’attendait pas d’un tel projet. Jeepers Creepers sort sans faire de grosses vagues, et pourtant, on tenait là un projet des plus réjouissant, partant de la trame basique d’un tueur solitaire poursuivant deux jeunes proies sur une route abandonnée avant de virer peu à peu sur un registre fantastique inattendu, et surprenant une fois le jeu totalement dévoilé au public. Une suite pointe son nez en 2003, avec toujours le même réalisateur, qui applique avec joie la recette de la bonne suite (on garde le croquemitaine, on garde les bases, mais on change tout le reste). Le résultat en a déçu plus d’un, cette nouvelle suite n’essayant tout simplement pas de faire peur (à part quelques sursauts), nous montrant seulement un bus scolaire aux prises avec le monstre que nous connaissons. Sa nature étant dévoilée dès la scène d’introduction, plus de suspense à son sujet : on est là juste pour parier sur les victimes qui s’en sortiront ou pas. Avec un contexte homosexuel décuplé par rapport au premier opus, le film s’achèvera sur un dénouement plutôt maousse, ouvrant la porte à une suite qu’on espère particulièrement énervée. Elle serait actuellement en cours de préparation…

 

http://www.films-horreur.com/wp-content/uploads/2009/09/Jeepers.jpg

 

Jeepers Creepers, le chant du diable : Avec une musique grinçante qui ouvre le film et qui nous accompagnera continuellement, le film annonce d’emblée ses ambitions sérieuses en matière d’horreur premier degré, qui espère nous terroriser avec des éléments classiques, mais bien présentés. On commence avec un camion patibulaire, un frère et une sœur dans une vieille voiture (au moins, leur relation semble crédible) pour un voyage qui s’annonce long. L’élément perturbateur arrive en longeant une église, où l’on retrouve le conducteur du camion patibulaire, jetant des paquets enveloppés dans des draps dans une sorte d’égoût. Après une brève course poursuite, nos personnages ont le choix entre repartir et donner l’alerte ou aller voir. On se doute bien de ce qu’il vont faire, et une fois descendu dans la crypte de la chapelle, l’ambiance gothique devient presque terrifiante, tant on mesure l’ampleur du carnage (une gigantesque fresque composée de cadavres). A partir de ce point là (où l’on commence à saisir la folie que peut générer un tel projet), le récit s’aventure en terrain inconnu, le tueur étant une énigme complète (on ne connaît pas son visage, on a à peine aperçu son allure défraîchi entre deux arbres) qui ne cessera de s’épaissir alors que l’intrigue avance. Vivant d’abord par la présence de son camion (un bel hommage à Duel, comme en témoigne Victor Salva dans le making of), il va s’intéresser peu à peu à nos héros (le pillage de leur voiture) alors que ces derniers s’enfoncent dans leur peur suite à l’appel d’une médium du coin n’arrêtant pas de les mettre en garde (le coup des chats, sans être virtuose, fait son petit effet). Le plus du film, c’est qu’il permettra de découvrir peu à peu des éléments sur ce mystérieux tueur, dont l’identité paraîtra de plus en plus floue avant de nous cueillir lors d’une séance d’explication plutôt surprenante. Avec un tueur qui apparaît sur le toit d’une bagnole, qui possède un visage plutôt abîmé et qui se révèle d’une rapidité hors-norme, le spectateur est maintenu dans l’ignorance pendant une bonne partie du récit afin de préserver la peur (on ne sait pas contre quoi on lutte), avant de nous ménager un dernier acte dans un commissariat avec du gore plutôt sobre et un tueur enfin débarrassé de ses haillons, nous révélant enfin ses vrais attributs. Avec une conclusion qui donne au récit un subtil relent d’homosexualité (on n’en dira pas plus pour éviter de spoiler), le spectacle se conclut sobrement, en revenant aux aspirations artistiques de notre tueur, plutôt original dans ses motivations et indubitablement effrayant pendant la majeure partie du film. Pour une petite série B qui sortait de nulle part, le résultat est bien plus enthousiasmant qu’on n’aurait pu l’espérer. Une bonne date dans la décennie, sans toutefois prétendre à être plus qu’un film d’horreur divertissant.

 

4.5/6

 

2000
de Victor Salva
avec Justin Long, Gina Philips

 

http://www.chevroletpedia.org/wp-content/uploads/2008/02/jeeperscreepers2.jpg

 

Jeepers Creepers 2 : une suite un peu bancale que voilà. Au niveau de la rupture de ton, Victor Salva n’y va pas par quatre chemins, et annonce dès l’ouverture que le spectacle a changé. Le premier Jeepers Creepers ne montrait pas sa créature pour l’entourer de mystère… Maintenant qu’on sait que c’est un SPOILER démon FIN DE SPOILER, le creeper se retrouve dans bien des plans. Délaissant totalement son camion pour privilégier son propre moyen de locomotion (ses ailes), il tourne autour de ses proies, attaque en piquée, toujours en mouvement. C’est simple : il ne fait plus peur car totalement mis à jour et mis en avant dès qu’il apparaît. Ici, il s’intéresse à un bus scolaire, et particulièrement à certains membres de l’équipe de sport ici présents (dont un homosexuel, histoire de souligner davantage ce contexte que cette séquelle expose bien plus clairement que son prédécesseur. Malheureusement, le creeper élimine tout de suite les adultes, nous laissant donc avec une bande de jeunes. Et les films d’horreur avec des bandes de jeunes, ça peut être réussi, mais ça saoule vite dans beaucoup de cas (Freddy vs Jason). Entre leurs petites querelles homophobes ou racistes et les interventions des filles pour tenter de ressouder le groupe, on a la désagréable surprise de retomber à nouveau sur une médium. On nous avait fait le coup dans le film d’avant, et ici, on ne sera jamais vraiment convaincu, cette dernière ne servant qu’à identifier la menace. Mis à part cette gênante réutilisation, le film apporte quelques détails sympathiques au mythe : quelques armes artisanales fabriquées en morceaux de corps, la régénération du creeper, son iconisation magnifique dans la scène d’introduction…). La trame secondaire, où un fermier dont le fils a été enlevé se mettant à traquer la bête, rappelle beaucoup Les dents de la mer. Surtout dans son final à base de harpons balancés à coups de plante-pieux. Un hommage plutôt sympathique, mais qui frise parfois le ridicule (le plan du fermier maintenant son harpon relié au creeper par un câble, est particulièrement laid). Au moins, on sera ravi de constater que le creeper est vraiment aussi increvable que des icônes du genre Chucky, Jason et consorts. Fin ouverte qu’on espère à la hauteur de notre attente (presque 10 ans que le creepers n’a pas connu de suite). Espérons juste qu’elle nous arrivera avant les 23 ans réglementaires. Une suite respectueuse de son modèle, mais un peu diminuée par une absence de trouille et des étudiants parfois un peu lourds. Au moins, c’était divertissant et pas ennuyeux.

 

4/6

 

2002
de Victor Salva
avec Ray Wise, Jonathan Breck

 

http://1.bp.blogspot.com/-Ph94MFmqgUU/TWeKO5aBHNI/AAAAAAAAAAQ/N95zLX5cJV8/s1600/Jeepers-Creepers-3-2011-horror-movies-7952706-390-689.jpg

Partager cet article
Repost0
3 octobre 2011 1 03 /10 /octobre /2011 10:31

The_Descent.jpg

 

http://az-movies.a.z.pic.centerblog.net/o/d9c6ef0e.jpg

 

En 2005, les amateurs d’horreur qui ont dédaigné le gore poisseux de Hostel ont pu se tourner vers une autre référence de cette décennie en la matière : The descent. Réalisé par un Neil Marshall dont on n’attendait pas grand-chose depuis le sympathiquement bancal Dog soldiers (bidasses vs werewolves), le film surprend par la multiplicité d’éléments horrorifiques qu’il utilise tout au long de son film, en commençant sobrement par un traumatisme et en finissant en série B traumatisante (tout du moins, en Europe, les Etats Units s’étant vu gratifiés d’un happy end). Toujours est-il qu’on tient assurément là un des meilleurs films de genre récents, car se révélant original, efficace et plus appliqué dans son univers (les conditions de tournages sont d’ailleurs assez bien expliquées dans le making of). Tout pour être aimé, en somme. Devant un succès aussi bien critique que populaire, la société de production se frotte les mains, attend un peu que les ventes se ramollissent (on le trouve maintenant pour une bouchée de pain un peu partout) pour annoncer la mise sur les rails d’une séquelle. Alors qu’on s’est pris le moyen Vertiges et le nanardeux Humains dans la gueule, ça fait vraiment plaisir, on s’attend à un peu d’air frais dans ce sous genre en plein développement. En revoyant fortement nos ambitions à la baisse (le film fonctionne comme une grosse série B mal fagotée), le divertissement est néanmoins là, malgré des fautes de script monstrueuses qui prouvent une fois encore que peu de responsables en effets spéciaux ont des talents de réalisateurs (j’émets des réserves pour Tom Savini). Un peu mal foutu, la réception est décevante, mais le film arrive à compenser avec quelques séquences jouissives qui seront les seuls atouts de cette suite pas loin du fiasco. Si Neil n’en reprend pas les rênes, je ne sais pas ce qu’il faut attendre du troisième.

 

http://horrorshow.toile-libre.org/wp-content/uploads/2010/10/TheDescent251205-1.jpg

 

The descent : L’approche de l’horreur avec ce film frôle la perfection, car elle l’inclut peu à peu dans le récit par le biais d’une ambiance excellemment bien gérée et des effets mesurés avec justesse. Prenant pour prétexte une sortie spéléo entre amies, Neil nous enferme avec elles dans un dédale de grotte labyrinthique, où il fait un peu plus monter la tension à chaque nouvel obstacle. S’arrangeant d’abord pour faire écrouler un boyau privant nos héroïnes d’un retour sans dommages, nous assistons à une véritable lutte de survie, d’abord dans un univers hostile (la peur du noir, les trous, les gouffres, tout est fait pour rendre le spectateur aussi claustrophobe que si il était dans la grotte), puis face à la race des Crawlers, qui rampent dans le noir jusqu’à une apparition aussi glaçante que réussie. Devenant dès lors un pur survival, avec quelques séquences gores bien soutenues par une ambiance sans temps mort, la tension du film reste tout simplement ininterrompue jusqu’à son dénouement. Une prouesse due en grande partie au sérieux avec lequel le projet est traité. Neil Marshall apporte déjà un grand soin à ses créatures, avec des maquillages crédibles et un mode de déplacement très bien chorégraphié. Agile aussi bien sur des parois rocheuses que dans de l’eau, les crawlers sont une menace omniprésente, qui nous pèse dessus de tout son poids avant qu’on arrive à les identifier, et qui d’un point de vue physique se révèleront à la hauteur de nos attentes. Avec des comportements sociaux primaires au sein de leur groupe, ce sont des monstres particulièrement crédibles dans le paysage cinématographique britannique. Neil apporte aussi un grand soin à son éclairage, en justifiant chaque source de lumière utilisée par nos héroïnes (pas un projecteur visible). Certains se retrouvent alors en grande majorité composés de noir, mais dans un climat aussi parano, cette imperfection (qu’on a reprochée à d’autres comme Pandorum) passe plutôt bien. Enfin, le film utilise un langage symbolique assez fort, avec le traumatisme de Sarah exposé en début de film, puis ses cicatrices morales (les fréquentes intrusions de son enfant dans ses moments d’inconscience) et ses différents stades d’évolution psychologique vers la tueuse sanguinaire qu’elle deviendra une fois recouverte de sang (euthanasie d’une camarade, gradation dans les ennemis liquidés). Toute cette évolution, Neil Marshall n’en perd pas une miette, ce dernier aimant particulièrement nous décrire des portraits de femmes fortes (un bref coup d’œil à sa filmographie suffit pour s’en rendre compte), quitte à s’offrir quelques raccourcis de scénarios (la tromperie pour justifier la vengeance, totalement inutile là où la simple survie ou même la « mission » confiée implicitement par la mourante étaient déjà relativement suffisant). Un poil trop réfléchie pour une œuvre surtout physique ? Ca ne gâche en rien le spectacle, qui supporte étonnamment bien d’être revu, qui plus est sur grand écran. Avec des effets spéciaux à la hauteur (on reprochera seulement un gore trop éclaboussant) et des décors de grottes fabriqués en studio (aucun site naturel n’a été utilisé pour les prises sous terre, tout est en polystyrène, il a fallut refaire tous les bruitages en post prod), le résultat est là, et tient presque du miracle, tant l’ambiance parvient à conserver sa force d’un bout à l’autre du long métrage. Un classique instantané.

 

5/6

 

2005
de Neil Marshall
avec Natalie Jackson Mendoza, Shauna Macdonald

 

http://4.bp.blogspot.com/-qbtGZM3eFJU/TdK5np3gXAI/AAAAAAAAABk/3BnL3sxNsts/s1600/the_descent_profilelarge_gif_RE_The_scariest_movie_all_time-s595x256-95522.jpg

 

The descent Part 2 : Y a pas à dire, cette suite cède à presque toutes les facilités qui pouvaient s’offrir à elle. Il est d’ailleurs très drôle de voir dans les scènes coupées une scène d’introduction du film bien mieux réussie que celle proposée par la version définitive du film. En effet, ce nouvel opus reprend là où se sont arrêtés les ricains, à savoir le happy end. Les européens ? Fuck’em up ! Avec une intro aussi peu respectueuse de l’original, ça commence mal. Ca s’aggrave quand nous découvrons notre héroïne sur son lit d’hôpital. On lui demande des explications : paf amnésie. Waow, c’est seulement la 45ème fois qu’on nous fait le coup ! Particulièrement énervant de se voir ressortir un prétexte éhonté pour nous renvoyer au casse-pipe. Au moins, ça ne prend pas trop longtemps, on se retrouve sous terre après 20 minutes de films. Mais on ne commence à apercevoir des crawlers qu’à partir de 40 minutes. Le film fait 1h20, c’est vraiment light (la moitié du film est une introduction, alors que nos attentes sont déjà définies : on sait sur quoi on va tomber). Et rapidement, nombre d’incohérences viennent cribler le tableau des tares du film. Les éclairages sont nettement plus cinématographiques (on distingue la présence de projecteurs), la découverte de la caméra se fait dans une salle alors qu’elle avait été abandonnée dans une autre, deux escaladeurs grimpent la paroi dos à dos en tentant d’être discrets et en gardant leurs lumières, alors qu’ils ignorent la faiblesse des créatures (facilité de script)… Sans parler du shérif, personnage absurde au possible qui fait tout pour faire chier notre héroïne en emmerdant la prudence et la logique, et mourant d’une façon tellement drôle que le personnage pourrait presque devenir involontairement culte. Et que dire de cette fin, si ce n’est qu’elle provoque un ultime éclat de rire tant sa débilité (car on en est à ce stade) frappe. Tournant parfois au ridicule, la comparaison avec le modèle en est presque gênante. Cependant, on peut noter quelques tentatives honorables de Jon Harris. L’évolution du statut de l’eau par exemple, qui était un élément protecteur dans le premier (amortissant les chutes, évitant la déshydratation…) et qui devient hostile (galerie noyées, camouflage pour les crawlers…). On notera du gore plus élaboré que chez Neil Marshall, le film cherchant la connivence du public  par des effusions de ketchup à tout va (les gorges giclent). Si ça fait aimablement rigoler, quelques séquences retiennent notre attention : une fille coincée dans un éboulis cernées par les crawlers qui creusent inlassablement vers elle, et le passage avec le cadavre d’une de nos anciennes exploratrices encore pendue au plafond (un clin d’œil assez bien réussi, même si le gore utilisé dans la scène est une fois encore totalement disproportionné pour créer une quelconque ambiance). The descent 2 est donc un spectacle bêtement régressif, joyeusement gore mais tentant de garder toujours un certain rythme (qui fonctionne moins bien, mais ne nous laisse jamais en plan). Distrayant (au sens nanardeux du terme), le film ne prétendra jamais à faire peur (à part quelques sursauts, c’est plus drôle que stressant), et peut donc se voir comme une sorte de La colline a des yeux 2. Une bonne dose d'hémoglobine, et pas grand chose de plus.


1.5/6

 

2009
de Jon Harris
avec Shauna Macdonald, Natalie Jackson Mendoza

 

http://www.scifi-universe.com/upload/galeries/images_film/15373/the_descent2_img6.jpg

"Encore un tournage salissant..."

Partager cet article
Repost0
27 septembre 2011 2 27 /09 /septembre /2011 14:07

http://perlbal.hi-pi.com/blog-images/704122/gd/129693258394/Film-La-colline-a-des-yeux.jpg

 

http://3.bp.blogspot.com/_vk759tKQVGs/THRBelPCq9I/AAAAAAAAAAM/dH3r3Q0WQmA/s1600/medium_DVD_La_colline_a_des_yeux.jpg

 

http://www.cinemagora.com/images/films/62/119662-b-la-colline-a-des-yeux-2.jpg

 

En 2006, on est en plein dans l’époque remake (Black Christmas, Massacre à la tronçonneuse le commencement, Poséidon…) ou ersatz (Frontière(s), 30 jours de nuit, Saw 3… Le remake de La colline a des yeux arrive un peu sans crier gare (avec tout de même quelques rumeurs de barbarie passant par le bouche à oreille), et c’est le traumatisme. Baoum, l’explosion totale ! Mon premier vrai film d’horreur pure, je me souviens encore du choc. Une barbarie que je ne soupçonnais pas, et qui prend à la gorge dès les premières minutes. Acclamé d’une certaine façon par la critique (les mots extrêmes sont autant de compliments qu’on peut faire à ce type de cinéma) et loué par les fans, enterrant sans peine l’original poussiéreux de Wes Craven, son réalisateur Alexandre Aja est tout simplement consacré, avancé comme le maître de l’horreur le plus prometteur de la décennie, loin devant Eli Roth et son pourtant balèze Hostel projeté l’année précédente. Devant un succès aussi vif, les studios reprennent la même formule, Aja est partant… et le projet ne se fait pas. Selon certaines sources (le magazine M.M.), Craven aurait refusé de voir le frenchie rempiler (pour l’enterrer une nouvelle fois surement) et aurait intronisé à sa place Martin Weisz, un petit novice qui a signé le sympathique « confession d’un cannibale ». Le résultat, sorti en 2007, est décevant. Totalement gratuit, mais curieusement, je l’ai regardé en entier un samedi aprem. Les recettes ne sont en tout cas pas mirobolantes, l’intrigue laissant ici les spectateurs sur leur fin (l’absence d’enjeux n’aidant pas). Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour la barbarie aveugle, dira-t-on.

 

http://imalbum.aufeminin.com/album/D20070215/264305_A4JV31VZHZW6D4EOFLCYF2RKCPRQD3_la_colline_a_des_yeux_1_H130708_L.jpg

 

La colline a des yeux : Difficile en effet de faire plus traumatisant que La colline a des yeux. Prenant pour toile de fond un désert hostile ayant servi de zone de tests lors d’essais nucléaires, Aja joue à fond la carte du brûlot politique en châtiant les Etats Units pour leur irresponsabilité dans les années 50 avec l’arme atomique. Il prend les USA, le contexte s’y prêtant, mais il élargira son message dans les bonus du film, avec un générique dénonçant la connerie humaine dans ce qu’elle a de plus monstrueux (les images d’archives authentiques (à Tchernobyl et Hiroshima) entrecoupées de vidéos d’époque sur les tests nucléaires). Des messages dès le début du générique, ça fait vraiment drôle, puisqu’on prend immédiatement conscience d’où Alexandre veut en venir. On sait ainsi qu’une communauté de mutant vit en autarcie dans le désert, totalement livrés à eux-mêmes et qui survivent dans ce milieu hostile grâce au cannibalisme et au troc d’objets de valeurs avec le gérant de la seule station service des parages. C’est dans ce contexte précaire qu’une famille américaine lambda (père beauf et conservateur, beau-fils démocrate, fille enceinte, frère et sœur en fin d’adolescence…) arrive et se jette dans la gueule du loup. Suivant une mécanique bien huilée (le gérant, croyant que les gosses aient un truc louche, les envoie sur un sentier désert où ils auront un accident), le suspense prend rapidement, l’immensité désertique hostile de par son climat devenant vite menaçante, de nombreux plans de caméra tournant autour de nos personnages en s’en rapprochant toujours un peu plus. Ca ne sera qu’avec la scène dans la caravane que la violence commencera vraiment à étourdir, en prenant le spectateur au dépourvu avec un énervement qui surprend par sa sécheresse. Presque sans pitié, le film part dans une sauvagerie que l’on connaissait déjà, mais qu’Aja dynamise avec son budget confortable. Ce dernier n’a pas oublié ce en quoi consistait l’original de La colline a des yeux : une famille attaquée par des cannibales qui se vengeaient avec encore plus de barbarie que ces derniers. Aja nous ressert donc cette formule mainte fois vue, mais qui n’avait jamais été traité avec un tel radicalisme. Métamorphosant peu à peu le personnage du genre en un tueur cruel et sans pitié (scène avec la hache de pompier), le film va de plus en plus loin dans la violence physique et le dépassement des limites de nos personnages. Avec le village test, on nous offre des plans figés et glauques qui marqueront notre esprit, le temps s’étant arrêté aussi pour les mutant dans les années 50, à l’image des mannequins. Aja en profitera pour revenir à la charge sur le domaine de la politique en faisant chanter l’hymne américain au chef des mutants avant d’utiliser le drapeau comme arme meurtrière. Après la mémorable tuerie finale, peut-on dire que La colline a des yeux est parfait ? Pas vraiment, quelques petites scories apparaissant ça et là (pour un film barbare, le bébé reste bien trop épargné pour convaincre pleinement, la scène du piège dans la camionnette est un peu hors sujet…), mais le premier degré de l’horreur, l’impact viscéral de la violence, est tel qu’il marque définitivement son public (impossible de ne pas y repenser dès qu’une étendue désertique s’offre à nos yeux). Mémorable de bout en bout, le film révèlera clairement les limites de certains, mais comblera les autres avec un aboutissement et une portée politique que peu ont su mettre en scène avec autant de radicalisme. Culte, et tout simplement indispensable.

 

5.5/6

 

2006
de Alexandre Aja
avec Aaron Stanford, Ted Levine

 

colline-a-des-yeux-2006-07-g.jpg

 

La colline a des yeux 2 : après la baffe du remake d’Alexandre Aja, impossible de ne pas être déçu devant cette suite relevant plus de la série B fun que du traumatisme horrorifique. Quand on pense qu’Aja voulait faire une suite, et qu’elle allait parler des immigrés mexicains aux prises avec les cannibales (vous voyez le putain de brûlot que ça pouvait donner ? Machete pouvait aller se rhabiller avant même d’être en projet !). Enfin bref, Martin Weisz décide de nous faire suivre une équipe de GI’s recalés aux entraînements pour la guerre en Irak (d’une façon très stupide : charge héroïque et suicidaire du bataillon gueulant « L’Amérique est numéro 1, connard ! ») qui vont donc marcher dans le désert pour s’éclaircir les idées. Mais voilà, on les sabote vite, et ils se retrouvent à tourner en rond dans les collines, paumés et sans cordes pour en descendre. Thématiquement, le film est à bâiller d’ennui. Martin a dû se dire que la politique, c’est bon pour les blaireaux, et que c’était uniquement la barbarie qui était à l’origine du succès du premier. En bon artisan, il élimine bien vite toute tentative de réflexion (les soldats voulant faire la guerre en Irak, c’est 10 minutes grand max, puis on passe à autre chose) et se contente d’une intrigue linéaire, qui rend la menace omni présente et parfois brutale. Le gore est ici toujours de la partie, se substituant régulièrement à la barbarie qui nous était promise par l’affiche (car le gore n’est qu’un outil pour créer la barbarie, il ne l’est pas tout seul). Cependant, quand on voit les tentatives de barbaries faites par le film quand il n’utilise pas le gore, on fermerait presque les yeux sur ce procédé approximatif. En effet, après une scène involontairement drôle où on tente de nous faire stresser avec une main sortant de chiottes chimiques, on constate que nos mutants ont tailladé un mec sur toute la surface de son corps avant de le foutre dans la fosse sceptique, histoire que ses plaies s’infectent. Certes, c’est vilain, mais c’est aussi totalement ridicule, les mutants de la colline a des yeux 1 ayant bien autre chose à foutre qu’être cruel avec les humains qu’ils arrivent à capturer (déjà qu’ils crèvent de faim, si en plus ils se permettent de gâcher la nourriture comme ça). On poursuit avec la découverte des grottes, réseau de caverne dans lesquels nos mutants ont fait leur nid et qu’on va se faire un plaisir de visiter avec nos héros militaires analphabètes. Après quelques séquences gores ludiques et un drôle mutant gentil qui aide les gentils militaires, on a droit à une nouvelle tentative pathétique de faire du barbare avec une scène de viol pensée pour être brutale, totalement gratuite et qui sert surtout d’appât pour l’amateur de trash plutôt que pour l’amateur d’horreur (regarde ma bave à la consistance de foutre…). On achève tout ça dans un combat grand guignol dont la brutalité prête à sourire (ils tuent bien quatre fois leur adversaire, mais ce dernier se relève toujours). Bilan des courses : tous ceux qui avaient le moins de chances de s’en sortir s’en sortent, avec les femmes (ben voyons, les deux survivent) et le pacifiste du groupe qui s’est transformé en machine à tuer. Avec des clichés monstrueux, le film se contredit dans un certain sens sur son illustration de la barbarie, bien trop codifiée ici pour convaincre. Cependant, malgré ses tares monstrueuses, une certaine finition technique assez appréciable (effets spéciaux agréables, joli désert, un homme des sables récurant, une ou deux séquences rythmées…) permettent à l’œuvre de se regarder sans s’ennuyer. Mais jamais on ne se fera l’illusion d’une qualité supérieure au statut du film : une suite commerciale qui donne dans la surenchère pour appâter le client. Pour un après midi pesant, ça le fera toujours…

 

1.5/6

 

2007
de Martin Weisz
avec Daniella Alonso, Michael McMillian

 

http://s.excessif.com/mmdia/i/14/9/3672149cvjhf.jpg?v=1

Partager cet article
Repost0
27 septembre 2011 2 27 /09 /septembre /2011 13:50

http://images.fan-de-cinema.com/affiches/fantastique/darkness,3.jpg

 

Jaume Balaguero, merveilleux réalisateur que celui là… Fasciné par la synthèse du mal absolu dans La secte sans nom, par des apparitions terrifiantes dans Fragile, par des démons dans Rec… Y a-t-il une œuvre dans sa filmographie qui réussisse à concilier toutes ses inspirations sur des sujets aussi variés ? La réponse est oui, et il s’agit de Darkness, qui n’est rien de moins que le meilleur film (selon moi) de sa filmographie. Terrifiant de long en large, développant ses obsessions et payant son tribut à des œuvres de pure angoisse, Darkness fascine, absorbe et broie, nous emmenant sans cesse dans l’inconnu et poursuivant là où d’autre nous auraient posé un lapin avec un dénouement à la va-vite. Une peur viscérale, indispensable à l’amateur de frissons qui se respecte.

L’histoire : Dans une maison a lieu un kidnapping qui vire au drame le jour d’une éclipse. 40 ans plus tard, alors qu’une nouvelle éclipse approche, une famille s’installe dans la même maison, et commence à voir son quotidien parasité par des faits étranges.

 

http://moviesmedia.ign.com/movies/image/article/568/568429/Darkness_Inline11_1101233298.jpg


Il est très dur de savoir à quoi s’attendre en voyant ce film, car Jaume Balaguero ne cesse de multiplier pistes et procédés pour mettre le public dans une ambiance précaire, la menace étant ambivalente (un peu à la manière de l’excellentissime La maison près du cimetière). D’un côté, la maison souffre de problèmes de courant, une entité invisible terrorise le fiston en se cachant sous son lit, des fantômes d’enfants apparaissent régulièrement dans les recoins sombres pendant qu’un inconnu observe la maison sous la pluie. A quels phénomènes a-t-on affaire ? Impossible à dire avant d’en découvrir plus, ce qui tardera un peu à venir, les explications ne pleuvant vraiment qu’à partir du moment où la fille de famille découvre l’architecte chargé de construire la maison. A partir de là, le stresse se décuplera pour devenir aussi intolérable que fascinant, le film captivant réellement son public, en le confrontant à quelque chose d’inconnu, et en remettant en face de la peur irrationnelle du noir, l’obscurité cachant l’Indicible, masque derrière lequel se massent nos peurs les plus personnelles. La peur du noir renaît peu à peu avec les fréquentes coupures de courant, l’entité inconnue qui se cache sous le sommier et les êtres maléfiques qui se terrent dans les recoins obscurs des pièces. Mais le film joue aussi sur le tableau de la psychologie avec le personnage du père, malade psychologiquement et sujet à des crises d’angoisses puis de colère de plus en plus violente. La menace vient de la maison et du père de famille. L’hommage à Shining qu’on sent venir à des kilomètres, et qui ne cesse de prendre de l’ampleur jusqu’à devenir la principale menace du film pendant quelques minutes… avant que la situation ne soit totalement inversée par des explications dont la virtuosité frise le géni, car nous prenant totalement au dépourvu et rendant la situation encore plus instable qu’elle ne l’était déjà. Sans dévoiler plus de détails, le film grimpe, grimpe, atteint son climax… et reste à cette intensité pendant encore une quinzaine de minutes, en offrant avec un budget certes réduit ce qu’aucun autre film n’avait oser nous proposer jusqu’à maintenant (à l’exception, dans une certaine mesure, de Silent Hill). S’achevant dans le noir, comme nous le laissait prévoir son titre, Darkness peut se vanter d’être un des films fantastiques les plus intéressants de la décennie, ultra flippant pendant certaines séquences et bouffant à tous les râteliers, mais souffrant toujours de quelques tics de montages malheureux qui gâchent un peu le visuel du film. Un magnifique coup d’éclat cependant, et des minutes de panique qu’on n’est pas prêt d’oublier.

 

6/6

 

de Jaume Balagueró
avec Anna Paquin, Lena Olin

 

http://www.sfmag.net/IMG/films/darkness2.jpg

Partager cet article
Repost0
29 juillet 2011 5 29 /07 /juillet /2011 06:34

http://www.imagesetmots.fr/images/secte_sans_nom.jpg

 

Jaume Balaguéro est un excellent réalisateur d’horreur espagnole. Mais si le succès le plus connu du réalisateur est aujourd’hui Rec, il est loin d’être le plus effrayant. En effet, pour son premier long métrage, ce dernier proposait une histoire d’ambiance, moins énervée que Rec qui commence très vite, mais qui une fois lancée prenait des proportions qui étaient vraiment stressantes. Une secte, une fille, une mère et un journaliste. Il ne lui en faut pas plus pour signer une vraie petite réussite du genre, merveille du film d’ambiance et de la peur minimaliste.

L’histoire : un couple voit leur fille enlevée, puis retrouvée atrocement mutilée à l’acide. Des années plus tard, la mère, divorcée, reçoit un appel d’une enfant, qui prétend être sa fille.

 

la-secte-sans-nom-2000-4574-555908092.jpg


Bien malin en effet qui pourra prédire l’aboutissement du script de Jaume Balaguero, qui a la malice d’explorer des terrains de frousse particulièrement stimulant (les sectes), et qui s’emploie à façonner son ambiance avec une patience et une maîtrise indubitablement payante. En effet, ce premier contact a de quoi secouer, tant les questions qu’il soulève son grande. Mais la mère fait peu à peu son enquête, et trouve des preuves l’amenant à penser qu’on aurait substitué le corps d’un autre enfant lors de leur enlèvement. Mais la pression ne commence vraiment à monter que quad cette dernière reçoit la vidéo. Sur cette dernière, on y voit une femme mise en charpie par des chiens, filmé vraisemblablement en caméra amateur, suivi par une séquence montrant la mère de très près, alors qu’elle effectuait son enquête dans un bâtiment désaffecté. D’un coup, le trouillomètre s’affole. La menace de mort tombe alors que les assaillants ne sont même pas identifiés. Et là, c’est le trip parano qui commence, la mère découvrant peu à peu qu’une secte serait à l’origine de l’enlèvement de sa fille, et qu’elle aurait pour ambition de synthétiser le Mal absolu. C’est ce discours sur le Mal qui fait tout le charme de cette péloche. Une vision étonnamment fraîche de cette notion, la percevant comme une essence qu’il serait possible de concentrer, de purifier, afin d’obtenir la vraie personnification du Mal. Un discours particulièrement ambitieux, qui laisse présager le pire pour l’enfant en question, et qui nous offrira quelques belles séquences d’angoisses. En effet, la secte rejetant toute notion de matérialisme, ne s’étant donné aucun nom, il est très difficile d’en retrouver ses traces, et donc d’en connaître les membres. N’importe qui devient suspect, et plus aucun endroit n’est sûr. En fait, il y a deux choses qui sont un peu décevantes dans cet excellent film. Les inserts fréquentes de la fille par flashs et mouvements brusques de caméra (bien trop clippesque et tuant l’ambiance juste pour faire sursauter un coup), et le final. Si on brûlait d’envie de voir l’incarnation du mal absolu, elle pourra s’avérer décevante, car Balaguero lui donne ici un visage et une incarnation. Or chacun a sa sensibilité, et sa vision du Mal absolu. En tranchant, Balaguero fait un choix, et une partie du public pourra donc rechigner un peu devant cette conclusion. Cependant, l’efficacité de l’œuvre, son ambiance ultra corsée et ses effets minimalistes valent largement le déplacement.

 

4.5/6

 

de Jaume Balagueró
avec Tristán Ulloa, Jordi Dauder

 


Partager cet article
Repost0
25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 06:34

http://4.bp.blogspot.com/_ec_bXQZWE2E/TL4_Dqd-Q1I/AAAAAAAAIGI/qd4RoQTNtk4/s1600/suspiria_a2rgbbleed.jpg

 

http://www.avoir-alire.com/IMG/arton14802.jpg

 

http://www.toile-gothique.com/forum/img/attached/187-a-1225699177.jpg

 

Dario Argento s’est certes spécialisé dans le Giallo en mettant en scène des tueurs adeptes de l’arme blanche s’attaquant à différentes femmes. Mais il lui est arrivé aussi d’expérimenter sur le terrain du fantastique en recyclant ses codes du thriller pour relever son spectacle. En résulte une trilogie assez renommée : le cycle des trois mères. Avec un premier Suspiria (1977) dont le baroque éclatant l’a rendu instantanément culte (mon préféré de sa filmographie), Dario donnait à la sorcellerie un goût nouveau, en nous faisant découvrir une confrérie de sorcières qui œuvraient dans l’ombre d’une école de danse. Un bon prétexte pour nous entourer de jeunes vierges (focalisées sur leur avenir dans le monde de l’art), et qui sur le plan d’ambiance pourrait passer pour un ancêtre de Black Swan. Peu de temps après (1979), Argento remet le couvert avec Inferno , qui pousse à nouveau le baroque jusqu’à son paroxysme, au point de se donner des airs rococos avec sa mémorable association de bleu et de rose. Dans sa seconde moitié, Dario parviendra quand même à ressusciter l’esprit de Suspiria, et à augurer du meilleur pour sa suite. Suite qui n’arrivera qu’en 2007 et qui laissera les fans totalement sur le carreau, abasourdis par le ratage monumental de l’œuvre. Mais si Dario a totalement enterré ce qui faisait la sympathie des premiers volets de sa trilogie, il expérimente de nouvelles choses, tentant de trouver un style pour le nouveau millénaire qui redonnerait un nouveau souffle à sa carrière. Convertissons-nous quelques instants au culte de ces divinités païennes.

 

60721.jpg

 

Suspiria : Que dire, si ce n’est que Suspiria a bouleversé ma vision du cinéma, en me faisant voir tout simplement un aboutissement frisant la perfection de ce qu’un film à ambiance peut faire. Pour bien me faire comprendre, je vais tenter de décrire comment est-ce que je ressens un film italien quand j’en vois un. La fluidité de la narration, qu’on privilégie généralement dans notre cinéma hexagonal et en Amérique, n’est que peu importante quand on regarde l’œuvre. On se mettrait alors à pointer des tas d’incohérences qui gâcheraient complètement le spectacle. C’est un cinéma de l’instant, où c’est l’ambiance des séquences qui fait la force du film. Ce sont des séquences graphiques fortes, dont l’ambiance doit être efficace, qui sont reliées par une trame plus ou moins bien ficelée. On fonctionne donc plutôt dans le registre de la sensation. Et Suspiria s’engage à fond dans cette voie, en multipliant les éclairages fantaisistes et les montées de musique accompagnées de bruitages. C’est d’ailleurs tout simplement la bande originale la plus hypnotisante, la plus obsédante de la filmographie d’Argento (avec Phenomena), revenant régulièrement alors que les éclairages s’affolent pendant que le stress monte avec l’héroïne. Dans son film, le réalisateur s’intéresse à Suzy, une jeune danseuse qui vient prendre des cours pour se spécialiser. Elle pénètre donc dans un bâtiment à l’architecture baroque ultra chiadé, où la symétrie et la surenchère des couleurs semblent être les règles d’or. Les décors permettent déjà de créer une ambiance étrange, peu rassurante pour l’étrangeté de sa décoration et ses associations de couleurs parfois angoissantes. Au niveau de ses scènes marquantes, Dario y va fort, en nous offrant tout simplement dans ses quinze premières minutes l’un des meurtres les plus graphiques de sa filmographie, faisant littéralement d’une pierre deux coups. Une scène presque traumatisante, la violence réapparaissant souvent à l’improviste (les multiples poignardages), et surtout ayant eu lieu d’une façon totalement inattendue (à part une ombre, il n’y avait personne à la fenêtre). Par la suite, Dario préfère privilégier son ambiance par les éclairages omniprésents et sa fameuse musique, les meurtres suivants n’égalant jamais l’intensité de cette flamboyante introduction. On retiendra surtout un grenier bourré d’asticots dans les scènes dérangeantes. Le final du film conclut toutefois bien son sujet, nous livrant l’explication de la curieuse absence de la Mater Suspiriarum au cours d’une scène plutôt stressante, mais un peu expédiée. Au final, Dario signe un film flamboyant, à la direction artistique ultra chiadée et aux acteurs plus convaincants que d’habitude (même si le jeu reste parfois théâtral), tout simplement une merveille du film d’ambiance (on aura rarement autant vécu un film sur des plans visuels et auditifs). Tout simplement un chef d’œuvre.

 

6/6

 

de Dario Argento
avec Jessica Harper, Joan Bennett

 

18836264.jpg

 

Inferno : Dario revient pour la suite de sa plus grande réussite avec Inferno, projet devant mettre en scène la Mater tenebrarum, la plus puissante des trois mères, qui s’est établie à New York dans un hôtel luxueux. Dès le départ, Argento tient à nous rassurer sur le visuel du film, qui a l’air de s’annoncer tout aussi chiadé que Suspiria. Il joue particulièrement sur l’association d’éclairage bleu/rose, un assemblage sensoriel qui ne met pas vraiment à l’aise (que viendra appuyer les fréquentes remarques des protagonistes : « Quelle odeur étrange… »). Inferno joue avant tout sur le malaise du spectateur plutôt que sur l’angoisse. L’introduction joue particulièrement là-dessus, essayant de pousser le malaise jusqu’à l’écœurement lors de la séquence sous-marine en profondeur. Par ses nouveaux choix artistiques, le réalisateur témoigne de la volonté de changer les mécanismes de peur qu’il employait pour faire évoluer son récit. La mise en scène continue cependant d’en mettre plein la vue (l’élève au chat dans l’amphithéâtre de l’école de musique) et d’assurer le spectacle jusqu’au bout. On constate vite que Dario revient à ses premières mises en scènes avec un héros masculin, confronté ici à plusieurs suppôts de la mater tenebrarum, en tout cas à new york. Car le réalisateur a pour ambition de faire un film qui bouge. Il y a toute une partie qui se passe à Rome même, particulièrement dans un musée riche en textes anciens, qui est carrément le théâtre d’actes de sorcellerie. Une menace inter nationale en quelque sorte, qui ne recule devant rien pour conserver le Silentium sur ses activités. Dario rend la menace de la sorcellerie plus présente, plus angoissante, en faisant notamment de l’habituel assassin de ses films un être difforme qui ne vit que par ses bras poilus achevés par des mains griffues (la Bête humaine, en quelque sorte).Dario abandonne peu à peu sa chère association bleu/rose au fur et à mesure que le suspense remonte au profit d’une palette de couleurs plus riche, tendant à le rapprocher de Suspiria. Et une bonne chose en plus : les meurtres sont plus bien organisés en terme d’intensité pure. Le meurtre dans l’appartement dont les plombs sautent est en lui-même une belle réussite (un impact identique à l’introduction de La maison près du cimetière), mais le suivant, un égorgement dans une fenêtre brisée, l’égale (éclairage rouge terriblement organique). On n’évitera cependant pas quelques digressions, comme cet antiquaire noyant une quinzaine de chats avant d’être dévoré vivant par des rats. Une conclusion toujours un peu brusque, mais Dario nous réserve encore quelques surprises, notamment dans la découverte du vrai visage de la deuxième mère, qui jaillira carrément d’un miroir. Rien à redire en face de ce spectacle prodigieux, digne successeur de Suspiria, et augurant du meilleur pour la suite, le réalisateur n’ayant pas perdu de vue l’esprit de sa saga.

 

5.5/6

 

de Dario Argento
avec Sacha Pitoeff, Daria Nicolodi

 

http://bp1.blogger.com/_DYbrWcVn5Us/SAt9jHQsuvI/AAAAAAAABBM/0dCvoNeN2u0/s400/inferno1.jpg

 

Mother of tears : Ouh là ! On m’a tellement rebattu les oreilles avec celui là ! Littéralement assassiné par la critique (Mad movies l’a descendu en flèche), peu d’entrain auprès des fans, ce film a donné le coup de grâce à la carrière d’Argento, qui depuis enchaîne les tollés et les mauvaises critiques (mais au moins, il continue d’essayer, et il a réussit au moins une fois : Jenifer, le meilleur segment de la saison 1 des Master of horror). Au risque de choquer les connaisseurs, je ne trouve pas que ce film soit un étron pelliculaire. Je lui reconnais même quelques moments d’ambiance bien faits, plombés par des fautes de goût monstrueuses. Dario fait ici le choix de briser l’esprit de sa saga en laissant tomber les éclairages fantasmagoriques qui faisaient tout le charme des deux premiers volets, en souhaitant diriger son film sur l’horreur pure plutôt que le fantasme (et c’est un peu ce qu’on lui reproche, son film perdant alors l’approche originale de son sujet). Au niveau de l’histoire, ce n’est pas trop mal torché quand même : une sorte de boîte de Pandore contenant des objets mystiques et la troisième mère, libérée par des employées au musée de Rome (ce qui est un peu étrange, la Mater Lacrimarum devant résider dans une bâtisse). La première scène de meurtre révèle à elle seule les nouvelles failles du style d’Argento : il abuse du noir par manque d’éclairage (son action devient beaucoup moins lisible), il se lance dans le sanglant au premier degré sans qu’il n’y ait plus de suspense, et il alterne les bons et les mauvais effets spéciaux (l’employée commençant à être étranglée avec ses intestins… puis avec des tuyaux en plastique souillés). Les fautes de goûts seront d’ailleurs légion dans ce film. Que dire de cette escalade de violence dans Rome, sensée être représenté par de pauvres altercations entre figurants (une femme balance un bébé dans le Tibre, deux gars cassent une voiture : c’est l’anarchie dans la cité !) ? Et que dire de ces sorcières débarquant à Rome qui ont toutes la gueule des mannequins de chez L’Oréal (et qui sont méchantes parce qu’elles n’arrêtent pas de rigoler entre elles en se moquant des passants) ? Asia Argento va-t-elle réussir à triompher du Ouistiti lancé à ses trousses ? Suis-je bête, c’est sa mère mal incrustée en post prod qui va lui donner des conseils ! Et pourquoi les possédés qui s’attaquent à Asia ne manifestent pas d’un peu plus de hargne une fois qu’ils la tiennent ? Bourré d’incohérences que l’ambiance ne parvient pas à faire oublier, le constat est sévère. Mais par moments, Argento parvient à faire illusion. Dans quelques séquences comme le meurtre du prêtre ou la remontée à l’appartement, il y a un peu de tension. Quelques designs de monstres sympathiques, et une traque dans les catacombes plutôt intéressante dans Rome, qui en cache des kilomètres carré. Par ailleurs, si on se force un peu à oublier les pathétiques illustrations de folie collective, l’ambiance parvient presque à être efficace, le contexte de possession de masse se révélant plutôt original (l’un des rares à l’avoir illustré étant le controversé La Malédiction finale). En bref, c’est loin d’être bon, c’est même carrément décevant sur certains points (le dénouement à la lance est pathétiquement cheap), mais Dario a encore quelques restes. En revanche, Asia Argento joue abominablement mal, guère aidée par ses talents de jeune sorcière. Un cru décevant, mais pas encore infâmant comme a pu se révéler Giallo.

 

1,5/6

 

de Dario Argento
avec Asia Argento, Moran Atias

 

http://www.savagecinema.com/issue8/mother_of_tears_movie_image_asia_argento__2_.jpg

"J'avais tellement pas de tripes qu'ils ont pris des tuyaux pour m'étrangler !"

Partager cet article
Repost0
7 juillet 2011 4 07 /07 /juillet /2011 14:32

http://zombieofthedead.unblog.fr/files/2008/06/evildead1affiche3.jpg

 

http://www.scenicreflections.com/files/Evil%20Dead%20II%20Wallpaper%201.jpg

 

http://zomblog.zombies.fr/public/Films%20zombis/Affiches/Evil_Dead_3.jpg

 

Sam Raimi s’est fait connaître d’une manière assez inattendue et assez enviée par nombre de petits réalisateurs, en balançant à la face du monde une trilogie horrorifique dont le premier volet a clairement choqué le monde entier. Rarement un film d’horreur s’était permi de tels débordements, et dans un style aussi agressif, autant thématiquement que visuellement. Après ce premier essai concluant (financé par un moyen métrage contenant déjà tous les ingrédients du film), on délaisse le système D (à peine 30 000 dollars de budget) pour passer à la série B plus conséquente, et là encore Raimi surprendra son public en partant, comme le fera Massacre à la tronçonneuse 2, dans un humour cartoonesque bien plus bon enfant que son collègue texan. L’accueil est mitigé, mais les années passant, il est devenu l’opus le plus populaire de la saga, loin devant le premier et très loin devant le troisième opus. Ce dernier est en effet un peu en marge de la série, délaisse complètement le côté horrorifique pour explorer un aspect jeu de rôle qui plaira beaucoup aux fans de Naheulbeuk et consorts, mais qui se révèle bien plus inoffensif que ses frères. Ce n’est guère plus qu’un petit Trublion qui s’amuse avec ses personnages et qui se permet des excès énormes par pur plaisir jouissif. Hélas, un budget relativement modeste gâche un peu les effets spéciaux, bien trop nombreux et ambitieux pour le spectacle proposé. Ouvrons le Nécronomicon écrit par Halazred, et rendons nous compte que les Démons annoncés par Nostradamus dans Demoni s’étaient déjà insérés dans un petit chalet à la frontière du Tenessi.

 

http://www.mondesetranges.fr/IMG/jpg/Evil_dead_1_4-2.jpg


Evil dead : Incroyable, ce film. C’est un condense des pires clichés du film d’horreur à base d’étudiants, et il n’a absolument pas vieilli, parvenant à faire stresser malgré la modestie des moyens mis en jeu. D’abord minimaliste dans ses effets (des bruits dans la maison, une balançoire qui s’arrête de bouger, une trappe qui s’ouvre dans un courant d’air…), le film installe une ambiance particulièrement oppressante, le stress consistant surtout dans notre totale incertitude quant au commencement de l’histoire. On est vaguement au courant de démons, mais on ignore totalement comment l’action va s’amorcer. On stresse alors dans une cave assez mal éclairée, avant de découvrir la bande magnétique et le livre en question. L’ambiance, d’abord bien plus détendue, se tend radicalement lorsque la bande reprend après sa première interruption, libérant les démons des entrailles infernales de la terre. Et là, c’est parti. Tout, absolument tout devient effrayant. Les démons, symbolisés par des caméra subjectives, rôdent autour de la maison, défoncent des arbres pour retrouver leur victime, attendent le bon moment. La nature qui entoure nos étudiants devient d’une hostilité rare, entravant, violant, faisant tout pour retenir un maximum les âmes innocentes pour permettre aux Démons de les posséder. Dès qu’on se rend compte de l’ampleur de la situation, on comprend qu’ils n’ont aucune chance. Leur seule option consiste à rester ensemble dans le chalet et à n’en point bouger. Un huis clos. Un cliché monumental, dont l’ambiance, plus de trente ans plus tard, n’a rien perdu de son efficacité, en créant au passage un véritable traumatisme lors de la découverte du premier possédé, aux voix gutturales et aux visages se putréfiant à vitesse grand V, qui font preuve de violence extrême et d’une impulsivité imprévisible. La grande majorité du film se passe donc dans un stress total, omniprésent, et culminant lors de plusieurs sommets où les démons font preuve d’un certain savoir faire en termes de surprise tétanisante. Le film va encore plus loin, en n’hésitant pas à mélanger à son histoire extrêmement flippante de pures scènes gores (le démembrement à la hache, l’enterrement de Linda…) qui viennent donner à ce film déjà ultra tendu une ambiance gore poisseuse, qui gagne donc sur tous les tableaux. Enjeu : survie des personnages. Efficacité : au-delà de tout espoir. Le plan séquence maintenant célèbre de Ash en proie à une angoisse sans borne carabine en main et entouré de démons reste un des moments les plus efficaces en matière de stress dans le cinéma horrorifique, une chose qui n’échappera pas au réalisateur d’Amityville 2. Un film sans temps mort jusqu’à son dénouement, parfaitement logique et d’une sobriété qui n’a d’égale que son efficacité. Direct dans le Top 5 des eighties.

 

6/6

 

de Sam Raimi
avec Bruce Campbell, Ellen Sandweiss

 

the-evil-dead-vintage-poster-cultmoviesblog.jpg

 

1 03 12 09 2 40 54

 

the-evil-dead-promo-shoot-1981-iv.jpg

 

Evil dead 2 : On commence à tâter des problèmes juridiques dans laquelle la saga s’est enlisée, chaque nouvel opus ayant été tourné avec une maison de production différente. En effet, si les droits du nom ont pu être acquittés, reprendre les plans du précédent épisode aurait coûté trop cher. Ainsi s’initie le phénomène unique dans l’histoire des trilogies : chacune est un remake du précédent, qu’il réarrange à sa sauce. Ici on commence en évinçant tous les personnages secondaires du premier, il ne reste plus que Linda et Ash. Puis viendra la fille du chercheur étudiant le Nécronomicon, avec de nouvelles pages du livre. Alors qu’on ne sait pas vraiment à quoi s’attendre, Raimi se permet une chose incroyable : foutre de la comédie en plein milieu des scènes de gore, et qui plus est sans gâcher les effets horrorifiques et le suspense de l’histoire. C’est vraiment là que réside le tour de force du film. Il continue à nous terroriser avec des démons dont les apparitions font toujours leur petit effet (« La tronçonneuse… Où est-elle ? »), mais dont les excès gores, délaissant rapidement le rouge pour passer au noir, au vert, au bleu, se révèlent être de nouveaux procédés destinés à faire rire le publique. Grâce à des procédés cartoonesques, Raimi garde l’impact de son premier film, en l’aérant plaisamment de séquences humoristiques qui font vraiment rire. Difficile de garder son sérieux devant un Ash se faisant mordre la main par la tête de sa fiancée qu’il cogne sur tous les meubles, avant de le voir se casser des piles d’assiettes sur la tête avec sa main possédé, qu’il se met à poursuivre une fois coupée. De véritables éléments cultes qui contribueront à renforcer le capital sympathie du film, qui se rapproche bien plus de son public que le premier épisode. La représentation de la folie de Raimi, une scène où Ash rit maladivement au milieu de toute une pièce qui rit avec lui, est d’ailleurs une très belle illustration de ce concept d’homme dépassé par les évènements qui ne trouve plus que le rire pour faire face à la situation (le dénouement de In the mouth of madness). Ayons d’ailleurs tous une pensée pour Bruce Campbell, qui a vécu un véritable martyr pendant le tournage, Sam Raimi prenant un malin plaisir à tester les limites physiques de ses acteurs. Sa vanne balancée dans My name is Bruce (« Tu connais pas la peur toi. Tu n’as jamais bossé avec Sam Raimi ! ») prend ici tout son sens, la performance physique de l’acteur étant réellement palpable à l’écran. Pensons aussi à Ted Raimi, qui joue le démon Aurietta, particulièrement récurrent dans le film (« Jevaisprendretonâmejevaisprendretonâme…. »), et qui a joué pendant des heures dans une pièce à 45°C en portant un costume étouffant et épais (il fera d’ailleurs un malaise en plein tournage, ce qui déclenchera la colère de son frère pendant un certain temps). Ici, le film explore à fond son potentiel fantastique, n’hésitant pas à faire attaquer le chalet en dernier acte par les arbres environnants, et à ouvrir un passage dimensionnel dans lequel sera lui aussi malheureusement expédié. Un final vraiment surprenant totalement inattendu et jubilatoire, présageant un troisième opus épique et passionnant, tant le potentiel du projet prend maintenant des dimensions inimaginables (on débarque carrément dans de l’héroïc fantasy). Incontestablement, cet opus est le meilleur de la saga. Parvenant à réussir à ressusciter avec talent les démons du premier film en apportant une toute nouvelle dimension au film, en gardant en apparence le meilleur pour la fin. Groovy !

 

6/6

 

de Sam Raimi
avec Bruce Campbell, Sarah Berry

 

http://idata.over-blog.com/3/04/76/50/Horreur/evil-dead-2-1.jpg

 

Army of Darkness : Là, Sam déçoit un peu. Et pourquoi ? Parce qu’il aseptise l’excellent mélange qu’il avait réussi à créer dans son troisième épisode : à savoir de l’horreur efficace mâtinée de gore qui tâche, et comédie mâtinée de gore qui salit. Et dans ce nouvel opus… Ben y a plus de gore ni d’horreur. Plus rien que de la comédie et un peu d’aventure. Un sacrifié aux démons qui meurt dans un geyser de sang de plusieurs mètres, c’est clairement de la comédie volontaire. Bref, après un court remake du 2, particulièrement aseptisé (pas la moindre éclaboussure là où on pourrait faire une thèse sur la gestion des fluides chez Raimi), on retrouve notre héros pieds et poings liés par des chevaliers. Sympa, on va suivre l’émergence d’un héros. Le souci, c’est que le film n’a pas le budget de ses ambitions. Si seulement quelques plans craignaient dans le 2, il y en a ici des dizaines, à commencer par ce château affreusement incrusté, et puant le carton plâtre pour les décors intérieurs. Au moins, reconnaissons au film qu’il est bancal, et que par moments c’est très plaisant. On rit à l’idée que des personnes craignent des démons et en gardent dans leur sous sol pour s’amuser avec les prisonniers. Mais l’occasion de voir un combat épique, tronçonneuse au poing, Ash is back, et il a maintenant l’étoffe d’un combattant (ce qu’il n’était pas dans le premier, et qu’il devenait au cours d’une scène purement bricolage dans le second). Il arrive et impose sa loi, un moment particulièrement drôle du film, jubilatoire, mais ignorant totalement toute notion de retenue ? Ash a encore du chemin à faire avant de devenir un héros, agissant comme un profiteur tant qu’il possède la force physique. La VF ne mâche d’ailleurs pas ses mots, traitant avec familiarité tous les personnages du film, sortant de l’argot dans presque toutes les répliques de Ash. Cette absence de distance, de mesure, nuit un peu au projet, qui n’a alors plus rien de sérieux et qui prend peu à peu des allures de trip à la Naheulbeuk, en sortant des vannes qui sortent d’un tonneau peu éloigné de cette saga mp3 à la française. Un humour plutôt simple donc (le choix des trois bouquins), et jamais vraiment mâture.  On notera cependant l’apparition d’une thématique chère à Raimi : le pire ennemi du héros, c’est lui-même. Une thématique qu’il abordera légèrement dans Darkman, et plus largement dans Spiderman 3). On a donc la naissance d’un double maléfique au cours d’une séquence siamoise plutôt amusante car improbable, qui refuse toujours de montrer un peu de gore (même les têtes coupées sont aseptisées). Si le jubilatoire ne rachète pas tout, le film se montre quand mêmme très généreux en matière d’ingrédients sympathiques. Pas moins de 2 séquences bricolages hautement jouissives (la refabrication d’une main, très improbable, et la préparation au siège du château). On aura droit à une armée des morts bien fournie, même si on devine un nombre de figurant limité (on en recroisera plusieurs au cours de la grande scène de combat). Les squelettes sont d’ailleurs personnifiés d’une manière peu subtile, la VF leur octroyant des voies aigues qui recherchent constamment les jeux de mots ou expressions rigolotes. Au final, le manque de sérieux du projet nuit un peu au spectacle malgré des chorégraphies très ludiques dans la bataille du château. Malgré un épilogue parfaitement dans le ton et efficace (mort de rire et gentiment iconique, Ash mitraillant en passant devant le drapeau américain), on ressort du projet amusé, mais pas vraiment convaincant, le film ne tentant jamais de faire de l’héroïc fantasy sérieuse, un genre d’autant plus respectable qu’il est rare d’en croiser avec une bonne trempe (à part Conan, un titre vous vient à l’esprit ?). Un film amusant, mais qui est loin d’être la conclusion qu’on attendait après le second.

 

4.5/6

 

de Sam Raimi
avec Bruce Campbell, Embeth Davidtz

 

http://www.funtouch.net/IMG/jpg/evildead3_img11.jpg

 

1_03_12_09_2_40_54.jpg

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de voracinephile
  • : Le cinéma en grand, comme je l'aime. Points de vue, critiques, discussions...
  • Contact

Profil

  • voracinephile
  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.
  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.

Recherche